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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Exodus

Bonded By Blood

LabelTorrid Records - Century Media
styleThrash Metal
formatAlbum
paysUSA
sortieavril 1985
La note de
U-Zine
9.5/10


U-Zine

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Alors qu'actuellement, la vague Thrash metal connaît un regain de forme évident, ne vous trompez pas, son âge d'or est révolue : elle se situe à la moitié des années 80. Chaque groupe thrash de l'époque y avait fourni son effort majeur (on peut citer Master Of Puppets, Reign In Blood, Spreading The Disease, The Legacy ou encore The Ultra Violence). Violence, justement, faisait partie du titre original du 1er album d'Exodus : A Lesson In Violence. Après un retard en 1984 et des soucis pour trouver une pochette adéquate, le groupe a rebaptisé son album Bonded By Blood en 1985.

Cette pochette en question, repose sur l'opposition simple entre le bien et le mal. Le dessin, pour l'époque, est assez osé dans une amérique timide, en montrant 2 enfants siamois, l'un normal, l'autre démoniaque. Le sang qui coule de leur jonction au niveau du dos agit comme de la colle : d'où le Bonded By Blood.

Lorsque l'on écoute pour la première fois cet album, et qu'on a forcément eu à faire avec Metallica auparavant, on se dit : "Tient, voilà encore un groupe qui veut faire son Kill 'Em All...". Sauf que Bonded By Blood est largement supérieur à l'offrande des Four Horsemen :
Tout d'abord, les riffs proposés sont beaucoup plus inspirés (j'en cite un parmi la floppée jouissive que le CD renferme : le riff en harmonie imitative d'attaque de piranhas sur le titre ... "Piranha". E-N-O-R-M-E ! (On s'imagine attaqué par ces poissons carnivores).
Ensuite, des rythmiques gallopantes rocambolesques (l'influence d'Iron Maiden semble évidente) sont judicieusement injectées dans l'album.
Mais ce sont 2 autres aspects qui font se démarquer Bonded By Blood de la concurrence :
Il y a d'abord les compositions de solos fous (certains faisant penser à du Kirk Hammett, mais ne vous méprenez pas, même s'il a fait partie d'Exodus avant de frapper à la porte de Metallica, il n'a pas participé à la composition de Bonded By Blood). Ces solos, duos épiques entre Gary Holt et Rick Hunolt, sortent tout droit des meilleurs dans le genre : Mercyful Fate (avec Michael Denner Vs Hank Shermann) puis King Diamond (toujours avec Michael Denner, mais Vs Andy LaRocque, le futur musicien dans Death à l'époque...). Vous savez ? Le genre de solos joués à fond la caisse, avec une rythmique speed derrière, les alternances de guitaristes telles des échanges au tennis, et les doubles solos en shred. Le meilleur exemple, est l'interlude "No Love" pour illustrer tout ça. FORMIDIABLE !

Puis, c'est la prestation de haute volée du chanteur Paul Baloff qui détonne : profitant d'une production soignée et d'une bonne reverb, Paul s'arrache littéralement au micro ! Un peu à l'image de l'extravagance d'un Sid Vicious (Sex Pistols) sur scène, il pousse son organe à l'extrême et on a mal pour lui. Je n'ai pas choisi cette comparaison par hasard, puisque Sid et Paul avaient un passion malheureusement mortelle : la consommation de substances illicites... Qu'importe, la voix de Baloff était unique et impose le respect.

A tous ceux qui croient qu'Exodus s'est contenté de nous proposer du speed thrash comme l'ont fait les autres, je dis NON !
De nombreux breaks avec variation de vitesse viennent nous couper une 2ème fois notre souffle, alors qu'il l'était déja une 1ère fois (des breaks à quasiment tous les morceaux). Les rythmiques de Tom Hunting (batterie) et de Rob McKillop (basse) sont à la fois sobres, efficaces (pétaradantes je dirais aussi, contrairement à Lars Ulrich par exemple) mais exploitent aussi des notions bien lointaines d'un Slayer régulier : l'arythmie (sur la fin du morceau "No Love"). Eh oui, nous sommes en 1985, faire de l'arythmie, même à faible dose, c'est osé !! (1984 même...). Pour en finir avec les rythmiques, elles vont allègrement de l'ultra rapide au mid tempo typiquement maidenien, ce qui renforce cet album et le rend moins linéaire (chose problématique dans le thrash typique).

De même, on se surprend à apprécier le début de l'interlude "No Love", qui n'a pas grand chose à voir avec du bay area thrash. Enfin, on a envie d'écouter à l'infini le riff de début, façon locomotive, sur "Metal Command". Ce riff et le morceau dans sa construction, se rapprochent pas mal du titre de Motörhead "Overkill" (joué en fin de live, et répété un nombre incalculable de fois... tient tient...).

En définitive, Exodus avait sorti en 1985 un album écrasant la concurrence et a donné là "A Lesson In Violence". Metallica a changé de registre ensuite, s'installant dans une logique plus progressive avec Master Of Puppets, Slayer a continué sur sa lancée et a été propulsé sur le haut de la scène. Dommage pour Exodus, un groupe qui a toujours été sous estimé et qui propose pourtant des concerts de haute volée.

1. Bonded by Blood
2. Exodus
3. And Then There Were None
4. A Lesson in Violence
5. Metal Command
6. Piranha
7. No Love
8. Deliver Us to Evil
9. Strike of the Beast

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