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jeudi 11 décembre 2014

Kylesa + Lazer/Wulf

Connexion Live - Toulouse

U-Zine

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Il y a des habitudes qu’il est bien difficile de changer. Traditionnellement, Toulouse Hardcore Shows organise ses concerts depuis des années et des années au Saint des Seins, offrant à ce bar de la place Saint-Pierre un statut particulier de lieu devenu culte pour le rock toulousain. Imaginer THS organiser un concert ailleurs était une gymnastique d’esprit qui donnait mal au crâne. Et pourtant, depuis quelques mois, la salle qui monte, c’est le Connexion Live. Depuis son réaménagement intérieur de l’an dernier, Noiser, Jerkov, SPM, Brutal Frog, La Meute et bien d’autres ont fait vibrer le Connexion Live en 2014 avec des groupes aussi talentueux et sympathiques que Turisas, Nashville Pussy, Benighted, etc ...

Et pourtant, preuve qu’il ne faut jamais dire jamais, THS se met lui aussi à taquiner le Connexion. Bien grand mal lui en prend, puisque la salle semble lui être maudite. Maudite, rien que ça ? La réponse en deux étapes. Acte 1 : Architects, le 11 juin lorsque les vigiles demandent à toute personne semblant mineur leur carte d’identité. Evidemment, tout le monde ne l’a pas, certains se font refuser l’accès malgré l’achat de la place, ça gueule, surtout sur les réseaux sociaux, certains réussissent à tricher et entrer quand même, d’autres partent avec le bon espoir de se faire rembourser. Acte 2, l’objet de ce présent live-report : Kylesa.

La veille du concert, le couperet tombe : « Suite à des contraintes économiques et sportives nous nous voyons dans l'obligation d'annuler la présence de The Great Old Ones demain soir au Connexion Café. Le concert débutera à 20h pétantes pour terminer à 22h. ». Deux raisons à ces changements : le peu de préventes mettant en péril la santé financière de l’association, et le changement de l'horaire du match de l'équipe de France de football qui passe à 22h au lieu de 18h. OK … donc, un groupe en moins et deux groupes qui seront expédiés en deux heures, ça sent la soirée épique. Eh bien … accrochez-vous parce que ça ne va pas être triste.

 

LAZER/WÜLF

A défaut de commencer avec le post-black des bordelais de The Great Old Ones (que Toulouse Hardcore Shows nous promet néanmoins de reprogrammer au plus vite), nous voilà en tête à tête avec Lazer/Wülf. Ce power trio nous vient tout droit d’Athens, non pas en Grèce mais dans la banlieue d’Atlanta, aux States. Un choix de première partie assez surprenant de la part de Kylesa puisque le groupe n’a sorti que 2 EP en 9 années d’existence. Néanmoins, la proximité géographique et vaguement musicale peut expliquer le rapprochement entre les deux formations. En effet, à l’instar de Kylesa, Lazer/Wülf donne dans l’expérimental.

Oscillant dans des eaux troubles, à cheval entre plusieurs genres musicaux (death, thrash, groove, sludge, …) le trio nous offre 35 minutes de musique quasiment exclusivement instrumentale, à l’exception de quelques onomatopées. Leur musique sait se faire aussi mélodique que brutale mais se caractérise par des cassures de rythmiques très fréquentes, ainsi qu’une variété impressionnante de riff. La recherche musicale est donc mise en avant tout au long du set que les trois musiciens vivront en total osmose. A ce propos, on notera les mimiques de Bryan Aiken, guitariste du groupe, totalement en transe sur sa propre musique et la qualité du jeu de Sean Peiffer, qui martyrise sa basse avec talent. Le groupe effectue aujourd’hui sa première date en France et Lazer/Wülf l’a visiblement bien préparé puisque le guitariste s’exprime avec quelques bribes de français. Malgré un set sympathique on déplorera en revanche le peu d’ambiance dans le public, causé par une foule vraiment trop peu nombreuse.
 

 

KYLESA

Le dernier passage de Kylesa dans la Ville Rose datait de 2011, lorsqu’ils avaient joués au Saint des Seins le lundi suivant le Hellfest, autant dire une date pas évidente. Le schéma est quasi identique ici : après un set dantesque au Hellfest qui aura marqué de nombreux festivaliers, le groupe se retrouve quelques jours plus tard à Toulouse devant …73 personnes. Ouaip, vous avez bien lu. 73. Pour Kylesa MAIS TOULOUSE C’EST QUOI TON PUTAIN DE PROBLEME ? TU AS CLAQUE TOUTE TA THUNE DANS LA GRANDE ROUE DU HELLFEST ? Ah, pour faire le con devant le tsoin-tsoin-metal de Trollfest, il y a du monde. Pour venir mater de la suédoise à Crucified Barbara, là aussi, y a du monde. Mais pour encourager des groupes de qualité, certes plus confidentiel mais tellement bourré de talent comme Kylesa, il n’y a manifestement plus personne.

Pourtant, Kylesa, c’est l’incarnation de la recherche sonore et visuelle. Vous voulez du chiffre ? Pour le son, pas moins de 58 pédales d’effet sur scène (ouais, j’ai compté !), et pour le visuel, 5 vidéo-projecteur en plus d’un ingé-light qui créé en temps réel des figures psychédéliques projetés via une tablette tactile adaptée. Ah, autant dire que ça avait de la gueule.

Malheureusement, est-ce la fatigue ou le peu de monde présent (?), mais il n’en reste pas moins que lorsque Kylesa entre sur scène, on sent le groupe absent, ailleurs … sur les rotules presque. Même si on est habitué à ne pas voir Laura Pleasants particulièrement expressive, ce soir, son visage est voilé, le regard est lointain. Pourtant, le groupe est impliqué, concentré dans ce qu’il fait. Son dernier album, Ultraviolet, sorti en mai 2013 avait été bien accueilli par le critique et naturellement la setlist de ce soir est composé de quelques titres de cet album, à commencer par la sombre Unspoken, qui avait fait l’objet d’un clip.

Pour autant Kylesa n’en oublie pas ses précédents albums avec quatre titres de Spiral Shadow et cinq de Static Tensions. Coté visuel, l’ambiance psychédélique est envoutante et permet d’entrer en douceur dans l’univers complexe du groupe. Coté son, la recherche est permanente, notamment lorsque Phillip Cope utilise une antenne à la manière d’un thérémine. La double batterie offre une lourdeur tambourinant sur les parois crâniennes tandis que Chase Rudeseal, le nouveau bassiste depuis l’an dernier s’en sort bien malgré une remarquable discrétion. A gauche de la scène, Laura Pleasants fait le travail sans véritable passion.

Running Red se termine, Kylesa sort de scène, il est 21h56. Déjà sont allumés l’écran géant à l’autre bout du bar tandis qu’à l’extérieur, sur la terrasse on sent la ferveur populaire monter alors que l’équipe de France de football rentre sur le terrain. Un coup d’œil à la setlist nous rappelle qu’il reste deux titres : Nature's Predators et Said and Done. A droite de la scène, Chase et Philip cherchent du regard Laura. Dans leurs yeux, une réelle envie de remonter sur scène pour terminer le show malgré l’horaire, malgré la fatigue. Mais à gauche de la scène, Laura a disparu, elle ne reviendra pas. Le concert est terminé, le public est déçu. Dehors, ça chante la Marseillaise. La France fera un match nul.

Comment en est-on arrivé là ? Une salle qui a semble-t-il préféré le divertissement sportif de masse plutôt qu’à la qualité artistiques des groupes qui s’y produisaient obligeant deux groupes à jouer en deux heures, au détriment d’un rappel pourtant attendu ? Un manque flagrant de soutien du public (pourtant nombreux, vu la réussite des 4 soirées metal organisé le 30 mai) pour sa scène ? Le concert avait pourtant fait l’objet d’un flying massif et était annoncé partout. Une place de concert un peu cher ? Probable. Ce soir, je suis déçu.

Intro
Tired Climb
Forsaken
To Forget
Don't Look Back
Quicksand
Unspoken
Long Gone
We're Taking This
Hollow Severer
Unknown Awareness
Scapegoat
Running Red
Nature's Predators (non-jouée)
Said and Done (non-jouée)
 

Merci à Wilo et THS pour l’orga de ce concert dans des conditions très compliquées. En espérant que l’avenir te sois plus favorable ! Courage !