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mercredi 25 septembre 2019

Drab Majesty + SRSQ @ Petit Bain

Petit Bain - Paris

S.A.D.E

Chroniqueur doom, black, postcore, stoner, death, indus, expérimental et avant-garde. Podcast : Apocalypse

Comme un certain nombre de formations dont la musique rend hommage aux sons des années 80, Drab Majesty s'est fait une place dans le cœur tendre des amateurs de sonorités brutales. Et pour la première date du duo à Paris, on est allé voir ce que donnent en live les rêveries mélancoliques de Deb Demure.

La performance de la SRSQ est déjà entamée à mon arrivée, et ce ne sera au final pas plus mal. Autre artiste du label Dais Records (la tête d'affiche y est aussi signée), SRSQ est le projet solo de Kennedy Ashlyn. Mélange d'expérimentations un peu bruitistes et de pop mielleuse et douce, SQSR n'est pas facile à décrire. Les passages délicieusement crémeux auraient pu avoir leur place en clôture d'un épisode de la saison 3 de Twin Peaks (bon point) tandis que les moments plus étranges et expérimentaux sont juste... chiants ? J'ai eu énormément de mal à rentrer dans l'univers de Kennedy Ashlyn, ni vraiment moderne, ni vraiment old-school, ni complètement désagréable, ni complètement inintéressant. Une première partie un peu anecdotique donc, ce qui est ni la première, ni la dernière fois.

C'est pour défendre son troisème album, Modern Mirror, que Drab Majesty s'installe au Petit Bain. Et en toute logique, A Dialogue ouvre le bal avec ses arpèges un peu froids et son double chant impeccablement posé. D'entrée de jeu, la qualité de son prend quelques niveaux (SQSR n'était pas aidé à ce niveau-là) et immédiatement l'atmosphère cotonneuse et onirique qui fait toute la saveur de la coldwave (ou tragic wave selon Demure lui-même) de Drab Majesty enveloppe la péniche. Grimés en androgynes rétro-futuristes, Deb Demure et Mona D resteront dans leurs personnages tout au long du concert, sirotant de temps à autre un vin blanc sec dans de petits verres à pied très élégants. Le public est baladé entre caresse un peu punchy (Ellipsis) et tendresse synthétique (The Other Side, Oxytocin) avec toujours cette nostalgie rêveuse en trame de fond. Le set est construit pour ne jamais s'arrêter réellement, entre les titres des nappes de claviers font toujours lien et c'est en un clin d'œil que l'heure et demi de concert s'égrène. Le duo quitte la scène après 39 by Design pour rapidement revenir interpréter le dernier titre de la soirée, Out Of Sequence, titre clôturant Modern Mirror. La bouclé est bouclée. La remontée dans le temps (ou plutôt l'étrange décalage sur la ligne du temps) que nous a offert Drab Majesty touche à sa fin et dehors, 2019 suit son cours.

Pour cette première dans la capitale, les Californiens étaient attendus : le concert s'est joué à guichets fermés et clairement, le public était d'ores et déjà conquis. D'ailleurs, dans le public, quelques T-Shirts confirment l'attrait qu'exerce Drab Majesty auprès du public metal (j'y ai vu du Dissection, du Celtic Frost, du Alcest), la grande vague rétro 80's ne semble pas prête à opérer son reflux. Voyage onirique et temporel dans un passé qui pourrait bien arriver demain, ce concert de Drab Majesty était une franche réussite.

Tracklist de Drab Majesty :
01.A Dialogue
02.The Other Side
03.Oxytocin
04.Dot In The Sky
05.Ellipsis
06.Long Division
07.Everything Is Sentimental
08.Cold Souls
09.39 by Design
10.Out Of Sequence