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Album

17 octobre 2022 - ZSK

Bloodbath

Survival Of The Sickest

LabelNapalm Records
styleDeath Metal
formatAlbum
paysSuède
sortieseptembre 2022
La note de
ZSK
8.5/10


ZSK

"On est tous le boomer de quelqu'un d'autre."

C’est peut-être parce que c’est la période mais on peut voir en Survival Of The Sickest une énième allégorie de la pandémie de Covid-19. D’ailleurs moi-même je sors de ma première infection au virus au moment où j’écris ces lignes. L’ermite que je suis aura donc résisté autant qu’il a pu et je pense que tout le monde finira par y passer si ce n’est déjà fait donc oui, on peut quelque part, parler de la survie des malades… mais bref. On ne peut pas accuser Bloodbath de manquer d’originalité lui qui est de toute façon un all-star band de death suédois old-school assumé depuis le début. Et pourtant, ces dernières années, il a fait des choix plutôt singuliers. L’arrivée de Nick Holmes de Paradise Lost pour succéder aux sévères growlers qu’étaient Peter Tägtgren et Mikael Åkerfeldt, sa bure de moine, les apparats visuels de Grand Morbid Funeral (2014) et surtout The Arrow Of Satan Is Drawn (2018), certains pans de la musique même… on ne peut pas dire que Bloodbath a tenté quelques petites choses, quitte à laisser quelques fans sur le côté en chemin, et pas forcément ceux restés bloqués sur Resurrection Through Carnage (2002). Et quand bien même, la formation restait sur un The Arrow Of Satan Is Drawn particulièrement gras, avec toute la panoplie du swedeath, même si elle était sensiblement remise au goût du jour. Il est alors presque étonnant de voir que le groupe nous rebalance une pochette qui sent bon le tout début du mouvement death metal dans son ensemble (même tout le layout du CD à vrai dire), revient à des thématiques franchement classiques (un premier single nommé « Zombie Inferno », ça ne trompe pas), fait des photos promo en mode metalleux de base des années 80/90. Tout ceci avec un line-up inchangé (à l’exception que le gratteux Thomas Åkvik (Lik) intègre définitivement le collectif), Nick Holmes devenant officiellement le vocaliste de Bloodbath ayant fait le plus d’albums avec le groupe, portant ici son total à trois (bon, il est vrai qu’Åkerfeldt avait fait deux albums mais aussi deux EPs et un album live, mais soit). A partir de là, il va être facile de deviner la direction de Survival Of The Sickest

C’est donc, encore une fois, du death metal plutôt gras, suédois jusqu’au bout des ongles et de la corne des doigts. Ceci dit sur cette base, il demeure plusieurs possibilités, dans le fond comme dans la forme. Et avec Survival Of The Sickest, Bloodbath a fait deux choix. Le premier, c’est une prod dans les standards du genre mais totalement moderne et donc ultra-puissante. C’est dit, je pense que Survival Of The Sickest est l’album qui a le son le plus clair et décoiffant de toute l’histoire du death suédois, dépassant même… son prédécesseur, The Arrow Of Satan Is Drawn. Ça sera peut-être trop « propre » pour certains, même si les spécificités du genre font quand même que Bloodbath fait malgré tout du death baveux et boueux, mais avec un son tonitruant. On louera donc le travail… du groupe lui-même et de Lawrence Mackrory (Darkane, ex-Scarve) pour cette production presque sans précédent. Le deuxième choix, c’est la vitesse d’exécution du bousin. Et si souvent ces dernières années, en termes de death old-school de manière générale, c’était un peu devenu la course à la lenteur et à la lourdeur, Bloodbath prend le contrepied, dépasse tout le monde et remet l’efficacité au premier plan. C’est bien simple, on constate dès l’ouverture sur « Zombie Inferno », dès que les riffs les plus gras débarquent, que Bloodbath ne va pas y aller par 4 chemins et tout défoncer sur son passage. Si Grand Morbid Funeral et The Arrow Of Satan Is Drawn y allaient de leurs menus ralentissements, ici la grande majorité de Survival Of The Sickest va rester sur un tempo bien rentre-dedans. « Putrefying Corpse », « Malignant Maggot Therapy », « Born Infernal », « Tales of Melting Flesh », « Environcide » ou encore le plus chaloupé « Carved » et le final terrassant de « Dead Parade » sont donc autant de brûlots de death suédois qui ne se perd pas en palabres et va tout droit, très fort et très vite. Autant dire que Bloodbath livre ici son album le plus punchy et que ça va marcher du tonnerre. Si vous vouliez du death de « vieux » qui n’hésite pas à bouger son popotin pour envoyer du petit bois, Survival Of The Sickest va être quelque chose d’assez énorme.

D’autant que Bloodbath est ici carrément inspiré, et même le pourtant très bon de base The Arrow Of Satan Is Drawn est relégué au rang d’album un brin anecdotique ; et que dire de Grand Morbid Funeral qui apparaît aujourd’hui finalement très fade. Les compos mortelles s’enchaînent et de vrais tubes apparaissent, ce que Bloodbath n’avait presque plus été capable de pondre passé Nightmares Made Flesh et The Fathomless Mastery. Entre ce départ monstrueux qu’est « Zombie Inferno », les excellents « Putrefying Corpse » et « Malignant Maggots Therapy », ce banger qu’est « Carved » ou encore le plus original « To Die » avec quelques riffs un peu plus modernes, il y a vraiment du lourd au menu. On notera aussi que Nick Holmes s’est définitivement mis dans le moule et ses growls sont désormais parfaitement insérés dans le style de Bloodbath, musique s’étant adaptée aux vocaux et inversement. Et le groupe s’est aussi fait plaisir en nous proposant ici et là des interventions d’invités prestigieux (Barney de Napalm Death, Luc Lemay de Gorguts, Marc Grewe de Morgoth). Qu’est-ce qui pourrait alors ternir la perfection absolue qui s’annonce ? Pas les quelques aérations car Survival Of The Sickest n’est tout de même pas un album qui bourre sans s’arrêter pendant 45 minutes. Tout sera réussi, avec bien évidemment quelques développements d’ambiances de cimetière (« Dead Parade », « To Die ») et du tempo classiquement plus soutenu (« Dead Parade », « Affliction of Extinction »), mention spéciale au final désenchanté « No God Before Me », qui n’avait pas convaincu en single mais clôture avec grande classe Survival Of The Sickest, bien mieux que les derniers morceaux de The Arrow Of Satan Is Drawn. Non, on pourra peut-être trouver un peu de déchet avec des pistes un peu en-dessous (« Born Infernal », « Affliction of Extinction », « Tales of Melting Flesh »), pêchant surtout par trop grand classicisme car bien sûr, le style de Bloodbath demeure à 0% original. Mais quand même… Bloodbath est presque finalement le seul « all-star band » pratiquant un style balisé qui a tenu aussi longtemps et avec une qualité quasi-constante. Et 24 ans après sa formation, il livre ici une sacrée tuerie. Son meilleur album, c’est à voir, je suis toujours autant fan d’un The Fathomless Mastery et un Resurrection Through Carnage demeurera intouchable pour beaucoup. En tout cas, Survival Of The Sickest est leur album le plus efficace, et dans le contexte actuel, le plus enthousiasmant tant il fait bien les choses. C’est finalement du death de patrons fait par des patrons, qui fait du bien par où il passe et se pose comme un putain d’album de death suédois, rien de plus, rien de moins, et c’est absolument savoureux.

 

Tracklist de Survival Of The Sickest :

1. Zombie Inferno (4:07)
2. Putrefying Corpse (3:52)
3. Dead Parade (4:39)
4. Malignant Maggot Therapy (3:05)
5. Carved (3:28)
6. Born Infernal (4:00)
7. To Die (3:41)
8. Affliction of Extinction (4:10)
9. Tales of Melting Flesh (4:05)
10. Environcide (3:57)
11. No God Before Me (5:45)

 

 

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