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dimanche 26 février 2023

Gojira @Paris

Accor Arena - Paris

Michael

Avocat le jour, rédacteur sur Horns Up la nuit et photographe à mes heures perdues.

Ce samedi, l’Accor Arena (n’en déplaise à Joe !) accueillait la plus grosse date de la tournée de Gojira. Une salle quasi sold out pour accueillir les désormais seuls maîtres incontestés du metal hexagonal.

Nombreux sont ceux qui ont déjà glosé en long, en large et en travers sur l’évolution fulgurante d’un groupe qui n’était certainement pas destiné à une telle carrière. Initialement fer de lance d’un death metal pas forcément très accessible sans pour autant être violent, il se plaçait dans un créneau qui ne laissait pas vraiment présager de finir tête d’affiche dans une telle salle. L’ouverture engagée depuis quelques albums – et surtout par le petit dernier, Fortitude – a certainement rebattu les cartes et élargi davantage la fanbase de Gojira. Amusant en effet de voir des très jeunes fans et quelques têtes grises manifestement novices - l’absence de protection auditives est souvent un indice – garnir les travées de l’Accor Arena ce samedi.

Quoi qu’il en soit, c’est dans une salle presque comble, acquise à sa cause que le groupe a débarqué sur scène après deux premières parties qui ne m’auront guère convaincu. Un long compte à rebours débouchant sur le premier titre de la soirée, « Born for One Thing ». Le premier constat est que le son n’est pas idéalement réglé, la voix étant un peu trop en retrait par rapport aux instruments. Rien de très grave, vous me direz, quand les titres qui suivent sont « The Heaviest Matter of the Universe » et « Backbone » a.k.a. Mario Time. Ce dernier est clairement devenu le centre du groupe. C’est très amusant, d’ailleurs, de voir cette mise en avant. Les écrans géants de l’Arena n’auront cesse de fixer ce dernier, comme pour compenser l’habituelle pratique des caméras qui fixent le chanteur et négligent les autres, faisant d’eux de simples faire-valoir. Quoi qu’il en soit, une prestation XXL derrière les fûts et un son massif auront eu pour effet de chauffer à blanc une salle qui sera malgré tout restée, sauf les irréductibles du premier tiers de la fosse, relativement calme.

Le second constat n'est pas davantage contestable : Gojira est devenu un monstre sur scène. Porté par des lights dynamiques, un recours équilibré à la pyrotechnie et des visuels bien réussis (notamment cette ouverture sur un soleil grandissant), le groupe occupe parfaitement la scène et maîtrise son sujet. Le son est lourd ; chaque titre est un front kick dans le menton.

Naturellement, quelqu’un qui suit le groupe depuis ses débuts et à un profond amour pour la première partie de sa carrière aura de quoi être un peu déçu. Tournée de Fortitude oblige, pas moins de six titres de ce dernier auront été joués ; outre le titre d’ouverture, on aura eu droit aux singles « Amazonia », « Another World », « Grind », « New Found » et « The Chant ». Parfois c'est correct, comme ce dernier titre, parfois c'est une douce impression que le morceau rend bien mieux en live que sur CD comme « Another World », et souvent cela ne parvient pas à me convaincre. « New Found » et « Grind » sont ainsi très en déça et, malgré l’invitation faite au public de participer, ce n’est pas une franche réussite. Ajoutez à tout cela aucun titre de Terra Incognita et de The Link ; c’est une petite déception. Heureusement, le groupe nous a réservé la crème de Magma (la magique « Silvera » venue ouvrir le rappel, la toujours attendue « Stranded » portée par des lights exceptionnelles et la sous-côtée « The Cell »), la triple gifle de From Mars to Sirius (« Backbone » / « Flying Whales » / « The Heaviest Matter of the Universe ») et de bons titres de The Way of All Flesh (« The Art of Dying » et « Toxic Garbage Island »). Surprise du soir : « Our Time Is Now » rend plutôt très bien en live alors que je n’accroche pas du tout à la version studio.

Malgré ces sempiternels débats de setlist pour les groupes aux longues carrière, il y a tout de même un sentiment de victoire et de fierté en ce samedi soir. Celui de voir un groupe français occuper une place que nul avant n’avait réellement atteinte. Et pas sur un hasard ou un buzz improbable, mais du fait d’une voie tracée avec constance, talent et application. Et c’est sur un pari osé, celui de jouer l’excellente « The Gift of Guilt » pour clore son set, que Gojira va quitter la scène, non sans remercier avec pudeur un public venu en masse les soutenir. Ce soir, les Landais ont dû encore plus qu'avant se rendre compte du chemin parcouru et de la figure de proue du metal français qu’ils sont devenus, pour notre plus grand plaisir.

Setlist :
Born for One Thing
Heaviest Matter of the Universe
Backbone
Stranded
Flying Whales
The Cell
The Art of Dying
Grind
Another World
L'enfant Sauvage
Toxic Garbage Island
Our Time Is Now
The Chant
Amazonia
Silvera
New Found
The Gift of Guilt