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Album

13 septembre 2024 - Malice

Scald

Ancient Doom Metal

LabelHigh Roller Records
styleEpic Doom Metal
formatAlbum
paysRussie
sortiejuillet 2024
La note de
Malice
7.5/10


Malice

L'autre belge de la rédac'. Passé par Spirit of Metal et Shoot Me Again.

Parmi les noms cultes du doom épique, Scald s'est taillé une place de choix depuis quelques années aux côtés des Solitude Aeternus, Solstice, Candlemass et de jeunes loups comme Atlantean Kodex ou Altar Of Oblivion. Ces deux derniers ont probablement poncé le légendaire Will Of The Gods Is A Great Power (1997) à leurs débuts, album dont le statut légendaire a été cimenté par le décès tragique du chanteur de Scald, Maxim « Agyl » Andrianov, juste après sa sortie.

Ce décès a signifié la disparition pure et simple de Scald avant même de pouvoir récolter les fruits de leur sublime travail. Très peu de concerts, aucune tournée à l'étranger, une véritable étoile filante redécouverte ces dernières années à la faveur de rééditions et du regain d'intérêt pour le style. La voix si caractéristique d'Agyl, sa locution reconnaissable entre mille, l'intensité de son chant si versatile, semblaient difficiles à remplacer. Jusqu'à 2019, et une annonce sortie de nulle part : Scald allait se produire au Hammer Of Doom, un festival spécialisé dans le doom sous toutes ses facettes, pour un concert unique. L'homme derrière ce miracle, c'est Oliver Weinsheimer, organisateur du Keep It True et donc pas étranger aux coups du genre.

Pour l'occasion, le line-up d'origine de Scald (Velingor, bassiste et maître à penser, Ottar, batteur, Harald et Karry aux guitares) se reforme dans son intégralité, accompagné de Felipe Plaza. Pas le dernier venu, puisque le Chilien office également dans Capilla Ardiente et surtout Procession, nom bien connu de la scène epic doom. Un sacré vocaliste, qui fera un sacré job durant ce concert événementiel – concert appelé à être suivi d'une tournée, annonçait Velingor. La date ne vous a pas échappé : après 2019 vient 2020, et les projets de Scald comme du monde entier ont dû être mis au frigo. Difficile même pour un groupe composé de quatre Russes et d'un Chilien de se réunir souvent dans ces conditions.

Heureusement, pour enregistrer un album, c'est une autre affaire, et après un EP composé de deux reprises (« There Flies Our Wail », du groupe de folk/doom Intothecrypt composé de Velingor, Ottar et Harald, et un réenregistrement du titre de Scald « The Eternal Stone »), voilà donc enfin cet Ancient Doom Metal, successeur du monument Will Of The Gods Is A Great Power. Inutile d'en attendre les mêmes frissons que par le passé : Felipe Plaza enfile ici de sacrées chausses, et elles sont un peu larges. Mais Scald renaît des cendres du bûcher funéraire d'Agyl avec bien assez d'idées pour rendre l'écoute au moins plaisante, et par moments géniale.

La recette est toujours la même : des guitares lancinantes, des atmosphères épiques qui rappellent les moments les plus mélodiques d'Ereb Altor (et, bien sûr, Bathory), et cette identité claire renvoyant au Scald des débuts. Plaza, lui, n'est pas gâté par un mix qui le met un peu trop en avant alors que la force de Will Of The Gods... était de laisser Agyl évanescent et lointain comme la brume au-dessus de la Volga. Plus « classique », le Chilien offre parfois des moments rappelant son illustre prédécesseur (« Young God Resurrected » et ses montées dans les aigus, « The Liberating Spells of Fire »), mais n'a pas de réel instant de gloire comme Agyl savait en offrir. La comparaison est injuste ; elle est pourtant inévitable. La puissance du final de « A Tumulus » avait parfois su me tirer des larmes à l'époque, et je ne doute pas que Plaza sait y faire honneur en live, mais Ancient Doom Metal ne recèle aucun moment comparable en termes de magie pure. Seule exception : l'absolument fan-ta-sti-que « ALU (My Protection) » sur lequel les guitares d'Ivan « Harald » Sergeïev et Vladimir « Karry » Ryzhkovsky s'entremêlent magnifiquement dans des mélodies épiques au possible. Felipe Plaza y offre également sa meilleure performance, pour un titre largement au-dessus du reste d'un album au demeurant réussi ; disons que si ce morceau avait été le mètre-étalon du reste d'Ancient Doom Metal, on serait devant un 9/10, aisément.

Alors, Scald aurait-il pu mieux rendre hommage à la mémoire d'Agyl ? C'est difficile à dire, tant le groupe prouve par moments qu'il est encore (largement) plus inspiré et, disons-le, purement génial que le reste de la scène (« ALU (My Protection) », le très folk dans l'esprit « Master of the Lake »). Peut-être aurait-il fallu « oser » un peu plus et s'éloigner de la formule classique de Scald, comme le groupe l'avait fait en reprenant « There Flies Our Wail ! » avec des instruments traditionnels slaves qui apporteraient une couleur intéressante à cet Ancient Doom Metal. Il ne reste qu'à espérer que ce sera pour plus tard, car la résurrection de Scald semble partie pour durer... même si d'une crise, le groupe est passé à une autre, puisqu'il est désormais difficile pour les groupes russes d'organiser des dates européennes. Pas impossible, cependant, et on ne désespère pas de voir Velingor et ses compagnons sur nos scènes l'année prochaine. Histoire de voir comment le vieux se mêle avec le neuf en live !

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