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jeudi 11 décembre 2014

Psycroptic + Cephalic Carnage + Ion Dissonance + Hour of Penance + Dyscarnate

Le Nautilys - Comines

U-Zine

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Eh bien, c’est pas tous les jours qu’une affiche comme ça nous fait l’honneur de passer par notre région pestiférée ! Ce samedi à Comines, on aura donc droit à du bourrin, du technique, du foufou, bref tout ce qu’on aime, puisque c’est la tournée européenne réunissant en co-headlining Cephalic Carnage et Psycroptic qui pose ses valises près de la frontière belge, le temps de foutre le feu au Nautilys. Avec un sacré bonus tout de même, puisqu’entre autres dans l’affiche nous aurons également droit aux raviolis de Hour of Penance !

On ze road, direction Comines donc, dans cette petite salle qu’est le Nautilys. Vu de l’extérieur, ça claque pas mal, et la taille me rappelle aux bons souvenirs de la MJC de St André (qui n’accueille à présent plus de concerts metal… mairie de merde !)… 18h, ça doit bientôt commencer là non ? Ah bah non, y’a du retard, finalement l’ouverture est à 19h30 ! On aura donc bien eu le temps de se geler les miches, 1h30 en t-shirt par moins de 10 degrés (on est true ou on l’est pas hein !), et c’est parti avec les britanniques de Dyscarnate.

Dyscarnate

Et le moins qu’on puisse dire, c’est que l’organisation a finalement bien fait de décaler un peu le concert : cela aura permis aux trois compères de ne pas jouer devant une assemblée vide. La salle est à peu près à moitié vide (ou à moitié pleine, selon votre humeur) pour la prestation du groupe, qui aura le mérite de rapidement nous réchauffer. C’est que le trio a un album tout récent : « Enduring the Massacre », sorti en mai dernier, qui ne m’aura pas réellement impressionné mais qui ne laisse pas indifférent non plus. La musique de Dyscarnate est une sorte de brutal death avec quelques touches de « core », les deux influences les plus perceptibles à mon sens étant Dying Fetus et Skinless (ce qui est déjà une preuve de bon goût en soi). Concernant l’influence Dying Fetus, sur scène c’est encore plus flagrant que sur album, car la configuration est identique, c’est-à-dire un batteur, un bassiste-chanteur et un guitariste-chanteur (ce qui permet de varier un peu les voix, pour un effet schizophrène bien réussi).

Le groupe laissera donc une belle part à son dernier album, notamment le morceau d’ouverture « An Axe to Grind » ou « Judecca » et sa mosh-part bien sentie en milieu de morceau, qui rend bien mieux en live que sur album. De manière générale, j’ai été agréablement surpris, le groupe est technique, relativement carré, et leur brutal death envoie bien sur scène ! Même si la configuration du trop rend le tout un peu statique, on ne s’ennuiera pas pendant les 35 minutes, et l’audience semble apprécier. Les quelques problèmes de son à la fin du set en deviennent anecdotiques, et nous apercevrons même quelques jeunes fifous (déjà bourrés à huit heures du soir, petits joueurs !) s’agiter devant le groupe, qui semble content d’être là !

Hour of Penance

Une bière et quelques débats sur le black metal nazi et les intégristes catholiques (ben voyons), et nous revoilà dans la petite salle (fort sympathique d’ailleurs) du Nautilys, devant les transalpins de Hour of Penance. Autant dire que la vie de groupe a connu quelques événements tumultueux cette année, avec le départ de leur batteur ainsi que leur emblématique chanteur Francesco Paoli, suite à des déboires durant une tournée en Espagne. Moi qui était impatient de voir ce que le Paoli donnerait en live, je ne pouvais qu’être déçu, du moins par le chant.

C’est donc Paolo Pieri (Aborym, Malfeitor) que l’on voit prendre le micro sur scène, arborant fièrement un t-shirt Fleshgod Apocalyspe (qui est aussi l’autre groupe de Francesco Paoli… vous suivez toujours ou je reprends au début ?). Et là, sentiment mitigé : le son est excellent, on discerne parfaitement les mélodies du groupe (bien présentes sur l’album Paradogma), mais par contre le chant a nettement moins d’ampleur que sur album, et les zicos sont loin d’être aussi carrés en live qu’en studio. Par contre, ça bouge bien, le chanteur essaye même (sans succès) d’haranguer le public. Enchaînant les titres avec vélocité (à défaut de la précision), les quatre envoient et finalement, impossible de résister à l’appel du headbanging ! Enfin en ce qui me concerne, car la salle (à moitié vide) était bien mollassonne (les jeunes fifous sont allés chercher leur casquette en prévision d’Ion Dissonance), ce qui semblait d’ailleurs décevoir le groupe. La grosse demi-heure de set est passée à vitesse grand V, et les titres de Paradogma sont taillés pour le live (mention spéciale à « The Woeful Eucharisty ») ! J’en voulais encore !!

Ion Dissonance

Incontestablement le groupe qui avait le plus de succès au merchandising. Normal, c’était la première fois que le groupe jouait en France, on imagine depuis combien de temps les fans attendaient ça ! Et une fois dans la salle l’effet ne s’est pas estompé : des jeunes à casquette, tournant les bras autour d’eux sans faire attention où ils foutent leurs poings, ça c’est l’effet « core ». Passons. Les Québécois d’Ion Dissonance font partie des seuls groupes dans le deathcore/ mathcore (core, quoi) que j’apprécie. « Cursed » m’avais même sacrément mis une race, mais là, j’ai été un poil déçu. Déçu, parce que le côté brutal de l’album et le son monolithique, « messhugesque », laisse plus de place au côté « à la Despised Icon » (RIP) du groupe. C’est pas que c’était pas brutal, au contraire ! Brutal, ça l’était. C’était même le concert le plus brutal de la soirée, avec une salle nettement plus remplie que pour les groupes précédents, un groupe efficace qui dégage une folie destructrice, et les jeunes fifous des groupes précédents qui ont ameuté tous leurs potes. Allez, j’dirais pas que j’ai été déçu, juste que « finalement j’aime pas ».

Le son quant à lui était à l’image de la musique du groupe : apocalyptique. On ne discernait finalement pas grand-chose, j’ai juste pu reconnaître « You People Are Messed Up » et « The More Things Change The More Stay The Rest », extraits du dernier album. Reste que les cinq de Montréal ont mis tout le monde d’accord sur la prestation scénique. Je sais pas depuis combien de temps ils avaient pas mangé de Caribou, mais ils étaient sacrément affamés les gaillards ! Kevin, tout sourire, nous fait un speech entre chaque morceau (en Québécois, ça me fait toujours sourire mais ça rend le groupe encore plus sympa), et les zicos se défoncent vraiment pour le public, respect. On aura même le droit a « vous avez un putain de public en France ! ». Et là je repensais déjà à Hour of Penance jouant devant une assemblée apathique. C’est moche la vie parfois…

Cephalic Carnage

Sur cette tournée, Cephalic Carnage et Psycroptic sont en co-headlining, par conséquent selon les dates, ils prennent chacun leur tour la tête d’affiche. Ce soir ce sera donc Psycroptic qui aura la tâche de fermer le bal, mais pour l’heure, place aux déjantés Américains de Cephalic Carnage. Si leur dernier album, sans être mauvais, est loin d’afficher la folie que le groupe avait montré jusqu’à présent, le groupe se rattrape sans problème en live ! Le temps d’un petit échauffement de 5 minutes… Car oui, pendant les premières minutes du show, je me suis demandé si j’allais pas passer mon concert à me faire un sandwich, parce que là y’avait assez de pain pour nourrir une dizaine de Leonard « Lenzig » Real ! Puis le groupe s’est repris, instaurant une énergie hors du commun. Les retourneurs de cerveau sont en forme olympique, ça saute dans tous les sens, et même les morceaux du dernier album passent l’épreuve du live avec brio : exit le tout pourri « Incorrigible Flame », bonjour « Warbots A.M. » ou « Abraxas of Filth » ! Les morceaux extraits de « Xenosapien » ont tout naturellement rencontré du succès parmi le public (Endless Cycle of Violence, l’excellent Divination and Violation) et on a eu droit à quelques vieilleries où le concert prend une tournure complètement folle. Deux morceaux restent parmi les grands moments du concert, il s’agit de « Observer to the Obliteration of Planet Earth » sur lequel le bassiste (bien bien remuant pendant tout le concert, et également impressionnant lorsqu’il prend les vocals) se tôle et continue de jouer par terre, et l’excellent « Lucid Interval » qui clôturera le concert. Ahh, ce que c’est bon de voir un groupe partir en couille comme ça ! Magistral ! A noter que Brian Hopp, qui a la lourde tâche de succéder à Zac Joe (membre fondateur du groupe), semble avoir bien pris ses marques au sein du groupe. Le groupe n’a par contre joué que 45 minutes, ce que je trouve dommageable si c’est à cause des retards du début de soirée…

Psycroptic

Place maintenant au death technique de Psycroptic, qui, parité oblige, jouera également 45 minutes. Et là, pas besoin de tour de chauffe, les mecs envoient direct ! Que ce soit l’impressionnant gratteux, Joe Haley, le bassiste ou le batteur, les musiciens enchaînent les titres techniques avec une impressionnante précision. Et le son… ce son ! Sans être trop faiblard, il était d’une rare précision pour un concert metal, chaque note était parfaitement intelligible : j’ai beaucoup apprécié !

Jason Peppiat s’époumone de toutes ses forces, les titres de (Ob)servant se taillent la plus grosse part du gâteau : (Ob)servant bien sûr, ou A Calculated Effort… Le tout s’enchaîne sans temps mort, moi je suis déjà en transe, je ne sais pas où mais ma tête n’est plus au Nautilys (et c’est pas à cause des bières)… et lorsque je reprends mes esprits, mon regard se porte vers Joe Haley, devant moi, en train d’astiquer son manche… Sans pouvoir m’empêcher de lâcher un « oh l’enculééé » lorsqu’il se lance dans les parties les plus techniques de Psycroptic.

Le plus fort, c’est que le tout n’est absolument pas statique, les musiciens se défoncent vraiment comme il faut (bon, sans atteindre la folie de Cephalic Carnage, faut pas déconner non plus), et c’est là qu’on voit l’avantage d’avoir un chanteur à part entière, par rapport à un groupe comme Necrophagist, assez statique sur scène… Minuit et quart, le temps d’un petit Horde in Devolution (j’ai un gros faible pour celui-là, ne serait-ce que pour son riff oriental dévastateur à 1 :40 puis à 3 :40), et la soirée est finie… encore passé trop vite, mais très heureux d’avoir pu découvrir en live deux groupes aussi impressionnants !

Bravo en tout cas à l’organisation pour avoir obtenu ce joli plateau dans le Nord (il me semble que cette date a été rajoutée, car elle n’est pas présente sur l’affiche de la tournée que j’ai pu voir…), et surtout merci de m’avoir permis de vivre enfin un live de Psycroptic et Cephalic Carnage, qui font vraiment partie du haut du panier de la scène brutale. Et tout ça pour 12 malheureux euros ! Pas de pitié par contre pour les imbéciles qui foutent des coups à tout le monde : faites ça entre vous, ok, mais allez pas provoquer les autres qui n’ont rien demandé ! Ca provoque des bastons, et ça a sacrément plombé l’ambiance pendant une partie du live de Cephalic Carnage… voilà c’est dit.

A part ça, soirée vraiment excellente, j’ai découvert une bonne petite salle avec le Nautilys ! Et si ces deux groupes passent par chez vous, allez-y bordel !!

Gros merci à Mat de m’avoir covoituré jusque Comines, et à Zaki pour les bières ! (que voulez-vous, j’suis toujours fauché !)