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mercredi 28 novembre 2007

Prime Sinister

96, Pills, Fuse

U-Zine

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Fin novembre, les membres de Prime Sinister nous accordait avec gentillesse un peu de leur temps, pour nous parler de leur groupe et futurs ambitions. Petit récit en règle de cet entretien, où l'actualité du groupe nous est comptée sans langue de bois.

Pouvez-vous présenter Prime Sinister à nos lecteurs ne vous connaissant pas et qui voudraient en savoir plus sur la genèse du groupe et le projet musical.

96 : Prime Sinister est un trio composé de Pills à la gratte et au chant, de Fuse derrière les fûts et de moi même à la basse. Notre musique c’est du Rock n’Roll qui tâche, relevé à la sauce samples et métal, et nous avons l’habitude de jouer très fort.
Pills : Prime Sinister est né, il y a un an, le jour où nous avons viré notre ancien chanteur, en fait. Il n’y a que l’image et le nom qui soit vraiment nouveau car nous écrivions déjà la musique dans notre précédente collaboration…

Sans revenir sur votre départ d’Undercover Slut et sans rentrer dans une multitude de détails sur vos différends avec « O », quels bénéfices tirez vous de cette expérience musicale. ?

Pills : Humainement on y a gagné beaucoup, il passait son temps à magouiller dans le dos du groupe. Le milieu musical est déjà assez difficile, on n’allait pas perdre notre temps avec ce petit looser. Musicalement, du fait de ses grosses faiblesses vocales, nous sentions que nous tournions en rond avec lui…La liste est longue en fait mais dis toi que maintenant on n’a plus de boulet derrière nous.
96 :Nous avons beaucoup appris sur les ficelles du métier, autant sur les relations médias que sur le business discographique. C’est plus facile pour repérer les enculés. L’essentiel est que nous prenons encore plus de plaisir à jouer tous les trois.
Fuse : Toute expérience, bonne ou mauvaise est enrichissante. On ne regrette rien, on continue notre chemin et pour cela il fallait se débarrasser d’une personne.

Vos différentes dates effectuées aux Etats-Unis ont-elles forgé le caractère et l’identité musicale de Prime Sinister. ? Qu’avez-vous appris durant les tournées ?

Pills : Les tournées US nous ont appris à tourner dans des conditions difficiles certes, mais c’est sur le plan humain qu’on a le plus appris là-bas… À mes yeux c’est ce qui a créé Prime Sinister. On s’est rendu compte qu’on aimait beaucoup jouer ensemble et que même si on se débarrassait de l’autre « tâche », on continuerait de toute façon à faire notre musique…
96 : Du fait de leur culture Rock beaucoup plus importante, les groupes qui tournent là bas ont une attitude et un groove bien spécifique que l’on retrouve rarement en France. Nous avons beaucoup appris en partageant la scène avec ces gars, et ça nous a permis de développer un certain feeling.
Fuse : On a rencontré des gars comme Billy Sheehan, Dizzy des Guns & Roses, Nick Lucero des Queens of the Stone Age… Tu apprends beaucoup en discutant avec eux! Prime Sinister porte clairement l’empreinte des Etats-Unis, c’est là-bas que le groupe est né…

Regrettez-vous aujourd’hui votre départ et la disparition du buzz médiatique autour d’Undercover Slut ?

Pills : Nous n’avons aucun regret, sur le plan médiatique, ne t’inquiète pas pour nous, il y en a eu quand nous étions dans UCS, il y en aura pour Prime Sinister…
Fuse : On en a rien foutre, on est pas là pour jouer les rock stars. On fait de la musique et on le vit !

Cette période un tant soit peu enrichissante a t-elle eu un impact sur le travail de composition de « In Guns We Trust », ou êtes-vous simplement repartis à zéro, sur de nouvelles bases ?

Pills : Comme je te disais, la musique c’est nous qui la faisions dans UCS, ce n’était pas à nous de repartir à zéro si tu vois ce que je veux dire…

Plus sérieusement parlons d’avantage de Prime Sinister. Comment s’annonce votre premier album ? Ressentez-vous une certaine pression à l’aube de la sortie de l’opus ?

Pills : Sincèrement, nous sommes très confiants et très satisfaits. On a tout fait avec de petits moyens, mais au final, c’est bien puissant aussi bien sur le plan musical que visuel. Les quatre titres démos ont été réenregistrés et les autres devraient beaucoup plaire. On verra, l’important c’est que nous soyons déjà satisfait et sûrs de nous…
96 : Le tout sonne très bien, chaque morceau a sa propre ambiance et apporte sa pierre à l’édifice. Les solos sont monstrueux et les réactions de notre entourage sont plus qu’encourageantes. Bref c’est de la pure came et on en est vraiment contents.
Fuse : Notre album est prévu pour le mois de mars, vous pourrez bientôt écouter un morceau sur notre page myspace et la pochette sera très prochainement diffusée.

On sent dans les premiers titres présentés, une évolution musicale et une véritable dynamique de groupe. Avez-vous gagné en maturité ?

Pills : Nous avons une dynamique de groupe depuis toujours entre nous trois, l’évolution s’est faite naturellement, elle correspond à ce que nous voulions faire et que nous ne pouvions pas faire avant…
96 : Plus nous pratiquons ensemble et plus notre son évolue. Il y a vraiment une sensation d’unité qui se crée lorsque nous jouons et j’adore ça.
Fuse :Quand tu es dans un groupe, tu développes comme un sixième sens. Tu crées des liens avec les autres membres, au point de ne former qu’un. Quand on joue sur scène s’il y en un qui pète les plombs c’est tout le groupe qui devient incontrôlable…

Vous retrouvez vous plutôt dans la décadence d’un Ministry, ou dans le Rock n’roll et la débauche d’un Motörhead ?

Pills : On nous met un peu dans les 2 en fait, perso j’apprécie ces comparaisons car j’aime beaucoup ces 2 groupes, je pense par contre que c’est un peu rédhibitoire de s’arrêter là pour Prime Sinister…

Comment réagissez-vous rapport à la censure du premier clip de l’album ?

Pills :Le morceau du clip « In guns we trust » est basé sur une fiction autour d’un règlement de compte. En musique, tout comme dans l’art en général si tu prends tout au premier degré tu peux censurer les ¾…J’ai surtout voulu faire un jeu de mot avec « In God We Trust » phrase emblématique que tu retrouves sur les billets de banque aux USA. Je trouve qu’à l’heure actuelle c’est plutôt « In guns we trust » qui leur convient. Je constate que la censure prend tout à la lettre un peu comme une machine …
96 : Je dois t’avouer que nous avons été les premiers surpris par cette nouvelle, à croire que depuis mai dernier, le champ d’action de la liberté artistique s’est considérablement restreint.
Fuse: ça en devient ridicule, et hypocrite. Tant pis, ça ne nous empêchera pas de continuer à faire ce que l’on veut et avec Internet maintenant, on arrive à contourner cette censure.

Étant présent sur votre date à la Loco, force est de constater qu’une bonne énergie se dégage de votre set. Mon attention s’est directement focalisée vers les ambiances froides développées et dégagées par les samples. Est-ce une culture chez vous, ou tout simplement une expérimentation le temps d’un album ?

Pills : C’est difficile de parler du prochain album alors que « United In Violence » ne sortira qu’au mois de Mars… Les samples ont différents rôles dans Prime Sinister, ils peuvent être à la base de l’écriture d’un morceau tel que pour « So Close » ou « Death Will Pay » ou n’être placés que sous forme d’arrangement pour alourdir une atmosphère musicale par exemple comme dans « Buried Alive », « The Den of Demise » « Bum’s Fight »…
Fuse : Il y a des sonorités que tu ne peux pas avoir avec une guitare, une basse ou une batterie. Les claviers ainsi que les samples t’apportent une palette sonore supplémentaire qu’on exploite de différentes manières…

Vous avez une attitude résolument rock n’roll et provocante dans vos compositions, que pensez-vous du comportement et de la place du métal en France ? Scène sclérosée ou innovante ?

Pills : On nous a souvent félicité pour notre côté rock’n roll, mais on le fait de façon naturelle, on ne singe pas cette attitude. Il en est de même pour la provocation, on n’a jamais cherché à en faire, d’ailleurs, je n’arrive pas toujours à la voir…
Il y a des groupes novateurs en France comme Punish Yourself ou Gogira et beaucoup de suiveurs, c’est partout pareil… La culture métal n’est pas aussi bien développée que dans d’autres pays, c’est dommage mais c’est comme ça, de toute façon, il ne faut pas se contenter que de la France, si tu veux faire vivre ton groupe.

Pills est passé au chant. Comment s’est déroulée sa prise de fonction ? Qui se charge de l’écriture des paroles ?

Pills : J’avais déjà chanté dans des projets persos, il y a quelques années, on a fait des essais et ça a collé… Pour ce qui est des textes, le choix se fait en fonction de ce que la musique nous inspire, ça peut être moi, 96, ou tous les 2…

Avez-vous tout de suite pris vos marques avec cette nouvelle tessiture de voix ?

Pills : Oui, ça a été très vite …

Le coté sulfureux des paroles et de l’artwork est-il un moyen de légitimer la place de Prime Sinister dans le paysage métal ou tout simplement de dénoncer la société et ses travers ?

Pills : On ne fait pas de politique, on n’est pas là pour juger et répandre la bonne parole. Nos textes parlent de la violence et de la haine que l’on peut voir tous les jours et que l’on peut ressentir en nous. Ils s’apparentent à des fantasmes, des peurs, des peines que tout le monde a eu ou aura dans sa vie. Les guns nous représentent nous en tant que Prime Sinister, mais ils représentent aussi ce que les hommes en société peuvent être entre-eux: leurs propres sinistres et leurs pires sinistres. On a tous ça en nous…
96 : On n’est pas la pour légitimer quoi que ce soit, le processus d’écriture se fait très naturellement et ce qui en sort est le reflet d’une facette de nos vies, ni plus ni moins.

Vous commencez à tourner de plus en plus en France. Tout d’abord bravo ! Avez-vous des envies d’évasions et notamment envers des pays plus anglo-saxons ?

Pills : Oui, nous avons déjà fait un festival en Angleterre au mois de juin et nous jouerons au London Astoria le 19 décembre en première partie d’Hawkwind. Le public Anglais est très réceptif à la musique de Prime Sinister.


Un message, une annonce à faire passer, je vous laisse le mot de la fin.

Pills : Merci à toi pour ton interview.

Merci à Prime Sinister et à ses trois membres, ainsi qu'à Ellen S. pour le crédit photographique.