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dimanche 7 mars 2021

REVUE D'ACTU #30 : Zao, Pupil Slicer, Ison, Sabaton, Laibach...

Team Horns Up

Compte groupé de la Team Horns Up, pour les écrits en commun.

Du power suédois à l'indus slovène en passant par du Noise Rock finlandais ou du Mathcore anglais, cette nouvelle Revue d'actu brasse large et varié. Cette diversité a de quoi rassurer : malgré la morosité et l'absence de concerts, la (les) scène(s) demeurent bien vivantes et nombres de sorties de qualités sont annoncées pour les semaines qui viennent. Voilà au moins de quoi se réjouir un peu. Bonne lecture et bonne écoute !

Throat

S.A.D.E : Bareback, le second album de Throat, ne manquait pas de qualité mais péchait également par une construction parfois un peu bancale. Le combo finlandais de Noise Rock a tout récemment annoncé la sortie de son succésseur, toujours chez Svart Records, et ce dernier porte le nom un brin sombre de Smile Less. Prévu pour le 15 mai prochain, l'album commence déjà à se dévoiler avec ce premier single, Shots. Avec un son et un esprit toujours assez proche des vétérans d'Unsane, ce premier titre de moins de trois minutes donne dans le concis et le direct : riff et rythmique façon tractopelle, chant rugeux et hargneux. Il y a quand même une once de nouveauté dans l'intention de certain passage, notamment avec cet aspect lanscinant que délivrent les guitares, un tonalité froide un peu post-punk. Un très bon premier titre donc, reste à voir si l'ensemble gommera l'aspect un peu inégal de Bareback.

Sabaton

Matthias : On peut critiquer Sabaton sur de nombreux points, et c'est même parfois franchement nécessaire, mais on ne peut retirer au groupe d'avoir parfois été un excellent vulgarisateur historique. J'étais donc assez curieux, pour ne pas dire optimiste, quand les Suédois ont commencé à teaser leur nouveau single en tricorne et redingote. Allait-on avoir enfin droit à une sortie consacrée à l'histoire suédoise, neuf ans après un splendide Carolus Rex qui s'est hissé jusqu'à notre top heavy/power de la décennie ? Et bien, oui et non. "Livgardet" rend en effet hommage aux 500 ans du régiment de la Garde Royale de Suède, fondée en 1521 par Gustav Vasa, le monarque qui a lancé le petit royaume nordique sur la scène des grandes puissances européennes. Mais le clip est plus drôlatique que véritablement épique. Les quatre membres actuels du groupe bâfrent et picolent en de très jolies tenues de soldats du début du XVIIIe siècle en faisant mine de mettre au point leurs stratégies de conquêtes. Bon. Musicalement, nous avons droit à une ballade dont les chœurs sont certes efficaces, mais c'est à peu près tout ce qu'on en retiendra. La voix rugueuse de Joakim Brodén se prête assez mal à un refrain censé couronner un morceau apparemment inspiré d'un hymne religieux allemand du XIXe siècle, "Schönster Herr Jesu", et le solo de guitare au milieu de ce morceau relevant à peine du metal tombe totalement hors de propos. Livgardet aurait pu être un bon premier aperçu, un morceau de transition au sein d'un nouvel album enfin consacré à autre chose qu'un partenariat avec World of Tanks. Mais non, il s'agit bien d'un single solitaire qui ne sera pas transformé. Dommage. Je retiens juste que chez Sabaton, on fait bien bombance. Parfois même jusqu'à oublier de faire de la musique.

Laibach

Matthias : A l'opposé total du spectre musical, c'est Laibach qui a annoncé son prochain album ! Avec le sens de la communication qui caractérise le collectif artistique et transmédiatique originaire de ce qui était encore la Yougoslavie : une vidéo tremblotante de 18 secondes nous montrant une fresque, avec pour seul message « We forge the future ». Difficile d'en dire plus ! Mais on peut au moins remarquer que, graphiquement, la vidéo renvoie à une imagerie de crimes de guerre, explicitement et implicitement, avec un cheval qui rappelle fort le fameux Guernica de Picasso. Après l'esthétique pastel mais toujours totalitaire d'un The Sound Of Music aussi génial que déroutant, Laibach retournerait vers un fond à base de rouge, blanc et noir façon "TI, KI IZZIVAŠ" ? Avec ces grands champions slovènes du détournement toute catégorie, tout est envisageable !

Pupil Slicer

S.A.D.E : Venu de Londres, Pupil Slicer a mis en ligne un troisième titre de son premier album, Mirrors, à paraître le 12 mars prochain chez Prosthetics Records. Et il était grand temps qu'on vous en parle tant chacun des titres dévoilés jusqu'à présent est fatal. Alliant Mathcore et Grindcore dans une débauche de sauvagerie instable, mené par la voix hallucinante de Katie Davies, chacun des titres jusque là disponible annonce une véritable claque. Chaotique, nerveux, violent, doté d'une production incisive et tranchante, le son des Anglais est tout bonnement impressionant de maîtrise. Et côté compo, on a affaire là aussi à un savant dosage entre bordel total et poussée de violence plus frontale tout aussi captivant.

Ison

ZSK : Le projet de l’ex-Crippled Black Phoenix Daniel Änghede s’était fait vraiment remarquer en 2019 avec la sortie de son premier album, Inner - Space, chez Avantgarde Music, après deux EPs repérés par les plus fins limiers. Mais c’est sur ce premier full-length que le potentiel d’Ison avait pu exploser, Post-Rock/Shoegaze fortement dronisant avec une splendide ambiance futuriste et spatiale. Daniel n’a pas perdu de temps pour produire un deuxième album, Aurora, qui durera pas moins de 70 minutes. Sa date de sortie n’est pas fixée, ça sera pour ce printemps, a priori toujours par le biais de Avantgarde Music. Mais mauvaise nouvelle : ce n’était qu’une rumeur à la base mais la chanteuse Heike Langhans (Draconian, Light Field Reverie) n’est effectivement plus de la partie. Pour la remplacer, Daniel Änghede a annoncé une belle fournée de guests, dont Sylvaine, Camille Gilbert de Oceans Of Slumber, ou encore Carline Van Roos de Lethian Dreams et Gogo Melone d’Aeonian Sorrow. Du beau monde pour un album qui s’annonce déjà aussi planant et cosmique que Inner - Space, en témoigne le généreux teaser de presque 8 minutes disponible ci-dessous. On a déjà hâte de pouvoir à nouveau admirer les étoiles à travers le hublot du vaisseau interstellaire de Ison

Zao

S.A.D.E :Résumer la carrière de Zao depuis sa formation en 1993 est une gageure : bourrée de changement de line-up (plus aucun membre originel actuellement) et de bifurcations stylistiques et conceptuelles, impossible de synthétiser cela en quelques lignes. Pour ce qui est le l'histoire récente, le groupe est revenu en 2016 avec The Well-Intentioned Virus (si seulement...) après un hiatus de sept ans, et c'est l'annonce d'un nouvel album, The Crimson Corridor qui sortira le 9 avril prochain, qui m'amène à parler d'eux ici. Un premier single, Croatoan, nous a été proposé et, une fois encore, Zao vise juste. Avec un son lourd, à la fois flottant et précis, le quintet bâtit un paysage sonore aussi grave que teinté d'une certaine sérénité (notamment lors des courtes interventions du chant clair), un de ses équilibres improbables dont le groupe a le secret.

CROWN

ZSK : Une fois n’est pas coutume, intégrons d’abord l’extrait. Cliquez, écoutez, laissez-vous surprendre dès les premières secondes et on en reparle en-dessous :

Voilà, après un "Illumination" qui explorait le côté le plus aérien de la musique de CROWN, on retrouve ici la facette la plus industrielle des Alsaciens… mais pas vraiment de la manière dont on pouvait s’y attendre. Ce "Shades" lorgne donc nettement vers des influences assumées par Stéphane Azam, Nine Inch Nails et Ministry en tête. Les riffs acérés, le chant saturé, le côté sale et quelque peu cyberpunk, tout y est. Et CROWN y apporte tout de même sa patte, plus qu’un simple hommage. Entre des boucles électro inattendues, des passages légèrement « -wave », des mélodies typiques de même que le chant clair si particulier, CROWN parvient à étonner avec quelque chose de très influencé mais déjà très personnel. La promo de Pelagic Records dit que The End Of All Things sera un album « que personne n’attendait d’eux » et ça semble se dessiner, même si les fans connaissent bien les influences de Stéphane et savent que ce potentiel virage était possible. Reste plus qu’à encore patienter un mois et 10 jours pour savoir si l’on aura encore des bribes du Doom/Sludge tellurique d’antan, mais sinon, cette direction prise par CROWN sur ces deux premiers singles et tout aussi réussie et intéressante !

Metallica

Michaël : C'est parfois un peu ridicule de célébrer l'anniversaire de certains albums tous les 5 ans, mais quand cet album est Master of Puppets, on peut peut-être faire une exception, non ? En tous cas, Metallica était présent lors du show de Stephen Colbert il y a quelques jours, et on peut retrouver Battery ci-dessous (le groupe a également joué Enter Sandman). Rien de bien nouveau, si ce n'est que le groupe rejoue le titre à son tempo normal, après l'avoir joué up tempo pendant pas mal d'années. Envie de retrouver le feeling original ou l'arthrose ? Quoi qu'il en soit, James est pas mal du tout, Lars limite la casse et la Wah de Kirk va bien. Metallica, en somme.