
Festival Les Lunatiques 2025
Espace Le Goffic - Pacé

Compte groupé de la Team Horns Up, pour les écrits en commun.
Simon : À l'est, le Roadburn ; au nord, le Rock in Bourlon ; et à l'ouest, les Lunatiques. Pour un bon florilège post-metal, la boussole mène à Pacé en périphérie de Rennes sur deux dates début octobre dans un cadre de MJC bienveillant et DIY. Le premier soir de mise en jambe, alors que les groupes commencent à 19 h dans la salle principale Jupiter au sous-sol, les bambins du club d'échecs terminent leur activité dans la petite salle du rez-de-chaussée qui accueillera aussi des concerts le lendemain.
Face au bar qui a renommé sa carte d'après le nom des groupes programmés (« Pothamousse », « Witchorousse » pour les bières, « Lorsque les volconduisent » pour les softs, « Syl'wine », etc), l'événement compte également des exposant.es, artistes, artisan.es, tatoueur.euses, stand de disques, en plus du merch artiste et d'un stand de prévention bien préparé. L’ambiance safe se ressent sur place, fruit d’une politique affirmée et de l’implication de plus de femmes sur scène et à la technique sans discours de façade. La diversité se prolonge dans la programmation par les styles représentés aux différentes nuances de musiques obscures, post-metal/rock, doom, prog, indus, atmosphérique, avant-garde. Je regrette toutefois le fait de ne pas pouvoir prendre ma bière dans la salle principale. Il est certes possible de la déposer à l’entrée pour la retrouver (tiède) à la sortie, mais autant faire cul sec pour montrer patte blanche (avec modération).
Sans parvenir à avoir un samedi complet comme en 2024, le festival compte tout de même plus de 500 curieux.ses cumulé.es sur les deux soirs cette année, alors que se déroulait le Roazhon Rage au Liberté de Rennes ces mêmes dates. Tout nous disait que nous étions au bon endroit à l'Espace Le Goffic à Pacé.
Vendredi : Cratophane | Fange | Pothamus | Witchorious
Samedi : Dissolve | Eijra Woon | Maudits | Deaf Peach | Yarostan | Deûle | Alber Jupiter | Lorsque les volcans dorment | Sylvaine | Limbes | Matrass
Vendredi 3 octobre - Jour 1
Cratophane
Scène Jupiter
Le festival commence fort ce soir avec Cratophane, trio instrumental breton inspiré par la zeuhl, la musique psychédélique, les sonorités aussi lourdes que vaporeuses et la BD de science-fiction. Sans combinaison de cosmonautes sous la main, le guitariste Simon Bouin et le bassiste Ronan Grall donnent l’illusion avec leurs habits en blanc contrastant avec l’obscurité de la salle devant des projections d’images contre l’écran. Même une veste de chef-cuistot fait l’affaire pour nous porter à ébullition sur un live toqué étoilé.
Avec le titre « Ranx » en ouverture pour planter le décor, le groupe déroule les titres les plus pesants de leur répertoire, élargi par la sortie ce jour-même de leur dernier album Exode. Difficile de restituer en concert tout l’univers du groupe qui s’étend à l’illustration (pour ce volet, il faut aller voir les belles œuvres d’Emgalaï et de Claire Tardieux exposées à l’étage), et le son ample n’aide pas non plus. La setlist terminant dans une tornade de saturation sur l’aride et doomesque « Arzach » n’est pas révélatrice de la variété des atmosphères du groupe, mais l’interprétation attire néanmoins l’attention sur le jeu halluciné à la basse, grognant des sons de wha extraterrestres, et sur les bidouillages de Simon aux claviers et samples, cadrés par la batterie d’Aymeric Aubert. Avec ses rythmes martiaux et ses échos bizarroïdes, « Salamandre » est un temps fort redoutable de la prestation des Rennais. Le groupe m’a confié en interview toujours garder une place pour l’expérimentation dans ses concerts, ce qui donne envie de les revoir pour davantage apprécier cette spontanéité galvanisante.
Setlist :
Ranx
Psychopompes
Samaris
Salamandre
Arzach
Fange
Scène Jupiter
Fange a toujours ces atmosphères immuables qui te font suffoquer, avec un son indus poisseux qui m’évoque la boîte de nuit d’Irréversible et son atmosphère malaisante à retourner les boyaux, dans le même festival d’infrabasses et de bruits de fond angoissants. Si Thomas Bangalter n’avait pas été sur le coup, Gaspar Noé aurait-il pu contacter le groupe ? En voyant les musiciens s’agiter, je me dis que la scène est diablement cathartique pour expurger tout ce qui bouillonne en soi face à la folie contagieuse du monde. Matthias Jungbluth arpente la scène comme un lion dans une cage, hurlant ses punchlines au micro sans cesse tournoyé.
La performance est radicale, l’adrénaline sécrète des pores à grosses gouttes et le larsen fait sporadiquement vriller nos oreilles. « Chien de sang » est un véritable défouloir chaotique et marque un point de bascule dans le son qui était assez plat au début du concert entre les instruments et la boîte à rythmes. Les Rennais traînent quelques difficultés techniques qui ont prolongé les balances pour empiéter sur l’horaire du concert, source d’une certaine frustration du groupe. Quand ce ne sont pas des soucis de retours, ce sont des problèmes de micro malmené qui prennent le relais et empêchent d’entendre Matthias en dehors de ses hurlements. Sans perdre en intensité, « Lèche-Béton » se poursuit avec plus de mélodies déchirées, tandis que les derniers titres de Purulences nous achèvent à la barre à mine.
Setlist :
Cavalier seul
Mauvais Vivant
Mortes Promesses
Chien de Sang
Lèche-Béton
À La Racine
Grand-Guignol
Sans Conviction
Juste Cruel
Pothamus
Scène Jupiter
Je n’assiste qu’aux deux derniers morceaux du set des Belges de Pothamus, ayant effectué une interview avec Cratophane qui a débordé. On peut dire que j’arrive à l’Abur… Par chance les morceaux du groupe sont assez longs pour avoir un bon aperçu du show. Avec « Savartuum Avur » et les quinze minutes de « Abur », on atteint presque la moitié du concert. Autant dire que l’immersion est quasi instantanée, car avec de longs mouvements cérémoniels et une rythmique organique aux allures de procession sous des guitares nébuleuses, Pothamus parvient à attirer le public dans son rituel sans recours grossier à la mise en scène. On voit les musiciens danser face à face par-dessus la basse hypnotisante dans une atmosphère orientale enfumée. La caisse claire résonne avec fracas sur une reverb fortement appuyée pour donner un effet scandaleusement ahurissant. Je suis irrésistiblement conquis, mais je regrette tout de même que la voix claire de Sam Coussens soit moins noyée que sur le disque. L’entendre autant en avant ruine l’aura mystique du chant.
Witchorious
Scène Jupiter
Vous associez des couleurs à des émotions ? Moi, non, mais sur ce concert, une couleur prédomine. Lumières orange, ambiance d’épouvante Halloweenesque, fausses bougies sur les amplis Orange, reflets roux, bière Witchorousse… Il y a un pattern, mon cher Watson. Élémentaires sont les riffs du trio doom, mais l’ambiance de vieux film d’horreur sacrificiel kitsch s’installe rapidement, dopée par l’énergie de la frappe de Paul Gaget avec des fills de batterie énervés. Plus saisissant sans toute la reverb en studio, le guitariste Antoine Auclair incarne au chant un véritable diablotin polymorphe, à l’aise en passant du chant clair au hurlé et appuyant parfois un débit appuyé vaguement nu metal, comme sur « Catharsis ».
La sœur Lucie Gaget apporte une excellente harmonie au chant. Lorsqu’elle prend le lead, la bassiste brille sur « Eternal Night », qui s’impose comme le grand moment du concert avec son ambiance fantomatique envoûtante sous la guitare vaporeuse. Le thérémine est malheureusement dilué dans l’espace sonore et ne parvient pas à enrichir nettement l’ensemble. « The Witch » et ses guitares sanguinolentes tout en dissonance poursuivent le sabbat dans un bel enchaînement horrifique. Peu impressionné par leur premier disque, je dois avouer que la prestation du charismatique trio parisien a superbement terminé cette première soirée aux Lunatiques par un rituel de minuit automnal.
Setlist :
Watch me die
Monster
Catharsis
Eternal Night
The Witch
Sanctuaire
Blood
Samedi 4 octobre - Jour 2
Dissolve
Scène Jupiter
Reprise des hostilités à l’approche de l’heure du goûter avec Dissolve qui cite volontiers le jazz dans ses influences. J’entends surtout du très bon death prog sur leur excellent premier album Polymorphic Ways of Unconsciousness, avec même des influences old school à la Decapitated, qui s’autorise certes des virées groovy et du shred mélodique propre. « Bonfire of the Vanities » est probablement le meilleur représentant de leur musique, condensant leur style varié dans ce qu’ils présentent comme « un morceau de huit minutes, ressenties 40 000, avec une première minute pour les fans de Slayer ». Effectivement, ça bourrine d’entrée, mais après une spirale de divers états de démence, le bout du tunnel arrive sur le final épique avec sa mélodie malsaine propice à un solo de batterie. C’est d’ailleurs Nathan Hakoune (Ashen) qui s’excite aux fûts sur les rythmes étriqués et assure l’intérim : Quentin Feron doit traiter une dystonie focale, obligeant le groupe parisien à chercher un batteur.
Le guitariste et chanteur Briac Turquety se souvient de leur présence sur l’édition 2023 des Lunatiques et ne se gêne pas pour faire quelques petites blagues. Sonny Bellonie ne tient pas en place sur scène, crachant des lignes de basse bouillonnantes et offrant un petit jam en duo avec le batteur avant de terminer le set avec « Shattered Minds of Evolution », autre pierre angulaire de l’album. La personnalité joviale, pétillante et détendue du trio détonne avec leur death impitoyable. Le son mal équilibré et l’atmosphère relâchée empêchent toutefois de retrouver en concert toute la précision froide implacable du disque qui m’a plu. L’humanité, c’est bien aussi.
Setlist :
Efficiency Defiled
Ignorance Will Prevail
Ropes of Madness
Bonfire of the Vanities
Shattered Minds of Evolution
Eijra Woon
Scène Pluton
La seconde salle (baptisée Pluton) de la MJC est désormais ouverte et aménagée avec un joli décor pour ajouter des concerts plus intimistes à la programmation. L’artiste Eijra Woon inaugure les lieux avec une musique ambient en clair-obscur révélant des sons bruyants en parallèle de douces notes de guitare et d’hululements, derrière des images nocturnes projetées. J’y reste assez insensible, préférant l’ambient hors concert.
Maudits
Scène Jupiter
La format trio instrumental a la cote aux Lunatiques. Le groupe suivant porte tristement bien son nom quand le guitariste ne reçoit plus d’alimentation dans son pedalboard dès le premier morceau homonyme (double malédiction donc) qui faisait intervenir plusieurs loops. Le bassiste finit par briser la glace : « Bonjour, nous, c’est Maudits. » Heureusement, il suffit de considérer ces premières minutes comme d’ultimes balances, et c’est vite oublié, sauf pour les musiciens pour qui la fête est gâchée.
À vrai dire, la musique atmosphérique du trio est lente à démarrer en concert, et ne décolle parfois jamais. Aucune ambiance, présence ni aucun accessoire sur scène, comme de la fumée, ne vient embellir la prestation post-metal molle du groupe de la Klonosphère. Quelques rares moments de groove de basse (sur « Résilience 2021 ») et des accords puissants (parfois sortis de nulle part comme sur le nouveau titre « Fall Over ») viennent me sortir de mon ennui, mais je ne suis pas aussi pris aux tripes sur le beau « Précipice » que sur le disque. Le manque de violoncelliste, entendu seulement via des samples aujourd’hui, se fait cruellement ressentir.
Setlist :
Maudits
Fall Over
Résilience 2021
Précipice Part I
Deaf Peach
Scène Pluton
Côté salle Pluton, ça ne démarre pas fort non plus avec le bubble grunge du quatuor Deaf Peach en raison du mix mettant trop en avant la chanteuse, dont l’accent monocorde amorphe se fait davantage ressentir. Tout se corrige progressivement au fil du set avec plus d’équilibre, de maîtrise, d’énergie et de mélancolie justement restituée. Le groupe rennais bénéficie également d’un beau décor onirique renforçant l’ambiance dream pop rock dissonante fragile.
Yarostan
Scène Jupiter
Le temps de terminer le précédent concert et d’avoir mon sac fouillé avant d’entrer dans la salle Jupiter, je manque le début du concert de Yarostan, mais j'arrive à m’insérer au premier rang. Attention à ne pas s’approcher trop près de la barrière, car le guitariste manque de taper avec son manche en se penchant plus près du public. Le trublion finit par tomber au sol sur la fin du set à force de bouger et de tournoyer violemment.
Tous les membres s’agitent sur scène avec une dimension collective et fraternelle fortement appuyée dans le chant hurlé en meute. Si les jeunes loups se sont rapprochés du post-metal à la Cult of Luna sur le dernier album, le screamo des débuts reste dans l’ADN des Marseillais. Le son n’avantage pas le groupe, mais on parvient à plonger dans les mélodies brutes alternant violemment les passages de calme avec les tempêtes émotionnelles, comme sur « Consolations », à tel point que la prestation paraît bien trop courte. Après le coup de fouet que donne « Jubilé » en final, on en réclame plus comme des addicts qui ont enfin pris goût au jeu.
Setlist :
Cathédrales de poussière
Les mains vides
Consolations
Godot
Jubilé
Deûle
Scène Pluton
En allant de Jupiter à Pluton, nous naviguons également de Marseille à Lille. Pour rester sur le voyage, nous remontons la rivière du Nord au cœur des ténèbres de la Deûle, théâtre de noyades mystérieuses possiblement criminelles. C'est le genre de faits divers qui a pu inspirer un célèbre groupe finlandais, mais on ne verra pas de titre type « Deûle after midnight » chez ces enfants du beau doom. Le trio (encore un) joue avec les codes du style au lieu d’appliquer à la lettre le mantra « lent/lourd/macabre ». On se retrouve ainsi avec une accélération impromptue avec du blast en plein titre et un beat à la Biohazard, sur une setlist largement composée de nouvelles compositions en dehors du dernier titre « Virée nocturne ». Le synthé d’Elya Bernard s’occupe des basses impitoyables et ancre une ambiance pesante. La chanteuse faisant face au guitariste excelle aux growls comme aux chants clairs, d’une précision stupéfiante. Certainement l’un des groupes les plus innovants et captivants de cette journée.
Alber Jupiter
Scène Jupiter
Ce n’est plus un trio instrumental, mais un duo ! La batterie de Jonathan Sonney semble reléguée à l’accompagnement du bassiste Nicolas Terroitin qui crée des loops pour construire leur post-rock atmosphérique. On le voit utiliser l’archet, crier dans le micro de basse pour donner un effet de cri lointain et souffler sur le milieu du manche pour créer des harmoniques. Embrassez vos basses, elles le méritent bien !
Une excursion interstellaire à la dérive à travers divers ambiances, parfois sombres comme sur « Pas de bol pour Peter » perdu dans le néant spatial, parfois « sautillantes », pour reprendre le terme servant à introduire « Martine à la plage » (oui, je vous ai vu.es sourire), mais souvent répétitives et sans grande variation. À jeun et les yeux ouverts, on plane moins que sur le disque.
Setlist :
Über en colère
Daddy's Spaceship
Pas de bol pour Peter
Martine à la plage
We Are Just Floating in Space
Lorsque les volcans dorment
Scène Pluton
Je n’avais pas écouté au préalable les titres de ce collectif de « post traumatic rock » féministe afin de privilégier des émotions brutes de découverte en live. Les intervenant.es se succèdent sur chaque piste pour transformer les maux en poésie, prendre la parole et exorciser le vécu. Bande-son parfois fébrile de ces témoignages en spoken word y compris en italien, les guitares, piano, violon, trompette, samples et boîte à rythme s’effacent presque derrière la puissance des textes, au cœur de la performance. Sur « Volcan en torpeur », Adiel Goliot joue avec les mots « Stromboli/embolie/embellit » pour narrer son calvaire, tandis que « L’Œil du cyclone » avec son autrice Garance Ameline met en musique la résilience avec des accords majeurs qui donnent envie de chanter « Hey ! What’s going on ? » de 4 Non Blondes.
Après plusieurs secousses déjà bouleversantes, dont une intervention affirmée de la compositrice Virginia B. Fernson et une récitation de paroles de Palestinien.nes « probablement mort.es », en soutien aux victimes du génocide à Gaza, l’éruption lacrymale intervient sur le dernier titre « La Chute du pélican », où l’interprétation d’Aline Boussaroque (Përl) est viscérale, à vif, engagée jusqu’à la moelle, au chant guttural enragé sur un climax en fusion. Un spectacle atypique poignant en point d’orgue du festival, prônant la sororité, la visibilité des minorités non cishet et la convergence des luttes afin d’appeler à l’éveil et soulever des montagnes.
Setlist :
Au-delà d'une fenêtre
Volcans en torpeur
Monstruations
L'Œil du cyclone
Narciso
La Chute du pélican
Sylvaine
Scène Jupiter
Le public est à son comble pour la tête d’affiche du festival, Sylvaine, dans une configuration avec le groupe au complet après une tournée européenne en solo quelques mois auparavant. Sur ce leg automnal, la Norvégienne sillonne carrément la France avec un passage à Rennes à l’occasion de ce festival. Avec des membres de son groupe français et quelques mots de présentation glissés dans la langue de Beaudelaire, la chanteuse Kathrine Shepard semble avoir une relation privilégiée avec la France. L’influence d’Alcest sur ses compositions blackgaze la poursuit comme une ombre sur ce concert impeccable, toujours empreint de douceur et de mélancolie brute, mais dans lequel il manque une certaine spontanéité pour nous saisir. Son chant clair est néanmoins sublime et plus lumineux encore en live que sur le disque, alterné avec des parties criées déchirantes appuyées sporadiquement par le growl du bassiste Maxime Mouquet.
« Mørklagt » opère toujours un magnifique contraste entre le tourbillon ravageur au blast et les mélodies tragiques. « Mono No Aware » ne voit que le son brouillon et surchargé pour l’empêcher de culminer. Contrat rempli pour Sylvaine qui aura conquis le public rennais, attentif, curieux, poli, mais peu communicatif ni très animé sur ce festival.
Setlist :
Earthbound
Abeyance
Fortapt
I Close My Eyes So I Can See
Nowhere, Still Somewhere
Mono No Aware
Mørklagt
Limbes
Scène Pluton
Seul sur scène, uniquement accompagné de samples et de projections d’images religieuses (intérieur d’église et vitraux), Guillaume Galaup se lance toujours à corps perdu dans sa performance. Telle une âme décharnée en phase de métamorphose, la tête levée au ciel quand elle n’est pas plongée dans ses tremolos électriques torturés et noyés dans le mix, l’artiste nous livre des cris glaçants derrière ses longues compositions black atmosphériques et viscérales tirées de son album Liernes, avec quelques passages de son précédent projet Blurr Thrower. Parfois crachés au public sans passer par le micro, ses hurlements fantomatiques nous hypnotisent et nous hantent encore après la fin du concert étendu comme un long bloc uni énigmatique qui s’achève abruptement. Devant une telle mise à nu, c’est le flagrant délit de voyeurisme qui nous guette. La salle Pluton est encore le théâtre de prestations à fleur de peau ce soir.
Setlist :
Fanes
Vérité
Pied de pilori
Les Côtes à l’unisson
Aulnes et poussières
Matrass
Scène Jupiter
La place de Matrass en clôture de festival confirme la montée du groupe de post-hardcore à suivre de près. Les Bordelais.es démarrent leur set par le titre « Cathedrals » de l’album éponyme avec une ambivalence entre douceur et riffs lourds qui se déploie sur tout le set. Cumulée à la basse groovy mise en avant (contrairement à son artisan Corentin Lagrue en arrière de la scène), cette dualité m’évoque particulièrement Jinjer, même si la présence sur scène de Clémentine Browne rappelle Camille Contreras de Novelists. L’accent frenchy est moins marqué en live que sur disque et me permet d’apprécier davantage la prestation.
Après un « Appetite for Comfort » rageur, « Silence » voit la chanteuse prendre le saxophone pour colorer les atmosphères du groupe et nous entraîner dans une belle tornade de blast en guise de climax. Matrass nous livre également le nouveau « Gaslighting Games » qui ne dépareille pas et offre un final éblouissant sur « Shreds ». La prestation est propre, et si le groupe n’est pas un coup de cœur à titre personnel, il m’a offert plus que ce que j’en attendais et saura convaincre en concert un public dans le sillage des nouvelles coqueluches françaises que l’on connaît.
Setlist :
Cathedrals
Journey
Appetite for Comfort
Silence
Reaching Heights
Gaslighting Games
Shreds
*
Merci à l'organisation du festival Les Lunatiques pour l'invitation
ainsi qu'à Rançon Photographie pour les photographies.