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Raton et la bagarre #26

lundi 15 avril 2024
Raton

Amateur de post-musique, de larsens et de gelée de groseilles.

Pour la première fois de son histoire, la Bagarre a mis trois mois pour sortir au lieu de deux. La faute à un début d'année extrêmement chargé de mon côté et qui ne me permet pas de laisser suffisamment de place à l'écriture bénévole pour Horns Up. Une effervescence qui m'a néanmoins permis de passer par Bangkok et d'y couvrir le formidable concert de Headbussa et Last Wishes.

Quoiqu'il en soit, cette Bagarre et la suivante sortiront sur un rythme trimestriel avant de reprendre la régularité habituelle. Le travail n'en est pas moins exigeant car ce début 2024 s'avère incroyablement riche en sorties et les annonces pour les prochains mois ne vont pas changer la tendance. Toutes les chapelles du hardcore sont en ébullition et c'est un problème de privilégié de ne plus savoir où donner de la tête et de ne plus avoir le temps de tout écouter.

Profitez donc de cette sélection qui brasse large mais avec beaucoup de coups de coeur et de tours de force. Alors, commencez les échauffements, la Bagarre nouvelle est servie !

Frail BodyBoundaries | Infant Island | Balmora / Since My Beloved | Final Resting Place | Divine Right | Casey | XclocktowerX | Farewell Sarathael | Foxtails | fallingwithscissors | Mentions bonus

 

Frail Body – Artificial Bouquet
Screamo / Post-metal – USA (Deathwish)

Celui-ci, je m’attendais à ce qu’il perce mais peut-être pas à ce point là. Car le dernier album de Frail Body est sur toutes les lèvres des fans de musiques indépendantes et exigeantes. Et ça me fait un petit quelque chose car leur album précédent, A Brief Memoriam, était à l’honneur dans la toute première Bagarre. Ce n’était pas un disque qui m’avait transcendé. Je le trouvais trop sage dans son approche du screamo à l’américaine.

Impossible d’en dire autant de son successeur tant celui-ci ouvre le champ des possibles et couple le screamo originel avec une myriade d’influences habiles. Déjà, tout le monde le répète, mais difficile de ne pas mentionner la filiation avec Deafheaven dans cette radicalité brute mais lumineuse et sentimentale. Frail Body sait toutefois conserver le tumulte intrinsèque au screamo avec des moments de génie comme sur l’époustouflant « Critique Programme ». Dans son exploration des musiques post, voire de ses touches black metal diffuses, on peut aussi le rapprocher des très beaux travaux récents d’Infant Island et Ostraca.

Côté instrumentation, c’est prodige avec une basse ronronnante (« Devotion », « A Capsule in the Sediment »), des guitares d’une complémentarité incroyable, aussi brillantes dans l’éthéré que dans la dissonance amère, ainsi qu’une batterie en retrait, juste et jamais trop bavarde. Difficile de ne pas s’extasier sur ce genre d’album, tant ils sont rares dans les musiques extrêmes. Sa proposition jusqu’au-boutiste pourra ne pas convaincre tout le monde, mais impossible de lui retirer une ambition, une finesse et une grâce sans pareilles.

 

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Boundaries – Death Is Little More
Metalcore – USA (3DOT)

Je vous l’évoquais rapidement dans la Bagarre n°18, Boundaries fait partie de mes petits préférés dans son style, du gymcore mais avec cette pointe un peu tristoune mélodique et qui enterre les Varials, Kublai Khan et autres Mugshot car c’est fait avec goût. Leur metalcore renvoie directement aux grands albums fédérateurs de la fin des années 2000, comme Parkway Drive mais en moins allemand (là encore, comprenez « sans mauvais goût »).

Ce troisième album commence in medias res, sans préliminaires, avec le tonitruant « Turning Hate Into Rage », qui confirme le talent des Américains pour produire un metalcore incarné porté par le chant puissant et agressif de Matt McDougal et des guitares enchaînant entre le syncopé et le dissonant. Death Is Little More est un album ambitieux qui évite les écueils de la longueur mais qui contient un peu moins de temps forts que sur les deux disques précédents. En revanche, je ne comprends toujours pas l’entêtement à vouloir y caler du chant clair (« Easily Erased », le leitmotiv mélodique de « Cursed to Remember » ou les harmonies de « Scars on a Soul ») qui gomme leur spécificité et leur hargne sans apporter grand chose.

Le disque invite plusieurs chanteurs marquants de la scène avec des feats efficaces de Matt Honeycutt de Kublai Khan et de Lochie Keogh d’Alpha Wolf. En revanche, je suis moins convaincu par « Blame’s Burden » avec ses expérimentations électroniques et la participation de Marcus Vik d’Invent Animate. Mais malgré ce petit écart et les dommageables passages en chant clair, on ne pourra pas citer beaucoup de groupes dont la qualité est aussi constante malgré une réorientation de leur son vers quelque chose de plus accessible.

 

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Infant Island – Obsidian Wreath
Screamo / Post-metal – USA (Secret Voice)

Vous le savez peut-être mais la scène screamo actuelle est constellée de promesses et peut à plein d'égards être considérée comme à un des sommets créatifs de l'histoire du style. Plusieurs groupes en sont responsables, citons pèle mêle Øjne, Shin Guard, Nuvolascura ou Ostraca, et Infant Island y est également pour beaucoup. Je vous détaillais tout mon amour dans ma chronique du dernier album, Beneath, et quelques références à Sepulcher, l'EP qui l'a précédé.

Quatre ans plus tard, Infant Island révèle Obsidian Wreath, un album qui vient synthétiser les projets amorcés sur les précédents efforts. Si le screamo reste la base artistique du groupe, les apports majeurs du black metal dans le chant et du post-metal dans les textures sont toujours aussi prédominants. En résulte un disque dense et complexe mais qui porte en lui tous les signes de la grandeur.

Tantôt furieux, tantôt intime, Obsidian Wreath est toujours viscéral, à l'image du saisissant « Kindling » en featuring avec le groupe de slowcore Greet Death. Cette constante dualité donne une grande profondeur à l'album mais peut aussi nuire à l'immersion, avec moins de morceaux qui peuvent s'écouter indépendamment des autres que sur Sepulcher.

 

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Balmora / Since My Beloved – Six Pacts Etched in Blood
Metalcore mélodique – USA (Ephyra)

En quelques années, le Connecticut est devenu l’un des laboratoires les plus prometteurs du hardcore. Rien que dans cette sélection, quatre groupes viennent de cet Etat. Et parmi ces étoiles montantes, un groupe qui redonne au metalcore mélodique de la fin des années 90 ses lettres de noblesse : Balmora. Pour cet EP, Balmora s’associe avec Since My Beloved, un groupe du Texas qui propose exactement la même recette et qui est également signé chez Ephyra, comme la quasi intégralité des groupes de cette scène.

J’avais adoré l’EP précédent de chaque groupe (avec une petite préférence pour le SMB) et c’est un plaisir renouvelé que de les voir développer leur propos sur un disque commun. De son côté, Balmora va vraiment approfondir son penchant mélodique avec des plans purement mélodeath (« Your Unyielding Light ») et une atmosphère passionnée et épique à l’opposé du kitsch courant dans le style. Mais c’est vraiment la partie de Since My Beloved qui prend la palme pour moi. Portés par un véritable souffle d’éloquence, les trois morceaux sont des sucreries pour qui aime le metalcore nostalgique aux envolées lancinantes avec un chant amer quasi black metal. J’ai passé les trois morceaux à enchaîner les grimaces de plaisir tant le groupe parvenait toujours à me cueillir avec un nouveau plan, du riff de « Color of Carnelian » au démentiel break final de « Along a Treelined Path ». Réfléchir est une perte de temps, allez tout de suite écouter ça.

 

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Final Resting Place – Prelude to Extinction
Brutal death beatdownisé – USA (DAZE)

Vous n’êtes probablement pas sans savoir qu’il existe un mouvement de résurgence du death metal sous perfusion de hardcore dans chaque membre. Les influences du hardcore et notamment du beatdown étaient monnaie courante au début du slam death fin 90s, début 2000s et dans une moindre mesure au sein d’une frange du brutal death à la fin des années 90. Pourtant, pendant des années, seul Dying Fetus a vraiment maintenu le pont entre les deux styles. 

Depuis peu et sous l’impulsion de musiciens de hardcore fans de death metal, la tendance reprend vie et propose de très belles choses. Côté slam, c’est surtout Snuffed on Sight qui mène la danse, avec PeelingFlesh et Torture dans sa suite, et dans le brutal death impossible de ne pas nommer Sanguisugabogg. Fuming Mouth a replacé le death old school sur la carte du hardcore, les frères Young s’y sont essayé avec Deadbody et James de Harms Way s’y emploie également avec Hate Force.

Tout ça pour vous dire que l’écurie DAZE s’y intéresse aussi de près et notamment avec l’excellent premier EP de Final Resting Place. Illustré par ce qu’on dirait être une jaquette de jeux vidéo de cinquième génération (PS1 et N64), le disque contient six morceaux redoutables de brutalité, suffisants pour garantir au groupe une place de choix dans la scène actuelle. Porteur d’un brutal death sourd et belliqueux, Final Resting Place présente deux particularités, la première étant un mixage très marqué sur les basses et sur une batterie prédominante avec des caisses claires ultra claquantes et la seconde étant un goût pour les breaks low-tempo qui me rappellent le premier EP d’Irate. Vous avez compris l’idée, c’est éminemment régressif, mais ça place surtout un nouveau standard pour le death metal fait par des hardcore kids (les membres de FRP sont également dans Simulakra, Blood Runs Cold, Sanction, Living Weapon mais aussi Vomit Forth et Devil Master).

 

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Divine Right – Salvation Ends
Metalcore straight edge – USA (indépendant)

ILS SONT OÙ MES STRAIGHT EDGE ??? Parce que là vous allez en avoir pour votre sobriété. Divine Right reprend le metalcore straight edge là où les années 90 l’ont laissé avec un style militant solennel, volontiers épique, des guitares mélodiques et des breaks barbares. « Pretense » va rappeler d’emblée le phrasé d’Indecision mais avec une hargne plus métallique et très familière à la Caroline du Nord dont Divine Right est originaire : Prayer for Cleansing, Undying ou Day of Suffering

Le metalcore sXe est une branche extrêmement codifiée et toutes les ficelles du genre sont ici utilisées avec finesse, pourtant Divine Right a son identité et ne sonne pas comme un pastiche de ses aînés ou de ses contemporains (citons des groupes aux sonorités voisines comme Magnitude, Ecostrike ou Inclination). Vous savez notamment qu’un disque straight edge n’est jamais complet sans un hymne à la gloire du X. Ici, c’est la responsabilité de « The X Has Yet to Fade », un morceau pluriel, gavé de plans marquants et gonflé au Club Maté. 

Ça faisait longtemps que je n’avais pas écouté un cinq titres aussi rempli de bonnes idées, de refrains fédérateurs et de breaks unanimes. Dans le style, vous allez avoir du mal à trouver plus abouti cette année.

 

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Casey – How to Disappear
Post-hardcore / Emo – Pays de Galles (Hassle Records)

Peut-être que si vous êtes surtout habitués-es aux chapelles agressives du hardcore, le nom de Casey ne vous dit rien. Pourtant, le groupe bénéficie d’un statut culte au Royaume-Uni et au-delà pour avoir incorporé dans une seule recette tous les styles émotifs du hardcore et du post-hardcore. Je n’ai jamais été un immense fan, mais je reconnais le grand talent du groupe, surtout sur leur excellent premier EP Fade et sur leur premier album Love Is Not Enough.

Après un deuxième album qui s’éloignait du hardcore mélodique, le groupe a annoncé sa séparation en 2019. Puis fin 2022, ils ont réactivé leurs réseaux sociaux pour annoncer la sortie de ce troisième disque. Celui-ci confirme la prise de distance avec le hardcore et lui préfère un post-hardcore doucereux avec 95% de chant clair, des influences emo omniprésentes, des touches shoegaze. Et si Casey a toujours ces facilités pour les mélodies touchantes et les atmosphères rassurantes, ce troisième album donne davantage une impression de pilotage automatique. C’est bien fait, mais ça joue trop la surenchère dans l’émotif geignard, que ce soit dans les mélodies mielleuses ou dans les paroles qui enchaînent 17 citations Tumblr edgy à la minute. Casey a semble-t-il perdu son attaque, car sans jamais être mauvais, cet album n’est jamais vraiment bien non plus.

 

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XclocktowerX – Greatest Hits: Vol 2
White belt – USA (Ephyra)

Le hardcore n’est déjà généralement pas le genre musical le plus malin qui soit, alors quand des groupes s’assument clairement comme des blagues, ça vole aussi haut que des hirondelles avant l’orage. XclocktowerX est le side-project white belt straight edge des musiciens de Balmora. Il est possible que la lecture de cette dernière phrase vous donne envie de publier un commentaire insultant à mon égard alors laissez-moi expliquer. Balmora c’est ce nouveau projet prodige de metalcore mélodique du Connecticut ; le white belt est un style éphémère du début des années 2000 qui conjuguait le chaos dissonant du mathcore, l’attitude maniérée et impertinente du sasscore et l’agressivité sourde du grindcore ; et puis les straight edge, vous savez ce sont ces personnes qui boivent des Tourtel Twist en concert sans avoir besoin de prendre la voiture après.

Rien qu’au titre de l’EP, Greatest Hits: Vol 2 alors que c’est leur première publication, on sent que ça va être potache. Les titres des trois morceaux vont confirmer l’impression, à l’image du merveilleux « our other band is better, you should listen to that instead ». Niveau style, tous les potards ont été poussés à 11 : le chant est soit un cri d’oiseau saturé, soit un gargouillement étouffé ; sur les quatre minutes de l’EP, quarante secondes sont utilisées pour le sample introductif tiré de Casino ; et surtout, les breaks sont lancés par des basses boostées complètement absurdes. Une mode qui semble revenir gentiment car on retrouve la technique récemment chez bulletsbetweentongues et Simulakra.

Vous vous en doutez, c’est très bête, mais sous la bêtise, on sent des musiciens talentueux et ça permet de prendre un certain plaisir à l’écoute. À tel point que j’ai déjà dû l’écouter une bonne dizaine de fois.

 

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Farewell Sarathael – Demo
Metalcore – USA (indépendant)

Ça commence à faire un moment qu’on en bouffe du revival edge metal / metalcore mélodique. Comme dit plus haut, le label Ephyra, du Massachusetts, en a fait sa spécialité et on peut dire que même si tout n’est pas au même niveau, quelques jolies pépites ont émergé, comme Balmora (encore eux), Since My Beloved, xNomadx ou Adrienne. Farewell Sarathael est dans l’exacte continuité avec un metalcore strident, émotif voire edgy, et très marqué par le death mélodique et le thrash metal. On sent autant le patronage de Prayer for Cleansing que celui de Skycamefalling et le groupe revendique même une influence des tout premiers Bring Me the Horizon.

Ne vous attendez pas à du metalcore propret et bien produit, car c’est une démo rêche et au mixage amateur qui vous attend. Ce n’est absolument pas pour me déplaire, je trouve même que ça y ajoute un charme suranné, comme celui qui accompagne le plaisir d’avoir trouvé une tape oubliée sur Soulseek. Farewell Sarathael annonce la couleur dès le premier morceau, sans trop d’ambages dans la mesure où les seules paroles de l’intro sont « We speak of liberation ». En effet, les paroles se concentrent surtout sur la souffrance animale, le commerce de la fourrure et le traitement inhumain des vaches laitières. C’est cru, pas subtil pour un sou mais c’est efficace : « If the fur is on your back, the blood is on your hands ».

Cradingue mais redoutablement efficace, cette démo enchaîne les bonnes idées avec une dévotion juvénile absolue, comme sur le break explosif à la fin de « For Mothers » ou le chant scandé à la Poison the Well sur « Past the Confines ». À défaut d’être prodige, Farewell Sarathael touche pour moi l’essence du style, confinée dans une adolescence crispée et une rage inextinguible.

 

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Foxtails – Home
Post-hardcore – USA (indépendant)

Deux ans après la réussite fulgurante de Fawn, Foxtails revient avec un EP plus brut mais probablement aussi plus intime. L’album avait ce côté grandiloquent par l’apport des cordes frottées et bien que ce nouvel EP en conserve quelques unes, plus discrètes, il développe quelque chose de plus pudique.

Pourtant, les compositions sont plus instantanées, crues, avec une production moins léchée. Ce nouvel équilibre permet d’atteindre des moments de grâce comme sur « dereliction », mais peut aussi affaiblir la proposition dans son ensemble avec des segments à la justesse discutable sur « deconstruction ». On sent que Foxtails a utilisé ce court EP pour expérimenter davantage et s’approprier des couleurs qu’on ne leur avait pas encore vues, comme avec ce beat trip-hop sur « dissection ». Au chant, Blue Luno Solaz, à part sur la fin du dernier morceau, brille toujours autant par sa palette vocale. Home est un EP qui donne beaucoup d’attentes pour ce que Foxtails nous réserve.

 

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fallingwithscissors – The Death and Birth of an Angel
Metalcore dissonant – USA (indépendant)

fallingwithscissors ne sort pas de nulle part mais presque, car quasiment personne n’avait écouté leurs sorties précédentes. Le groupe du Minnesota a radicalement changé sa recette et a explosé dans le milieu underground du jour au lendemain. Faut dire qu’ils n’y vont pas de manière extrêmement subtile car ils s’inspirent très fortement de deux groupes qui ont eu le vent en poupe récemment : Vein.fm et Fromjoy.

On est même pas loin du pastiche car tout y est : samples omniprésents, glitchs et patterns électroniques, riffs compressés, ambiance chaotique, wee wee et panic chords et même ce chant clair lo fi caractéristique, noyé sous les riffs. On retrouve aussi les incursions électroniques de Fromjoy sauf que chez les premiers c’est surtout des variations de drum and bass alors qu'ici on est plus sur du breakcore ou même hardstyle à la fin de « (un)equivalent_exchange ».

En soi, la lourde inspiration ne me dérange pas, ce qui me chiffonne davantage c’est que cet EP ne vient pas corriger le principal défaut de ses deux influences : l’hétérogénéité, l’inconstance. Ça ne tient pas en place, mais j’ai aussi du mal à voir ce que ça essaie de construire sur le temps long. C'est efficace sans aucun doute et interprété avec beaucoup de conviction mais bonne chance pour mémoriser des passages dans ce qui finit un peu par sonner comme un pot pourri de sonorités diverses.

 

 

Très frustré de ne pas pouvoir m'étaler plus longuement sur ces sorties, je vous ai refait un petit condensé d'autres disques sortis sur la période : 

  • Dans le rayon - qui commence à être bien chargé - du metalcore beatdown voyou avec influences death metal, c’est encore les Anglais qui viennent mettre du pain sur la table avec le nouvel album de Splitknuckle. C’est évidemment con comme la lune, avec une variété pas déplaisante. Malgré tout, je le trouve un peu en deçà de ce que proposent déjà Bloodfury, Despize ou Malignant Methods.

  • Deux des espoirs de la scène emoviolence se sont réunis pour un split sorti chez Zegema Beach. Gxllium fait dans l’emoviolence chaotique et impertinente avec beaucoup d’éléments sasscore, dans un style très nostalgique qui ne m’a personnellement pas convaincu. Sur l’autre côté, Onewaymirror, qui avait publié un solide album en 2023 dans le style emoviolence birdshriek (quand le chant saturé est particulièrement aigu et rappelle le cri des oiseaux, comme chez Senza, In Loving Memory ou Love Lost But Not Forgotten), poursuit ici avec les deux meilleurs morceaux de l’EP, moins stridents que leur précédente production, mais tout aussi pugnaces.

  • James Pligge, le chanteur de Harm’s Way, a aussi un groupe de death metal, nommé Hate Force, avec des membres de Weekend Nachos et Like Rats. Ils viennent de sortir leur deuxième album dans un registre death sombre, compact et putride, avec son lot de mid-tempos. Les fans de Gatecreeper et Bolt Thrower pourront accrocher mais ne vous attendez pas au même niveau de créativité, car Hate Force est bien plus basique. 

  • Vous n’aviez pas vu venir un revival My Chemical Romance ? Moi non plus. Pourtant c’est le créneau de The Requiem avec leur premier album, entre post-hardcore et emo-pop. C’est donc très nostalgique et sirupeux et c’est tout naturellement réalisé par des mecs en jabots et vestons. Faites en ce que vous voulez.

  • Côté screamo, vous pouvez aller sans crainte vers le deuxième album des Autrichiens de Pettersson qui sont à mi-chemin entre du Envy-core et du skramz européen haut du panier. Les progressions sont bien gérées dans l’intensité, aucune faute de goût n’est à déplorer et surtout l’intérêt est constamment maintenu, même dans les moments plus contemplatifs. 

  • J’ai été attiré par les promesses du dernier Sudestada, neocrust / black crust espagnol. Son parti pris, très intense, est intéressant mais je trouve que ça reste assez sage sauf sur quelques parties neocrust / screamo qui s’avèrent être les plus inspirées en se rapprochant d’un Tenue en plus metal.  

  • Dans son tout premier album, le groupe de metalcore australien Bloom conjugue des influences très Counterparts à un metalcore moderne, mélodique avec des refrains en voix claire. Les parties agressives marchent très bien (« An Exit »), mais encore une fois le chant clair me perd complètement.