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jeudi 24 juillet 2025

Iron Maiden - Run for your lives Tour @Paris

Arena - Nanterre

Team Horns Up

Compte groupé de la Team Horns Up, pour les écrits en commun.

La venue d'Iron Maiden à Paris est toujours un évènement. Du coup, on n'a pas fait les choses à moitié chez Horns Up puisque nous étions présents aux deux dates du groupe à Paris La Défense Arena ! Un choix naturellement guidé par le plaisir de voir la bande à Bruce Dickinson mais aussi, voire surtout, par une setlist absolument incroyable faisant la part belle au début de carrière du groupe (aucun titre postérieur à 1992). Retour sur ces deux soirées mémorables en texte et en images, ci-dessous !

 

Avatar

Michaël : Autant le dire dès à présent, Avatar est un groupe qui nous laisse de marbre avec Victor. Il fait même partie des groupes dont on a un peu de mal à saisir le succès retentissant. Officiant dans le mélodeath en début de carrière, le groupe a opéré un virage vers un metal / rock alternatif volontairement « goofy » et théâtral. Une direction artistique claire, assumée : celle d'un grand freak show mené par un Johannes Eckerström incontestablement talentueux, en voix claire comme en growl. De toute évidence, les Suédois ont une fanbase solide ; les titres comme « Smells Like a Freakshow », « The Dirt I'm Buried In » et « Hail the Apocalypse » ont fait leur petit effet sur un public de l'Arena qui n'en demandait pas tant. Sans toutefois que cela ne remette en cause notre hermétisme à la musique un peu fourre-tout des natifs de Goteborg.


Crédit photo : Jens de Vos

Cela reste cependant amusant de voir à quel point le groupe maîtrise à la perfection son image et son business plan. Des mots doux pour le public, des références à une grande famille, quelques gestes fédérateurs, une vidéo post-concert publiée rapidement sur les réseaux sociaux et, surtout, leur prochaine date au Zénith de Paris annoncée sur les grands écrans à l'issue du concert. Une masterclass marketing qui tend malheureusement à renforcer l'antipathie que m'inspire le groupe. Rendons néanmoins à César ce qui appartient à César : Avatar plaît manifestement au public et on est ravis pour eux.

Setlist :
Dance Devil Dance
Let it Burn
In the Airwaves
Bloody Angel
The Dirt I'm Buried In
Captain Goat
Smells Like a Freakshow
Hail the Apocalypse


Crédit photo : Jens de Vos

 

Iron Maiden

Di Sab : Depuis quelques années, Iron Maiden alterne entre des tournées faisant la promotion des inintéressants derniers albums et des World Tours consacrés aux premières années de leur carrière. Au sein de ces derniers, pas de morceaux d’une demi-heure aux relents prog pédants, de titres pseudo-percutants qu’on retrouve clairsemés dans les albums post-Brave New World. Plus que Legacy of the Beast, que la tournée de Flight 666 ou que Maiden England, la tournée Run for Your Lives possède, selon moi, la plus belle setlist de ces dernières années.

Présentée comme étant constituée de titres de chaque album de l’éponyme jusqu’à Fear of the Dark, le public a déploré une publicité mensongère alors que No Prayers for Dying n’est pas représenté. Chacun a, par ailleurs, ses petites préférences, et aurait remplacé tel titre par un autre. Mais les échanges au sein du webzine et même avec différents interlocuteurs font tout de même état d’un certain consensus sur la qualité de cette setlist.


Crédit photo : Apolinne Cornuet (@apollinecornuet)

Au-delà du choix des titres, l’organisation générale du concert est remarquable. Un premier tiers consacré à l’époque Di Anno avec « Phantom of the Opera » qui permet une transition avec l’époque Dickinson et ses morceaux à l’écriture plus travaillée, puis des alternances entre titres nerveux (« Run to the Hills », « 2 Minutes to Midnight ») et les titres plus longs (le pénible « Seventh Son of the Seventh Son » et surtout l’inénarrable « Rime of the Ancient Mariner »). Bien que le concert soit plutôt long, difficile de décrocher au vu de l’enchaînement des titres tous plus iconiques les uns que les autres. L’ensemble finit par un tunnel en fin de set où les indéboulonnables se succèdent.

Concernant l’exécution, on peut remarquer une différence notable entre les deux dates. Alors que le son tourbillonnait lors de la première et que les guitares n’étaient que peu définies, le concert du 20 juillet a bénéficié de conditions réellement parfaites. Simon Dawson, le remplaçant de Nicko Mc Brain, n’a pas démérité et donne le sentiment d’être parfaitement intégré, par le groupe comme par les fans. Concernant les autres musiciens, ceux-ci sont fidèles à leurs habitudes. Dickinson est toujours autant dans le don de soi et sa sympathie compense le manque de justesse de certaines envolées. Smith et Murray semblent toujours « pointer au bureau » tandis que Janick Gers passe toujours plus de temps à faire tournoyer sa guitare qu’à s’en servir pour jouer des notes.

Le seul vrai point noir de ce concert concerne la scénographie. Point fort initial de Maiden, la cuvée 2025 repose sur un écran en haut de scène sur lequel se succèdent des visuels adaptés pour chaque chanson. Alors ok, il y a des visuels « personnalisés » pour chaque date, avec une fameuse représentation de Paris lors du titre d’ouverture, mais la dimension très lisse de l’ensemble laisse planer un soupçon sur l'utilisation de l’intelligence artificielle. Et là où la Vierge de Fer a imposé une esthétique au fil des années par sa direction artistique très impactante, cette espèce de bal de traits fins, d’animation sans âme me laisse pantois. Comment passer de ces visuels très « sketchy » à ces Eddie sans âme ni épaisseur ? Le groupe ayant tendance à systématiquement renouveler ses choix esthétiques, il serait salutaire que le Run for Your Lives soit une tentative malheureuse et non pas le début d'une direction récurrente. Ce vrai défaut s'avère tout de même insuffisant pour remettre en cause la qualité totale du show proposé. Au terme de ces deux dates, je pars avec le sentiment d'avoir vu pour la dernière fois Iron Maiden. Et si c'est le cas, je les quitterai sur une très belle note. Up the Irons !


Crédit photo : Apolinne Cornuet (@apollinecornuet)

Michaël : L'ami Victor a été particulièrement exhaustif dans son analyse, donc je ne ferai qu'enfoncer le clou en guise de conclusion. À l'heure où nos héros musicaux d'enfance partent les uns après les autres, la connexion se fait d'autant plus forte avec des groupes dont les membres ont un âge avancé. Alors quand ces derniers décident en plus d'offrir à leurs nombreux fans des setlists old school, taillées pour des grandes salles, les émotions sont décuplées. Ce fut beau, lors de ces deux soirs, de voir toutes ces générations vibrer comme rarement autour de la musique d'Iron Maiden. Si l'on enlève le défi qu'a représenté le son (surtout le 19) dans cette salle de l'Arena de Nanterre, les retours ont été unanimes : nous avons assisté à une masterclass de nos amis anglais. 

Alors même que j'avas quelques réticences sur le potentiel rendu live de titres de Killers, qui est l'un des albums des débuts de Maiden qui me passionne le moins, tout a été balayé d'un revers de la manche lors de ces deux dates. A vrai dire, à l'exception d'un longuet « Seventh Son of a Seventh Son » qui n'est pas du tout parvenu à me transporter, cette setlist a été un sans faute. Quel plaisir de pouvoir écouter « Rime of the Ancient Mariner » !

Il n'y a plus qu'à leur souhaiter de pouvoir perdurer avec autant d'énergie et de continuer à nous offrir de telles dates, pour l'éternité.

Setlist :
Murders in the Rue Morgue
Wrathchild
Killers
Phantom of the Opera
The Number of the Beast
The Clairvoyant
Powerslave
2 Minutes to Midnight
Rime of the Ancient Mariner
Run to the Hills
Seventh Son of a Seventh Son
The Trooper
Hallowed Be Thy Name
Iron Maiden
Aces High
Fear of the Dark
Wasted Years


Crédit photo : Apolinne Cornuet (@apollinecornuet)

 

Un grand merci à Olivier Garnier pour l'invitation pour la date du samedi 19 juillet.

Crédits photos : Apolinne Cornuet (@apollinecornuet) et Jens de Vos pour l'article ; Facebook d'Iron Maiden pour la photo de couverture.