
Profanatica + Spiter @ Saint-Ouen
Mains d'Oeuvres - Saint-Ouen

Chroniqueur doom, black, postcore, stoner, death, indus, expérimental et avant-garde. Podcast : Apocalypse
Pionniers du black metal US, toujours mené par l'infatigable Paul Ledney (a.k.a Mayhemic Slaughter of the Heaven, rien que ça), Profanatica célèbre ses trente-cinq ans de carrière avec la sortie d'un EP (Wreathed in Dead Angels) et une tournée, dont la date de ce soir est la seule en France. Et pour que l'aura d'impiété qui embaume les Mains d'Oeuvres de Saint-Ouen soit plus épaisse encore, c'est Spiter et son vampyric metal punk qui ouvre cette soirée.
Spiter
Je découvre la première partie sur les planches ce soir, la filiation avec Profanatica est immédiatement perceptible : une approche du black metal résolument punk et un goût marqué pour le grand-guignol. Un batteur vaguement zombifié, une bassiste aux allures de princesses des ténèbres et un chanteur grimé en vampire lubrique habillé d'une cape rouge des plus kitschs, le décor est posé avant même la première note. Brute et sauvage, la musique des TransPennsylvaniens ne se distingue pas par son originalité mais par son intensité : pied au plancher la plupart du temps, le trio réveille un public de Mains d'Œuvres un poil clairsemé en ce dimanche de novembre. L'attention est captée par le chanteur grimé et grimaçant, roulant des yeux et assénant quelques gestes explicites. Entre les titres, Richard Benson (a.k.a Richard Spider, a.k.a Demonbitch, démerdez-vous, j'y suis pour rien dans ce bazar), Richard Benson donc, incarne une sorte de vampire lunatique qui tantôt annonce en hurlant qu'il s'apprête à faire subir à votre cadavre toute sorte d'outrages plus ou moins nécrophiles, tantôt se fait plus mielleux et draculéen (ce faux et délicieux accent des Carpates), presque charmeur. Et bien évidemment, quand des refrains fédérateurs comme celui de « 666 On The Crucifix » sont annoncés, les premiers rangs joignent leur voix à celle de notre vampire schizo. Bref, une première partie tout en cohérence avec la tête d'affiche, et qui remplit à merveille son rôle de catalyseur.
Setlist de Spiter :
01.Enter the Gates of Fucking Hell
02.Drowning in Darkness
03.Tortured Soul
04.Reflection of the Vampire
05.The Creeping Serpent Psychosis
06.666 on the Crucifix
07.Spider Biter
08.Cursed Eternal

Profanatica
Il nous faut sortir de la salle pendant le changement de plateau, Profanatica voulant visiblement maintenir une part de mystère. Et lorsque les portes se rouvrent, Ledney et ses comparses sont déjà sur scène en train de réveiller les feux de l'enfer. Pour cette tournée, Adam Besserer (a.k.a As Destroyer of Holy Hymen) tient la guitare et Alletta Ergun se charge de la basse — deux groupes, deux femmes sur scène, ratio suffisamment rare dans le black metal pour être souligné. « Final Hour of Christ » est la première munition lâchée par les Américains, et de suite quelques constats : le son est excellent, lisible tout en étant bien crassouille, surtout avec cette basse capable de décorner des bœufs. Avec sa barbe blanche taillée en pointe et son corpsepaint dégoulinant, Ledney, derrière ses fûts, ressemble de plus en plus à un Merlin diabolique, qui, tout en aidant un roi dans sa quête du saint Graal, n'attend sa découverte que pour s'y branler un bon coup. Ses interventions entre les titres ne sont pas toujours complètement comprises par mes oreilles de Français, mais les quelques mots que je capte de ses discours me laissent deviner que sa poésie est toujours aussi scatologique, masturbatoire et blasphématoire.
Le public est en tout point conquis par la prestation, les poings et les cornes se dressent vers le ciel, la clameur entre les titres donne à entendre la satisfaction des présents. La jauge n'est pas complète mais celles et ceux qui sont là savourent à fond le moment. Ledney a l'air complètement possédé, son regard n'étant jamais complètement fixe. Et derrière l'aspect un peu primitif et basique de son jeu de batterie se cache une certaine finesse, notamment dans certains fills courts et bien sentis qui prennent davantage de corps en live. Fait surprenant : le bougre tient ses baguettes à l'envers, cognant sur les peaux et les cymbales avec le bout épais et arrondi. Là aussi, le tempo est le plus souvent au max, mais lorsque des séquences plus lentes, à l'intention véritablement punk, comme sur « The Sixth Hour », la foule se déchaîne dans un pit aussi inattendu que réjouissant — et pour le coup loin d'être déplacé comme il pourrait l'être avec d'autres formations black metal. Intensité et fureur sont les maîtres-mots de ces quarante-cinq minutes de set, qu'on aurait volontiers prolongé un peu. Le classique « Weeping in Heaven » met fin aux hostilités et on croit quelques minutes à un rappel, la salle restant dans le noir un moment, avant que l'extinction des amplis ne mette fin aux espoirs.
Setlist de Profanatica
01.Final Hour of Christ
02.Master of Man Absolute
03.Unto Us He Is Born
04.Mocked Scourged And Spit Upon
05.Scourging and Crowning
06.Prayer in Eclipse
07.Conceived With Sin
08.Sacramental Cum
09.Hung in Golgotha
10.The Sixth Hour
11.Take Up the Cross
12.Weeping in Heaven

Placée sous le signe de l'outrance et de l'outrage, cette soirée a tenu ses promesses : deux concerts reçus comme des uppercuts, dans des registres similaires mais distincts. Profanatica y confirme son statut de groupe culte et Spiter de valeur montante à suivre de près. Deux groupes à ne pas manquer lors de leurs prochains passages.
Un grand merci à Sanit Mills pour cette soirée.
Merci également à qu'à Acta Infernalis pour les photos ; pour suivre son travail ça se passe ici :
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