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lundi 26 octobre 2015

Black Arts Ceremony IV - Jour 1/2

Jack Jack - Bron

S.

Le Black Arts Ceremony entre cette année dans sa quatrième édition et devient un rendez-vous désormais incontournable pour les amateurs d’Arts Noirs de Rhône-Alpes et d’ailleurs. A cette occasion, Wintermoon Productions, organisateur de l’événement, met les petits plats dans les grands et propose plusieurs changements par rapport aux années précédentes, signes que le festival tend à prendre davantage d’ampleur au fur et à mesure du temps. Le premier concerne la durée : les festivités se déroulent sur deux jours pour moins condenser les programmations. Le second porte sur le lieu de la cérémonie : exit le C.C.O. de Villeurbanne et ses contraintes, place au Jack Jack de Bron, une salle adaptée au sein de la MJC Louis Aragon. Celle-ci offre de multiples avantages, tout d’abord elle jouxte un vaste centre sportif avec un grand parking, pratique pour ceux qui viennent de loin comme moi pour se garer. La salle se trouve dans le niveau inférieur du bâtiment, à laquelle on accède via un couloir depuis le vaste accueil, puis un escalier descendant dans une petite pièce, antichambre de l’antre cérémonielle. Cette organisation de l’espace permet un peu plus de mobilité que par le passé.
Au niveau des « à-côtés », plusieurs stands de merchandising ont été installés, parmi lesquels Forgotten Wisdom Productions, Those Opposed Records et Asgard Hass. Niveau restauration, les organisateurs ont eu la bonne idée de changer des habituels hot dogs ou jambon-beurre en proposant des crêpes diversement agrémentées, avec même des spéciales végétariens (ou végétaliens ? Je ne me souviens plus, il paraît que c’est la grande mode). Idée incontestablement intéressante, mais le revers de la médaille, c’est que toutes ces bonnes choses mettent beaucoup de temps à être préparées, les temps d’attente furent parfois longs, en dépit de la bonne volonté des bénévoles.

 

SHADDAÏ

C’est avec une vingtaine de minutes de retard sur l’horaire prévu que les hostilités commencent. L’honneur revient aux Suisses de Shaddaï. J’avais eu de bons échos suite à leur prestation du Forest Fest, paraît-il qu’on détient ici un groupe prometteur, la jeune formation n’ayant à son actif qu’une démo et un EP. Pour ma part, je découvre les Helvètes aujourd’hui, devant un public encore clairsemé il est vrai, vendredi oblige. Le moins que l’on puisse dire, c’est que leur set va me laisser dans une grande indifférence. Déjà, je ne trouve pas le son terrible, ce qui me va me faire poindre quelques doutes pour la suite. Puis outre l’aspect technique, c’est surtout les morceaux proposés qui ne vont pas me convaincre, trop linéaires et banals à mon goût ; il m’aura même fallu un long moment pour reconnaître la reprise de Mayhem ! Timide entrée en matière pour ce fest’.

 

Setlist :
Intro
Onanic Rites
One with the undergods
Unconscious devotion
Funeral Fog (Mayhem cover)
HIS
Mechanical slaughter

 

CAÏNAN DAWN

Contrairement au groupe précédent, je sais que nous tenions là une valeur sûre, avec les régionaux de Caïnan Dawn. Découvert il y a deux ans à Chambéry en compagnie d’Himinbjorg et Noctem Cursis, les Savoyards n’ont depuis que confirmé leur potentiel avec leur dernier album Thavmial, dont je n’ai dit que du bien sur nos pages. Deux années sont donc passées, avec au passage l’acquisition de tous leurs travaux (1 démo et 2 albums), mon impatience était grande de retrouver sur les planches la formation emmenée par Heruforod. Malgré un son toujours décevant (manquant de clarté, trop étouffé), Caïnan Dawn va s’en sortir haut la main, en proposant leur Black Metal à la fois mystique et hypnotique, en interprétant les meilleures compositions de leur répertoire (« The Brood », « Kaon » ou « Thavmial », pour ne citer qu’elles), le tout sur des lumières bleutées collant parfaitement à l’ambiance distillée. Total support !

 

Setlist :
Intro
The Brood
Vigrid
In Darkness I Reign
Into the Pit
Kaon
By my Oath
Thavmial

 

FIDES INVERSA

Au tour des Italiens de Fides Inversa de se produire. Eux non plus n’ont guère de secrets pour moi, les ayant déjà vu deux fois par le passé (Throne Fest en 2014 à Bruxelles et en mai dernier à Saint-Etienne avec Horna). La particularité du groupe est la position quelque peu acrobatique du chant, puisque celui-ci est assuré par le batteur himself, l’homme aux 15000 projets : Gionata Potenti. L’effet est toujours particulier de voir trois musiciens au-devant de la scène, avec cette voix venu d’ailleurs. Ces derniers sont d’ailleurs vêtus d’habits monastiques pour accentuer la consonance religieuse de leur musique, renforcée qui plus est par l’utilisation de samples spirituels (« IV »). Le quatuor délivre des titres percutants et incisifs, puisés dans leurs deux seuls albums en date, Hanc Aciem Sola Retundit Virtus (The Algolagnia Divine) & Mysterium Tremendum et Fascinans. Le public, déjà plus nombreux, semble répondre aux apostrophes musicales lancées par le combo. Un bon set !

 

Setlist :
Decollatio
III
IV
II
Homicidium

 

MERRIMACK

Le Jack Jack accueille ensuite le deuxième groupe hexagonal de la soirée, les Franciliens de Merrimack. Curieusement, j’étais persuadé que le combo n’était plus en activité, ne connaissant que leur premier album studio « Ashes of Purification » que j’avais maintes fois écouté (et apprécié !) à sa sortie à l’époque (en 2002, cela ne nous rajeunit pas…). Faute d’avoir suivi le parcours des artilleurs parisiens, me voilà avec pas moins de trois opus en retard, autant dire que je ne suis plus tellement à la page lorsque retentissent les premières notes. Merrimack va littéralement délivrer un flot de violence avec leurs compositions vicieuses et malsaines. Le vocaliste, au corps scarifié, va assurer le show par sa présence et ses autoflagellations, mais surtout par ses hurlements torturés et déchirés. Parmi les titres proposés, figure un inédit à paraître sur leur prochain opus, « Sights in the Abysmal Lure », très prometteur dans sa version live. Musicalement, l’atmosphère me fait penser à celles que l’on peut ressentir en écoutant les Antaeus, Vorkreist ou Hell Militia, mais rien de bien étonnant au final car ils possèdent des membres communs. Un set intense, haletant et impeccable, du très bon boulot.

 

Setlist :
Intro / ... (Of Ashes and Purification)
Seraphic Conspiracy
Arousing Wombs in Nine Angles Pleroma
Subcutaneous Infection
Melancholia Balneam Diaboli
Descension from Life
Horns Defeat Thorns
Insemination
Sights in the Abysmal Lure
By Thy Grace

 

THRONE OF KATARSIS

Alors pour le coup, jusqu’à l’annonce faite par Wintermoon Productions, je n’avais jamais entendu parler de Throne of Katarsis, qui truste pourtant ce soir la position convoitée de tête d’affiche. Comme quoi on peut écouter du Black depuis presque quinze ans et passer encore à côté de pépites comme ces Norvégiens. Bracelets à clous, ossements sur le pied du micro et corpse-paints, la mise en scène annonce un certain traditionalisme de bon augure, moi qui suis un inconditionnel du Black Metal des origines. Leur musique va complètement aller dans ce sens, les riffs sont primaires et l’atmosphère va sentir la Norvège de la grande époque, celle des premiers Gorgoroth, Darkthrone ou Satyricon. Throne of Katarsis va nous donner une leçon d’Old School Black Metal, intègre et sincère du début à la fin, que ce soit avec des morceaux mid-tempo assez troublants et suffoquants comme « The darkest path » ou ce déferlement satanique et malsain d’un « The winds of blasphemy has returned ». Abasourdi par cette monumentale claque prise à l’issue de ce show, je me demande encore comment ai-je fait pour avoir découvert si tardivement ces scandinaves. Un show captivant, voire hypnotique, concluant de fort belle manière cette première journée du festival !

 

Setlist (incomplète) :

The darkest path

Under guds hud
The winds of blasphemy has returned

 

Il est minuit trente passé, les lumières du Jack Jack se rallument, il est l’heure de tirer un bilan de cette première partie du Black Arts Ceremony, quatrième du nom. Une qualité du son assez moyenne au début qui s’est heureusement améliorée au fur et à mesure ; des groupes impliqués avec des déceptions, des confirmations ou des révélations, ainsi qu’une organisation à la hauteur de l’événement, autant d’arguments pour conclure à une excellente soirée passée dans l’enceinte lyonnaise. Une nuance toutefois, et pas des moindres, c'est l'affluence très modeste...environ 150 entrées ce vendredi...que c'est peu !! En ce qui me concerne, je suis paré pour assister à la suite et fin de l’édition le lendemain !

 

Photos