Why not ?
En lisant la biographie de Psychonaut sur le site de leur label Pelagic, on lit qu’ils sont définis comme un groupe qui vient de nulle part. Mais pourtant en deux albums, une floppée d’EPs, le trio a réussi à créer une véritable attente autour de World Maker, création de 2025. Alors du néant à la création de mondes, il s’en traverse des chemins et ils en font de la route en travaillant leur post metal au gré des événements qui ont changé leurs vies. En effet, Stefan de Graef, le chanteur-guitariste est devenu père pendant la période de composition de World Maker. Comme cette arrivée transforme la personne qu’il a été, la musique s’en est retrouvée chamboulée. Pour l’anecdote le titre « Stargazer » est nommé de la sorte puisque l’enfant est arrivé dans cette position (je vous laisse regarder sur le net ce que cela veut dire, mes compétences en obstétrique ne sont pas assez poussées).
Mais au-delà des métaphores que l’on pourrait lire tout au long de l’album, y compris dans son titre, sur la naissance, Psychonaut profite de ce disque pour explorer des contrées plus introspectives. Hypnotisés que vous serez par les formes géométriques de la pochette, dans le mouvement, vous débuterez le voyage avec un morceau calme et d’ambiance « World Maker ». Et ce sera le premier d’un bon nombre qui vont parsemer les dix compositions. Comme des moments de respiration, pendant lesquels l’ambiance retombe, sur « …And Everything Else Is Just the Weather » ou encore « All Was Quiet », on sait que l’on ne sera pas emporté par un riff mais que l’on doit se laisser emporter.
Pourtant, le premier single de l’album « Endless Currents » a sonné des ses premières notes un assaut de technique et de groove. Basse et tapping ensemble, groove de batterie fluide qui nous ont fait dire que Psychonaut allait nous faire tourner la tête avant de nous la marteler avec des riffs intenses et lourds, doublés d’un chant qui peut passer de la douceur aux cris. Alors on se retrouve parfois désarçonnés par la longueur et la langueur dans laquelle s’installe le groupe, sur des morceaux qui vont prendre le temps de décoller comme l’instrumentale « Origins » qui met trois minutes sur les six à atteindre un pic dans la montée, avant de rentrer dans la puissance. Et « Endless Erosion » qui clôt l’album s’articule autour d’une intensité maitrisée et dont le spectre n’est finalement pas si élevé, mais largement compensée par le groove de la technique.
Il serait quand même dur de dire que l’on ne prend pas de plaisir à écouter World Maker. Quand on se retrouve plongé dans « And You Came With Searing Light », on ne peut que reconnaître le talent de composition des Belges. La folie monte petit à petit avec les arpèges et le chant clair. Puis le kick de la batterie nous donne le rythme, poussé par les roulements de toms et de caisse claire accompagnant la phrase de guitare un peu tordue avant que tout n’explose. Mais la maîtrise du groupe permet l’oscillation entre une certaine retenue et un lâchage complet. Et on la sent cette lumière brûlante qui va nous réchauffer le cœur et nous dévorer l’âme.
Comme vous l’aurez compris, on navigue entre le haut niveau auquel Psychonaut nous a habitué dans le post metal et quelques parties qui nous laissent sur notre faim, tirant dans une longueur qui peuvent nous faire perdre la connexion. Cependant, World Maker reste un album qui s’écoute avec plaisir, pour les titres cités plus haut, expression du talent incroyable du groupe. Et on se dit que ces pépites, sublimées en live, valent le détour et donne l’envie (re)faire le monde !
Tracklist
1. World Maker
2. Endless Currents
3. You Are The Sky...
4. ...Everything Else Is Just The Weather
5. And You Came with Searing Light
6. Origins
7. All In Time
8. Stargazer
9. All Was Quiet
10. Endless Erosion
