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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Alcest

Shelter

LabelProphecy Recordings
styleShoegaze / post Rock
formatAlbum
paysFrance
sortiejanvier 2014
La note de
U-Zine
8/10


U-Zine

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Alcest, c’est le succès d’estime du black metal français. Sans en faire des tonnes, Neige, son compositeur principal a réussi à créer un monde et un imaginaire autour de ce groupe et notamment de ses somptueuses illustrations qui emmènent vers le rêve et une certaine méditation autour du thème du black metal : rude mais onirique, brut mais prenant. Quand un album se nomme Souvenir d’un Autre Monde ou Ecailles de Lune, on sent que le groupe a une propension à faire voyager nos oreilles et notre esprit. C’est donc tout naturellement que l’évolution d’Alcest s’est effectuée. Mais autant prévenir les fans de la première heure : vous risquez d’être surpris car Neige et son batteur Winterhalter ont pris un tournant shoegaze, abandonnant complétement l’aspect (black) metal de leur musique.

Tout en gardant une symbolique forte, la tonalité de la pochette n’est déjà plus la même. On passe des couleurs plutôt sombres des albums précédents à un face à face avec le soleil. Et dans ce contre-jour, deux êtres tendent leurs mains vers le ciel tout en se mêlant l’un à l’autre. On sent que cette quête vers le ciel s’est déplacée de l’ombre vers une lumière radieuse.

Huit titres jalonnent Shelter et on remarque trois chansons dont les titres sont en anglais : la chanson-titre, Shelter (une partie des paroles est en français), Wings et Away. Les chansons en français sont aussi une marque de fabrique du groupe qui ne tient peut-être pas à tout bousculer d’un coup. Par ailleurs, Wings sert de rampe de décollage puisqu’elle n’est qu’instrumentale et limite ambiance. Quand Opale prend le relais, on sent toute la dimension du changement, confirmé, voire enfoncé par La Nuit Marche Avec Moi : une musique suave qui transpire la mélancolie. On a presque l’impression que les guitares sont enregistrées dans un canyon avec de l’écho et que la voix est irréelle, comme fantomatique presque effacée dans la mélodie comme sur Voix Sereines. D’ailleurs l’enregistrement avec l’homme derrière les platines de Sigur Rós fait aussi la différence. Et pour peu que vous soyez familier avec ce groupe vous comprendrez tout de suite où Alcest a voulu aller.

Cette tendance, qui avait déjà été amorcée sur l’album du groupe Les Discrets, a pris son envol avec Shelter. Mais ne pensez pas que vous allez écouter un album fait d’une simple ambiance planante avec des guitares douces. Non la distorsion est bien là, moins agressive certes, mais vraiment présente. Et la composition donne une place importante à la qualité musicale autant qu’à l’atmosphère. Sur l’Eveil des Muses, les deux guitares sont complémentaires pour donner un élan au titre et dans cette profusion de son, on ressent profondément cet éveil et l’on imagine que la transmission de cette émotion fait partie des impératifs pour que cette musique fonctionne.

Alors c’est vrai que certains pourraient trouver que le chant en français est un frein à l’écoute tant on se penche sur les paroles de manière critique ou que l’ensemble est un peu mièvre et que les chansons semblent bien légères comme Away par exemple qui tire en effet plus vers la lumière et vers une façon de composer plus standard. Mais qu’elles soient solaires comme Opale ou plus sombres comme le long titre Delivrance, on prend un pied formidable à se sortir de la routine métalleuse.

Ne considérez pas qu’Alcest s’est transformé en objet vendable et bankable, mais voyez-y la mutation de la chrysalide ténébreuse en un papillon qui va chercher vers le ciel. Certes cela se fera au détriment du metal le plus dur et ce geste recentrera le public en en laissant une partie sur le côté, mais ceux qui veulent bien ouvrir les oreilles en grand verront en ce Shelter un moment unique à l’abri des vicissitudes du monde extérieur qui a parfois tendance à nous lasser.

1. Wings
2. Opale
3. La Nuit Marche Avec Moi
4. Voix Sereines
5. L'Eveil Des Muses
6. Shelter
7. Away
8. Délivrance

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