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Album

11 janvier 2023 - ZSK

Vessel Of Iniquity

The Path Unseen

LabelSentient Ruin Laboratories
styleMetal extrême des enfers
formatAlbum
paysAngleterre
sortieoctobre 2022
La note de
ZSK
7.5/10


ZSK

"On est tous le boomer de quelqu'un d'autre."

Chaque année, Il est là, Il est toujours présent, pour maintenir ouvert le portail vers la dimension apocalyptique. Le Vaisseau de l’Iniquité. Une manifestation automnale qui deviendrait presque une habitude mais comme tout one-man band créatif, Vessel Of Iniquity est imprévisible et réapparaît souvent sans crier gare. Dans le cas de l’année 2022, tout avait commencé dès le 12ème jour de janvier, avec la parution de deux EPs « inédits », Architecture Of Existence et Graveyard Of Dead Gods. Tous deux constitués d’un seul morceau durant autour du quart d’heure, ils remettaient bien en exergue la violence absolue dont est capable le projet britannique, dans la lignée de l’infernal album Star Of The Morning (2019). S.P. White semble donc être en mesure de retrouver la verve qu’il avait un peu laissée de côté pour le plus mesuré The Doorway (2021). Mais en attendant un nouveau méfait longue-durée de Vessel Of Iniquity, White a fait parler son touché si particulier dans d’autres projets. Thoraxembalmer a sorti une nouvelle version de sa démo Hymns To The Ancient Ones, Uncertainty Principle a balancé masse de compils, et Crown Of Ascension s’est offert un premier album nommé Transmission Errors fin novembre. Avant ce dernier, Vessel Of Iniquity a de nouveau pointé le bout de son nez avec The Path Unseen, toujours chez Sentient Ruin Laboratories. Même si White nous avait refait le coup de Void Of Infinite Horror en ressortant The Doorway en plusieurs versions de mix, pour ceux qui veulent encore creuser davantage la théorie de l’apocalypse. Mais les sons inédits venus tout droit de la dimension des enfers, ils sont à retrouver dans ce The Path Unseen qui promet encore à l'image de sa pochette de la pure abstraction…

4 morceaux pour 30 minutes, Vessel Of Iniquity ira cette fois-ci à l’essentiel. On est donc loin du format de Star Of The Morning et The Doorway mais contrairement à Void Of Infinite Horror en son temps, The Path Unseen ressemble à un véritable album… même s’il y a un morceau en moins. On retrouve, une fois n’est pas coutume sans surprise, le standard de son hérité de The Doorway, un peu plus malléable que par le passé mais qui encore une fois, reste très bruitiste, et s’appréciera et se décortiquera différemment selon les conditions d’écoute. Les moments très noisy se tailleront un peu la part du lion cette fois-ci mais quand Vessel Of Iniquity fait du « metal », il ne le fait toujours pas à moitié. C’est ainsi que « Blood Magic » se téléporte bien vite dans un univers totalement inhumain, entre boîte à rythmes qui déborde de partout, nappes de « gratte » ultra lourdes et « chants » de damnés infernaux. Toujours d’une violence implacable (et inécoutable pour certains), Vessel Of Iniquity impressionne encore là où un Ævangelist avait fini par lasser et désensibiliser son auditoire. Ce morceau d’ouverture fait donc très fort et nous remet un Vessel Of Iniquity dans les dispositions de Star Of The Morning tout en capitalisant sur les moments les plus efficaces de The Doorway. Mais The Path Unseen sera tout de même un minimum varié et le final de « Blood Magic » annonce un morceau-titre plus appuyé et plus lourd, avec finalement des compos presque plus death pour une fois. Pour un Vessel Of Iniquity plus sage ? L’ambiance des enfers est toujours là, et la BAR sort les pics quand c’est nécessaire, même si, houlala, les guitares laissent ici quasiment sortir des « mélodies ». Une insulte si on s’appelait Revenge, mais Vessel Of Iniquity fait ce qu’il veut et n’a décidemment pas de limites.

Si « Abyss of Unknowing » démarre en se plaçant dans la lignée du morceau-titre - et donc dans la lignée d’une bonne partie de The Doorway soit-dit en passant - on sent quand même que le magma des profondeurs bouillonne sous nos pieds à chaque instant (matérialisé par des accès de riffs sous-accordés d’une brutalité absolue) et semble prêt à remonter violemment. L’explosion du volcan de l’iniquité est donc proche, et arrivera en criant gare avec le bien nommé « A Door Once Opened… », qui ne s’embarrasse de rien et dégueule sa violence jusqu’au-boutiste en seulement une poignée de secondes. Là, Vessel Of Iniquity retrouve ce qui avait fait le sel de ses premières sorties, les incroyables assauts de la fin de Star Of The Morning en tête. Avec des « compos » vraiment inspirées, c’est finalement jouissif, même si encore une fois il faut accepter de baigner dans un chaos total. Après, quand on a fait partie de la caste des très courageux qui ont poncé la discographie du projet, tout ceci n’est plus très aliénant, quoique toujours réussi dans ce qu’il entreprend - et qui n’a plus vraiment d’équivalent dans la scène actuellement. The Path Unseen, de par son format, est aussi jalonné de longueurs, surtout qu’on a du mal à qualifier ces quatre longs morceaux de « progressifs ». The Path Unseen est un album un chouïa plus rentre-dedans et inspiré que The Doorway, remettant un peu plus d’apocalypse repoussante dans l’équation, mais le projet stagne. Peu importe, les portes de l’Enfer se sont rouvertes, se sont refermées, se rouvriront bientôt sans prévenir ou un petit peu, tel est le cycle de Vessel Of Iniquity, qui demeure toujours l’incarnation du metal extrême des enfers la plus bruyante et maîtrisée qui soit.

 

Tracklist de The Path Unseen :

1. Blood Magic (7:38)
2. The Path Unseen (7:00)
3. Abyss of Unknowing (8:12)
4. A Door Once Opened… (7:21)

 

 

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