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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Cavalera Conspiracy

Blunt Force Trauma

LabelRoadrunner Records
styleThrash Cavaleresque
formatAlbum
paysBrésil
sortiemars 2011
La note de
U-Zine
6/10


U-Zine

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Nombreux furent ceux pour lesquels Inflikted avait été une semi-satisfaction ou semi-déception (verre à moitié plein ou à moitié vide c'est selon.)

Plein de promesses, et surtout pseudo assouvissement d'un fantasme collectif rêvant d'une reformation du Sepultura ère Max Cavalera, ce projet avait, est-ce nécessaire de le rappeler, sorti un premier album, censé symboliser la symbiose nouvelle unissant les frangins Cavalera, Max et Igor, après une dizaine d'années éloignés l'un de l'autre.
Les fans du Sepultura old-school avaient donc pris la nouvelle de cette demi reformation comme l'espoir d'assister à un come back couillu, bien que l'appréhension d'entendre un Soulfly bis pesait au dessus de sa mise en rayons.
Pas forcément mauvais, au contraire même, Inflikted, s'il était assez linéaire et toujours aussi marqué par l'activisme de Max Cavalera au sein de Soulfly, envoyait quelques petites perles bien féroces dans la tronche de l'auditeur. Sanctuary par exemple, dépoussiérait quelques souvenirs en peu trop enfouis dans la mémoire, rappelant que les frangins Cavalera, une fois foutus dans la même pièce, savent parfaitement envoyer du bois bien burné.

Les déclarations quelques peu racoleuses du chef de file Max Cavalera, prétendant que Blunt Force Trauma ferait sonner Inflikted comme de la pop-music ou encore que le dernier bébé de Cavalera Conspiracy pouvait rappeler à certains égards Reign in blood de Slayer (rien que ça) pouvait laisser espérer aux plus candides d'entre nous une rondelle qui montre les crocs, qui balance du riff et qui te saute à la gorge pour ne plus te lâcher.
Sauf que voilà, ces déclarations là, lorsque je les lis, une sorte d'alarme retentit chez moi. Bien souvent, les phrases chocs garantissant un retour au sources ou des influences d'illustres confrères musiciens cherchent à dissimuler en pratique un large manque d'inspiration.
Le deuxième acte de Cavalera Conspiracy n'est pas aussi tonitruant que le laissait supposer Max. Là où Inflikted pouvait surprendre sur certains titres par la diversité rythmique dont il faisait preuve ou par sa pluralité de riffs assez rentre dedans sans être simplistes, Blunt Force Trauma fait office de rouleau compresseur, plus agressif très certainement, mais nettement moins inspiré d'une manière générale.
De Warlord à Blunt force trauma, le quatuor défouraille, fonce tête baissée, tape fort et dur, en cela oui, il est sans doute plus brutal que son prédécesseur. Néanmoins, composer un album agressif dans le seul but de l'être ne fait pas un bon disque à l'épreuve des critiques et du temps.
Car disons le tout de go, Blunt Force Trauma ne traversera pas les âges, on ne dresse pas souvent l'oreille et on en vient systématiquement à regretter d'entendre des musiciens que l'on a adulé accuser d'une sortie sur l'autre d'une réelle perte de vitesse et de créativité.

Le constat est un peu acide mais force est de constater que Max Cavalera est passé depuis un certain temps en mode routine, et les morceaux se succèdent sans grande surprise. Igor Cavalera n'est plus le batteur qu'il a été, son jeu tribal caractéristique autrefois fait un très timide sursaut sur Burn Waco puis se tait à nouveau, Marc Rizzo shredde bien trop pour les structures proposées sur ce skeud au point d'agacer, et Max fait le minimum en termes de placement de voix, bien que cette dernière soit un peu plus énervée que par le proche passé.
Quelques sursauts plus inventifs rassurent un peu sans pleinement convaincre, Lynch Mob, avec Roger Miret en guest de choix, s'inscrit dans une belle veine hardcore, Rasputin tabasse assez dur pour mouvoir les cervicales, Blunt Force Trauma ne manque ni de mordant ni de construction, avec une petite touche de mélodie presque scandinave pas déplaisante dans son deuxième tiers.
Mais tout ceci est un peu trop chiche pour sauver le bateau du naufrage, et il en faudra bien plus pour me convaincre que Cavalera Conspiracy pour vraiment offrir quelque chose qui ne ressemble pas à une copie un peu plus énervée et créative de Soulfy, avec Igor à la batterie.
Cela m'ennuie toujours autant d'être aussi dur avec les deux frangins sans qui je ne serais sans doute pas entrain d'écrire aujourd'hui, écoutant encore les anciens skeuds des deux bonshommes très régulièrement et depuis près de 15 ans.

Néanmoins, inutile, bien que tentant, de se voiler la face, Blunt Force Trauma ne marquera ni son temps ni les esprits, faute d'inspiration et en raison de cet indicible et désagréable sensation de boulot bâclé qui se dégage de cet album. Voilà qui ne comblera pas non plus mon coeur nostalgique d'une ère Chaos AD ou Arise définitivement et depuis longtemps révolue.
Decevant, et en dessous d'Inflikted.

1. Warlord
2. Torture
3. Lynch Mob
4. Killing Inside
5. Thrasher
6. I Speak Hate
7. Target
8. Genghis Khan
9. Burn Waco
10. Rasputin
11. Blunt Force Trauma

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