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Album

30 avril 2018 - Storyteller

Kino

Radio Voltaire

LabelInside Out
styleRock progressif classe
formatAlbum
paysUK
sortieavril 2018
La note de
Storyteller
8.5/10


Storyteller

Why not ?

Kino, pour ceux qui n'ont pas fait allemand ou russe en LV2, c'est le cinéma. Et quand on regarde un peu plus loin , c'est aussi un mouvement artistique canadien dont la devise est « Faire bien avec rien, faire mieux avec peu, mais le faire maintenant ». Et quand on regarde le groupe dont nous allons parler aujourd'hui, on s'aperçoit à quel point la situation est amusante. Kino est un groupe de rock progressif anglais. Les membres qui le composent sont originaires de formations plus que connues dans le monde du prog (It Bites, Frost*, Marillion). Donc pour le « faire bien avec rien » on repassera, tout comme le « faire maintenant » puisque treize ans séparent les deux albums du groupe. Ça laisse le temps à la réflexion.

Et il aura fallu une sollicitation du label Inside Out pour que John Mitchell se décide à remettre la formation sur les rails. Après avoir réuni ses petits camarades de Picture (le premier album), changé de batteur, les voilà partis sur Radio Voltaire, hommage à notre philosophe et ses conceptions de la liberté de pensée, d'expression, même si Mitchell se défend de présenter un concept album. Il parle quand même d'une certaine vision de la mort à laquelle il adhère.

Onze titres, une production équilibrée, un album dont l'écriture a débuté en août 2017 et qui a été enregistré en deux mois à la fin de 2017 avec comme contrainte les contingences des musiciens engagés dans d'autres groupes (le clavier partant en tournée avec Fish par exemple). On passera sur la pochette, sauf pour dire qu'ils se sont attaché les services de Paul Tipett avec qui John Mitchell a l'habitude de travailler. C'est très psychédélique, et colle peut-être plus au titre Dead Club qu'au reste de l'album.

Et celui-ci de commencer par la chanson-titre. On comprend tout de suite là où se tient le talent du groupe, la rengaine de claviers, ces quelques notes donnent une plus-value immense à Radio Voltaire et surtout annoncent la suite. Ça sent bon la grande classe. Et la suite ne va pas vraiment démentir ce constat. Les plus impatients avaient découvert Dead Club en avance et avaient pu apprécier les expérimentations de sons de claviers doublées d'une grosse guitare. C'est un peu fou et en même temps au service d'un propos, on ne s'attend pas à quelque chose de paisible pour le « club des morts » !

D'ailleurs, les chansons les plus chargées d'émotions semblent porter un message ou raconter une histoire comme Keep The Faith, titre très prenant sur la transmission à son enfant de vérités sur la vie et le monde ou Idlewild, dont le nom semble nous emmener loin dans un bled perdu de l'ouest américain (les paroles ne reflètent pas forcément mes théories, ce n'est qu'un ressenti). Et l'apogée vient à la fin de l'album avec The Silent Fighter Pilot. On sent chaque doute, chaque émotion, chaque chagrin de ce pilote qui semble réfléchir sur ses actes. L'ensemble est extraordinairement dense et léger à la fois, beaucoup de piano-voix et une caisse claire militaire. Derrière ces instruments, on entend une rengaine très discrète mais dissonante comme pour mettre en musique ces doutes.

On sent que le talent de storytelling de Mitchell fait la différence, et la musique, même si elle est progressive, n'est jamais snob. D'ailleurs les morceaux sont relativement courts, ce qui joue en faveur de leur accessibilité. Kino n'a pas besoin d'en faire trop : In Warmth of the Sun ne dure qu'une minute et quarante secondes et pourtant on se sent allongé dans l'herbe, regardant les nuages par une belle journée de printemps. La musique n'est jamais snob mais n'en reste pas moins exigeante et variée. On a vu la partie plus posée mais Grey Shapes on Concrete Fields est aussi la démonstration que Kino sait jouer l'intensité et la distorsion, les breaks tordus et le groove. La partie finale est un crescendo d'énergie à grands coups de guitares particulièrement réussi et qui casse le côté parfois sirupeux de le seconde moitié de l'album.

Si je semble très enthousiaste, c'est que Radio Voltaire répond aux attentes qu'on se fait d'un tel album. Clairement marqué progressif et rock, on s'attend à un disque intelligent mais pas intello, posé mais pas pépère, et surtout avec des histoires que l'on a envie d'écouter et de suivre. Bien sûr en se penchant sur les textes de Kino, on ne pourra que plus profiter des mélodies et des ambiances. Alors il ira sans aucun doute dans ma liste de recommandations et on ne peut que regretter qu'ils ne prévoient pas de présenter le disque en live.

 

Tracklist :

1. Radio Voltaire (7:06)
2. The Dead Club (4:12)
3. Idlewild (6:03)
4. I Don't Know Why (5:25)
5. I Won't Break So Easily Any More (5:30)
6. Temple Tudor (4:32)
7. Out Of Time (6:22)
8. Warmth Of The Sun (1:50)
9. Grey Shapes On Concrete Fields (4:42)
10. Keep The Faith (5:38)
11. The Silent Fighter Pilot (4:50)
- Bonus tracks -
12. Temple Tudor (Piano Mix) (4:29)
13. The Dead Club (Berlin Headquarter Mix) (4:02)
14. Keep The Faith (Orchestral Mix) (5:34)
15. The Kino Funfair (1:00)