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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Gamma Ray

To the Metal

LabelEdel Music
styleSpeed mélodique
formatAlbum
paysAllemagne
sortiefévrier 2010
La note de
U-Zine
7/10


U-Zine

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Un riff mémorable, une mélodie culte, un refrain gravé dans l’histoire, un break inoubliable, un solo démentiel…une carrière pleine et un nom qui a marqué la longue ascension du heavy métal aux sommets.
Décrire Kai Hansen de cette façon ne serait pas usurpé tant l’allemand a apporté au genre par le biais chronologiquement d’Helloween, dont il a écrit les plus belles lettres de noblesse, ainsi que par Gamma Ray, aujourd’hui au panthéon des groupes marquant du speed mélodique germanique.

Mais l’heure des comptes a sonné, et à l’instant fatidique du bilan, le ciel semble s’obscurcir exponentiellement pour le géant allemand. Si des albums de la force de "Insanity And Genius", "Land of the Free" ou le mythique "Powerplant" avaient placé Gamma Ray en haut de la chaine alimentaire, les temps semblent avoir changés depuis le début du nouveau millénaire. Pour un "No World Order !" peu inspiré et un "Land of the Free pt II" flirtant dangereusement avec le plagiat et la page blanche créative, les teutons avaient livré un "Majestic" très controversé, sombre et agressif mais pourtant tellement essentiel, qui se veut aujourd’hui comme un écueil au milieu des albums post "Powerplant".

A l’heure du dixième opus studio baptisé aussi sobrement que navrant "To The Metal", les craintes demeurent intactes et l’idée d’un "Land of the Free pt II" bis taraude les esprits. Une pochette toujours aussi explosive surplombe un disque attendu par beaucoup de monde au tournant…tournant que prend plus ou moins bien Gamma Ray, livrant un album plus cohérent mais confirmant par la même occasion ses lacunes actuelles et probablement futures. Gamma Ray n’a plus rien à proposer artistiquement, ça semble évident et aujourd’hui rédhibitoire. Néanmoins, il est encore capable de le faire bien, en variant les plaisirs et proposant finalement une petite perle du genre sans pour autant apporter quelque chose de neuf (ce que faisait "Majestic").

Il faut déjà noter le retour à une production plus brute et tranchante, loin de la vision lisse et policée de l’album précédent, pour un résultat au final plus immersif et simple…car "To The Metal" est simple oui, il se digère en quelques écoutes et se veut particulièrement catchy et accrocheur, sans doute dû au fait qu’aucun morceau ne dépasse les cinq minutes. Ensuite, Gamma Ray délivre ses missiles avec un professionnalisme tournant parfois à la froideur tant tout semble millimétré au possible. "All You Need to Know" officie dans un speed sans concession comme le groupe sait si bien le faire, sous une double pédale jouissive de Dan Zimmermann et des riffs incisifs pour débouler sur un refrain très mélodique où…Michael Kiske revient faire un tour avec Kai (à l’heure de l’annonce du projet entre les deux hommes et Roland Grapow, le clin d’œil est évident). L’alliance du timbre sucré et mélodique de Kiske s’arrangeant à merveille avec la voix plus acidulé et agressive de Kai, même si Michael semble avoir perdu de sa superbe aujourd’hui (malgré une magnifique performance dans le dernier Avantasia ou Aina).

Les tueries speed se font plus rares ici, mais le peu de place qu’elles prennent ne les rendent que plus déterminantes. Passez à côté du génial "Shine Forever" relèverait d’une certaine hérésie tant elle fait plaisir à entendre. Une intro de basse slappée superbe, un tempo ultra rapide, un Kai ultra agressif partageant le chant avec un Dirk Schlächter déchainé pour un nouveau refrain hymnique ("Rise Up, Shine Forever"…on repassera pour les textes) pour voir venir un solo très expressif et un final aussi effréné que le reste. A peine quatre petites minutes mais quel bonheur…On notera un "Time to Live" (encore si clichesque côté texte) plus proche de Helloween, ou des débuts du groupe, très mélodique mais superbement réussi. Kai, comme sur la grande majorité de l’album, y chante de manière bien plus grave, hurlant moins mais développant plus de mélodies pour aboutir à l’un des refrains les plus marquants de l’album et un caractère fortement épique, un souffle que l’on avait plus entendu depuis quelques temps.
Un souffle que l’on retrouve sur un "Empathy" évoquant quelque peu "Rebellion In Dreamland" dans son entame mais au final plus concis, bien que parsemé des cassures très intéressantes. Plus posé, comme spectateur et non plus acteur, Kai relate une réelle histoire, les nappes de claviers ensorcellent, les leads mélodiques de Henjo sont splendides, le refrain s’éloigne du schéma classique en se voulant très sombre. Quelques échos presque orientaux parsèment le morceau, ainsi que des chœurs songeurs conférant un aspect mystérieux au titre (et cette partie de batterie…), où Kai réalise probablement la meilleure performance de l’album pour l’une de ces pépites, démontrant que la magie peut encore opérée.

Mais là où le groupe démontre encore toutes ses qualités sur un "Chasing Shadows" nous replongeant au temps de "Somewhere Out In Space" ou un "Deadlands" rafraichissant et agressif, il s’écroule sur un titre éponyme sombrant dans le ridicule. A l’instar d’un "Heavy Metal Universe" certes taillé pour le live mais incroyablement plat et insipide, de par sa simplicité et sa banalité, il ne mérite même pas qu’on en fasse un clip, bien qu’il soit une ode au métal ("Hail To The Metal, Hail Heavy Metal !"). "Rise" ne proposera pas grand-chose de convaincant si ce n’est une intro évoquant vaguement le "Afraid to Shoot Strangers" de Maiden, quand à "Mother Angel", proche de "How Long", ne parvient pas à totalement convaincre dans un exercice mid tempo où Gamma Ray manque tout de même cruellement de consistance pour captiver.

Qu’en dire donc ? "To The Metal" affiche un visage prévisible, naviguant entre des bases parfaitement ancrées, des tentatives infructueuses (l’essai de la ballade expérimentale plombant le final avec la soporifique "No Need to Cry", malgré la dédicace posthume au père de Dirk) et une certaine lassitude qui commence à faire face. Tout est professionnel, calibré, l’émotion n’est transmise qu’à peu d’instants, le frisson également…reste un label de qualité et quelques grosses décharges d’adrénalines…mais trop peu pour pouvoir qualifier To The Metal, dixième rejeton de son géniteur, comme un grand album…


1. Empathy
2. All You Need to Know (feat. Michael Kiske)
3. Time to Live
4. To the Metal
5. Rise
6. Mother Angel
7. Shine Forever
8. Deadlands
9. Chasing Shadows
10. No Need to Cry

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