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dimanche 4 mars 2018

Wild Boar Fest V @Genève

Villa Tacchini - Genève

S.

Après avoir accueilli quelques belles pointures pour ses quatre premières éditions (Borgne, Regarde les Hommes Tomber, Harakiri for the Sky, Arkhon Infaustus ou encore Himinbjorg), le Wild Boar Fest, cinquième du nom, est programmé en cette fin février en terres genevoises.

Au menu, des noms qui ne laissent pas indifférent l’amateur averti de Black Metal à consonance occulte. Six groupes sont programmés… ou plutôt cinq, Fides Inversa ayant dû annuler au dernier moment, l’un de ses membres étant malade. A l’affiche, on retrouve ainsi Darvaza, Caïnan Dawn, Vortex of End, Ominous Shrine et Serpens Luminis.

Les hostilités se déroulent à la Villa Tacchini, dans la banlieue sud-ouest de Genève. Petite salle sobre mais très fonctionnelle, bien dotée en éclairages et avec une scène bien large. Parmi les commodités, outre la restauration habituelle, on retrouve quelques stands de merchandising (le label Asgard Hass, les groupes à l’affiche), ainsi que nos amis du Ravenous Altar Festival, venus pour l’occasion annoncer le troisième nom de leur programmation prévue le 15 septembre 2018 (Grave Miasma, en l’occurrence).

 

A 18 heures précises, ce sont les locaux de Serpens Luminis qui ont l’honneur d’ouvrir le bal, devant un public très clairsemé. On retrouve dans leur rang quelques figures connues, en particulier le leader de Borgne, au poste de bassiste. Dans les tons bleutés du début à la fin, les Suisses vont dérouler pendant la demi-heure qui leur est allouée un Black Metal assez asphyxiant, aux influences Death de par la lourdeur de la musique. Quatre titres sont proposés, dont deux vraisemblablement inédits puisqu’à ce jour, le quintet n’a qu’un split à son actif. On notera la prestation du vocaliste, très impliqué, n’hésitant pas à appuyer son état possédé dans ses mimiques. Une entrée en matière plutôt intéressante.

Setlist :
Revelation
Bright Euphoria
Linguam Serpentis
A Wreathed Skull

 

 

Une nouvelle fois je retrouve des visages familiers pour les habitués de la scène Lyonnaise, avec l’entrée en lice d’Ominous Shrine, qui a sorti l’année dernière son premier opus, « Ο Δρόμος της Αποθεώσεως ». Je n’avais jusqu’alors pas prêté attention à ce projet, mais la performance live va me le faire regretter, puisque le quatuor va envoyer une sacrée démonstration. Tout démarre avec une introduction samplée très ritualistique dans son ressenti. Une fois l’ambiance posée, c’est un rouleau compresseur qui s’abat sur l’auditoire, toujours assez peu nombreux. Musicalement, on a affaire majoritairement à du Death Metal, par cette lourdeur omniprésente et ces vocaux gutturaux à souhait, avec cependant quelques relents Black, grâce aux accords dissonants et occultes. Pas étonnant quand on connaît les influences de certains des membres. Assez proche de Lucifyre, Grave Miasma et tous ces groupes dont le son râpe bien les cages à miel, Ominous Shrine a montré ce soir qu’on pouvait compter sur eux.

Setlist :
V.I.T.R.I.O.L
Katabasis
Stase
Macrocosme
Geburah
Ain Soph Aur

 

 

On poursuit la soirée avec les franciliens de Vortex of End. Torse nu et le visage ensanglanté, le quatuor annonce la couleur. Leur nom me disait quelque chose, ayant eu écho de leur démo à l’époque, il y a un peu plus de dix ans. Malgré leur longévité, le combo ne possède que deux albums studio, mais leur récente signature chez Osmose Productions augure de bonnes perspectives pour la suite.

Même si je ne connaissais pas particulièrement leur musique, je me doutais quand même qu’on aurait droit à un concentré de violence. Ce pressentiment fut rapidement validé, Vortex of End s'est comporté tel un char d’assaut avec son Black/Death Metal carré et épileptique. La horde a proposé huit titres dont près de la moitié sont inédits, prémices de leur prochain opus « Transubstantion ». Vortex of End ne se contente pas seulement de compositions inspirées, ils démontrent également un jeu de scène particulièrement efficace, avec des personnalités fortes et un rendu tout à fait prenant et dynamique, comme le fait d’avoir trois vocalistes qui se répondent tour à tour, avec des timbres différents. Parfois un chant clair mais vindicatif ponctue des titres de fort belle manière, où tout d’un coup l’atmosphère s’élève en solennité. Clairement, Vortex of End a frappé fort et a impressionné ce soir.

Setlist :
Goatphalanx
Voracious Egregore
Fulgur Lux Terror
Winds of Adversity
Transubstantion
Black Blood Kapala
Ov Dancing Snakes and Circling Crows
Venomous Triangle

 

 

A peine remis de nos émotions que Caïnan Dawn entre sur scène. Les ayant vu déjà deux fois et connaissant leur qualité, c’est leur présence sur l’affiche qui m’a convaincu de venir ici. C’est d’autant plus vrai que les chambériens ont sorti l’année dernière leur troisième album, F.O.H.A.T., chez Osmose Productions. Opus que je considère comme l’un des meilleurs de la scène BM français en 2017. C’est donc l’occasion d’en entendre une partie en version live, puisque dans la setlist proposée, trois morceaux en sont issus (Kaos Theos Kosmos, Ylem et Mara). Dans les habituels tons bleutés et du brouillard parfois opaque, le quatuor ne va pas décevoir en distillant son Black Metal teinté d’occultisme, porté par des riffs hypnotiques. Tantôt dans le mid-tempo, tantôt dans les emballements épileptiques, on se plonge volontiers dans leur atmosphère mystique. En ce sens, la bande à Heruforod ne cesse de me faire penser à leur voisin de feu Nehëmah, ce qui, venant de ma part, est loin d’être un reproche. Caïnan Dawn mérite davantage de reconnaissance sur la scène hexagonale, si ce n’est internationale. Leur présence au prochain Hellfest est déjà un premier pas. Total support !

Setlist :
Kaos Theos Kosmos
The Brood
In Darkness I Reign
Mara
Kaon
Ylem
Masticatione Mortuorum
Legionem Daemoniacus

 

 

La soirée touche à sa fin, il ne reste plus que la tête d’affiche, Darvaza. La formation a seulement deux EP au compteur. Mais quand on sait qu’ils sont sortis chez Terratur Possessions, on peut faire preuve d’une confiance aveugle à la qualité de la musique. Leur dernier méfait à leur actif, The Silver Chalice, est d’ailleurs tout à fait remarquable. Et quand on voit le CV des musiciens ce soir, on peut s’attendre à du lourd. Darvaza est le fruit d’une coopération d’individus de différentes nationalités. On retrouve les deux membres fondateurs : Wraath au chant, personne influente de la scène nidrosienne (Dark Sonority, Mare, One Tail one Head, Celestial Bloodshed, etc), et le prolifique Omega à la guitare et voix secondaire, l’italien aux innombrables projets (Fides Inversa, Deathrow, Kult, etc). Les deux géniteurs sont épaulés par Tumulash à la basse (Chaos Invocation, Kult, Fides Inversa…), Bornyhake à la batterie (leader de Borgne) et Davide Gorrini à la guitare (Frostmoon Eclipse).

Je ne vais pas y aller par quatre chemins : Darvaza a donné ce soir une véritable leçon de Black Metal authentique. L’atmosphère puait le soufre. L’air est rapidement devenu irrespirable grâce à leurs compositions old school et percutantes. Mais surtout, quelle présence du vocaliste ! A lui tout seul il a porté le groupe, pour tenir en haleine les quelques dizaines de personnes venues ce soir. Le regard empli de haine, à haranguer la foule, le bonhomme a mis tout le monde d’accord.
Sacrée prestation, chapeau bas !

Setlist :
A hanging sword
Derelict of passion
Blessed and cursed not
Towards the great mystery
The barren earth
Gospel of hate (Celestial Bloodshed cover)
The silver chalice

 


Si 24 heures auparavant je n’avais pas spécialement prévu de me rendre ici ce soir, on peut dire que j’ai bien flairé l’affaire en me motivant à la dernière minute. Si sur le papier l’affiche ne payait pas de mine, cette cinquième édition du Wild Boar Fest est allée au-delà de mes espérances, avec des prestations de haute volée des différents groupes. S’il ne fallait garder que deux sets, ce serait ceux de Darvaza et Vortex of End, qui ne se sont pas seulement contentés de bien jouer, ils ont impressionné. Sur le tableau des regrets, on évoquera une affluence très modeste et un public plutôt mou. Espérons que cela ne remette pas en cause la motivation des organisateurs pour une nouvelle édition du festival.
Merci à tous les acteurs de cette soirée.

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