
Punkach' renégat hellénophile.
Un bon gros revival punk hardcore fait sans doute partie des choses dont les États-Unis auraient bien besoin et, il faut le saluer, ce n'est pas la niaque qui manque chez certains des ténors de la scène. Madball nous a annoncé un album pour début 2026, de même que Murphy's Law, qui vient d'ailleurs de sortir son premier single depuis... eh bien, presque vingt-cinq ans. Si on ajoute les mammifères cloutés de The Casualties qui sont aussi en studio, on dirait bien que c'est tout le microcosme punk hardcore new-yorkais qui fermente à nouveau sous l'asphalte.
Cela dit, les remugles de vieille sueur et de bière éventée, c'est bien, ça fera plaisir aux quinqua' nostalgiques, mais est-ce que ça peut à nouveau servir d'étendard à une jeunesse, certes désabusée, mais qui n'a plus du tout les mêmes références ? C'est compliqué. C'est d'ailleurs le premier mot qui m'est venu à l'écoute de Echoes of Eternity, ce nouvel album d'Agnostic Front, arrivé en avant-garde pour tenter de retrouver cet esprit Old New York dont nos « godfathers of hardcore » parlent tant.
Attention, j'ai une profonde affection pour Agnostic Front, et de manière générale pour toute cette scène de gros durs de l'asphalte. Le guitariste Vinnie Stigma et son gang prennent certainement toujours plaisir à enchaîner leurs tubes les plus bourrins devant un parterre qui sue sang et eaux, et même sur leurs albums récents, on trouve toujours un ou deux morceaux qui fonctionnent « comme à l'époque ». C'était le cas en tout cas, jusqu'à Get Loud! en 2019. Mais pas cette fois.
Pourtant, avec 15 pistes pour vingt-sept minutes, on ne peut pas reprocher à Agnostic Front de s'éparpiller. Et si « Way of War » reste encore sympa malgré un texte cliché, « Matter of Life & Death » qui lui succède apporte une touche hardcore rap intéressante – en particulier grâce à la présence de Darryl "DMC" McDaniels des légendaires Run-DMC, il est vrai.
L'ennui, c'est qu'ensuite l'album enchaîne les pistes de deux minutes aux thématiques assez interchangeables, et sans un refrain, un chœur, qui ferait mouche, alors que c'était ça, la touche Agnostic Front. « Shots Fired » sort un peu du lot, allez, avec un bon travail à plusieurs voix – celle de Roger Miret a besoin de soutien, en fait – suivi d'un petit break qui fonctionne. Mais c'est à peu près tout.
Après, ce n'est pas grave hein. Je pense, j'espère même, que certains de ces morceaux fonctionneront en live, avec l'aide d'un public acquis à la cause Agnostic Front. Mais à 60 ans passés – bientôt 70 pour Stigma – on ne va plus exiger d'eux la même spontanéité, et il me semble naturel qu'ils s'impliquent plus à fond dans d'autres projets. Le guitariste a ainsi sorti en juin dernier un album solo d'americana. Au moins, les gars d'AF sont toujours restés fidèles à leurs principes, à enchaîner les concerts dans des petites salles devant de nouvelles générations de petits agités. Et c'est finalement tout ce qu'on est en droit d'attendre de la part des vétérans de la scène NYHC.
Setlist :
1. Way of War
2. You Say
3. Matter of Life & Death
4. Tears for Everyone
5. Divided
6. Sunday Matinee
7. I Can’t Win
8. Turn Up the Volume
9. Art of Silence
10. Shots Fired
11. Hell to Pay
12. Evolution of Madness
13. Skip the Trial
14. Obey
15. Eyes Open Wide













