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mercredi 2 juillet 2025

Heavy Sound Festival : la grande fête belge du heavy metal !

Maeke-Blyde - Poperinge

Malice

L'autre belge de la rédac'. Passé par Spirit of Metal et Shoot Me Again.

« You never forget your first ». Ces mots, écrits au dos des t-shirts de ce Heavy Sound Festival Tribute, sont ceux de Tom Araya. Le frontman de Slayer les prononçait le 26 mai 1985, il y a presque exactement 40 ans, à l'occasion d'un concert à Poperinge... au Heavy Sound Festival. Et en effet, Slayer n'a jamais oublié ce patelin de Flandre non loin de la bien plus célèbre Ypres, car les alors futures légendes du thrash metal y donnaient là leur tout premier concert européen.

Quarante ans plus tard, c'est en hommage au Heavy Sound Festival d'origine que la Maeke-Blyde, la salle de l'époque, accueille à nouveau deux jours de heavy metal old school. Le thème est simple : une bonne partie de groupes présents à l'époque, à l'une ou l'autre des trois éditions s'étant tenues de 1983 à 1985, accompagnés de groupes phares belges et internationaux de la même période. Une sorte de « mini- Keep it True » à la belge, avec une première journée réservée aux légendes du heavy belge, et un deuxième jour headliné par Anvil, présents en 1983. Au programme également, Ostrogoth, Acid, Killer pour leur show d'adieux, ou encore Tygers of Pan Tang et Tank pour représenter la NWOBHM. Vous commencez à me connaître : hors de question de rater ça.

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Jour 1 | Jour 2

 

Jour 1 

Poperinge, c'est donc une petite ville non loin d'Ypres, mais aussi non loin de la frontière française – le Mont des Cats n'est qu'à une vingtaine de minutes, par exemple – où le tourisme est généralement de deux sortes. Mémoriel, d'abord : les champs de bataille de la Première Guerre Mondiale sont tout proches, comme celui de Passchendaele si bien chanté par Iron Maiden. Houblonné ensuite : les champs alentours sont souvent couverts de plants de houblon, et la légendaire abbaye de Westvleteren n'est qu'à dix minutes (on y fera évidemment pèlerinage le samedi matin). Et pour le fan de metal, souvent amoureux d'Histoire et de bière, troisième point d'intérêt : cette Maeke-Blyde où non seulement Slayer a joué son premier concert européen, mais Metallica également son premier concert belge et l'un de ses premiers festivals sur le continent, en 1983. Fierté locale, ce passage de James Hetfield et sa bande, au point que les membres du groupe ont réalisé une petite vidéo pour saluer le Heavy Sound Festival. C'était à l'occasion de l'inauguration d'une statue devant la Maeke-Blyde, à l'effigie de la guitare utilisée à l'époque par Hetfield. Sympa, et les festivaliers, bien sûr, ne ratent pas l'occasion d'eux aussi s'immortaliser à côté du monument avant d'entrer pour cette première journée dans la Mecque/Maeke du jour...

Kate's Acid

Pour des raisons purement légales, le batteur d'origine d'Acid détenant encore les droits du groupe sans rien en faire, la frontwoman et âme du groupe, Kate De Lombaert, est encore aujourd'hui forcée de tourner sous le nom Kate's Acid. Personne ne s'y trompe : Kate, C'EST Acid. Sorte de précurseur de Doro, Kate De Lombaert s'est entourée de musiciens de haut vol et balance donc son speed/heavy mordant et bourré d'hymnes. Comme le dit le titre homonyme en entrée de set : « Acid is the name, heavy metal is the game ! ». Bien sûr, Kate est moins mobile qu'à l'époque (elle a largement dépassé la soixantaine) mais quelle voix encore, y compris quand elle se lance dans la périlleuse reprise « d'un de ses morceaux préférés », à savoir le « Stand Up & Shout » de Dio, rien que ça. « Hooked on Metal », « Hell on Wheels », « Bottoms Up » qui nous remplit déjà un peu trop de Saint Bernardus Triple pour un premier concert, et bien sûr les tubes ultimes « Black Car » et surtout « Max Overload » : c'était déjà karaoké. Et autour de la reine du jour, ça joue sévère, avec deux guitaristes monstrueux dépoussiérant totalement des titres ayant parfois un peu vieilli sur album, lançant des duels de guitares délirants. On retrouvera l'un d'eux demain : Andreas Stieglitz, guitariste de Speed Queen, dont j'avais déjà chanté les louanges ici.


(crédits photo : Erwin Poppe)

 

Killer

Killeris dead, long liveKiller. Ce concert était en effet celui des adieux pour Paul « Shorty » Van Camp, dernier membre d'origine de Killer et qui a décidé de raccrocher. Malheureusement, la fête sera gâchée par de nombreux problèmes techniques, retardant de longues minutes le début d'un set qui restera bancal par-ci par-là. L'important était ailleurs : célébrer le « Mötörhead belge » et son speed/rock'n roll loin d'être original, mais efficace. Mais Killer fait aussi partie de ces vieux de la vieille qui ont sortis des albums jusqu'au bout, et qui jugent ces derniers aussi bon que les classiques. Spoiler : ce n'est pas le cas, et l'enchaînement pataud « Argus Eyes – Shotgun Symphony » fait directement retomber la pression. Après la claque Acid (et avant ce qui suivra), Killer fait un peu figure de parent pauvre, malgré la belle forme de notre Lemmy à nous. Sur les inévitables tubes « Kleptomaniac » et surtout « Ready for Hell », on se lâche enfin, même si ce dernier pousse un peu loin l'hommage (on pourrait presque chanter « Overkill » au lieu des lyrics d'origine). Bref : un baisser de rideau en demi-teinte, signe peut-être qu'en effet, il était l'heure de dire au revoir. Respect total, toutefois.

 

Ostrogoth 

Là, on entre dans une autre dimension. Il faut dire qu'Ostrogoth a une excellente raison d'encore sonner « actuel » : il ne reste aucun membre d'origine à l'exception du batteur, déjà présent donc au même endroit en 1983. Chacun se fera son idée concernant ces groupes des années 80 tournant avec à peine un membre fondateur (ce sera encore le cas des Tygers of Pan Tang le lendemain), mais dans ces cas, ce qui compte est certainement la performance, la réponse du public et de manière générale ce qu'on ressent lors du concert. Et les feels seront là durant cet extraordinaire concert de légendes du heavy belge, ou du moins de leur incarnation actuelle : quelle setlist, quelle classe, quelle voix de Josey Hindrix - le meilleur vocaliste du week-end. Et il faut bien ça pour faire honneur aux périlleux « Ecstasy & Danger », « Queen of Desire » (LE morceau de bravoure du groupe) ou encore sur cette reprise 100% réussie du « Green Manalishi with the Two-Pronged Crown » qu'on a toujours envie de citer comme une cover de Judas Priest (c'est évidemment Fleetwood Mac). Ostrogoth déterre même « Halloween » pour la première fois en live depuis... 1985, et conclut sur l'inévitable « Full Moon's Eyes » qui fait chanter toute la salle. James Hetfield a fait une publicité inattendue aux Gantois en portant régulièrement leur t-shirt sur scène, lui qui en est fan avoué ; malheureusement, Ostrogoth n'en a pas réellement profité pour saisir la balle au bond... pour l'instant. Et s'il n'était pas trop tard ?

Setlist :
Shoot Back
Ecstasy & Danger 
Halloween
Love in the Streets 
Queen of Desire
Scream Out
Heroes' Museum
Green Manalishi (with the Two-Pronged Crown) (Fleetwood Mac cover)
Paris by Night
Full Moon's Eyes


(crédits photo : Erwin Poppe)

 

Mystery

Mais qui est Mystery ? Clairement, on tient là l'un des secrets les mieux gardés du metal/hard rock belge. Flamand, même, car le combo ostendais est resté une perle locale et ce en grande partie parce qu'il l'a jouée carabiniers d'Offenbach. Pensez donc, sortir un album de pur AOR/hard FM à la Journey/Magnum en... 1991 ! Et avec du beau monde, encore bien : Peter De Wint au chant, ancien vocaliste d'Ostrogoth et surtout Crossfire (groupe disparu mais légendaire qui a eu droit, avant le concert de Mystery, à un hommage vidéo un peu brouillon) ; Geert Annys (ex-Ostrogoth et Thunderfire) ; Chris Taerwe (ex-Ostrogoth) et Chris De Brauwer (ex-Crossfire). Un supergroupe à la belge, donc.

Deux albums verront le jour : le premier, véritable mine de tubes typés 80s, est digne, dans ses meilleurs moments, de la crème du style et je ne peux que vous inviter à aller l'écouter. Le second, plus homogène en terme de qualité pure mais dépourvu de la même magie, aura moins de succès ; mais c'est surtout le morceau « She Likes Double Trouble » qui fera rentrer Mystery dans la légende (flamande), en servant de bande-son au film Koko Flanel, soit le 2e film ayant fait le plus d'entrées au cinéma dans l'histoire de la Flandre. Notre « Danger Zone » ou « Burning Heart » à nous, quoi.

Ou plutôt : à eux, en Flandre. Car moi qui suis Wallon, l'autre partie de la Belgique, je n'avais jamais entendu parler de Mystery avant l'annonce de cette reformation. Une reformation très, très attendue, même si elle se fait avec un nouveau vocaliste qui s'avérera particulièrement doué. Le monde devant la scène témoigne de cette hype, et ce Mystery 2.0 y fera honneur, avec une setlist exclusivement centrée sur le premier album. Peu utile, je pense, de vous en énumérer les tubes, mais tout de même : « Please Don't Leave Me Now »  et son refrain incroyable à la Journey, l'immense et plus sombre « Fata Morgana » et l'incroyable « The Land of Mystery » sont les highlights d'un set porté par le jeu toujours impeccable de Geert Annys (membre d'origine, donc) et la voix de Sammy Peleman (Shocker), qui en fait un peu trop mais a clairement les épaules pour le job. De manière générale, près de 2 heures de AOR/hard FM, c'est un peu long, mais on ne peut qu'espérer que Mystery est bel et bien de retour et aura enfin la chance, dans cette scène qui ne jure que par le revival, de percer au-delà de nos frontières...

 

***

 

Jour 2 

Bon, on ne va pas se le cacher : avec un hôtel pris sur place, on a terminé la soirée de la veille confit dans le houblon local. Bonne chose, donc, que le J2 commence à 14h30, ce qui nous laisse le temps de décuver, de prendre l'apéro à l'abbaye de Westvleteren et de revenir à la Maeke-Blyde pour le concert de Speed Queen.

 

Speed Queen

Il n'y a pas longtemps, j'évoquais le concert de Speed Queen en première partie d'Ambush et Century. J'étais assez conciliant, n'ayant jamais vu le groupe en live, et j'avais surtout été soufflé par le niveau impressionnant d'Andreas Stieglitz, guitar hero et véritable highlight de la soirée. Mais cette fois, je vais rester bref et être moins gentil : malheureusement, Speed Queen est plombé par un chanteur absolument pas à niveau (ce n'était donc pas un mauvais soir à Courtrai), qui n'atteint aucune note et sonne comme si ses cordes vocales étaient comprimées en permanence. Les compositions, assez passe-partout, en souffrent énormément et ce ne sont pas les reprises prévisibles et bâclées de « Doctor, Doctor » et « Rock Bottom » pour rendre hommage à U.F.O. (présent au Heavy Sound à l'époque) qui sauvent le concert. Même l'effet « waw » de Stieglitz n'est plus là, l'homme ayant déjà soufflé son monde la veille avec Kate's Acid. Délicate entrée en matière...

 

Scavenger 

Ce second jour n'est pas consacré aux groupes belges, mais commençait tout de même sur deux régionaux de l'étape puisqu'après Speed Queen, place à Scavenger. L'oeil non-averti y verra un groupe relativement jeune, mais le premier album des Anversois, Battlefields, est bel et bien sorti... il y a 40 ans. Sauf qu'il n'en reste plus aucun membre d'origine : depuis 2018 et la reformation de Scavenger, le groupe est emmené par la charismatique Tine Callebaut, qui ne naissait que 7 ans après la sortie de l'album. Deux membres d'origine étaient présents pour cette reformation mais sont partis en 2020, et Beyond the Bells sorti en 2024 est donc l'album d'un groupe... 100% différent de celui de 1985.

Reste que Beyond the Bells est un bon album, parmi les meilleurs de 2024 dans le style, et que ça joue carré. Du heavy classique et bien exécuté, avec une Callebaut qui tient sa scène et son public, et quelques tubes par-ci par-là (« Red Hot », très efficace avec son côté Warlock). Après 7 titres de ce deuxième opus, la surprise du soir est l'arrivée de Luc Ebinger derrière les fûts pour deux titres de Battlefields, « Battlefield » et le classique « My Ears Are Ringing ». Est-ce le même groupe ? Non, et continuer de tourner sous le nom Scavenger est un peu étrange. Est-ce un bon groupe ? Oui. Certains diront que c'est ce qui compte.

(crédits photo : Erwin Poppe)

 

 

Picture 

La scène heavy néerlandaise est fort peu connue en France, mais a son petit succès en Belgique néerlandophone. J'avais ainsi vu Vengeance, sorte de hard rock/glam un peu goofy, à l'Alcatraz l'année passée et étais surpris du nombre de Flamands connaissant les refrains ; Picture, de son côté, évolue dans un heavy type NWOBHM un peu plus racé et qualitatif. Les albums Heavy Metal Ears et surtout Diamond Dreamers (une vraie pépite méconnue) ont eu un sacré succès à leur époque.

Et voilà donc, plus de 40 ans plus tard, ce qu'il reste de Picture : un groupe certes plus dynamique que Vengeance, mais dont la prestation reste un peu molle par rapport au reste de la journée. Il faut dire que, fait rare et appréciable, trois des membres d'origine sont toujours là, et qu'ils approchent voire dépassent la septantaine (73 ans pour Rinus Vreugdenhill). Peter Strykes, de son côté, malgré ses 68 ans, rend parfaitement hommage aux vocaux splendides de feu Shmoulick Avigal sur les 6 extraits de Diamond Dreamer joués ce soir-là, notamment le plus speed « You're All Alone » ou le tube absolu « Lady Lightning » et son côté très Dio. Un bon moment, comme ce genre de festival peut en offrir malgré le côté inévitablement suranné du tout.

 

Slagter (Slayer tribute)

Le Heavy Sound Festival Tribute n'est pas un festival de tribute (et pour le coup, une partie des gens potentiellement intéressés auxquels j'en parlais étaient un peu perturbés par ce nom en effet assez mal trouvé), mais ne pouvait tout de même pas faire sans payer... hommage (le sens initial de « tribute ») à Slayer. Après tout, les t-shirts officiels du festival sont ornés de la fameuse citation de Tom Araya au sujet du Heavy Sound de 1985.

Sharon Osbourne ayant négocié une exclusivité pour Back To The Beginning quant à un passage européen de Slayer, le Heavy Sound a dû se rabattre sur un cover band flamand, Slagter. Et bien sûr, quand les titres se suffisent à eux-mêmes, il suffit de les jouer sans trop les massacrer (ce qui sera le cas) pour que la foule apprécie. Le tout jure tout de même un peu avec l'atmosphère du festival, notamment ce bassiste qui aurait presque sa place dans un groupe de néo metal, et le chant est loin de l'agressivité requise, mais si Slayer jouait la setlist proposée ce soir-là, on deviendrait fou : « Altar of Sacrifice », « The Antichrist »,  « Silent Scream », « Die by the Sword », « Black Magic », « Jesus Saves » - imparable. Bizarre d'avoir placé au milieu de tout ça des titres de God Hates Us All ou encore Repentless, qui ne reçoivent pas le même accueil.

 

Tygers of Pan Tang

Attention, là, on passe un palier. Rien à faire : à chaque fois que la NWOBHM monte sur scène, elle a quand même tendance à rappeler pourquoi elle reste la scène de référence dans l'histoire du heavy metal. On est rarement déçu avec du British : Demon, Praying Mantis, Venom, Angel Witch, Satan et bien sûr les incontournables Saxon ou Iron Maiden sont toujours des monstres de live. Hé bien, ajoutez à cette liste les Tygers of Pan Tang.

Je ne savais pas trop à quoi m'attendre tant les tigres ont, tout au long de leur carrière, changé de line-up. Seul reste Robb Weir (guitare) du line-up d'origine, même si Craig Ellis (batterie) et Jack Meille (chant) sont là respectivement depuis 2000 et 2004. Mais le tout sonne tout simplement parfaitement carré, et va donner un concert d'une énergie folle. Même les extraits du récent Bloodlines (2023), comme le bien nommé « Back for Good », sonnent très bien, mais c'est bien sûr la triplette issue de Hellbound qui me fait le plus plaisir (« Gangland », « Take it » et l'inévitable rappel sur « Hellbound »). Jack Meille dispute à Josey Hindrix (Ostrogoth) le titre de meilleur vocaliste du week-end et est en tout cas de loin le meilleur showman. Bref : Tygers of Pan Tang en live, c'est une tuerie, et pas juste une tuerie nostalgique, que je vous enjoins à aller voir dès qu'elle passe près de chez vous !

Setlist: 
Euthanasia
Gangland
Love Don't Stay
Keeping Me Alive
Back for Good
Rock Candy
Take it 
Only the Brave
Fire on the Horizon
Suzie Smiled
Hellbound
Love Potion n°9 (The Clovers cover)

 

Tank

NWOBHM, round 2 ! Place cette fois à Tank, qui évolue dans un style bien différent des Tygers of Pan Tang, bien plus rock'n roll et influencé, clairement, par Mötörhead. Une musique plus âpre, portée à ses débuts par l'emblématique Algy Ward (basse/chant), décédé en 2023. La carrière de Tank, comme souvent dans le style, aura été pourrie par des changements de line-up incessants et même une scission entre Ward, dont la mouture passera globalement inaperçue, et le Tank présent à cet Heavy Sound Festival, globalement considéré par la plupart comme la vraie succession du groupe des débuts.

(crédits photo : Erwin Poppe)

C'est déjà cette version de Tank que j'avais vue en live en 2013 au défunt Power Prog & Metal Fest, à l'époque avec au chant un certain... ZP Theart, ex-chanteur de Dragonforce (oui, celui de « Through the Fire & Flames »). Y'a parfois de ces bizarreries. Difficile, donc, de dire ce que donnera ce concert plus de 10 ans plus tard et alors que Tank a changé deux fois de chanteur depuis, mais aussi... quatre fois de bassiste et trois fois de batteur. Au moins le duo de guitaristes Evans/Tucker, en place depuis 1984, est-il toujours là. Et cette version de Tank, emmenée par l'excellent chanteur Marcus Von Boisman, va livrer un concert juste explosif, dès le classique « Shellshock ».

Évidemment, il n'y aura que de l'old-school au programme, et quelle setlist : le plus mélodique « This Means War », le très rock'n roll « Blood, Guts & Beer » et le morceau-titre de ce que je considère comme un véritable classique du genre, « Honour & Blood » - « for the honour ! For the honour and the blood ! » - il ne manque rien. Sans le chaos de sa carrière, Tank aurait peut-être été reconnu à sa juste valeur : une usine à refrains, capable de passer de véritables tubes (« (He Fell in Love With a) Stormtrooper », imparable) à des morceaux absolument épiques, comme sur le final « The War Drags Ever On » auquel je ne m'attendais plus, et qui est le premier et dernier titre du week-end à me pousser aux barrières pour chanter poing levé. Peut-être le concert du week-end avec celui d'Ostrogoth : encore une fois, longue vie à la NWOBHM !

Setlist :

Shellshock
Walking Barefoot Over Glass
This Means War
Echoes of a Distant Battle
Blood, Guts & Beer
Honour & Blood
That's What Dreams Are Made Of
Don't Walk Away
Set your Back on Fire
Power of the Hunter
(He Fell in Love with a) Stormtrooper
The War Drags Ever On 

 

Anvil

Bon, très sincèrement, après deux jours d'une telle qualité, on est rincés : les pauses ont été rarissimes – en réalité, je n'ai loupé... aucun concert sur deux jours, et ça ne m'arrive pas souvent. Mais finir sur Anvil était, pensais-je, l'assurance d'un moment relax et agréable, le groupe canadien ayant bonne réputation en live. Lips et sa bande étaient présents en 1983, lors de la première édition du festival, aux côtés d'Ostrogoth et Killer mais aussi de... Gary Moore, Golden Earring et Uriah Heep. Ca ne les rajeunit pas.

Et en 42 ans, Anvil n'a non seulement pas pris l'ampleur espérée, mais n'a pas non plus bonifié, c'est le moins qu'on puisse dire. Après d'innombrables balances, le groupe monte sur scène, ou plutôt, deux membres montent sur scène et Lips vient immédiatement jouer « March of the Crabs » dans le public. Allez, c'est sympa. Mais même les morceaux de Metal on Metal et Hard n' Heavy ne parviennent pas vraiment à faire décoller le concert. Il faut dire que j'ai toujours trouvé Anvil franchement moyen, avec un capital sympathie largement supérieur à la qualité de sa musique ; alors quand Lips se lance dans des discours un peu téléphonés avant les lourdauds « Legal at Last » et « Truth is Dying », avant d'enchaîner sur un franchement mauvais « Badass Rock'n Roll » (tout cela issu évidemment d'une seconde partie de carrière pas vraiment à conseiller), on lâche collectivement l'affaire, vaincus par l'heure tardive et la perspective d'une heure et demie de route. Dommage pour la fin de set qui va, je le sais, faire la part belle à Forged In Fire. Le duo Tygers – Tank était bien suffisant pour finir la soirée !

 

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Que retenir, finalement, de cette espèce de « Keep it True à la belge » que nous ont offerts les organisateurs du Heavy Sound Festival pendant ces deux jours ? Tout d'abord, que la scène noir-jaune-rouge tient encore bien la route, Ostrogoth en tête. Ensuite, qu'on ne peut espérer qu'une chose : que cet hommage au festival d'origine ne se limite pas à un one-off pour les 40 ans et redevienne une habitude et une référence pour le heavy metal en Belgique, comme il l'était alors. Il y a encore bien quelques vieilleries à aller dénicher, présentes à l'époque (Doro, Baron Rojo, Lita Ford, Tokyo Blade, Pretty Maids...) ou pas, ainsi que toute une scène belge qui mérite d'être mise à l'honneur. Le public, lui, a répondu présent ; la salle est historique et de qualité ; la région est merveilleuse. Bref : on ne demande qu'à revenir à la Mecque-Blyde !