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VU ET ENTENDU PAR S.A.D.E #1 : Pénitence Onirique, Leeched, Grant the Sun, Ævangelist

dimanche 24 novembre 2019
S.A.D.E

Chroniqueur doom, black, postcore, stoner, death, indus, expérimental et avant-garde. Podcast : Apocalypse

Avec moins d'abnégation que l'ami Nostal dont la capacité à suivre l'actu est effarante, voici ce que j'ai retenu des extraits proposés ces dernières semaines. A noter également quelques effets d'annonce en vrac : Slipknot se lance dans le tourisme nautique, le Hellfest a désormais besoin d'un concert pour annoncer son affiche, Cult Of Fire s'est déjà placé dans la catégorie pochette moche de l'année prochaine et Bernard Minet a trouvé un moyen de relancer sa carrière. Sur ce, passons aux choses sérieuses.

Pénitence Onirique

Le premier album des Français de Pénitence Onirique donnait dans le black metal très froid, presque clinique, avec de longues séquences hypnotiques. Toujours chez LADLO, le quatuor a dévoilé il y a quelques temps le second extrait de leur album à venir. On retrouve sur Les Sirènes Misérables ce son assez propre et net, fait pour inciser la chair, à vif. Le chant est plus mis en avant que sur les morceaux de V.I.T.R.I.O.L, et une moins grande linéarité se dégage de la structure : moins de longs passages monoblastiques (il y en a quand même) et une progression dans la construction bien amenée donnent un titre réussi. Il faudra attendre jusque début décembre pour avoir la suite mais les premiers extraits proposés laissent voir un album gardant l'identité du groupe tout en enrichissant son champ d'action.

Vestige sortira le 6 décembre prochain chez les Acteurs de l'Ombre

 

Leeched

Trio anglais taillé pour la bagarre (regardez la tronche du frontman et venez me dire le contraire), Leeched évolue dans le créneau du méchant Blackned Hardcore, celui-là même où plane toujours l'ombre de Kickback. Toujours aussi teigneux, le combo d'outre-Manche a, me semble-t-il, encore épaissi sa production depuis le premier album. L'ambiance est étouffante, pleine de bruits étranges à la guitare, et quand sur le breakdown le tempo ralentit, l'envie d'envoyer son bureau par la fenêtre est à deux doigts de devenir un fait accompli. Earth and Ash est présenté sous la forme d'un clip, et on y retrouve, au même titre que sur la pochette, cette esthétique en noir et blanc déjà présente sur You Took The Sun When You Left. Leeched n'est sans doute pas le groupe le plus inventif du moment, mais si une pulsion de violence brute vous saisit, les Anglais sauront y faire.

 
To Dull The Blades Of Your Abuse sortira le 31 janvier 2020 chez Prosthetic Records

 

Grant The Sun

Fredrik Thordendal (Meshuggah) est allé se joindre au trip spatial de Grant The Sun. Sur Jupiter, le nouvel EP du groupe, s'est dévoilé avec le morceau titre et on a affaire à une forme de prog plutôt groovy. Totalement instrumental, Grant The Sun explore l'espace, tantôt en se concentrant sur la violence des puissances astrales, tantôt avec un degré d'absurdité assez inattendu (une voix perdue dans l'espace nous raconte qu'elle est triste parce qu'elle a "perdu ses pantoufles du diable" [en français dans le texte (!)]). Avec sept minutes, ce premier titre donne grandement envie d'en savoir plus sur ce qu'il se passe sur la géante gazeuse.

Sur Jupiter sortira le 20 décembre chezMas-Kina Recordings

 

Ævangelist

Pour vous donner ces petits conseils d'écoute, je me suis passé quelques fois les titres dont je vous parle ici. Sauf celui-ci. Celui-ci, je ne l'ai écouté qu'une seule fois et je ne suis même pas certain de vouloir/pouvoir me taper l'album en entier quand il sortira. Ævangelist fait partie de ces groupes à la fois fascinants et terrifiants dont la musique est aussi répulsive qu'attirante. Et forcément, c'est aussi le genre du projet ultra-prolifique (avec un million de side-projects en queue de comète). Donc, quand le premier extrait fait dix-sept minutes, on s'installe solidement et on attend de prendre le tarif. Toujours aussi sournois et tortueux, Ævangelist nous balade tout au long d'un crescendo magnifiquement exécuté au cours duquel l'angoisse et le malaise prennent de plus en plus de place. Aucune lumière ne filtre, les Américains nous embaument toujours dans leur marécage black/death oppressant. Loin d'être un spécialiste du groupe (écouter un album entier d'une traite reste une épreuve), je demeure ébahi par cette volonté de mettre à mal l'auditeur dont fait preuve le combo. Pour celles et ceux qui ont les oreilles bien accrochées, I pourrait faire votre chanson du dimanche. Les autres, passez votre chemin.

Nightmarecatcher sortira début 2020 chez Hells Headbangers