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jeudi 7 février 2019

Ghost + Candlemass @ Lyon

Halle Tony Garnier - Lyon

S.

"A Pale Tour Named Death", tel est le nom de la grande tournée internationale de Ghost entamée depuis l'automne dernier. Après avoir écumé une quarantaine de salles en Amérique du Nord jusqu’en décembre, février marque le départ du volet européen de leur programme. Au total, 11 dates sont prévues à travers 6 pays : la France, les Pays-Bas, la Belgique, l'Allemagne, la Suède et la Norvège. A cette occasion, Candlemass assure la première partie pour défendre leur nouvel album.

Le premier de ces onze concerts a le privilège de se dérouler à Lyon, dans l’antre de la halle Tony Garnier. Aussi étonnant que cela puisse paraître, c’est la première fois que j’assiste à une représentation dans cette salle, moi qui suis plutôt habitué à des enceintes plus intimistes.

Ce lieu mythique est un ancien abattoir reconverti pour accueillir des manifestations. Il est caractérisé par son architecture impressionnante, faite d’une immense pièce avec ses gradins amovibles et surplombée d’une charpente métallique apparente. Ce soir, la Halle Tony Garnier est dimensionnée pour accueillir près de 5000 personnes.

 

Les puristes ne manqueront pas d’exprimer leur agacement à l’idée de voir une formation aussi mythique que Candlemass ouvrir pour un groupe aussi récent que Ghost. La dure loi de la notoriété. Pourtant, avec ses 35 ans d’existence, Candlemass fait partie des légendes de la scène, pour avoir été parmi les pionniers du Doom Metal, depuis leur album désormais culte “Epicus Doomicus Metallicus”, paru en 1986.

Leur présence sur cette tournée est liée à la sortie de leur douzième album studio, “The Door to Doom”, prévue le 22 février prochain chez Napalm Records. Cet opus est particulièrement marquant pour l’histoire du groupe, dans la mesure où on note le grand retour de Johan Längqvist au chant. En effet, il y a plus de trente ans, l’artiste avait prêté sa voix à l’opus qui avait fait connaître Candlemass, évoqué un peu plus haut, avant d’annoncer rapidement son départ pour se consacrer à d’autres projets. Le line-up d’origine étant désormais reconstitué, j'attends toutefois ce come-back avec prudence puisque pour moi la voix de Candlemass reste avant tout celle de Messiah Marcolin.

Il est 19h30 précises, les musiciens entrent en scène. Durant près de quarante minutes, le quintet propose une sélection de 7 morceaux de son répertoire. Paradoxalement, seul un titre est extrait du nouvel album : “Astorolus - The Great Octopus”, utilisé justement pour la promotion de The Door to Doom. Les six autres proviennent des tréfonds de leur discographie : la période 1986-1989 (“Epicus Doomicus Metallicus, Nightfall, Ancient Dreamset “Tales of Creation”).

La lourdeur des mélodies de Candlemass se répand dans la Halle, qui tremble au gré des riffs, des martèlements de la batterie et des incantations. Toutefois, la prestation vocale de Johan Längqvist, bien que tout à fait honorable, donne un côté Heavy assez prononcé avec son timbre particulier, ce qui tend à me faire regretter l’époque Marcolin. On perd un peu l’esprit Doom.

Malgré tout, le groupe délivre un véritable énergie sur scène et les musiciens semblent sincèrement contents de jouer ce soir, devant un public visiblement conquis par leur set. Les Suédois concluent d’ailleurs leur partie par le cultissime “Solitude” et son refrain entêtant : “Please let me die in solitude”. Une très bonne entrée en matière.

Setlist :

Marche Funebre
The Well of Souls
Dark Reflections
Astorolus - The Great Octopus
Mirror Mirror
A Sorcerer's Pledge
Solitude

 

Quelle ascension fulgurante pour Ghost, qui en l’espace de quelques années s’est imposé comme un groupe incontournable sur la scène metal internationale, notamment grâce à une imagerie et une communication particulièrement contrôlées, surtout en live. Les Suédois ont sorti l’année dernière leur quatrième album studio, “Prequelle”, chez Loma Vista Recordings. L’évolution du groupe est pourtant loin d’aller dans le bon sens pour ce qui me concerne : autant les deux premiers opus m’ont totalement convaincu (“Opus Eponymous” et “Infestissumam”), grâce à ce Heavy Metal occulte influencé par King Diamond / Mercyful Fate, aux mélodies mémorables, autant “Meliora” et son successeur évoqué précédemment me laissent perplexe, la faute à un virage musical plutôt tourné vers la pop et le rock mainstream, guère séduisant à mon goût. Cela dit, je ne boude pas mon plaisir de voir ce soir la bande à Cardinal Copia. Déjà, l’expérience live de leur concert à Grenoble en février 2016 ne m’avait pas laissé indifférent.

 

Il est 20h45 passé. Derrière le grand rideau noir s’effectuent les derniers préparatifs, tandis qu’un chant liturgique (Miserere Mei, Deus) se diffuse dans l’assemblée, lorsque soudain, l’immense draperie tombe pour dévoiler le décor dans lequel Ghost se produit ce soir : la scène est aménagée tel un parvis de cathédrale, au pied d’un immense backdrop représentant des vitraux à l’effigie de Cardinal Copia.

La fin des hostilités est annoncée à 23h30. Le calcul est rapide : ce ne sont pas moins de 2h30 de festivités qui nous attendent ! Le set se compose de deux parties, séparées par une pause de quinze minutes. Avec pas moins de 25 morceaux prévus au programme, autant dire qu'on aura tout le loisir de (re)découvrir les compositions du groupe.

Plus qu’un simple concert, Ghost propose un véritable show, dans un registre très théâtral mais assumé, piloté par le seul membre à visage découvert : Tobias Forge, alias Cardinal Copia. Il ne se contente pas d’assurer brillamment la partie vocale, il assure le spectacle avec ses multiples costumes, ses échanges nombreux avec le public, ses traits d’humour et son charisme presque exagéré.

Quant aux sept acolytes du vocaliste, les Nameless Ghouls, ils ne sont pas en reste puisque chacun délivre des performances solides derrière son instrument respectif, tout en occupant efficacement le vaste espace disponible. Cette mise en scène est magnifiée par un jeu de lumières tout à fait exceptionnel calibré au millimètre, il met ainsi en valeur les musiciens et les compositions. Notons aussi la présence, quoique parcimonieuse, d'effets pyrotechniques, tandis que quelques machines à confettis viennent couronner le tout.

Difficile de trouver des points négatifs à la représentation de Ghost, tant le concert offert aux spectateurs frôle ce soir la perfection, aussi bien du point de vue musical que visuel. Le niveau s’est encore élevé d’un cran par rapport à la dernière fois où je les ai vus trois ans plus tôt. Le groupe est même parvenu à me faire apprécier les nouveaux morceaux, qui sur album m'avaient laissé de marbre, c’est dire ! Chapeau bas !

Setlist :

Partie 1 :
Ashes
Rats
Absolution
Ritual
Con Clavi Con Dio
Per Aspera ad Inferi
Devil Church
Cirice
Miasma
Jigolo Har Megiddo
Pro Memoria
Witch Image
Life Eternal

Partie 2:
Masked Ball
Spirit
From the Pinnacle to the Pit
Majesty
Satan Prayer
Faith
Year Zero
Spöksonat
He Is
Mummy Dust
If You Have Ghosts
Dance Macabre
Square Hammer
Monstrance Clock (rappel)

Merci à tous les acteurs de la soirée, en particulier Olivier Garnier et Replica Promotion pour l’accréditation.

Photos