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Album

20 mars 2021 - Malice

Iotunn

Access All Worlds

LabelMetal Blade
styleMetal progressif spatial
formatAlbum
paysDanemark
sortiefévrier 2021
La note de
Malice
8.5/10


Malice

L'autre belge de la rédac'. Passé par Spirit of Metal et Shoot Me Again.

« Access All Worlds ». C'est presque une ironie cruelle de sortir un album intitulé comme tel en cette période durant laquelle le moins qu'on puisse dire, c'est que notre fenêtre sur le monde s'est considérablement réduite – si on pouvait access ne serait-ce qu'aux bars ou aux salles de concerts, ce serait déjà pas mal. Mais c'est justement ce que propose ce premier ouvrage de Iotunn : l'évasion pendant une heure d'écoute, au travers d'une espèce de melodeath spatial, ambitieux et franchement d'une inspiration épatante pour un groupe si jeune.

Il faut jeter plusieurs regards au line-up pour s'en assurer : oui, Iotunn est une toute nouvelle entité, et pas la réincarnation d'un projet passé ou le nouveau side-band de membres de Khonsu ou Borknagar. Seul nom attirant le regard : celui de Jón Aldará, vocaliste féroïen que les amateurs de doom-death connaissent pour son travail chez Barren Earth mais que j'ai surtout découvert en tant que leader de Hamferd : costume trois-pièces sur le dos, il délivrait en live des lignes absolument lumineuses qui, disons-le tout de suite, portent Access All Worlds . Pas tant par son growl, profond et de qualité mais loin d'être unique, que par son chant clair digne des grandes heures d'ICS Vortex. Dès sa première envolée sur le refrain de « Voyage of the Garganey I », on comprend le talent du garçon, qui est loin d'être accompagné de manchots.

Une heure pour 7 morceaux, vous êtes prévenus : Iotunn pose ses ambiances, assume son caractère plutôt progressif, mais se débrouille assez bien pour éviter qu'on décroche ses yeux du hublot pendant le voyage. À peine remis du titre d'ouverture, c'est le morceau-éponyme qui nous subjugue : l'un des plus prog' et atmosphériques, il ose ralentir d'emblée tandis qu'Aldará se fait presque opératique, mystérieux, jusqu'à l'explosion magistrale du refrain - « access all world, and paint our way through stars aligned »... J'ai déjà cité Borknagar : on retrouve indéniablement un peu de la grandiloquence des Norvégiens chez Iotunn, mais aussi celle des travaux les plus récents d'Arcturus, le tout complètement départi de tout côté black – c'est plutôt le death progressif le plus moderne qui est à chercher, la production compressée et « froide » de Fredrik Nordström, gourou du melodeath, y étant naturellement pour beaucoup. Parfois pompeux, Iotunn ne manque cependant pas d'hymnes :  « Waves Below » et ses riffs s'élevant comme des rais de lumière autour de la voix se faisant plus rugueuse d'Aldará, ou encore le véritable tube « The Tower of Cosmic Nihility » et ce refrain qu'on croirait écrit pour servir de bande-son à la nouvelle saison de The Expanse, vous resteront en tête de longues heures après écoute.

Mais donc, me direz-vous, tient-on là l'album de l'année ? À me lire, on le croirait presque. Au fil des écoutes, Access All Worlds a en tout cas peu de défauts clairs : de morceaux-fleuves composés avec brio en titres plus directs (le très Soilworkesque « Laihem's Golden Pits »), Iotunn ne nous perd jamais, ne nous lâche jamais et propose un premier album parfaitement cohérent de bout en bout, techniquement irréprochable et porté par quelques unes des plus belles lignes vocales que j'ai pu entendre. Quelques longueurs, une production un peu trop lisse (mais qui colle plutôt bien à la musique très spatiale du groupe), et une absence, peut-être, de « folie » dans un tout qui s'y prêterait pourtant bien n'empêchent pas d'être épaté, tout simplement. Si vos seules échappées belles depuis quelques mois étaient les vidéos d' « amarsissage » de Perseverance, Iotunn est la bande-son de vos rêveries.

Tracklist : 

1. Voyage of the Garganey I - 7:25 
2. Access All Worlds - 11:36
3. Laihem's Golden Pits - 4:40
4. Waves Below - 10:10
5. The Tower of Cosmic Nihility - 7:30
6. The Weaver System - 6:33
7. Safe Across the Endless Night - 13:47
Total : 1h01