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Rubrique Necro #13 : Coffins, Atrae Bilis, Civerous, Vale Of Pnath, Hour Of Penance...

jeudi 25 avril 2024
Team Horns Up

Compte groupé de la Team Horns Up, pour les écrits en commun.

Chiffre maudit ou béni ? Cette rubrique nécro numéro 13 a suscité chez vos chroniqueurs préférés un engouement sans précédent, une inspiration et une envie de vous partager l'actualité du metal de la mort en transcendant les frontières et les genres. Soyez prêts, on va faire le tour du monde, du Japon à la Suède en passant par le Canada. Mais on vous propose aussi un voyage dans les styles : que vous soyez fans de doom death ou de death technique, il y en a pour tous. Surtout quand on voit que des grosses cylindrées comme Hour of Penance ou The Monolith Deathcult sortent du bois pour venir alimenter cette rubrique. Alors bonne lecture, bonnes écoutes et n'hésitez pas à nous faire part de vos coups de coeur sur nos réseaux.

Groupes évoqués : CoffinsAtrae BilisCiverousApogeanSeptageThe Monolith DeathcultEternal Storm | SarcasmVale of PnathHour of Penance

 

Coffins – Sinister Oath
Doom death – Japon (Relapse)

Sleap : Si comme moi, votre QI ne dépasse pas les 50, il y a de fortes chances que votre groupe japonais favori soit aussi Coffins. Depuis bientôt trente ans, le quatuor nippon pratique une formule que je qualifierais de « Autopsy version goregrind ». Quelques passages doom death bien plombants au milieu d’une myriade de grooves d-beats et skank beats midtempi, le tout avec un son ultra épais. Que demander de plus ?

Réponse : rien d’autre. Et Coffins l’a bien compris ! Malgré quelques expérimentations comme la voix trafiquée sur « Chain », ce nouvel effort ne déroge pas à la règle. Le frontman Jun Tokita est maintenant soutenu par les backing vocals du bassiste pour un rendu encore plus gras et souterrain que sur l’album précédent. Et on a même droit à un guest vocal du grand Kam Lee (Massacre) sur « Things Infestation » ! Comparé aux deux précédents disques – assez inégaux malgré leur petit lot de tueries absolues – ce Sinister Oath se fait justement plus homogène. Rares sont les groupes à tenir quasiment trente ans en pratiquant le même style bas du front. C’est pourtant la prouesse que réalisent les japonais à chaque nouvelle sortie. Chapeau !

 

Atrae Bilis – Aumicide
Death brutal moderne – Canada (20 Buck Spin)

Storyteller : Vous connaissez sans aucun doute ma passion pour les groupes Canadiens. La qualité de l’air et de l’eau produit des musiciens de grand talent. Et voilà donc une nouvelle formation, Atrae Bilis, toute fraîche après un premier album en 2021, qui nous revient avec un album dont le nom porte à confusion : Aumicide. Si cet opus rentre dans la présente sélection, c’est qu’il porte en son sein une variété de death metal qui va plaire aux plus énervés d’entre vous. Chant, instruments, blasts, technique, on se promène pas mal sur cet album, même si le chemin que l’on suit est plutôt celui de la brutalité.

Si les débuts sont encourageants, dès que l’on passe la barre du titre « Salted in Stygia », les choses s’emballent. On se retrouve parfois proche d’un groupe comme Alkaloid dans le petit grain de folie, les chants bien space. Mais cela ne dure qu’un temps. Même si la précision technique est une constante, on se fait quand même bien rentrer dans le gras avec « Inward to Abraxas » avec ses bizarreries de son sur la partie finale. En parlant de choses étranges, le titre éponyme est une chanson presque doom, très lente, sans paroles, comme une introduction, une mise en jambe pour « A Kingdom of Cortisol » (admirez la finesse du titre) qui suit. Et qui repart sur une distribution de claques jusqu’à un morceau final qui prend parfaitement son espace et accroche bien l’oreille. Le rythme de l’album est globalement élevé, il faut aimer le death metal solide aux teintes d'Europe de l’Est, avec un niveau de concession assez minimum sur des finesses de structures. Si Atrae Bilis sait parfois varier les ambiances, c’est surtout pour pouvoir revenir à une musique qui transmet un certain malaise, tout comme la pochette dont on ne se souviendra pas avec émotion. Si vous êtes fans de death metal assez brutal, avec une belle teinte moderne, un son qui sert parfaitement le propos : sans bavure, vous avez trouvé en Aumicide une belle découverte.

 

Civerous – Maze Envy
Death/doom metal – USA (20 Buck Spin)

ZSK : Nouvelle trouvaille de l’underground de 20 Buck Spin, logo illisible, pochette mystique aux couleurs improbables, death/doom caverneux de Californie : Civerous a tout pour être la hype de ce printemps. On ne s’y trompera donc pas. Ayant débuté par le trio démo/split/compil, Civerous sort son premier album en 2021 après seulement deux années d’existence, et sans line-up ayant créché pendant 10 ans dans trouzemille formations de l’underground. Et Decrepit Flesh Relic était déjà un bon petit modèle de death/doom hyper dark qui ferait faire à Sleap un name-dropping d’à peu près soixante-quinze noms dont la moitié du roster de Dark Descent.

Trois ans plus tard, Civerous récidive déjà avec un Maze Envy qui a vite été repéré par les diggers du death metal le plus sombre et même au-delà. Toutes les caractéristiques d’un death très Dark Descent/20 Buck Spin-esque sont bien là, des ralentissements doom colossaux aux brefs assauts brutaux en passant bien sûr par l’ambiance de dimension des enfers et le chant qui va avec. D’ailleurs, et c’était déjà presque le cas sur Decrepit Flesh Relic, Civerous a choisi une production assez monumentale, bien plus puissante que ce qui se fait dans le genre habituellement, tout en conservant le côté ultra gras avec des guitares qui dégueulent de la boue issue de l’humidité du fond des grottes. Dès « Shrouded in Crystals », on est happé dans cet univers particulièrement oppressant avec des compos écrasantes qui nous étouffent sous des tonnes de pression.

Et des assauts plus chaotiques se fond déjà entendre sur cette ouverture de huit minutes, Maze Envy sera alors à l’image de sa pochette : labyrinthique, et à rendre fou. Plus varié que son prédécesseur qui restait généralement très doom dans les rythmes, ce deuxième opus de Civerous impressionne. Sans vraiment apporter quelque chose de notable à la scène death/doom Dark Descent-esque en général, mais le travail est plus que bien fait pendant 42 minutes ultra lourdes. Quelques surprises affleurent, outre l’ambiance assurée par les synthés et divers breaks et interludes, comme le milieu très épique de « Labyrinth Charm » ou encore les étonnants riffs lourds plus modernes de « Levitation Tomb ». Civerous a de l’ambition et le prouve en clôturant Maze Envy par deux pistes de 9 minutes, le très complet morceau-titre et surtout l’incroyable final qu’est « Geryon (The Plummet) », très atmosphérique et bardé de… violons ! Juste une hype de plus ? Non, Civerous est une révélation, et serait bien avisé de vite transformer l’essai…

 

Apogean – Cyberstrictive
Death technique – Canada (The Artisan Era)

Storyteller: Bon, quand on voit du death technique avec le mot « cyber » dans le titre, on se dit que l’on va dans le futur, ou que l’on risque de se prendre des sons électroniques à gogo dans les oreilles. Alors on y va mais avec prudence. Mais les nappes de shred qui ouvrent « Bluelight Sonata », premier titre de Cyberstrictive, rassurent les auditeurs. Ça va envoyer sur dix titres, tous tutoyant des durées de cinq minutes. Donc pas de morceau de bravoure, mais pas non plus de démo de rapidité. Au contraire, Apogean prend un certain temps et déploie un certain talent pour mêler leur brutalité avec des parties plus originales. Comme sur « Distance (Of Walls and Walls) » dont les blasts sont accompagnés de parties de guitares un peu space, avec de l’écho comme pour donner de l’air à la musique. Ce gimmick se retrouve avec les parties sur lesquelles les deux guitares sont très distinctes et proposent une stéréo étourdissante avec une batterie qui maîtrise des rythmes syncopés de grande qualité.

Si vous êtes fans de death qui blaste, ne vous en faites pas Apogean sait aussi donner dans le brutal. Le son est moderne, pas de chaleur particulière, mais une efficacité indéniable. Le chant oscille entre des growls et quelques touches de deathcore histoire de donner un peu plus de folie à l’ensemble. L’aspect cyber mentionné plus haut se fait par touches discrètes et l’on ne se sent pas envahi de claviers ou de sons étranges. Sur l’ouverture de « Hueman », quelques sons électroniques avant une entrée dans le brutal et le shred. Parce qu’il y a aussi une dose de virtuosité. Si le groupe se sent des accointances parfois avec le death technique c’est qu’il y a un travail sur les structures comme sur « Polybius », pour donner de l’air et de l’originalité au son d’Apogean. Une bonne découverte qui mérite toute votre attention pour sa diversité et ses particularités qui donnent au groupe une personnalité à suivre.

 

Septage – Septic Worship (Intolerant Spree of Infesting Forms)
Death grind – Danemark (Me Saco un Ojo / Dark Descent / Extremely Rotten)

Sleap : Après quelques EPs ayant fait grand bruit dans l’underground ces dernières années, le monstrueux power trio Septage accouche enfin de son premier full-length ! Le guitariste Tobias Bendixen est toujours épaulé par les deux Turcs les plus en vogue de Copenhague : Ugur Yildirim de Taphos derrière les fûts, et surtout le prolifique Malik Çamlıca (Burial Invocation, Decaying Purity, Hyperdontia, Necrowretch, etc.) à la basse. Et histoire de fignoler le tableau, les trois musiciens se partagent les vocaux. On a ainsi droit à des paroles en anglais, mais aussi en danois et en turc ! Mais pas de panique, on ne comprend évidemment rien et le tout reste parfaitement pitché pour un rendu goregrind des plus délectables.

Les hostilités démarrent en trombe sur un titre ultraviolent de cinq secondes (rappelant évidemment le séminal « Dead » de Napalm Death) avant d’enchainer sur une quinzaine de morceaux oscillants entre la dizaine de secondes et les deux minutes. Mais en plus de cet aspect goregrind – qui n’est pas qu’un simple vernis punk, contrairement à de nombreux autres groupes – le combo danois garde néanmoins les deux pieds dans la scène metal extrême. En témoignent des titres comme « Fungi Licks » et son riffing autopsien, ou encore « Haris ve Afir Dalyarakların Hazin Sonu » qui sonne carrément thrash ! En plus d’une fin d’album garnie de fugaces soli (de gratte mais aussi de basse), le groupe se permet même quelques passages slamisants en palm mute comme sur « Airborne Droplets of the Infected ». Ainsi, ce Septic Worship vient confirmer l’essai et impose définitivement Septage comme l’un des fers de lance de la nouvelle scène death européenne.

 

The Monolith Deathcult – The Demon Who Makes Trophies Of Men
Brutal death sympho/indus – Pays-Bas (Human Detonator Records)

ZSK : Après une trilogie V disons… mitigée ? The Monolith Deathcult revient aux affaires avec du matériel un peu plus classique. Tellement classique qu’il sera difficile de savoir si The Demon Who Makes Trophies Of Men est un véritable nouvel album, vu qu’il ne comporte en réalité que cinq morceaux inédits, dont deux étaient déjà sortis en tant que singles en 2022, plus trois réenregistrements. Fainéants, les Monolith Deathcult ? Je tiens à rassurer Michiel et ses comparses : nous ne sommes pas un webzine allemand donc nous allons dire du bien de The Demon Who Makes Trophies Of Men dont le nouveau matériel est ce que le groupe néerlandais a sorti de plus solide depuis Tetragrammaton (2013). Oui, oui.

Passons toutefois sur les ajouts de cet album/EP/compil/jesaispas que sont les trois réenregistrements de Trivmvirate à savoir « Kindertoteslied », « Master of the Bryansk Forests » et « I Spew Thee Out of My Mouth », présentés sous de nouvelles versions qui ne diffèrent pas tant des originales ; à part pour « Master of the Bryansk Forests » présenté ici sous le sobriquet « Gogmagog - The Bryansk Forest Revisited » avec pas mal de variations de compos et des samples rigolos comme le groupe sait si bien faire. L’intérêt réside plus dans les nouveaux morceaux qui sont plutôt inspirés, même si The Monolith Deathcult ne se réinvente guère et fait toujours étalage de toutes ses singularités (claviers, samples). Mais on est plutôt dans la lignée du bien brutal et culte Trivmvirate et ça fait du bien après quelques vaches maigres.

Le morceau-titre qui ouvre ce… stuff et qui est un hommage à… Predator est bien senti, sans trop de fioritures mais le combo indus/sympho fonctionne toujours à merveille, idem pour « Commander Encircled With Foes ». Et même tellement que « The Nightmare City of Rlyeh » est lui nettement plus indus/sympho que… brutal death. Le plus lourd « Matadorrrrr » nous permet aussi de constater que Robin Kok est très en voix, tandis que « Three-Headed Death Machine » assure bien la caution martiale habituelle du groupe. Rien de bien surprenant, mais The Monolith Deathcult réussit bien à tricoter autour de ses fondamentaux en retrouvant un peu d’efficacité, sans prendre de risques, et sans pour autant atteindre le niveau d’un Trivmvirate presque intouchable, mais dont il retrouve l’esprit inimitable. Et le groupe de rigoler en disant que c’est un album généré par IA… mais allez savoir, c’est peut-être vrai.

 

Eternal Storm – A Giant Bound To Fall
Death metal mélodique – Espagne (Transcending Obscurity Records)

Michaël : Mélodique, onirique, technique, progressif, puissant. Voilà comment on pourrait résumer la musique des espagnols de Eternal Storm. Come the Tide avait été une belle surprise en 2019, donc forcément j'avais un peu d'appréhension en attaquant l'écoute de ce nouvel album, surtout à la suite de la perte de leur chanteur. Et pourtant, rien de tout ça. Si l'album aurait mérité d'être parfois un peu élagué (1h09 au compteur, tout de même), le groupe parvient à trouver ce subtil équilibre que l'on aime tant dans le genre : beaucoup de mélodies, beaucoup de variations de chant (clair / screams) mais sans jamais trop en faire. Porté par un mix plutôt solide (on entend la basse, pardi !), l'album enchaîne les titres assez planants. Et c'est bien là la différence majeure par rapport au précédent opus : le death metal mélodique offert lorgne nettement plus vers le prog. Si quelques riffs bien dynamiques viennent parfois accélérer le tout (comme sur « A Dim Illusion »), on reste toutefois sur des tempi assez lents, ce qui n'est pas pour me déplaire à dire vrai...

Quoi qu'il en soit, sans atteindre le petit soupçon de magie qui m'avait fait adorer le précédent opus, je ressors de l'écoute de cet album avec une excellente impression. Un groupe mature, porté par un Daniel R. Flys de gala (lui qui a également sorti un très bel EP - Lingua Ignota : Part I - avec le groupe andorran Persefone il y a tout juste quelques semaines). Un bon petit album à savourer pour tous les fans de death metal mélodique / progressif.

 

Sarcasm – Mourninghoul
Death/black mélodique – Suède (Hammerheart Records)

ZSK : Groupe suédois reformé en 2015 après une courte existence au début des années 90 en plein milieu du boom du metal extrême suédois, Sarcasm poursuit depuis une carrière tout à fait habituelle, preuve qu’on ne se reforme pas uniquement pour surfer sur les revivals. Mourninghoul est donc son quatrième album en huit ans, depuis Within The Spheres Of Ethereal Minds (2017). Et si Esoteric Tales Of The Unserene (2019) avait pu repousser certaines limites de l’anachronisme musical avec un album particulièrement nineties, Stellar Stream Obscured (2022) avait recentré Sarcasm dans la scène qui avait fait ressurgir son nom : le death metal suédois.

Toutefois, Sarcasm garde son appétence pour le black mélodique à la Dissection, Sacramentum et Dawn ; mais se situe toujours entre ces deux feux. Trouvant ainsi presque l’équilibre parfait du metal suédois, Sarcasm enchaîne les albums et ce Mourninghoul ne réservera aucune surprise. Par rapport à Stellar Stream Obscured, il se recentre cependant sur l’aspect mélodique. Mais le reste réserve un death/black rocailleux à nouveau très old school, mais qui bénéficie de toutes les avancées sonores du XXIème siècle. Soit agressif, soit mid-tempo, soit blastant, soit épique, Mourninghoul est un concentré complet du metal extrême suédois. Mais est-ce que ça fonctionne toujours ?

Depuis son retour (ou plutôt vrai début) en bacs, Sarcasm se traîne ainsi une discographie assez homogène, voire même un peu trop, les albums s’enchaînent finalement sans qu’on y trouve de vraies pépites ; et le groupe passerait presque pour une formation honnête de seconde division alors que certains de ses musiciens ont contribué à la genèse du style il y a une grosse trentaine d’années. Mourninghoul n’est pas pour autant un mauvais album, il a quelques moments forts pour lui (« Lifelike Sleep », « Withered Memories of Souls We Mourn », « Awareness in the Dark », le fleuve « No Solace from Above »), mais Sarcasm stagne et n’apporte rien à sa discographie existante, ni au genre dans lequel il s’inscrit en général. C’est toujours un bel hommage au black/death mélodique suédois des 90’s, mais c’est à nouveau un album destiné aux réels acharnés du style.

 

Vale of Pnath – Between the Worlds of Life and Death
Tech blackened death – USA (Willowtip Records)

Storyteller : Nouvel album, nouvelle peau. Derrière un artwork vraiment réussi, croisement de perte de repères, de folie et d’un côté classique bienvenu, on se dirige vers un album de Vale of Pnath qui va pousser plus loin ce que le groupe a mis en place. Accursed, le précédent album, de 2019, avait posé des jalons solides que l’on retrouve dans Between The Worlds of Life And Death : un black death avec pas mal de claviers et une brutalité bien assumée. On retrouve le goût du groupe pour les instrumentaux qui viennent donner une ambiance aux moments clés de l’album : en ouverture et avant un dernier titre « Echoes Of the Past » qui sort complétement du lot : des sons électroniques, une ambiance qui met bien mal à l’aise, un passage prog qui part dans tous les sens, une réussite pour finir un album.

Vale of Pnath, c’est avant tout une musique faite de brutalité que ce soit dans les blasts qui jalonnent l’album de bout en bout, mais aussi dans le son. Celui-ci est ultra agressif, sur « Soul Offering », le binôme batterie / guitares, poussé par le clavier entraîne complétement l’auditeur. C’est carré, très carré. Pas un morceau qui dépasse et ça sent le headbang de loin. Mais ce n’est pas forcément toujours froid : des soli de guitares, ou des ambiances comme sur « Shadow » qui viennent prendre la totalité de la fin du morceau. Ecoutez aussi le single si dessous pour voir à quel point la musique sert de cadre à une histoire. Pour être honnête, il m’a fallu pas mal d’écoutes pour rentrer dans cet album. Ce qui fait sa force, c’est justement sa force et aussi une qualité dans l’écriture, les morceaux sont capables de développer leur aspect sans pitié avec des touches de couleurs. Comme un passage du monde des vivants à celui des morts. Ça tombe bien c’est dans le titre. Imparable.

 

Hour Of Penance – Devotion
Brutal death technique – Italie (Agonia Records)

ZSK : Aborder la sortie du nouvel Hour Of Penance, c’est (déjà) réaborder la question de l’IA dans le metal. Devotion, le neuvième album des Italiens, nous présente donc une pochette réalisée avec Midjourney (sic). Mais alors qu’on venait à peine de sortir de la polémique de Pestilence, Paolo Pieri le guitariste/chanteur de Hour Of Penanceen a rajouté une belle couche, entre un discours très métale sur la condition humaine vouée à être remplacée par l’IA mais aussi des propos assez méprisants sur les artistes qui font des créations de leurs propres doigts, pointant leur « égo » ou déclarant avoir lui pris plus de temps à faire des prompts qu’à envoyer des mails pour dégoter un artwork. Avec bien sûr un blocage des commentaires sur les réseaux qui s’en est suivi histoire de rester tranquille. Bref…

Et cela entacherait presque la sortie de ce nouvel album de Hour Of Penance qui s’avère être, et de loin… le meilleur album du groupe depuis Paradogma (2010), voire même le mètre-étalon qu’était The Vile Conception (2008). Rien que ça ? Oui, après une sacrée période de vaches maigres, le groupe italien va vraiment revenir du diable vauvert. Misotheism (2019) relevait déjà le faible niveau de Regicide (2014) et Cast The First Stone (2017), déjà en changeant de crémerie pour la production, allant faire un tour du côté de la Pologne et des studios Hertz. Rebelote ici, en encore plus puissant, c’est tout simplement l’album le mieux produit de la carrière de Hour Of Penance. Et aussi son album le plus efficace depuis un moment qui s’ouvre d’ailleurs par un monstrueux « Devotion for Tyranny » suivi des non moins excellents « Parasitic Chain of Command » et « Birthright Abolished ». Eh bien, voilà un retour en force que l’on attendait pas.

Même si il y aura un peu de déchet par la suite (« Retaliate », « Severance » ainsi que « A Desert Called Peace » malgré quelques riffs massifs), il y a encore de quoi faire avec une brutalité plus que retrouvée (« Breathe the Dust of Their Dead », surtout « The Morality of Warfare » et « The Ravenous Heralds », le très bon final « Spiralling Into Decline »). Il n’y a certes aucune surprise et parfois même un peu de redite (certains riffs semblent tout droit copiés de The Vile Conception mais est-ce un défaut après tout ?), mais les Italiens ont repris des vitamines et sortent sans conteste leur opus le plus décapant depuis un bail. On aurait aimé avoir cette intensité tout le long de la carrière du groupe, groupe qui au passage n’a plus aucun membre d’origine depuis 2010… mais ce n’est pas grave vu que tout ce petit monde sera bientôt remplacé par des IA qui feront mieux, n’est-ce pas ?

 

Également dans le radar de la Rubrique Nécro #13 :

  • Pour les amoureux de death metal mélodique qui lorgne vers le folk, n'hésitez pas à jeter un oeil du côté de Dark Oath avec l'album Ages of ManPas toujours parfait, parfois un peu cliché, mais toujours bien pensé et agréable à écouter.

  • Toujours dans la branche mélodique du spectre du death, les Danois de Deception ont sorti un très bon nouvel album intitulé Daenacteh qui sent bon le blast, les claviers, les riffs en tremolo picking et une voix qui sort du fond de la gorge. Tantôt hyper mélodique, tantôt hyper bas du front, tantôt presque expérimental, l'album brasse large et on ressort heureux de l'écoute. On recommande fortement !

  • Y'a-t-il encore ici des gens qui suppor... qui aiment bien David Vincent (ex-Morbid Angel, voyons) ? Son groupe Vltimas a sorti un second album, Epic. Qui n'est ni mieux ni moins bon que Something Wicked Marches In mais réserve encore quelques bonnes compos de la "galaxie" Nader Sadek. Si le coeur vous en dit...

  • Pour finir dans l'originalité, ce serait dommage pour nos fans de technique de passer à côté de Lightless de Vipassi. Tout sent bon le tech death sauf que c'est de l'instrumental pur. Cela dit, rien que pour la composition, ça vaut le coup.