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mercredi 29 août 2018

Brutal Assault 2018 - Jour 2

Fortress Josefov - Jaromer

Team Horns Up

Compte groupé de la Team Horns Up, pour les écrits en commun.

Nostalmaniac : Deuxième jour de ce Brutal Assault vingt-troisième du nom. Il fait encore chaud aujourd'hui dans l'enceinte de la Forteresse de Josefov et le programme est bien chargé avec notamment nos récits sur les prestations d'Exhorder, Blood Incantation, Mortiis, Green Carnation, Moonspell, Laibach, Converge, quelques curiosités comme Lamia Vox et Void ov Voices (projet d'Attila Csihar) et bien d'autres...
 

JOUR 2

 

Exhorder
Jägermeister
15:00

Nostalmaniac Sur le papier, la nouvelle reformation d'Exhorder est une excellente nouvelle. Leurs deux uniques albums parus au début des années 90 (« Slaughter in the Vatican » en 1990 et « The Law » en 1992) sont des chefs d’oeuvre de Thrash Metal avec le côté groovy très vite imité par la suite. Néanmoins, on a beau avoir une solide discographie, il faut le le lineup pour l’honorer et même si le bassiste Jason Viebrooks (Heathen, ex-Grip Inc.), le batteur Sasha Horn (Forbidden, ex-Novembers Doom) et le guitariste Marzi Montazeri (ex-Philip H. Anselmo & the Illegals) ne sont pas des petits nouveaux dans le circuit, il faut voir le résultat live.

Et bien, mes craintes s’effacent très vite. D'autant plus que le chanteur Kyle Thomas a de beaux restes de ses années Thrash en n’en faisant jamais trop mais en reprenant avec justesses ses lignes vocales hargneuses. Autre arme, la double de Sasha Horn est meurtrière, rendant justice aux déferlantes que sont "Homicide", "Legions of Death" et "Slaughter in the Vatican". Je redécouvre aussi les titres de « The Law » que j'ai beaucoup moins écouté que le premier, mais le monstrueusement groovy "(Cadence of) The Dirge", que Thomas dédie à la mémoire de Bret Hoffman (ex-Malevolent Creation) et Ralph Santolla (ex-Deicide, ex-Obituary) décédés tous les deux cette année, me fait beaucoup d’effet. En guise de conclusion, place à mon titre préféré : "Desecrator". Ce titre est pour moi le meilleur exemple du savoir faire d’Exhorder : de la vitesse, de la brutalité et du groove. Ce que je retrouve en live avec l’escalade de violence en fin de morceau et la dernière ligne de chant hyper rapide que Thomas gère avec brio. Voilà une reformation qui ne ternit pas la réputation d'un groupe même si j'ai de gros doutes sur l'utilité d'un nouvel album. Redonner vie à leurs classiques, et le faire bien, est déjà énorme.

 

Blood Incantation
Metalgate
17:30

Raleigh : Ne pas avoir remarqué l'engouement général pour le premier album de Blood Incantation à sa sortie en 2016 relève de l'exploit. N'étant pas un grand amateur de Death Metal, aussi original soit-il, j'avais échoué à si ce n'est qu'à peine rentrer dans Starspawn. Cependant, si la musique peut ne pas se révéler sur disque, peut-être le fera-t-elle en live. C'est avec cet espoir que je me dirige vers la Metal Gate.

Je préfère couper court et dire que Blood Incantation a été l'une de mes plus grosses claques du festival, et de très loin. L'incroyable présence du chanteur et son chant monolithique, ses yeux révulsés alors qu'il jouait ses riffs les plus prenants, sans parler bien évidemment de la musique parfaitement exécutée, tout était réuni pour happer totalement ceux qui étaient présents devant cette scène. Même maintenant, après avoir ré-écouté cet album de mon côté, je ne peux pas oublier l'avalanche de frissons que j'ai ressenti pendant toute la durée du concert.
Une déferlante de violence qui aura traversé les éons et les astres les plus lointains pour venir exploser en un gigantesque volcan d'intensité de 40 minutes. S'adressant à peine au public, uniquement pour décompter les titres restants à jouer, Blood Incantation est là pour montrer à tous que sa réputation n'a en aucun cas été surfaite.
Le set comprenait non seulement la quasi-totalité de Starspawn, mais aussi deux morceaux de la démo Astral Spells, avec The Vth Tablet(of Enûma Eliš) et Obfuscating the Linear Threshold.
Et dire qu'après devait encore se dérouler les concerts de Mortiis et de Bölzer.

 

 

 

Du coté du Bastion X

 

 

Mortiis
Metalgate
18:30

Nostalmaniac Après la très bonne prestation des Américains de Blood Incantation, place à une toute autre ambiance. L'enchaînement est… comment dire ? Audacieux ? A l’annonce de la venue de Mortiis je m’imaginais son concert se tenir à une heure bien plus tardive mais heureusement la Metalgate est une grande tente couverte et permet une obscurité toute relative.

Depuis l’an dernier, le musicien norvégien renoue avec ses débuts musicaux. Lui qui a quand même bâti les fondations de ce qu’on appellera le Dungeon Synth. Sorte de sous-genre du Dark ambient ancré dans l’imaginaire fantastique et les mythes médiévaux mais surtout largement inspiré par les jeux vidéos. On y retrouve des albums captivants à qui de nombreux amateurs de Black Metal ont été confrontés assez vite grâce à un visuel très similaire et j'en fais partie. La première ère de Mortiis méritait donc une incarnation live, d'autant que le style connait un certain regain d'intérêt. 

Sur scène, le troll norvégien au style inimitable a un décorum assez minimaliste : son clavier (camouflé par une espèce de gros support), un petit écran derrière et deux bannières avec les armoiries de ses débuts.  Ce qui est assez léger pour l'immersion... Un peu de plus de fumée pour masquer le grand espace vide autour de lui aurait été une bonne idée mais il va falloir faire avec. J'arrive difficilement à m'embarquer dans l'univers que j'affectionne pourtant des premiers Mortiis mais au fur et à mesure des segments je ferme les yeux et je me plonge dans les illustrations de la Terre du Milieu que j'ai en tête (à défaut d'avoir été un gamer). C'est sans doute la meilleure façon de se plonger dedans car il ne se passe rien sur scène hormis les images fixes sur l'écran qui changent de temps en temps. Derrière son support, Mortiis pourrait faire une partie d'Age of Empires (ou Candy Crush...) qu'on n'y verrait pas la différence. C'est toute la difficulté du passage de cette musique à l'état live car c'est forcément très dépouillé visuellement. Néanmoins le son est bon et en faisant un petit effort pour faire le vide, je suis vraiment charmé par ce set que je reverrais bien mais forcément en salle et en soirée. 

 

Green Carnation
Metalshop
19:00

Florent : Je quitte un peu à regret le set de Mortiis, qui montait en puissance, pour un autre groupe au passé lié à Emperor : Green Carnation, dont le gratteux Tchort jouait de la basse pour l'Empereur au début des années 90. Mais pour ceux qui l'ignorent, rien à voir ici avec du black metal : GC officie dans un metal progressif chiadé assez loin de toute musique extrême, comme en blague le vocaliste Kjetil Nordhus (« On est d'accord, nous sommes le groupe le plus brutal du Brutal Assault, n'est-ce pas ? », lance-t-il). Ca n'empêche pas le set du groupe norvégien d'être dynamique et surtout d'une classe incroyable, propulsé par les tubes des irréprochables A Blessing in Disguise et The Quiet Offspring, dont le titre éponyme lance les hostilités. Des morceaux péchus (Between the Gentle Small& the Standing Tall, Crushed to dust et son riff) aux ballades (Rain), Green Carnation fait un sans-faute tant dans l'exécution que dans l'attitude. Nordhus fait rire la foule en introduisant le sublime Boy in the Attic : « Ce morceau était destiné à un groupe nommé Emperor quand notre guitariste y jouait, mais ils n'en ont pas voulu. On l'a réduit de 150-200bpm pour nous l'approprier ». Sans être un chanteur d'exception, le frontman est juste et charismatique, compensant l'attitude plutôt effacée de ses compagnons de scène.

Petit bonus, un nouveau titre, le premier single de GC depuis quinze ans : Sentinels of Chaos, plutôt moderne et direct mais qui peine un peu à me convaincre en live – reste que j'ai hâte de poser l'oreille sur le futur album du groupe, dont la carrière est jusqu'ici exemplaire de bout en bout. Le final sur Writings on the Wall, assez sombre, me fait regretter l'absence de quelques hits (Dead But Dreaming, Just When You Think it is Safe), mais difficile de faire la fine bouche : Green Carnation s'impose comme un des concerts du festival. Espoir personnel : les voir un jour interpréter Light of Day, Day of Darkness en intégralité comme ils l'ont déjà fait lors des années précédentes...

 

Lamia Vox
Keep Ambient Lodge
20:15

Nostalmaniac : Si la programmation de la KAL m'intéresse particulièrement cette année, ce n'est pas le cas de tous les festivaliers qui viennent ici bien souvent pour se reposer quelques heures. Il y a donc toujours du monde et pas toujours des gens très concernés par ce qui se passe sur scène. Assurément un challenge pour tous les artistes qui s'y produisent : arriver à captiver. Le projet de la musicienne russe est sûrement un des noms les plus attendus des connaisseurs. Ayant sorti ses albums chez Cyclic Law (Treha Sektori, Karjalan Sissit, Arcana), la Russe flirte également avec la scène Black Metal (récemment avec Mare) et développe un univers très intéressant, incroyablement sombre et mystique. 

Entourée de cierges et avec sa longue chevelure noire, Alina Antonova a l'aura d'une prêtresse et va en jouer pour lentement propager son ritual ambient en distillant des extraits de son album le plus réussi, « Sigillum Diaboli » de 2013. Une musique d'un autre monde, aussi ténébreuse que la beauté de sa génitrice. De plus, sa voix avec un effet fantomatique est sublime. Une beauté fatale aussi qui peut prendre des sonorités plus martiales. Globalement, c’est difficile à décrire car il y a un côté très méditatif, qui renvoie chacun à son propre ressenti mais comme pour le set de Shantidas, il y a un espèce de lâcher prise mental nécessaire pour pouvoir apprécier ce genre de performance et j'encourage les plus curieux à fouiller dans sa discographie. En résumé, une prestation impresionnante entre rituel et ténèbres.

Void ov Voices
Keep Ambient Lodge
22:00

Nostalmaniac Mystérieux projet que celui que nous présente ce soir Attila Csihar dans un tout autre registre que celui de Mayhem et Tormentor. En fait, je ne savais pas à quoi m’attendre et je me réservais la surprise. Hormis sa chasuble, Attila est plutôt sobre, assis derrière une table avec deux cierges et ses pédales d’effets. Sans fond musical, il commence par une démonstration de ses vocaux les plus terrifiants aidé par quelques effets pour la distorsion. Le résultat, assez impressionnant, ne m'étonne pas plus que ça connaissant les capacités du vocaliste hongrois mais si c'est intéressant pendant 10 minutes, je comprends malheureusement vite que tout le set ne va tourner qu'autour de sa voix et de quelques effets. Je pense être assez ouvert d'esprit mais je me lasse très vite, au point de ne pas arriver à me motiver à supporter ça plus longtemps. Il y a des limites...

 

Grave Pleasures
Oriental
21:00

Hugo : Un peu avant 21h, en ayant malheureusement loupé le set de Lamia Vox, on se rend à l’Oriental Stage afin de s’assurer une bonne place pour Grave Pleasures. Le soleil commence à se coucher, l’atmosphère se réchauffe avec l’assistance qui se remplit, et les musiciens arrivent alors sur scène. Le concert débute sur un « Infatuation Overkill » entêtant avec son pré-refrain très « hexvesselien », qui donne le sourire aux lèvres. Très vite, on comprend alors que Mathew McNerney s’impose comme étant un excellent frontman, aussi charismatique qu’en studio, perfecto et t-shirt Aluk Todolo enfilés. Si le son est un peu brouillon au début, ce qui n’empêcha pas les foules de bouger, il se stabilise rapidement, et rend un peu plus justice à la voix unique du chanteur. Le set déborde d’énergie et, à mon avis, le groupe a vraiment toutes les cartes en main pour devenir un nom encore plus gros du genre. Tout est en place, et l’on chante à en perdre la voix sur « Genocidal Crush », ainsi que sur un « Be My Hiroshima » exceptionnel. Avec de l’efficacité live et le catchy du (post-)punk, une noirceur plus gothique, une joie communicative… le groupe ne démérite pas. Mais, alors que l’on n’est même pas à la moitié du scène, tout s’éteint. On croit d’abord à une mise en scène, avant de vite comprendre qu’il s’agit d’une coupure de courant. Le public acclame le groupe, ne pouvant malheureusement plus jouer, mais McNerney revient sur scène interpréter « Death Reflects Us » a capella avec l’aide du public. La grande classe ! Malheureusement, le set se terminera là, la coupure de courant étant généralisée à Josefov, et empêchant l’Oriental d’être alimentée en électricité. On ressort un peu déçus, encore plus après un début de concert si fort. Mais il semblerait que l’histoire ne se termine pas là, et qu’une bonne surprise se glissera le lendemain dans le Running Order...

Moonspell
Jägermeister
21:45

Florent : Comme souvent, le Brutal Assault a dû faire face à une vague d'annulations cette année, la plus décevante étant bien sûr celle d'Ihsahn qui n'a tout bonnement pas été remplacé. Peu avant le festival, on apprenait celle de Pain, fort heureusement remplacé au pied levé par Moonspell qui en profite pour conclure à Jaromer sa tournée entamée l'année passée... à Prague, clin d'oeil du destin. Le dernier album des Portugais, 1755, m'a laissé totalement froid ; album-concept consacré au grand tremblement de terre qui détruisit Lisbonne, il est intégralement chanté en portugais... et manque sacrément de pêche à mon goût, surtout après l'excellent et catchy Extinct. C'est donc dubitatif que je vais voir Moonspell, inquiet quant à la setlist.

Heureusement, conscients qu'ils jouent dans des circonstances particulières, Fernando Ribeiro et ses compères vont tout bonnement balancer un concert best-of. C'est bien simple, deux albums seulement seront représentés aujourd'hui : Wolfheart et Irreligious. Difficile de faire mieux pour les nostalgiques, qui se régaleront des perles plutôt rares que sont Herr Spiegelmann, l'énorme Mephisto ou Wolfshade. Ayant déjà vu le set « spécial » Irreligious pour l'anniversaire de l'album en 2016, je passe un excellent moment mais le côté rare de la chose me passe un peu à côté. Ribeiro, toujours aussi souriant et agréable, a décidément un jeu de scène... particulier (la cape sur Vampiria, les lasers sur Herr Spiegelmann : on est en plein dans le film d'horreur kitsch) mais sa voix ne souffre aucune faille. Quant à Alma Mater et Full Moon Madness, ils s'imposent décidément dans mon panthéon des plus grands titres jamais écrits dans le style et forment une doublette absolument parfaite pour conclure un (très bon) concert. Reste que si cette mode nostalgique pouvait se terminer rapidement, histoire que je puisse entendre live les nombreux excellents morceaux de Night Eternal, Memorial ou même de la période plus new wave de Moonspell, j'en serais ravi...

 

Bölzer
Metalgate
22:15

Nostalmaniac : Depuis la dernière fois où j'ai vu Bölzer (Motocultor 2016), un album est sorti : « Hero ». Un album que j'attendais impatiemment et qui m'avait beaucoup déçu à sa sortie. Rien de mauvais ou de scandaleux pourtant mais un potentiel que je trouvais sous-exploité. Je pensais donc logiquement ne rester que quelques morceaux pour ne pas manquer Laibach mais le set du duo de Zurich va totalement me chambouler.

Bénéficiant d'un son énorme, les extraits de la première démo de 2012, dont  "Zeus - Seducer of Hearts", sont d'entrée titanesques avec la reverb parfaite sur la voix de KzR. Ils n’ont beau être que deux, on croirait qu’ils sont bien plus sur scène tant le son est massif. Ma plus grande surprise sera d’apprécier les morceaux du fameux « Hero ». Je dois même dire que ce live m’a servi de déclic pour vraiment apprécier l’album qui s’il n’est pas un chef d’oeuvre est très bon. En fait, plein de subtilités m’avaient échappé et je les découvre en live avec l’effet d’une massue sur le crâne. Ce son de guitare démentiel et ce chant multidimensionnel… Tout bonnement impressionnant. Il faut dire qu’au Motocultor leur concert avait eu lieu en fin d’après midi et pas sur une scène couverte. Ici avec l’obscurité de la Metalgate, l’atmosphère est plus que jamais prenante et... pesante. Leur Black/Death prend toute sa dimension devant un public bouillant. Le clou du spectacle, c'est l'inévitable "Entranced by the Wolfshook" qui m'hypnotise avec ses riffs puissants et ses cris. Bölzer l'emporte par chaos ce soir.

Laibach
Metalshop
22:55

Hugo : Laibach fêtera bientôt ses 40 années d’existence, et peut être fier d’une riche histoire qui fit du groupe l’une des pierres angulaires de la musique industrielle. Aussi, leur présence à l’affiche du Brutal Assault est à la fois un vent de fraîcheur et une réelle surprise, tant le groupe est véritablement « à part ». Étant bercé par la musique des Slovènes depuis plusieurs années, dire que j’attendais leur concert serait un euphémisme. Et ce que l’on retint de la performance c’est que, finalement, même ceux qui n’en attendaient rien semblèrent conquis. Première surprise de ce soir me concernant, la claviériste/chanteuse Mina Spiler est absente, remplacée par deux choristes aux prestations impeccables. Plus d’une heure durant, le groupe fera à la fois la part belle au très catchy Spectre (2014), ainsi qu’à des titres de toute leur discographie, certains classiques comme d’autres plus rares, avec notamment de nombreuses reprises. Avec un tel set, l’objectif du groupe semble être le suivant : assumer la direction « dance » du show pour remuer les foules, d’autant plus captivées par le charisme des membres et la scénographie. Le concert est impressionnant d’homogénéité, véritable déluge de son (un des concerts les mieux sonorisés du festival) et d’images (des projections liées au travail du collectif d’artistes NSK, dont fait partie le groupe), qui ne baisse jamais en intensité. Des passages forts (« Geburt Einer Nation », « Resistance Is Futile »...) comme d’autres plus solennels (« Brat Moj », « Now You Will Pay »), qui ponctuent efficacement le set, rendant la setlist diablement efficace. En face du frontman Milan Fras tout le long du concert, je ressors de là des étoiles plein les yeux, avec l’impression très claire d’avoir vécu un moment unique.

 

Converge
Jägermeister
00:15

Traleuh : Alors que cette somme toute formidable deuxième journée de festival approchait tout doucement à son terme, arrivait un moment attendu avec moult appréhension par votre serviteur. Car sans être en admiration totale devant l'intégralité de la discographie Converge, je dois bien reconnaître que la formation de Boston aura, lors de ma découverte de celle ci, mis un sacré coup de pied dans ma culture Hardcore qui se cantonnait alors à un cercle restreint de groupes, en grande partie de la scène New-Yorkaise. Une technique incroyable, un riffing épileptique, et un vocaliste qui, considéré comme pourtant parfaitement imbuvable par certains, contribue largement à la force de frappe foudroyante du groupe avec ses beuglements adolescents, voire prépubères, mais terriblement jouissifs. Et c'était bien là le point d'appréhension en question : Bannon a beau – selon moi - tout péter sur album, ses performances scéniques sont elles réputées très inconstantes, l’exemple le plus probant restant la performance du groupe au Roadburn 2016, où le bougre témoignait d'une sévère peine à interpréter l'incroyable Jane Doe, et ce, dès le premiers tiers passé.

Mais autant casser le suspens tout de suite, nous avons eu le droit ici à un Jacob Bannon tout bonnement impérial pendant la bonne cinquantaine de minutes que constituait le set, alternant ses vociférations caractéristiques et son chant clair avec une aisance remarquable, tout en effectuant son traditionnel cardio, malmenant ce pauvre micro d'un bout à l'autre de la scène. Le public n'était pas vraiment en reste de ce côté là non plus, et on aura eu droit, après la pourtant terrible zoukerie signée Laibach, à un gigantesque pit parfaitement déchaîné, entraînant le concert dans des degrés d'intensité rarement vus sur la mainstage. Mais revenons à Converge, la vraie star de l'instant, qui mettra en avant ici un peu toute sa discographie, passant de All We Love We Leave Behind à l'incontournable Jane Doe, même si c'est fatalement The Dusk In Us, notamment ses morceaux les plus sludgy (le formidable Under Duress) qui se tailleront la part du lion. En bref, une performance à la hauteur du monstre sacré qu'est devenu Converge en bientôt 30 ans de carrière, un monstre taillé par l'authenticité, l'audace, et un goût prononcé pour les grosses mandales.

Nostalmaniac : Commençons par cela : je ne connais Converge que de nom. Devoir m'intéresser à un groupe en vitesse pour faire semblant n'est pas vraiment mon genre. Ce que je connais de Converge c'est sa réputation infaillible mais aussi le boulot énorme que fournit son guitariste Kurt Ballou en tant que producteur.

Niveau ambiance, les Américains sont très attendus et ce qui me marque le plus dès le début du concert c'est l'énergie déployée par le frontman Jacob Bannon, intenable. Sa technique vocale est assez impressionante aussi. Il faut dire que je m'attendais à quelque chose de plus "fragile", tout comme la musique du groupe qui se révèle très riche. Plus que l'étiquette hardcore le laisserait supposer. Un de mes coups de coeur de la setlist sera "Eve" avec ce coté plus sludge, plus Neurosien. Finalement, et pour donner un avis de néophyte, Converge n'a pas volé sa réputation, encore moins sa fanbase. C'est hyper énergique, intense et on sent une espèce de conviction qui traverse tous les membres. Le genre de performance qui ne peut pas laisser insensible.

 

Marduk
Metalshop
01:10

Florent :Voilà un petit temps que Marduk en live ne fait plus frémir grand monde, hélas, et j'ai pu le constater moi-même au Throne Fest au terme d'une prestation pâlotte, pourrie il est vrai par un son très faible. Et voilà que même sur album, après un Frontschwein plutôt sympa, le groupe se parodie lui-même avec un Viktoria sans grand intérêt, sorti presque dans l'indifférence générale.

Il ne faut pas longtemps pour que je comprenne que ce soir encore, c'est pas gagné. Quand même commencer sur Panzer Division Marduk ne suffit pas à me faire remuer la tête, pourquoi s'obstiner ? C'est plat, sans aucune énergie, et ce sans qu'on puisse blâmer Mortuus plutôt en voix (il réussit même à rendre Werwolf écoutable). Pas un grand spécialiste du groupe, je dois le confesser, la setlist fort pointue (globalement, un morceau par album... en contournant tristement La Grande Danse Macabre et Heaven Shall Burn) ne me parle qui plus est pas du tout et je fuis lors de Blonde Beast, « tube » rescapé de Frontschwein, soit à la moitié du set. Dommage pour une tête d'affiche supposée (mais cette année ne me gâtera clairement pas sur ce plan...).

 

 

C'est ainsi que se termine ce deuxième jour du Brutal Assault 2018 et le jour qui va suivre sera encore plus chargé pour nous avec E-Force, Sadistic Intent, Harakiri for the Sky, Azarath, Wrathprayer, Behemoth, Carpathian Forest, etc.

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Crédits :
Textes par l'équipe Horns Up.
Photos : Tomáš Rozkovec