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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Shadow Gallery

Digital Ghosts

LabelInside Out
styleMetal progressif
formatAlbum
paysEtats-Unis
sortieoctobre 2009
La note de
U-Zine
8/10


U-Zine

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Shadow Gallery n'est pas ce que l'on peut appeler un groupe débutant. Cela fait dix-sept ans que leur premier album est sorti et Digital Ghosts est leur sixième album, si l'on exclut Prime Cuts, un best-of sorti il y a maintenant deux ans. La première information que l'on peut donner c'est que ce groupe est à géométrie variable. La liste des invités est longue et concerne tous les postes : le chant avec la présence de Ralf Scheepers de Primal Fear, la batterie avec le retour de leur ancien batteur Joe Nevolo, la guitare avec Srdjan Brankovic d'Expedition Delta et le clavier avec Vivien Lalu de Shadrane. Le groupe a su se former des amitiés solides et un carnet d'adresses rempli au cours de leur longue carrière et peut se permettre une telle fantaisie avec leur statut de vétérans du progressif.

Il est clair que ce nouvel album ne s'inscrit guère dans la mouvance actuelle de musiques progressives tirant sur un métal de plus en plus extrême avec un son plutôt précis et acéré, presque froid. Ici on tire vers l'énergie rock, et le son est chaud et profond, il suffit d'écouter la batterie et particulièrement la caisse claire pour s'en convaincre. On est plus dans le coup de massue que dans le coup de fouet. Le son en général sonne assez old school, mais comme vous êtes prévenus, pas de raison de trouver ça désagréable !

Le thème de cet album semble tourner autour de la notion de perte. Les titres sont concis et accrocheurs, on ne sent pas vraiment une tendance à l'optimisme dans des Pain, ou Haunted ou encore Venom. Mais on peut largement pressentir une ligne de conduite pour ces titres. Si l'on prend Venom en exemple, le groupe nous joue là une composition énergique aux tons presque agressifs avec une partie centrale solide et presque heavy suivie par des chœurs doublés de soli de guitares qui rapprochent Shadow Gallery de Symphony X, groupe duquel ils semblent se réclamer (au moins au niveau promotionnel). C'est d'ailleurs plus au début du groupe qu'il faudra se référer si vous voulez tirer un parallèle entre les deux formations et non le Symphony X sombre et très puissant d'aujourd'hui.

La performance du chanteur est assez exceptionnelle. Brian Ashland vient remplacer Mike Baker, décédé il y a quelques temps. Pas facile de remplacer un des membres fondateurs du groupe, mais il le fait avec talent et personnalité. Son registre de chant est large et toujours à-propos comme la fabuleuse reprise après le premier solo de guitare dans Strong, où il s'épanouit dans un registre rock groovy à souhait. Il est d'ailleurs souvent épaulé par des chœurs de backing vocals, tellement typiques du prog rock. Après les deux premiers titres, on finit même par penser qu'ils en abusent, mais un refrain comme celui de Gold Dust justifie à lui seul leur utilisation à outrance.

Alors bien sûr vous êtes dans le monde du progressif, donc le travail sur les compositions et les ambiances est travaillé à l'extrême. Sans tomber dans le délire technique, Shadow Gallery varie et n'ennuie (presque) jamais. Toutes les chansons sont au-delà des six minutes et chacune porte en elle une vraie marque de fabrique, une touche de jazz (sur le titre éponyme), des plans à la Queen, des passages grandiloquents, des riffs heavy, des duos piano-voix (Haunted). Et souvent une chanson ne reste pas dans un carcan musical, si l'on prend Haunted en exemple le passage de départ cache l'arrivée des guitares qui vont secouer l'auditeur avant de monter sur un final paroxysmique pour finalement retomber sur un fade out à la batterie, comme une métaphore de la vie (de leur ancien membre).

On ne niera pas que dans cet océan de bonnes choses, parfois on ressent parfois quelques longueurs, car certains passages auraient mérités d'être plus courts. Pas simple de jauger le bon dosage et garder une cohérence dans le morceaux afin de soigner ses enchaînements. Mais cette petite réserve n'est rien si on la met face à l'incroyable musicalité de Digital Ghosts et du plaisir qu'on en tire à l'écouter. On sent le fantôme de Baker planer au dessus du groupe mais sans malveillance plutôt comme un souvenir ému qui a guidé les mains des musiciens afin de lui composer le plus bel hommage qui soit. D'ailleurs si vous achetez la version limitée, vous aurez droit à deux démos enregistrées par feu leur chanteur. Une dernière pour la route. L'horizon de Shadow Gallery semblait bien sombre mais ils ont su assurer une continuité qui ne laissera pas le monde du progressif orphelin une seconde fois.

01. With Honor - 09:59
02. Venom - 06:21
03. Pain - 06:22
04. Gold Dust - 06:45
05. Strong - 06:50
06. Digital Ghost - 09:37
07. Haunted - 09:36