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mercredi 14 mai 2025

Ghost @Paris

Accor Arena - Paris

Michael

Avocat le jour, rédacteur sur Horns Up la nuit et photographe à mes heures perdues.

Ce mardi, une Accor Arena sold out accueillait Ghost, l'un des phénomènes rock / hard FM de ces dernières années, venu faire la promotion de son dernier album Skeletà sorti chez Loma Vista Recordings le mois dernier. L'occasion d'entendre ce que les nouveaux titres ont dans le ventre mais également, plus généralement, d'apprécier l'ascension quasi-exponentielle d'un groupe qui n'a jamais caché sa volonté d'être gros, très gros.

Au delà même du buzz lié à une telle tournée, les parti-pris retenus par le groupe avaient de quoi faire couler de l'encre. Ce Skeletour 2025 est en effet une tournée brute : 2h de show, pas de première partie. En 2025, ce genre de pratique demeure assez rare et peut toujours prêter à débat. Mais surtout, la grande nouveauté était l'instauration d'un concert sans téléphones, pour lutter contre le fléau des spectateurs qui passent plus de temps le bras tendu pour prendre des vidéos qu'ils ne reverront jamais, au détriment des gens autour. Il y avait de quoi être circonspect sur une telle interdiction ; non pas sur son principe, mais sur ses modalités de mise en oeuvre. Et pourtant, tout fut très fluide : une file dédiée pour mettre votre téléphone dans une pochette que vous conservez durant le show sans pouvoir l'ouvrir. A charge de vous en débarrasser à la sortie de l'Arena ou dans des espaces dédiés pendant le concert.

Disons-le dès à présent, ce fut une expérience salutaire qui m'a renvoyé à mes concerts au milieu des années 2000. En soi, je ne suis pas contre les téléphones et à ce que les gens prennent quelques photos ou filment brièvement, mais les comportements nuisibles sont tellement nombreux que la démarche m'a convaincu, en espérant qu'elle se multipliera (uniquement ?) dans les grandes salles qui peuvent utilement organiser un tel procédé.

Ceci étant précisé, je dois admettre que j'ai été assez fasciné par la prestation du groupe. S'il cristallise les débats d'une « communauté » qui n'aime pas les groupes qui grimpent trop vite ou de ceux qui ne comprennent pas un tel engouement, difficile de contester que Ghost sait y faire sur scène. Un decorum maîtrisé et varié au fil du set, des lights dynamiques et bien pensées, un son globalement excellent pour une salle comme l'Accor Arena et, surtout, aucun abus dans les effets pyrotechniques ou autres joyeusetés. Bizarrement, le groupe est grandiloquent sans jamais être kitsch. Nul doute que cette tournée a été mûrement réfléchie et travaillée pour trouver ce subtil équilibre auquel, je dois l'admettre, je ne m'attendais pas nécessairement.

Difficile également de nier la verve de Tobias Forge et le côté ultra fédérateur de Ghost. Il y avait de tout dans la fosse autour de moi. Des têtes grises suivant le groupe depuis ses débuts en passant par des inconditionnels du groupe qui chantent à tue-tête toutes les paroles avec Tobias et quelques visages juvéniles qui se sont essentiellement réveillés pour les titres du dernier album et le rappel. Il y avait une atmosphère bon enfant et de communion comme seuls les bons concerts savent nous en offrir. Et rien que pour cela, ce fut une réussite.

Côté setlist, le groupe a un peu surpris son monde. Tournée de promotion oblige, il était légitime de s'attendre à ce que 6 ou 7 titres du nouvel album soient joués, surtout sur un set aussi long. Et pourtant, le groupe ne nous aura offert « que » 4 titres : la décevante « Peacefield », la surprenante « Umbra », la puissante « Lachryma » et, surtout, l'excellente « Satanized » qui a absolument tout pour devenir un gros hit. Guère de doutes sur le fait que l'on retrouvera ce titre dans les setlists de Ghost pour nombre d'années à venir.

L'impression qui ressort de cette date est que le groupe a fait la part belle à Meliora avec pas moins de 6 titres (7 titres deux jours plus tôt, à Vienne !), soit à peu près autant que lors de la période 2015-2016 où le groupe en faisait la promotion. De toute évidence, Ghost a voulu mettre en avant cet album qui l'a révélé au très grand public. Les fans de la première heure regretteront naturellement qu'Opus Eponymous soit aussi peu représenté, avec un maigre « Ritual », mais il faut bien faire des choix. A dire vrai, l'important n'est pas tant de balayer une discographie mais d'assurer la cohérence du set ; tel m'a semblé être le cas ce soir, dans un show sans grand temps mort.

Et c'est sur un rappel que tout le monde attendait que l'Accor Arena a fini de s'embraser. « Mary on a Cross », « Dance Macabre » et « Square Hammer » pour enfoncer le clou. Une Accor Arena sold out qui aura mangé dans la main des Suédois pendant plus de 2 heures. Jamais, mais alors jamais, je n'aurais imaginé que le groupe vu en première partie d'In Flames à l'Olympia en 2011 deviendrait aussi gros. Bravo et longue vie à eux, qui n'ont pas galvaudé leur succès et le statut de tête d'affiche qu'ils vont étrenner pendant encore de nombreuses années.

Setlist :
Peacefield
Lachryma
Spirit
From the Pinnacle to the Pit
Call Me Little Sunshine
The Future Is a Foreign Land
Devil Church
Cirice
Darkness at the Heart of My Love
Satanized
Ritual
Umbra
Year Zero
He Is
Rats
Kiss the Go-Goat
Mummy Dust
Monstrance Clock
Mary on a Cross
Dance Macabre
Square Hammer

Un grand merci à Olivier Garnier de Replica Promotion, à Live Nation France et à Gérard Drouot Production. Merci également à Ryan Chang pour les photos.