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samedi 20 mai 2023

Metallica @Stade de France

Stade de France - Saint-Denis

Michael

Avocat le jour, rédacteur sur Horns Up la nuit et photographe à mes heures perdues.

La voici, la tant attendue et tant décriée tournée de Metallica avec ces deux dates par ville, avec deux setlists complètement différentes.

N’ayant finalement pas pu me rendre à celle du mercredi 17 mai 2023, ce live report ne porte que sur la date du vendredi 19 mai. Mais l’on me glisse dans l’oreillette que les constats furent, pour l’essentiel, les mêmes...

 

Architects

Tout avait été fait de mon côté pour assister à la prestation des anglais d’Architects. En tant que grand amateur de la période metalcore du groupe (pré-2015, donc) et notamment de l’album Lost Forever // Lost Together, j’ai toujours eu de la sympathie pour les natifs de Brighton. Sympathie essentiellement consolidée lors de la prestation majuscule du groupe à la Maroquinerie en 2014.

Seulement voilà, le groupe a depuis lors acté un virage plus post-metal. Et la prestation du soir, faisant la part belle aux derniers albums (5 titres de For Those That Wish to Exist, 4 titres du petit dernier The Classic Symptoms of a Broken Spirit, 2 titres de Holy Hell et seulement un titre de All Our Gods Have Avandoned Us) a confirmé que, malheureusement, le groupe n’est plus fait pour moi.

Je peine toujours à apprécier ces titres très mélodiques, parfois un peu convenus, en dépit d’un Sam Carter dont je constate avec plaisir qu’il est devenu incroyablement solide en live. Au-delà de son aisance sur scène, en dépit de la configuration inusuelle du soir, ce dernier est vocalement juste et a une bonne humeur communicative. Mais pour le reste, les titres me laissent bien de marbre, à l’exception de « Nihilist » et de « Animals », venu clore le set.

Globalement aidé par un son décent, le groupe aura tenté de faire monter la pression dans un Stade de France assez clairsemé en début de prestation et, de toute évidence, peu friand de ce genre musical. Une prestation réussie, malgré tout. Ce n’est plus fait pour moi, tout simplement ; difficile cependant de contester que le groupe est entré dans une autre dimension. Nous verrons bien si la prestation du Hellfest confirme nos impressions.

Setlist :
Black Lungs
Nihilist
Discourse Is Dead
Tear Gas
Deep Fake
A New Moral Low Ground
Doomsday
Mortal After All
Impermanence
Meteor
Play Video
When We Were Young
Animals
 

 

Metallica

La venue de Metallica est toujours un évènement. Bien que le groupe soit, au final, assez fréquent sur nos terres (2012, 2017, 2019, 2022, notamment), il y a toujours ce plaisir et cette envie irrépressible de voir le groupe en live, même dans une configuration stade qui a souvent de quoi déplaire. On se rappelle notamment de la tournée des 20 ans du Black Album au Stade de France, évènement majeur fêté avec une scénographie assez décevante, contrairement à la tournée de 2017 passée par Bercy qui avait été tout le contraire, malgré la qualité relative de Hardwired… to Self-Destruct.

Inutile de revenir sur la particularité de cette double prestation prévue pour mai 2023. Tout ou presque a déjà été dit sur cette tournée ; ses points positifs (idée originale et possibilité d’écouter de nombreux titres différents, notamment) et négatifs (le prix, le prix et le prix). Je remarquerai simplement que la partie supérieure du Stade de France n’était pas ouverte et que le stade était loin d’être rempli. Certainement la faute à des tarifs absolument prohibitifs qui, peu à peu, vont finir par séparer définitivement les artistes de leur public.

Quoi qu’il en soit, les enseignements sont nombreux à la sortie de cette date.

Le premier, et pas des moindres, est que le groupe est en forme. On peut toujours gloser sur tel ou tel moment où la voix de James est partie en vrille ou bien encore sur la sempiternelle rengaine – justifiée – des difficultés techniques de Lars (quelle boucherie sur « King Nothing », notamment), mais le groupe a belle mine pour des quasi soixantenaires. Tenir une scène centrale comme celle-ci n’est pas une mince affaire, et le groupe a encore une fois relevé le défi avec brio.

Le second, plus étonnant, est que le groupe a fait dans la sobriété. Oui oui. Si l’on omet l'absence de sobriété marketing avec une boutique éphémère et des sections VIP (Lenny Kravitz et Chris Rock, notamment, ont été aperçus dans l’une d’elles) ou autres pass privilégiés, la prestation du groupe sur scène a quant à elle été assez sobre. Très peu d’effets pyrotechniques (hormis l’intro de « One » et quelques flammes sur « Moth Into Flame »), une scéno assez limitée (des écrans érigés sur des poteaux entourant la scène – de piètre qualité, d’ailleurs, vu le nombre de parties défaillantes) et très peu de discussion avec le public. En tout et pour tout, James a du lâcher 4/5 phrases pour le public en deux heures de prestation. Une certaine distance assez inhabituelle, en réalité. En tous cas, pas de discours, d'effets sur scène ou de ballons comme sur la tournée de 2017, par exemple.

Le troisième enseignement est que le rythme de cette date a été assez destabilisant. Le groupe a en réalité divisé son set en quatre parties de quatre titres ; à chaque partie, la batterie de Lars était déplacée à un autre angle de la scène centrale, ce qui était pour le coup une excellente idée. Simplement voilà, la prestation a été parsemée de très longues pauses, parfois sans justifications autre que celle de souffler. De longues introductions suivies d’enchaînements de plusieurs titres à la suite, puis de nouvelles pauses. Et alors même que le groupe a parfois trop aéré sa prestation, l’enchaînement final « Whiskey in a Jar », « One » et « Enter Sandman » arrive à toute vitesse et le groupe repart aussi vite qu’il est arrivé, de manière très abrupte, sans rappel ni montée de pression. Metallica aura pris son temps toute la soirée, pour finalement ne pas le prendre au moment où l’on aurait précisément aimé davantage savourer la présence du groupe. Le fait que les titres du dernier album soient assez pénibles en live y est du reste certainement pour beaucoup. Alternant le médiocre et le satisfaisant en passant par le moyen, les titres de ce 72 Seasons peinent pour l’essentiel à séduire. Et, en live, leurs longueurs et riffs parfois éculés sont difficiles à digérer.

Alors évidemment, le groupe nous aura réservé quelques pépites : « Battery » (je ne m’y attendais pas !), « Harvester of Sorrow » (toujours aussi exceptionnelle !), « Creeping Death », « Welcome Home (Sanitarium) » ou bien encore le bonbon du soir : « The Call of Ktulu ». Même les titres plus récents que sont « Cyanide » et « Moth Into Flame » sont excellents. Simplement, je n’ai pas été convaincu par la dynamique du set, surtout après ce départ en fanfare, le groupe venant souvent briser les élans créés par des titres dynamiques avec d’autres trop longs ou plus doux, sans jamais parvenir à maintenir un subtil équilibre.

En bref, Metallica nous a offert une prestation très solide - avec quelques pépites parsemées dans sa setlist - et étonnamment sobre (très peu de pyrotechnie, notamment), ce qui n’est pas pour déplaire. Simplement, plombée par un rythme sur courant alternatif (longues pauses, choix de titres brisant les dynamiques, final expédié), on en ressort un peu frustré. Pour un tel prix et avec un champ des possibles aussi large, on pouvait légitimement s’attendre à plus d’équilibre. Il ne nous reste plus qu’à espérer que leur prochain passage nous ôtera ce vilain arrière-goût auquel le groupe ne nous avait pas vraiment habitué.

Setlist :
Creeping Death
Harvester of Sorrow
Cyanide
King Nothing
72 Seasons
If Darkness Had a Son
Welcome Home (Sanitarium)
You Must Burn!
The Call of Ktulu
The Unforgiven
Wherever I May Roam
Moth Into Flame
Battery
Whiskey in the Jar
One
Enter Sandman