
Parkway Drive + Thy Art is Murder @Paris
Zénith - Paris

Avocat le jour, rédacteur sur Horns Up la nuit et photographe à mes heures perdues.
Ce jeudi, le Zénith de Paris accueillait la dernière tournée de Parkway Drive, accompagné pour l'occasion par deux autres groupes venus d'Australie, The Amity Affliction (raté, compte tenu de l'heure de début de concert) et Thy Art is Murder. L'occasion rêvée de pouvoir faire le bilan de l'évolution de Parkway Drive sur scène ces dernières années et, aussi, de finaliser notre avis sur la nouvelle mouture de Thy Art, ère post-CJ.
Thy Art is Murder
Lors du dernier passage du groupe à Paris, en octobre 2023, j'étais ressorti de l'Elysée Montmartre avec une impression mitigée : celle d'un groupe toujours aussi solide et carré, mais qui a perdu une partie de son âme. Le fait est qu'il y a toujours eu un Thy Art avec CJ McMahon et un Thy Art sans ; les frasques de ce dernier ayant abouti à une relation sur courant alternatif. Aujourd'hui, le divorce est consommé et Tyler Miller a repris le flambeau, ce qui a malheureusement fait perdre plusieurs crans d'intensité et d'aura à ce groupe jadis fer-de-lance de la scène deathcore.
Au delà de ces éléments plus personnels, cette date au Zénith de Paris a laissé un petit goût d'inachevé pour des raisons externes au groupe. Déjà, en raison de la configuration délicate de la scène - impossibilité d'utiliser l'avancée réservée à la tête d'affiche du soir -, créant ainsi une distance importante avec le public. Pas vraiment idéal pour créer une dynamique dans le mosh pit. Ensuite car le groupe n'a jamais été très démonstratif sur scène, reposant pour l'essentiel sur le côté massif de leur son et de la prestation. Cela me va parfaitement, mais difficile de reproduire cette recette face à un public attendant de pied ferme un Parkway Drive qui est à l'opposé total du spectre en la matière.
Au final, c'est devant un public assez placide que les Australiens se sont donnés. Il y avait pourtant quelques bons ingrédiens pour marcher : un son très bon, des lights efficaces et une setlist qui balaye la carrière récente du groupe - et notamment leur dernier opus - tout en conservant quelques indéboulonnables comme « Holy War » ou « The Purest Strain of Hate ». Dommage !
Setlist :
Blood Throne
Fur and Claw
Death Squad Anthem
Join Me in Armageddon
Slaves Beyond Death
Holy War
The Purest Strain of Hate
Keres
Puppet Master
Parkway Drive
Dire que Parkway Drive était attendu de pied ferme à Paris est un euphémisme. Le groupe n'a jamais caché ses vélléités de devenir un groupe d'arena et il met tous les moyens pour y parvenir, avec succès. Si la progression est peut-être un peu plus lente dans notre contrée, le Zénith semblant pour l'heure être un plafond de verre, le groupe a solidifié ces dernières années son statut de tête d'affiche de festivals et il y a fort à parier que l'évolution du groupe va repartir à la hausse dans l'hexagone.
Et c'est à vrai dire assez logique. A l'heure où les places de concert sont particulièrement chères, Parkway Drive ne fait pas les choses au rabais dans le seul but d'augmenter ses marges. Le groupe est arrivé avec, dans ses bagages, une scénographie de grande qualité comprenant une petite scène centrale, un pont entre celle-ci et la scène principal qui n'aura cessé de monter et descendre pendant le show, une batterie en cage à la Joey Jordison de la grande époque, ou bien encore une scène très industrielle, avec une sorte de grand pont en metal qui la traverse. Ajoutez à tout cela des danseurs, des violonistes et de grands renforts d'effets pyrotechniques, pour un show complet.
Que l'on aime ou pas la musique de Parkway Drive, il est impossible de nier que le groupe a pris une autre dimension en live et qu'il sait y faire pour tenir en haleine son public. Et les parisiens présents ce soir ne s'y sont pas mépris, mangeant dans la main du groupe pendant près d'une heure 30, en dépit d'un retard à l'allumage qui aura conduit à ce qu'un titre soit sucré de la setlist.
Evolution musicale oblige, une certaine fracture s'est créée parmi les fans de Parkway Drive. Les amoureux du metalcore à l'ancienne, qui ont arrêté de suivre le groupe après Deep Blue - voire Horizons -, et les fans plus récents qui trouvent dans ce groupe cette parfaite combinaison d'un metalcore moderne et d'hymnes chantés particulièrement remuants. A titre personnel, j'ai cessé de m'intéresser de près à leurs albums depuis Ire, mais je reste un fidèle du groupe en live, ne ratant que très peu de leurs concerts. La raison est assez simple, puisqu'elle tient à la capacité du groupe de pondre des prestations XXL, fédératrices à souhait.
Par le passé, le seul reproche que je pouvais faire à ce Parkway Drive new look en live était un traitement approximatif de ses différentes orientations musicales. Depuis quelques années déjà, le groupe retient le pari esthétique d'un milieu de set plus aéré, reposant sur des titres dans l'émotion, comme « Cemetery Bloom », « Darker Still » et « Wishing Wells ». Simplement, quand le groupe passe 45 minutes à sauter, courir, haranguer la foule et à faire monter la pression, l'enchainement avec des titres lents n'était pas du plus bel effet et le public ne s'y trompait pas.
Le groupe a cependant trouvé la recette ! En utilisant à bon escient les différents éléments de scénographie, et notamment cette petite scène centrale qu'il est possible d'isoler physiquement et par les jeux de lumières, Parkway Drive parvient à créer de petites scènes dans la scène. Impression naturellement renforcée par la proximité du groupe avec le public, qui vient appuyer ce lien d'émotion pour les titres concernés. En dépit d'un Winston dont la voix claire est toujours aussi fragile - pour ne pas dire fausse -, le groupe est enfin parvenu à trouver le juste équilibre.
Pour le reste, c'est un sans faute. Avec un Winston au four et au moulin (sur la scène avancée, sur le pont flottant, en arrière scène, dans le public), un son particulièrement excellent (payez cher votre ingé son, les amis) et des lights très bien pensées, les Australiens confirment tout le bien que l'on pense d'eux en live. Et si vous êtes un amoureux de la première heure, le groupe a tout de même tendance à offrir régulièrement quelques vieilles pépites pour calmer votre douleur. Pour cette tournée, le groupe a décidé de nous offrir quatre titres de Horizons, dont un « Boneyards » à l'ancienne, chanté avec Joel Birch de The Amity Affliction.
On ne retrouvera jamais des setlists comme lors de leur passage au Cabaret Sauvage en 2014 ou à l'Elysée Montmartre en 2010, mais l'on doit savoir aussi apprécier un groupe qui fait beaucoup pour ses fans et a, de toute évidence, le sens du show. Bravo messieurs !
Setlist :
Carrion
Prey
Glitch
Sacred
Vice Grip
Boneyards
Horizons
Cemetery Bloom
The Void
Wishing Wells
Dark Days
Idols and Anchors
Chronos
Darker Still
Bottom Feeder
Crushed
Wild Eyes
Merci à Live Nation, pour l'accréditation.
Crédits photos : @thirdeyevisualsau