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Rubrique nécro #6 - Autopsy, Aeternam, Fall of Seraphs, Fallujah...

mercredi 2 novembre 2022
Team Horns Up

Compte groupé de la Team Horns Up, pour les écrits en commun.

Décidemment, cette année 2022 est riche en matière de death metal. Et cette sixième Rubrique Necro', troisième de l'année, ne va pas déroger à la règle : du death old-school, du death mélo, du death technique, du brutal death... il y en a pour tous les goûts. En espérant que cette sélection de sorties récentes vous plaise autant qu'à nous !

 

Autopsy – Morbidity Triumphant
Death old-school – États-Unis (Peaceville Records)

Pingouin : Le huitième album de la bande à Chris Reifert sort chez Peaceville Records, sept ans après Skull Grinder. La fin d’un hiatus pour les Californiens, qui, s’ils étaient parvenus à convaincre au début des années 2010 avec trois albums au moins agréables, sont cette fois-ci moins convaincants.

Ne me faites pas dire ce que j’ai pas dit, les aficionados de death metal dégoulinant passeront un bon moment, comme votre serviteur d’ailleurs. Du mid-tempo à l’ancienne, avec des breaks trépidants et des solos old-school qui débaroulent de nulle part, Autopsy sait toujours faire. Mais on ne trouve pas dans ce Morbidity Trimphant l’éclair de génie dont on sait coutumier Chris Reifert.

Les trois premiers albums du groupe à eux tous seuls ont influencé tout un pan du death metal moderne, plongé depuis dans l’imagerie gore et horrifique. Mais ce huitième album fait malheureusement figure de photocophie d’une photocopie de ce que sait faire Autopsy. On bouge un peu la tête sur « Born in Blood, » pas sur « Flesh Strewn Temple, » selon moi l’un des morceaux les plus chiants du groupe à ce jour.

On ne va pas accabler pour autant les californiens : Chris Reifert était sûrement occupé à sortir au début de l’été le premier album de Static Abyss, qui lui ravira sans aucun doute plus efficacement les amateurs de riffs old-school et de death metal cartoonesque.

 

Sun Eater – Vermin
Tech death – France (Miasma Records)

ZSK : Avec une pochette et un logo de circonstance, il n’y a pas de risque d’avoir tromperie sur la marchandise. Sun Eater sera donc bien un groupe de tech death du genre ultra moderne. Enfin un « groupe »… oui, chose assez inattendue pour le genre, Sun Eater est un one-man band, ainsi mené par le rémois Clément Dellis, bassiste chez Embrace Your Punishment et passé par Ataraxis et Shredding Sanity. Pour son premier album après deux EPs, Clément s’est néanmoins entouré d’une belle brochette d’invités pour assurer quelques vocaux, des solos de guitare ou encore de la programmation. Se succèdent alors sur Vermin Trivette (Diluvian), Will Wilcox (Cranial Contamination, Sadistic Defilement), Jason Lambert (Human Barbecue), Dan Bramley (Visions Of Disfigurement) ou encore Marion Volle (Swarmageddon) ; en plus d’Alix de The Scalar Process, Charles de Lying Figures & Warfaith et Clément de Shredding Sanity pour les solos puis Robin Lefaure (Antropofago) pour aider à la programmation de la batterie. Du beau monde de la « scène »… pour un album qui va suivre la cadence sans problèmes.

Sun Eater se pose donc comme un nouvel album d’un death metal particulièrement contemporain, technique et efficace, avec un très gros son qui décoiffe et qui n’a presque rien à envier aux plus grands. On peut citer une palanquée de noms de la scène « Tech death » actuelle et cela va jusqu’à l’international, piochant dans ce qui se fait chez Unique Leader ou notamment The Artisan Era. Vermin se situe pour moi entre un Beneath The Massacre en un peu plus « sage » et un Trigger The Bloodshed - qui n’a d’ailleurs plus donné signe de vie depuis 2011 et est même considéré comme splitté aujourd’hui - et puis entre une dizaine d’autres groupes attenants mais qu’importe. Vermin commence très fort sur l’excellent « The Harbinger » et ne se calme que très peu pendant 34 minutes au total, alignant les compos tech death jusqu’à plus soif, avec des vocaux variés de par les nombreux invités mais tournant entre cris blackisants et vocaux rauques classiques du genre (sans trop de gruik gruik à part sur « Cosmic Hegemony »). Certes, c’est inorganique au possible (la batterie est d’ailleurs à 100% programmée visiblement), mais pour qui aime ce genre, Sun Eater est un newcomer très convaincant.

Vermin est toutefois un peu redondant même si sa durée est bien adaptée, le tout s’arrêtant avant de devenir lassant sachant que c’est quand même un peu de la « musique qui fatigue » et pas que pour le commun des mortels. Ça va donc souvent très vite mais sans atteindre les exagérations de Archspire, Rings Of Saturn et compagnie, loin de là d’ailleurs. D’ailleurs les quelques passages plus lourds ici et là, témoignant de l’inspiration de grands noms du death metal comme Morbid Angel, font leur petit effet, et à ce titre c’est « Desecrate » qui sort du lot avec des passages rouleau-compresseur absolument imparables. Peut-être noyé dans l’infinité des formations du genre qui se multiplient ces dernières années, Sun Eater a pourtant un sacré potentiel surtout quand on sait qu’il n’y a qu’un seul musicien derrière. Vermin est donc un premier album classique mais très cossu, et qui mérite l’attention particulière de tous les amateurs de tech death bien moderne. Et puis comme on dit, « pas mal non ? c’est français »…

 

Aeternam – Heir of the Rising Sun
Death metal mélodique – Canada (Indépendant)

Michaël : Difficile de succéder à l'excellent Al Qassam. Ce dernier opus, sorti en 2020, était tout simplement exquis. Il venait conclure de la meilleure des manières quatre sorties magistrales du groupe canadien, toujours à la frontière entre melodeath, symphonique et folk. Alors forcément, la pression était importante et l'attente immense pour ce nouvel opus intitulé Heir of the Rising Sun, sorti en septembre dernier. Mais voilà, terreur, effroi... à la première écoute, c'est un peu la déception. La production est bonne mais manque un peu de profondeur et de puissance ; les compositions semblent un ton en dessous de ce que le groupe a pu nous offrir par le passé. Plus de mélodies, certes, mais peut-être moins de personnalité. Un comble pour cet album très historique, traitant d'un évènement majeur : la chute de Constantinople. C'est en tous cas le sentiment qui prédomine à la découverte de l'album.

Et les écoutes passant... On décortique, on analyse cette musique riche. Et à l'instar de « Where the River Bends » ou bien encore « The Treacherous Hunt » (ma préférée !), chaque nouvelle écoute révèle son petit lot de surprises et de satisfaction. Ce qui pouvait sembler redondant se révèle finalement être bien léché. Porté par un storytelling toujours aussi bon et un soin précieux apporté aux compositions et aux orchestrations, Aeternam nous offre un album moins accessible que les précédents, mais franchement réussi. Et cette lente appréciation de ce nouvel album tient au fait que le groupe semble avoir composé un album moins direct, plus symphonique et progressif que par le passé. Un mélange de sonorités orientales plus subtilement amené, également. La magie a mis un peu plus de temps à faire effet ; mais lorsque la torpeur passe, l'enivrement est complet. Comment ne pas donner en exemple la majestueuse « The Fall of Constantinople » ou la subtile « The Treacherous Hunt » ? Le flow de cet album, son atmosphère, tout est prenant. Et que dire de la performance majuscule de Achraf Loudiy ?

Aeternam vient ici consacrer sa place au panthéon de ce death metal mélodique à tendance folk. On en redemande.

 

Morgue – Lowest Depths Of Misery
Dark deathgrind – France (Godz Ov War Productions)

ZSK : Groupe de deathgrind français, Morgue a eu une existence remarquée - avec deux albums dont notamment The Process To Define The Shape Of Self-Loathing (2002) sorti chez le cultissime Adipocere - mais relativement éphémère vu qu’il a splitté en 2005, moins de 10 ans après sa formation. Les musiciens ont néanmoins poursuivi leur activité au sein du groupe de hardcore 400 The Cat, mais malgré tout, Morgue s’est reformé en 2012, sous forme d’un duo (Jérôme à la basse, Max pour tout le reste). Un nom ressorti d’outre-tombe, ce qui lui va bien d’ailleurs, qui a pu faire frémir certains fans d’époque. Un nouvel album arrivera alors après un peu de patience, Doors Of No Return, en 2016. Et la machine Morgue est ainsi relancée, même s’il faudra encore patienter 6 ans pour avoir le droit à une suite, et donc un quatrième album, Lowest Depths Of Misery.

… Mais la réalité est plus complexe que ça. Car Lowest Depths Of Misery n’est pas vraiment un « nouvel album ». Il s’agit en effet d’une version totalement réenregistrée de son prédécesseur Doors Of No Return. Pourquoi ? Sur son bandcamp, le groupe précise simplement que « Lowest Depths Of Misery est l’album que Doors Of No Return aurait du être ». On peut penser à une déception concernant le rendu final, qui avait pourtant été mixé par Colin Martson. Mais dès les premières écoutes de Lowest Depths Of Misery, on se dit que la décision devait être la bonne. Exit le deathgrind finalement classique dans la lignée des albums des années 2000, Morgue passe ici à une toute autre ambiance. D’ailleurs sous la bannière de l’infernal Godz Ov War Productions, qui a notamment sorti le premier album de Corrupter - side-project des deux musiciens de Morgue - plus tôt cette année.

Et même si c’est Godz Ov War qui régale, Lowest Depths Of Misery aurait pu sortir sur Dark Descent ou Profound Lore qu’on y aurait vu que du feu. On est toujours en présence d’un death metal tendance grind - car souvent résolument offensif, brutal et expéditif - mais qui s’offre une ambiance et une sonorisation beaucoup plus lourde et noire, lorgnant presque vers les Teitanblood et compagnie (ou même du Nails !). 30 menues minutes qui se dégustent d’une traite, une seule déflagration bouillonnante au menu. Aéré, que ça soit par les quelques ralentissements ou par une production qui ne donne tout de même pas dans le raw de bas étage, Lowest Depths Of Misery fait son office en termes d’album de death(grind) sale, morbide et suffocant. Sans révolutionner le genre mais entre son chant bien sinistre, ses passages brutaux à couper le souffle et son ambiance des enfers (avec une pochette cauchemardesque très à-propos), ce quatrième ou plutôt véritable troisième album de Morgue est une expérience terrifiante comme seul le metal le plus extrême et le plus crade sait nous en offrir.

 

Fall of Seraphs – From Dust to Creation
Death metal – France (Memento Mori)

Sleap : En plus d’être une année particulièrement solide en termes de sorties death metal, 2022 est également un très grand cru français. Après le retour de Ritualization et la surprise Misgivings, la troisième claque estampillée « Qualité Française » nous vient donc de Fall of Seraphs. Les deux premières sorties des Charentais étaient déjà fort prometteuses, et ce premier full-length confirme définitivement mes impressions. Magnifiquement illustré par l’arménien Mark Erskine, ce From Dust to Creation se bonifie d’écoute en écoute. J’étais au départ légèrement déçu de voir le groupe s’éloigner de ses influences « Lavadeath » (ou MorbidAngelcorpsiennes dirons-nous), mais leur nouvelle approche se révèle finalement encore plus intéressante. Rassurez-vous, les influences sont toujours résolument ricaines et certains soli ont toujours des consonances très Azagthothesques. Mais on constate que le quintet sait également ménager des moments plus solennels comme l’ouverture de l’album sur « Eradication Dogma » ou encore sur le titre éponyme. Mention spéciale aux textes collant parfaitement à l’artwork lovecraftien mais également aux vocaux. Le côté éraillé n’est pas ce que je préfère d’ordinaire, mais l’alternance avec les growls plus profonds donne un vrai dynamisme au chant, surtout avec un débit aussi soutenu. Malgré la rude concurrence de cette très grande année de death metal, ce premier Fall of Seraphs est tout de même un sérieux challenger dans le top 2022 du genre !

 

Devenial Verdict – Ash Blind
Post-death metal – Finlande (Transcending Obscurity Records)

ZSK : A la rédaction, on aime bien recevoir des promos avec un « gros FFO » (acronyme pour « For Fans Of », « pour fans de » quoi). Bon bien évidemment dans 80% des cas le résultat soit ne correspond pas vraiment à ce qui est proposé, soit est éclaté au possible, mais bref. Ici, avec le groupe finlandais Devenial Verdict, Transcending Obscurity nous promet donc un gros FFO : Ulcerate, Aeviterne, Klexos, Morbid Angel, Mithras, Blut Aus Nord. Bon alors déjà j’avoue ne jamais avoir entendu parler de Aeviterne (death « expérimental » de chez Profound Lore) et Klexos (death prog américain… signé sur le même label, ben voyons), mais qu’importe, pour le reste, ça annonce du lourd. Alors, est-ce que ce groupe qui existe depuis 2006 mais n’avait sorti que deux EPs jusque là, et formé de musiciens plutôt expérimentés mais chez des formations inconnues au bataillon, va-t-il tenir les belles promesses de son FFO ?

Pour Blut Aus Nord, il y a de la dissonance ; pour Morbid Angel, il y a du death un brin old-school et ésotérique ; pour Mithras, il y a quelques leads astraux. Mais Ulcerate n’est pas cité en premier pour rien. Devenial Verdict semble bien être un nouvel avatar du « Post-death metal » des Néo-Zélandais, à l’instar d’un Setentia d’ailleurs (dont on attend des nouvelles depuis Darkness Transcend… qui remonte à 2016). On va donc ici trouver un death metal torturé, chaotique et ténébreux, mais suffisamment moderne et dans l’air du temps. Même si pour son premier album Ash Blind, Devenial Verdict va nous offrir une prod assez organique et rêche, jusque dans le chant assez saturé, mais qui de toute façon emprunte au ton de Paul Kelland à chaque instant. Il n’y a finalement pas de surprise, mais les Finlandais amènent tout de même pas mal d’influences et tentent de forger leur propre personnalité sur cette base Ulcerate évidente.

Cela nous donne donc un album de 44 minutes assez touffu, même s’il ne devient réellement intéressant qu’à partir de son morceau-titre situé en troisième position, dès qu’il laisse les atmosphères s’exprimer un peu plus. On se situe donc plutôt dans l’esprit d’un The Destroyers Of All ou Vermis. Et comme ce dernier méfait d’Ulcerate, Ash Blind se déguste surtout d’une traite, plongé dans son ambiance noire et abyssale, même si certains passages dégagent quelque chose de plus remarquable comme par exemple « Inanition » et son riffing plus lourd et syncopé. Malgré une certaine inspiration, ce premier album de Devenial Verdict est donc légèrement redondant et honnêtement, si on a déjà saigné la discographie d’Ulcerate maintes et maintes fois on sera en terrain connu. Mais ce nouveau disciple des Néo-Zélandais demeure prometteur, et on va suivre ça de près vu la marge de progression que laisse entrevoir Ash Blind, que ça soit dans le fond et la forme. Un nouveau portail vers le chaos s’est-il ouvert ?

 

Fallujah– Empyrean
Death technique – USA (Nuclear Blast)

Storyteller : En rentrant dans la grosse écurie allemande Nuclear Blast, Fallujah a joué un quitte ou double. La reconnaissance du grand public metal mais aussi le risque d’une compromission fatale pour le groupe. Dès le premier extrait sorti en single, « Radiant Ascension », l’apparition d’un chant clair a fait bondir les foules, sur un titre très enlevé avec une basse qui sonne groovy. Mais pas de panique, Empyrean est un excellent album. Et la marque de fabrique des Américains est belle et bien là. Technique, shred et surtout son aérien de guitare sont présents, bien équilibrés et placés avec la finesse que l’on connaît au groupe.

Dès l’ouverture de l’album, « The Bitter Taste of Clarity » (la finesse même du titre en dit long sur le groupe) place la barre très haute, avec syncopes, soli, rythmes de batterie rapides et en même temps cassés, deux niveaux de chant. Tout ce que l’auditeur de Fallujah veut entendre avec la même production qui sert les titres, très agressive mais qui laisse la place aux moments plus progressifs. Dix titres et 52 minutes, tous dans un certain équilibre, pas d’intro ou de moments de remplissage, pas de titre phare de plus de dix minutes, mais des pépites comme les deux titres qui ferment l’album. L’instrumentale « Celestial Resonance », dont le titre est encore une fois fort à propos, et « Artifacts » portent la partie plus atmosphérique de Fallujah, mais aussi plus progressive puisque l’on approche les sept minutes. Empyrean est un album incroyablement dense et intense, ne vous attendez pas à un moment de prise de tête mais du death metal technique du plus bel effet.

 

Carrion Vael – Abhorrent Obsessions
Death brutal un peu mélodique – USA (Unique Leader)

Storyteller : Troisième album pour les Américains de Carrion Vael. Signés chez Unique Leader Records, on peut y voir là le signe d’un death metal de qualité, car ce label a l’œil et l’oreille pour repérer des groupes, à forte résonance technique, qui ont un potentiel. Les huit titres de Abhorrent Obessions sont d’une régularité remarquable : tant par leur durée que par leur rythme, on voit là une marque de fabrique du groupe. Calés entre quatre et cinq minutes, juste assez pour développer quelques parties poussées par des ambiances de claviers, ils sont surtout un havre pour les amateurs de blasts. Ecoutez la débauche de violence de « King of the Rhine », poussée par des pointes de guitares, on se sent complétement happé par cette vague brutale.

Quelques pointes death mélodique, de gros morceaux qui tirent sur le deathcore, et une petite touche de technique dans la guitare, on a là un joli mélange qui ne révolutionne pas le genre, mais qui fonctionne à plein régime. La meilleure illustration de cette alchimie pourrait être « Tithes of Forebearance », qui s’autorise même un micro-break de quelques secondes avant de replonger dans le blast puis de glisser vers des terres plus mélodiques. Détail amusant, écoutez tous les débuts de chansons, vous prendrez huit fois une tarte dans la gueule, ils ont réussi à bâtir un album entier en lâchant le frein à main et en écrasant l’accélérateur à chaque fois et c'est une performance à souligner. Il n’y a guère que le premier morceau « Wings of Deliverance » qui installe une ambiance un peu horrifique. On aurait pu croire à un gimmick que Carrion Vael allait exploiter, surtout au vu du clip qu’ils nous proposent pour « Kentucky Fried Strangulation » (que vous trouverez sous la plume de l'excellent Michael dans cette revue d'actu). Mais pas du tout, pas le temps de niaiser ici, faut taper vite et fort. Du coup, maintenant vous savez à quoi vous attendre, Abhorrent Obsessions n’est pas pour fan de musique qui s’écoute pour s’endormir le soir ou pour le petit déjeuner en famille du dimanche. Non, gardez Abhorrent Obsessions pour votre session dépeçage d’animaux (ou de voisins, ou de gens embêtants), ça semble tellement plus indiqué.  

 

Hussar – All-Consuming Hunger
Death metal – Canada (I, Voidhanger Records)

ZSK : Le label italien I, Voidhanger Records est bien connu pour se faire spécialiste des projets tous plus tordus les uns que les autres, ou qui ont au moins leur petite originalité (ou grosse, plutôt) sur base d’un death ou d’un black metal classique. Alors quand il annonce une signature inconnue au bataillon, on s’attend à découvrir quelque chose qui tente à nouveau de repousser les limites de la bizarrerie. Hussar est un trio canadien, ses membres ne sont pas connus dans d’autres formations, et le voilà avec un premier album suivant une démo et un EP. Mais outre son apparat de découverte des tréfonds de l’underground et l’artwork bien évidemment signé de Francesco Gemelli, la signature « I, Voidhanger » s’arrête là car Hussar sera un groupe un peu plus sage qu’il n’y paraît. Pour le « gros FFO », ça sera cette fois-ci Vastum, VoidCeremony et Cruciamentum. Certes…

Dès que All-Consuming Hunger est lancé avec « Ritualistic Castration of the Feeble-Minded Cowards », on est plutôt en terrain Immolation, la grosse voix et le gros son qui vont avec, même si la production est tout de même plus abrasive que des standards Nuclear Blastiens. « Blind Charge Into Gunfire » est dans la lignée de ce death metal massif, mais c’est ensuite que All-Consuming Hunger se révèle plus riche que prévu. Dès le morceau-titre, on retrouve pêle-mêle et pendant plus de 8 minutes des passages au tempo plus doom/death tout autant que des accès de technique très sautillants ; et même des légers moments plus atmosphériques sur la fin, et qui s’exprimeront encore plus sur la suite du disque notamment sur l’autre fleuve (et même… mélodique !) « Dissonant Weeping of A Thousand Windows ». Hussar a donc plus d’un tour dans son sac et même le plus court « Citadel » s’y met avec des compos un chouïa plus… modernes ? Diantre…

« A Vile and Hollow Shell » clôture l’album avec encore quelques vibes un brin mélodiques et on se dit qu’on est déjà loin du Immolation worship qui avait enclenché l’album, même si l’on reste tout du long de All-Consuming Hunger dans un mood assez dark. Finalement, Hussar se révèle donc assez insaisissable, multipliant les influences et les courants du genre. C’est donc là qu’est toute son originalité et qu’il trouve sa place au sein du cabinet de curiosités permanent qu’est I, Voidhanger. Un album au minimum intéressant, au plus passionnant qui d’ailleurs sait s’arrêter avant d’en faire trop et se perdre dans ses propres méandres (38 minutes). Il y a plus marquant à la fois dans les newcomers du death metal dans son ensemble et dans le catalogue de I, Voidhanger (c’est le moins qu’on puisse dire), mais ce groupe canadien est une découverte à faire et se montre prometteur, une fois qu’il aura bien stabilisé ses équilibrages et sa personnalité. Il va donc falloir attendre de voir si le Hussar peut se retrouver sur le toit du death metal international… (vous l’avez ?).

 

Graceless – Chants from Purgatory
Death metal – Pays-Bas (Raw Skull Recordz)

Pingouin : Une basse ronflante, une batterie martiale et des harmonies à la quinte, Graceless abat ses cartes d’entrée de jeu, sur la première piste de ce nouvel album (le troisième en cinq ans). On part sur un death metal épique et mélodique, lesté de poids de béton aux chevilles.

Le son de Graceless a une texture épaisse, qui renforce l’aspect épique de chacune des compositions du groupe. L’inspiration de Bolt Thrower est évidente, celle d’Unleashed aussi. Ajoutez à ça un gros feeling death’n’roll (le break final de « Giants »), des solos death mélo à la Edge of Sanity, et quelques passages mid-tempo doom death, et vous avez un condensé de pas mal d’influences death metal old school, que Graceless digère parfaitement.

Reste désormais à travailler sur les riffs et l’originalité des compositions, en espérant trouver une patte Graceless encore plus affirmée sur le prochain album.

 

Également dans le radar de la Rubrique Nécro :

  • Un an seulement après le grandiose Tides Turn Eternal, Dream Unending est déjà de retour, et sortira Songs of Salvation le 11 novembre, toujours chez les excellents 20 Buck Spin.

  • Les Mosellans de Catalyst ont signé chez Non Serviam Records leur second album, A Different Painting For A New World, avec au programme un tech death très touffu qui va encore plus loin que The Great Purpose Of The Lords (2019).

  • Les Ecossais de Godeater et leur death technique confinant au deathcore ont sorti un nouvel album intitulé Vespera. A mettre entre toutes les oreilles.

  • Si vous aimez que votre deathcore soit bien lourd, ultra moderne, avec des touches slam death et un concept de science-fiction, jetez une oreille au premier album de Xenotheory. Avec Florent de Heptaedium à la... baguette, forcément.

  • Ah et si vous étiez passés à côté, The Devils, le dernier album de Belphegor, est bieng.