
hell god baby damn no!
Réunir les chanteurs iconiques d’un groupe pionnier des 80s, c’est probablement le rêve de beaucoup de fans de beaucoup de groupes. Mais tout rêve de fan est-il bien sage ? Car cela fait déjà 8 ans qu’Helloween est sur le coup, et si j’aurais donné beaucoup pour voir la tournée des « Pumpkins United », l’album qui en est sorti après, sans être en soi un mauvais album, était loin de devenir un incontournable de la discographie des pionniers du power metal. Il va donc sans dire que je n’attendais plus rien de Giants and Monsters… Pourtant, j’arrive quand même à être déçue.
On pourrait dire que Giants and Monsters est un album plus varié que son prédécesseur, avec les relents d’AOR de « This is Tokyo » ou l’espèce de hard rock aux arrangements électroniques de « Hand of God ». On pourrait dire qu’il est toujours honorable d’essayer de nouvelles choses. Mais lorsque cela donne des compositions bancales, sautant du coq à l’âne sans transition, semblant tenir par magie comme une tour de kapla surmontée de vocaux poussifs qui flirtent avec la définition de ce qu’est chanter juste… L’écoute est longue, plate, parfois gênante.
On le sait pourtant, Kiske comme Deris peuvent exhiber une palette plus variée qu’une surenchère suraiguë qui semble vouloir consciemment confirmer et amplifier tous les mauvais clichés du genre… Car les morceaux qui ne prennent pas de risque, comme « Savior of the World » ou « We Can be Gods » n’ont aucune subtilité, aucune mélodie ou riff mémorable – juste un tempo effréné et des chanteurs qui semblent s’explosent les poumons en voulant trop en faire pour un résultat qui ne décolle pas, où la sauce ne prend pas, où l’épique semble manufacturé, loin des montées en tension sur des refrains porteurs qu’on pourrait attendre du groupe. Certains refrains; comme celui du morceau d’ouverture; ne sont pourtant pas à jeter - mais le reste du morceau retombe tellement à plat sans aucune personnalité qu’il ne parvient à relever le niveau que momentanément. Heureusement que le groupe - et sûrement plutôt Hansen - sait encore placer quelques bons solos.
Les âmes patientes qui n’auront pas arrêté leur écoute à la première moitié de l’album, oscillant entre morceaux poussifs et oubliables, seront heureusement récompensés par « Universe », « Under the Moonlight » et « Majestic », qui, sans réinventer le monde, sont au moins des compositions construites, qui se laissent un peu plus le temps de développer leur propos tout en offrant à Kiske, Hansen et Deris enfin quelques passages où on entend enfin un jeu et une complémentarité entre leurs voix. Avouons-le, Kiske et Deris sont tout de même bien plus proche vocalement l’un de l’autre que de Hansen, ce qui crée plutôt une espèce de deux contre un qu’un vrai trio – mais c’est déjà ça.
Bref, on peut au moins dire que l’album ne pêche pas par la présence de trois personnes au chant – les problèmes de Giants and Monsters vont bien au-delà de ça. On préfère au final un album comme le précédent, un album “de routine” sans aucune prise de risque, qu’un album sautant constamment de l’oubliable au poussif, tentant désespérément d’attirer l’attention sans jamais vraiment y parvenir. J’ai en écoutant cet album vraiment du mal à réaliser que j’écoute bien le même groupe qui a signé Keeper of the Seven Keys, Better than Raw ou Straight Out of Hell - car non, les bons Helloween ne datent pas tous des 90s.
Tracklist :
Giants on the Run
Savior of the World
A Little Is a Little Too Much
We Can Be Gods
Into the Sun
This is Tokyo
Universe (Gravity for Hearts)
Hand of God
Under the Moonlight
Majestic