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jeudi 28 avril 2005

Sybreed

Ben et Drop

U-Zine

U-zine.org, webzine musical metal actif entre 2004 et 2015. Fermé en 2015 suite à sa fusion avec 2Guys1TV, ses articles (chroniques, live-report, interview, dossiers, ...) sont désormais disponibles directement sur Horns Up via ce compte !

J’ai profité du passage parisien des très prometteurs Sybreed, pour les rencontrer et faire le point sur leur premier album, Slave Design. Très vite, Ben et Drop se sentent très à l'aise et j'en profite donc pour leur poser quelques questions. Au final, c'est un interview plus costaud que l'on vous propose, mais riches en rebondissements que ce soient à propos du groupe lui-même, des labels, des différentes scènes nationales,...

Est-ce qu'on pourrait avoir un petit historique du groupe car je ne crois pas que tout le monde vous connaisse…
Drop (guitare) : Sybreed s’est formé en été 2003, sur les cendres du groupe Rain. Je suis à la guitare, Ben au chant, Greg à la guitare, Burn à la basse et Alex à la batterie.
Ben (chant) : Ouais, ça c’est un historique très rapide, mais on peut parler du fait que Sybreed s’est formé des cendres du groupe Rain. En fait, je suis arrivé à ce moment là, le groupe Rain essayait de prendre une nouvelle direction musicale en expérimentant de nouvelles choses, un nouveau son, mais il y a aussi eu un changement de « personnel » ; on a un guitariste qui est parti chez Zuul Fx, et entre temps, on a trouvé un nouveau batteur, et Greg est arrivé récemment à la seconde guitare, et maintenant le line-up paraît plutôt stable. A l'heure actuelle, on enchaîne les concerts et on a aussi signé chez un label américain qui s’appelle Reality Entertainment, ce qui nous a donc permis de tourner aux Etats-Unis. Maintenant, on commence à tourner en France car on vient de signer chez Jerkov, et il est prévu que l'on reparte sans doute à la fin de l’année pour enregistrer le deuxième album aux Etats Unis.

Au niveau du label, on est mieux logé aux E-U ou ici ?
Drop : Moi je suis content partout ! Mais niveau accueil, les gens sont peut être plus chaleureux ici car on a moins de concerts. Les américains ont plein de concerts, tous les groupes y vont. En plus, ils ont plein de groupes, donc je pense que ça doit être dû à ça qu’ils s’enflamment moins vite.
Ben : J’ai peut être pas la même vision que Drop… J’ai dirais que chaque continent a sa propre culture « métallique » ou du rock en général ; on a pu remarquer que les américains sont des gens extrêmement festifs, donc quand ils vont à un concert et qu’ils trouvent un groupe bon, quelque soit le style, ils s’amusent. Alors qu’en Europe, il y a peut être plus de niches musicales, et quand ils vont au concert, ils écoutent d’abord attentivement pour voir ce que ça donne, et se lâchent peut être ensuite ! Donc c’est des cultures assez différentes, d’un pays à l’autre, ça change : par exemple ( vu qu’on joue beaucoup en Suisse ), le public suisse n’a rien à voir avec le public français. Il y a donc même des différences à ce niveau là… Mais j’espère qu’on aura l’occasion de voir d'autres pays en Europe, puis retourner aux USA, car c’est vrai que c’est très dur de creuser son trou là-bas ! Comme le disait Drop, il y a énormément de groupes, et donc beaucoup de concurrence !

Surtout que pour percer aux Etats-Unis, il faut souvent être américain et ils sont un peu réfractaires aux groupes étrangers…
Ben : Oui, mais ça a changé récemment, grâce au Ozzfest. Ca a permis d’amener des groupes comme In Flames, Lacuna Coil, Meshuggah,…

Oui, mais ce sont majoritairement des groupes de la scène suédoise.
Ben : C’est clair que c’est la scène suédoise ! Mais bon, vu que c’est la scène la plus vivace en Europe, je sais pas si c'est dû à un marketing bien fait ou autre chose. Même si dans la réussite d’un groupe, il y a la qualité, le marketing joue aussi un rôle très important. Surtout aux E-U., un groupe marche car il y a de la pub, MTV, de grosses tournées, de grosses expositions, etc… Contrairement à l’Europe, on peut commencer à très bien marcher même si on vient de l’underground de chez underground, contrairement à l'Europe ! Mais il est vrai qu’aux Etats Unis, c’est une autre culture...

Aux E-U, votre label, c’est une grosse maison de disques ?
Ben : Non, on va dire que c’est un label indépendant, mais qui a des bonnes structures et un bon contact dans tout ce qui est distribution, majors,… mais ça reste un label indépendant !

Pouvez-vous nous dire quelles sont vos principales influences ?
Drop : Oulaaa…
Ben : Il y en a des tonnes !
Drop : Mais plutôt métal ? ... puisque ça vient de partout !
Ben : En fait, on va faire simple : je dirais dans la partie métal, Meshuggah, Fear Factory, Strapping Young Lad, Soilwork,… donc pas mal de la scène suédoise, mais plutôt la vieille que la récente. Après, c’est des influences que l’on puise dans beaucoup de styles différents. On a des influences qui viennent de la new wave, de la pop, de l’émo rock ; en fait, on mélange un peu tout ça.
Drop : On s'inspire aussi de pas mal de groupes de musiques électroniques comme Front Line Assembly, NIN, Aphex Twin,…
Ben : On fait un gros mélange de tout, donc c’est difficile de définir un style particulier pour notre musique. Sybreed est un gros fourre tout, qui donne quelque chose d’assez hybride au final.

Vous ne trouvez pas ça risqué d’insérer des touches de SYL avec celles de NIN ?
Drop : Non. Pour moi, je dirais plus que c’est original, je vois pas spécialement de risque là dedans.
Ben : On est souvent comparé à FF lors de notre tournée aux E-U. C’est vrai que c’est un groupe qui nous a tous plus ou moins influencé, mais quelque part, en ajoutant d’autres influences, ça nous a justement permis de se détacher un peu de cette étiquette. On a trouvé notre propre son, notre propre originalité. Et c’est sans doute en allant justement dans un mélange plus d’extrême, plus accentué ; c’est le fait d’avoir des refrains pop, limite pop wave ; et d'avoir à côté de ça, des parties supers brutales. On essaye de se démarquer de cette image de sous-Fear Factory qui nous colle un peu à la peau.

Comment se passe votre tournée en France ?
Ben : En fait, c’est notre deuxième date en deux semaines, notre premier concert s’est plutôt bien passé. C’était au festival "Metal Therapy" à Woippy, et on a eu un très bon accueil. Les gens étaient très sympa et le public plutôt ouvert.
Drop : Relativement ouvert ! Il y avait du black, du death, du doom,.. plein de trucs. Il y avait même Epica...
Ben : Je me suis justement imaginé avec des cheveux rouges, et je me suis dit que si je voulais gagner de l’argent, il fallait que je fasse ça. (rires) Pour redevenir sérieux, c’est vrai que l’on a eu un bon accueil ; on connaît un peu la France et on est toujours content de revenir ici.

L’album a aussi reçu un bon accueil ?
Drop : Je crois ! On n’a pas trop de news, mais je crois qu’on nous a dit que ça allait bien.

Que signifie la symbolique de la pochette de Slave Design ?
Ben : C’est toujours un gros problème ; car pour cette pochette, on a demandé à un artiste qui s’appelle Eikasia, un jeune artiste français (parisien d’ailleurs). En fait, on avait vu son travail dans une revue et on avait vraiment trouvé son boulot magnifique. Pour notre album, on voulait une pochette qui sorte du cliché digital bien propre ; donc on lui a envoyé des chansons et un croquis que j’avais fait… au bout du compte, il nous a sorti un truc qui n’avait rien à voir. Mais cette pochette est très bien comme elle est ! Donc pour répondre à ta question, il faudrait plutôt le demander à lui car c’est le feeling qu’il a eu par rapport à nos morceaux. C’est lui qui a imaginé ça par rapport à ce qu’il entendait et en fin de compte, cette pochette est en parfaite symbiose avec notre musique.

Vous avez cité de Fear Factory tout à l’heure ; le champ lexical des morceaux sont très proches d’un groupe à l’autre. Vous n’avez pas peur d’être traité de plagieurs ?
Ben : Quelque part, quand j’ai fait Slave Design, j’ai voulu faire un album « cyber punk ». Je suis très influencé par le cyber punk avec des films comme Terminator, Blade Runner, etc… donc c’est vrai que le problème, c’est que Fear Factory est très proche de ça au niveau des paroles. FF est vraiment LE groupe qui a inséré ce style dans le métal, et vu que moi aussi j’ai voulu faire du cyber punk, alors il peut sembler y avoir des corrélations, mais le fond des paroles n’a rien à voir... FF raconte un combat hommes/machines, la déshumanisation par la machine, alors que personnellement, j’ai plus tendance à parler de l’aliénation de l’homme par lui-même. Donc il n’y a aucune idée de futur industriel, c’est plus un côté de « dépression individuelle ». Donc les titres peuvent, c’est vrai, faire penser à Fear Factory, mais le fond, c'est pas du tout la même chose.

Les paroles sont plutôt personnelles ou c’était histoire de se lâcher ?
Ben : Je dirais que c’est un début d’introspection, un défrichage, et je dois avouer que maintenant, les prochains morceaux vont ( et sont pour ceux déjà écrit ) être beaucoup plus introspectifs. L’album sera complètement éloigné de ce concept cyber punk, ce sera plutôt quelque chose de très psychologique et très intérieur. Je pense qu’on va essayer de se démarquer de cette image de groupe à la Fear Factory, car il n’y a pas de nécessité : ils font un truc et ils le font bien, donc pas besoin de refaire ce qu’ils font.

Quelques mots sur l’arrivée du second guitariste ? Est-ce qu’il y aura plus de solo ?
Drop : Non ! Peut être un ou deux, mais non, il n’y aura pas plus de solo. On avait surtout besoin d’un grossissement du son live, car sur album, il est bon, alors qu’en live avec une seule gratte, c’est un peu limite parfois… Donc maintenant, je pense qu’il y a un peu plus de prestance au niveau son, et puis lui-même est déjà très costaud. En plus, il joue très bien et apporte un petit côté métal extrême, il fait plus death metal que moi qui ferait plus funky. (rires)

Drop, est ce que tu n’as pas peur que ton nouveau groupe, MxD, entrave la vie du groupe ?
Drop : Je suis dans le groupe depuis 6 mois mais le groupe existe depuis 6 ans. En fait, je suis juste le mec qui a remplacé le guitariste qui est parti. Pour ce qui est d’entraver la vie de Sybreed, je fais en sorte pour que ça ne l’entrave pas.
Ben : On a tous plus ou moins des side projects à côté, mais Sybreed, c’est la priorité pour tout le monde !

On parlait de votre nouveau label tout à l’heure, êtes-vous satisfait de leur boulot ?
Drop : Pour l’instant, à 2 000 % !
Ben : Ca se passe très bien. Ce sont des gens super sérieux alors que cette maison de disques est quand même relativement jeune. Un label a taille humaine, c’est toujours mieux qu’un truc bien établi, où tu n’es qu’un groupe parmi tant d’autres… Mais surtout, il y a des rapports humains avec eux ; on sent que c’est un label qui travail à l’envie, l’envie de faire un truc et de faire découvrir aux gens ce qui leur a plu.
J’ai des amis qui ont eu des mauvaises expériences dans de grosses maisons de disques (je donnerais pas de noms), car il n’y avait justement aucun lien avec les gens avec lesquelles ils travaillaient. Et ce n'est pas une question d’être la locomotive d’un label ou pas ; on est chez Jerkov à côté de groupes qui sont déjà bien établi et nous finalement, on reste des petits nouveaux… Moi tout ce que j’espère, c’est que c’est une collaboration qui va durer longtemps.

Ton chant semble particulièrement bien travaillé sur cet album…
Ben : En fait, j’ai commencé le chant hurlé jeune vers 14 / 15 ans, et j’ai sans cesse essayé de l’améliorer, c’est pour ça que maintenant j’ai une facilité de moduler est au niveau du hurlement. Mais pour le chant clair, ça ne fait que deux ans et demi que je fais du chant clair, et je me fais super plaisir en faisant du chant clair puisque je découvre des facettes de ma voix que je ne connaissais pas avant. Le gros avantage avec ça, c’est que l’on peut faire passer beaucoup de sentiment grâce à la voix, mais je n’ai pas une expérience gigantesque.

La Suisse devient véritablement un territoire de talent comme…
Ben et Drop montrent mon sweat Nostromo en disant : R.I.P. ! Paix à leur âme.
Je les regarde avec de gros yeux, car il n'y a aucun rapport avec Nostromo et RIP, puisque ces derniers sont toujours actifs
Ben et Drop : Ah, non ! Ca n’est pas encore officiel, donc tu le mets « off micro ». (rires)
Je reparla de ceci à la fin de mon interview, ils m’expliquèrent un peu la situation, mais étant donné que je promis de tenir ma langue, je ne pu dévoiler l’info (même si j’avais une exclu). Je continue donc…
La Suisse devient véritablement un territoire de talent, avec des références comme Nostromo, Samael, alors que c’est quand même un petit pays…
Drop : A mon avis, ces groupes là, sont des groupes suisses partis de la Suisse pour jouer ailleurs. Les groupes qui restent en Suisse, ils durent 2 / 3 ans, ils tournent un peu et puis après ils splittent. C’est vraiment le syndrome du groupe suisse romand ; car il y a suisses romands, suisses allemand et suisse italien.
Ben : Moi ce que je trouve intéressant ce que je trouve dans la Suisse, un petit côté scène suédoise modèle réduit ; il faut le dire, c’est un pays où on s’emmerde un peu (il nous précise qu'il est français à la base), donc à part la musique, il n’y a pas grand chose à faire… Mais le gros problème de la Suisse, c’est que les groupes suisses français, vont plutôt vers la France, les groupes suisses allemands, vont jouer en Allemagne, les groupes suisses italiens, il reste chez eux. (rires) C’est dommage, car il y a trop de scènes séparées, les salles ont du mal à survivre, etc…

En France, le métal devient presque une mode… est ce pareil en Suisse ?
Ben : Il y a peu être de plus en plus de métal extrêmes, mais sinon, c’est des trucs récurrents, des trucs qui ressortent sans arrêt, il n’y a pas de disparitions ou de gros ressorts, et il y a des écoles qui apparaissent très régulièrement.

J’ai aussi vu que vous passez en juin au Mans, mais pas à la période du Fury Fest. Aucun organisateur ne vous a contactez ?
Ben : Je crois que l’on va dire no comment. Je crois que cette année, ils n’étaient apparemment pas intéressés par Sybreed ; mais ce que je comprends car ce fest est un moyen d’amener des gros groupes étrangers et des groupes français en plein essor. Nous, on reste un groupe étranger. Je pense que si on fait nos preuves sur les routes françaises, on sera peut être sur les prochaines éditions. C’est vrai que le FF devient l’un des plus gros fests en Europe, donc j’espère que l’on aura l’occasion de jouer là-bas.
Drop : Il y a aussi nos potes de Kruger et Samael, mais Samael, c’est normal…
Ben : Non, mais c’est vrai que cette année, il n’y a eu moyen, mais pour plus tard, j’espère

Au moins, c’est dit !

Merci à Ben et Drop pour leur gentillesse et leur spontanéité et à Mathieu de Jerkov pour nous avoir arranger cette entrevue.