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Album

16 février 2023 - Dolorès

Acid Witch

Rot Among Us

LabelHells Headbangers Records
styleDoom stoner horrifique
formatAlbum
paysEtats-Unis
sortieoctobre 2022
La note de
Dolorès
9/10


Dolorès

Non.

Qui avait entendu parler de la sortie d'un nouvel album d'Acid Witch ? Presque passé inaperçu, Rot Among Us célébrait l'arrivée d'octobre, avec ses citrouilles et ses morts-vivants, le 1er octobre 2022. Si le groupe, ainsi que son label Hells Headbangers Records, n'ont visiblement pas mis le paquet sur la com, c'est un tantinet dommage puisque le groupe sort là probablement son meilleur album.

J'ai toujours accroché à l'ambiance proposée par Acid Witch. Bien que le groupe se soit nommé en prenant deux des mots les utilisés dans les musiques extrêmes, notamment stoner doom, psyché et compagnie, ce qu'il a à apporter était clairement une fraîcheur bienvenue. Ils n'ont rien inventé, le concept horrifique lié à des musiques plus lourdes n'est pas inédit, mais cette recette-là est bien singulière et leur réussit à merveille. On se souvient de Witchtanic Hellucinations (2008) et, de mon côté, le second coup de cœur allait à l'EP de reprises Midnight Movies. Après deux albums n'ayant pas tant retenu l'attention (Stoned en 2010 et Evil Sound Screamers en 2017), le grand retour des sorciers et gobelins les plus chauds de ta région a sonné.

Franchement, on pouvait deviner dès l'intro de « Gather Each Witch » que l'album serait une perle. Tout y est : l'ambiance party hard au cimetière, le refrain catchy et les riffs stoner qui plairont même aux imperméables du stoner, comme je le suis. Uncle Acid and the Deadbeats rencontre Mortician ? J'exagère. Enfin, pas tant. Il arrive qu'on lorgne un peu plus vers les seventies (et ses petites passages de flûte et d'orgue hammond), vers des teintes rock n' roll et heavy, qu'on tourne autour du doom death et même du death tout court, mais tout est toujours incroyablement bien dosé. De toute manière, on se fait bien plus balader dans un projet narratif que calibré par ou pour des cases sonores.

Bien sûr, l'atout central reste l'univers et les voix qui le portent. L'aura est portée par les textes, leur champ lexical et les jeux de mots à tout va. A cela s'ajoute un énorme travail vocal, sur le grain bien gras de Slasher Dave qui n'a pas perdu de sa superbe, dans les intonations et voix crades en tout genre qui se répondent et se superposent, dans les chuchotements et toute la théâtralité dont ils sont capables. Ça rend bien sûr certains refrains vraiment jouissifs, « Psychedeathic Swampnosis » et « Evil Dad (Dad By Dawn) » en tête.

Le second atout reste, à mon goût, le synthé et son utilisation. Loin d'être omniprésent, il n'est jamais redondant mais il vient çà et là souligner une ligne de guitare ou soutenir le chant. Lorsqu'il est central, il oscille entre un son clinquant qui fait, à nouveau, honneur aux films d'horreur des années 80 (comme sur l'incroyable intro et meilleur titre pour ma part « Gather Each Witch ») et un orgue hammond aux teintes seventies, qui apporte un son moins martelé, plus fin et groovy. C'est ça : Acid Witch est définitivement groovy, sous la couche de crasse et au-delà du feeling d'avoir plus affaire à des crusts qu'à des musiciens sérieux. D'un autre côté, le groupe n'est pas complètement à l'arrache sur ce nouvel opus, car l'album est bien structuré, alterne bien les différentes énergies et comporte de véritables tubes aboutis.

On croise toutefois les doigts pour un production un peu plus punchy sur le prochain, car le côté poussiéreux fonctionne bien mais Rot Among Us manque un tout petit peu de puissance par moments. Espérons un passage en Europe prochainement ! En attendant, je peux vous garantir que ça fait une excellente bande-son de soirée entre potes.


Tracklist :
1. Gather Each Witch
2. Rot Among Us
3. The Sleeper
4. Psychedeathic Swampnosis
5. Devil's Night Doom
6. 5508 Martin St.
7. Evil Dad (Dad by Dawn)
8. Tommyrotters
9. Chelsea Didn't Come Home Last Night
10. Gundella the Green Witch

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