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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Aborted

Strychnine.213

LabelCentury Media
styleModern Death Metal
formatAlbum
paysBelgique
sortiejuin 2008
La note de
U-Zine
8.5/10


U-Zine

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Voilà un album qui va en faire jacter plus d’un. Les « c’était mieux avant » vont être de sortie je le sens. Seulement un an après la sortie de son dernier album « Slaughter And Apparatus : A Methodical Overture » (qui avait déjà fait parler de lui) Aborted revient une nouvelle fois avec un nouveau line-up et surtout un nouvel album.
Nouveau line-up avec l’arrivé dernièrement de deux membres, Sven Janssens (ex – Unleash The Fury, Battalion) à la basse et le jeune (19 ans !) Dan Wilding (ex – Blunt Force Trauma, Misery) à la batterie. Le groupe est à présent au complet avec un line-up stable, ce n’est pas plus mal, d’ailleurs c’est sous cette formation que j’ai pu voir les meilleurs concerts d’Aborted.
Nos belges semblent avoir pris, ces dernières années, un rythme de croisière inébranlable. Enchaînant tournées sur tournées, on se demande où ils trouvent le temps de composer. Une sortie précipitée ? Non, et je pense que ce « Strychnine.213 » risque d’en surprendre plus d’un.

« Slaughter And Apparatus » avait totalement divisé les fans, une évolution pour le moins surprenante et bien plus mélodique que ce qu’ils avaient fait auparavant. L’ensemble de la discographie du quintet est d’ailleurs très varié, sachant se renouveler à chaque album sans tomber dans l’auto-caricature et « Strychnine.213 » n’échappe pas à la règle.

Prenez la brutalité d’un « Goremageddon », le côté catchy d’ « The Archaic Abattoir » et la touche mélodique de « Slaughter And Apparatus », réunissez le tout et vous obtiendrez la nouvelle fournée des belges.
L’album débute non pas sur un sample comme sur les précédents opus mais bien sur une intro entièrement instrumentale, qui montre ici la volonté qu’a le groupe de ne pas se répéter. Aborted nous avait habitué à ouvrir ses albums par un titre brutal, une fois n’est pas coutume, « Ophiolatry » qui est le morceau le plus mélodique, ouvre cet opus. J’ai frôlé la crise cardiaque croyant que les âmes des brutes qui composaient Aborted avaient bel et bien disparues, mais je le reprécise, il s’agit du titre le plus mélodique.
S’ensuivent les titres qui avaient été dévoilés sur Myspace, à savoir « I35 » et « Pestiferous Subterfuge » et après trois morceaux, nous pouvons constatés à quels points ceux-ci sont variés. Ils ne se ressemblent pas du tout, à l’exemple de « Pestiferous Subterfuge » qui est assez surprenant aux vues de ses nombreux soli. Et ce n’est pas le reste de l’album qui pourra me contredire, on pourrait alors dire qu’il est vraiment riche. Et ceux même après les 36 écoutes qu’affiche mon lecteur iTunes ! Je découvre encore des petits détails. L’hypothèse de l’album fait à la va vite est belle et bien fausse. A croire que le groupe a le soucis du détail !
Une des grosses qualités de cet opus est qu’aucun titre n’est à jeter, au contraire, plus nous avançons dans l’album plus les morceaux deviennent intéressant, comme avec « A Murder In Decrepit Wits » qui se veut un peu plus mid-tempo et sombre que le reste des chansons (j’adore particulièrement l’intro en arpège avec le sample en fond). Les brutasses sans finesses préfèreront d’ailleurs la deuxième partie de ce « Strychnine.213 ». Des blasts et des riffs méchamment headbanguants, en veux-tu en voilà, « Enterrement Of An Idol » qui auraient pu figurer sur « The Archaic Abattoir » est l’exemple parfait qui pourrait caractériser mes propos. Putain quel titre bandant ! Le morceau pourrait être le parfait mix entre « The Inertia » et « A Cold Logistic Slaughter », du groove, une brutalité énorme, ce titre s’élève déjà à mes yeux comme un des meilleurs du groupe (du moins un de mes préférés).
Comme je l’ai dis plus haut, le groove, la brutalité et la mélodie sont aux rendez-vous, ce qui parfois donne des choses surprenantes comme certains leads de guitares (« Hereditary Bands » ou encore l’outro de « The Obfuscate »). Si vous êtes nostalgique du Aborted des premiers albums, passez votre chemin, ou alors si vous êtes comme moi, ouvert et acceptant l’évolution du groupe, cet album vous ravira.

Un fait qui avait été critiqué sur « Slaughter And Apparatus » est que Svencho utilisait bien plus souvent sa voix criarde que les growls, certaines personnes avaient déjà criés « Vendus », ce qui est une des plus belles conneries qui a jamais été dite sur le groupe. Cette fois-ci, Sven revient à des vocaux bien plus brutaux, nous retrouvons ses habituels growls mais les vocaux gutturaux sont aussi de retour à plusieurs reprises sur l’ensemble de l’album (comme à 2 :05 sur « A Murder In Decrepit Wits »). Toujours concernant les vocaux, nous retrouvons un Sebastien Tuvi bien plus présent que sur le précédent, ce n’est pas étonnant lorsqu’on connaît ses talents dans la matière (ses autres groupes ne pourront que vous le prouver).

Parlons un peu des nouveaux arrivés maintenant, concernant le talentueux Dan Wilding, on peut dire qu’il assure méchamment le bougre ! Seulement 19 ans et assurément le meilleur batteur qu’a eu le groupe. Il réalise ici un très bon travail, des parties extrêmement bien exécutées et un jeu bourré de feeling. Pour ce qui est de Sven Janssens, le bassiste n’exécute aucune grosse folie mais est bien présent sur l’album, j’adore d’ailleurs le son de sa basse !

Si il y a bien un petit bémol sur cet album, c’est à mon goût la production qui est assez décevante. Pas que ce soit une production merdique, mais nous avons le droit à une production très américaine, où l’on distingue peut être trop parfaitement les instruments. Il manque ce petit grain de saleté qui aurait fait que les morceaux auraient eu un rendu bien plus brutal (je pense notamment à « I35 »). Mais écoutez l’album sur une chaîne hi-fi avec de bonnes enceintes et à fort volume, je vous garantie que vous allez headbanguer.
Ceux qui oseraient dire qu’Aborted a perdu en brutalité, je leur répondrai tout simplement de se nettoyer les oreilles, car certains riffs qui composent ce « Strychnine.213 » auraient pu figurer sur un « Goremageddon » sauf que ce dernier était avantagé par une production bordélique qui accentuait la brutalité un cran au dessus.

Pour en finir avec cet album, je dirais que si « Slaughter And Apparatus » n’avait pas existé, « Strychnine.213 » aurait été une suite logique à « The Archaic Abbatoir ». Ce nouvel opus est bien meilleur que son prédécesseur qui finalement ne tient pas sur la longueur. Aborted signe ici un de ces meilleurs opus, et avec un certain recule, vient se loger dans mon top 3, le préférant peut être à « The Archaic Abattoir ».


1. Carrion
2. Ophiolatry
3. I35
4. Pestiferous Subterfuge
5. The Chyme Congeries
6. A Murder In Decrepit Wits
7. Enterrement Of An Idol
8. Hereditary Bands
9. Avarice Of Vilification
10. The Obfuscate

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