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Album

13 décembre 2021 - Michael

Bullet For My Valentine

Bullet For My Valentine

LabelSpinefarm Records
styleMetalcore
formatAlbum
paysPays de Galles
sortienovembre 2021
La note de
Michael
9/10


Michael

Avocat le jour, rédacteur sur Horns Up la nuit et photographe à mes heures perdues.

Ces dernières années, les productions des Gallois de Bullet for My Valentine ont été en dents de scie. Après l’affreux Temper Temper dont on se demande toujours comment il a pu être commis, le groupe avait renoué avec un metalcore puissant et mélodique avec le délicieux Venom et sa pluie de hits. Gravity, le dernier en date sorti en 2018, avait amorcé un certain virage avec une quasi absence de soli, des hits faisant la part belle à la mélodie et des paroles encore plus mielleuses. Tout n’était pas à jeter, loin de là, mais cet album nous avait un peu laissé l’impression d’une évolution inachevée, comme si le groupe avait voulu trouver le chaînon manquant entre Venom et Temper Temper.

Et alors que l’on pouvait s’imaginer à un Gravity poussé à l’extrême sur ce nouvel album, c’est bien à un retour dans les années 2000 que l’on assiste. Dès les premières notes, on retrouve l’agressivité d’une musique presque plus thrashy que metalcore pur jus. Parasite et son départ en trombe fait clairement penser à la période Scream Aim Fire. Tout au long de l’écoute de cet album, l’on comprend que les Gallois ont voulu faire une sorte de synthèse de leur carrière : le retour vers un matériau plus agressif et brut comme à leurs débuts, tout en conservant ce soin de composition et la place prépondérante de la mélodie qu’ils ont aiguisé au fil des années.

Agressif c’est bien le mot. Les premières écoutes de Knives et de Shatter ne laissent pas indifférentes ; non pas que l’on soit surpris que le groupe puisse sortir des titres aussi lourds et un peu dérangés, mais parce qu’on ne s’attendait pas à cela à ce moment de leur carrière. Le retour des voix criées, quasi omniprésentes, alors qu’elles accompagnaient les voix claires plus qu’autre chose sur les précédents albums, en est une illustration parfaite. De même, le retour d’un style parfois un peu thrashy est évident (No Happy Ever After, notamment) ce qui est une surprise, et une bonne !

La plus grande surprise demeure toutefois le soin particulier apporté aux lignes de guitares. Par les soli, déjà. Passage obligé sur les titres des premiers albums, Padge avait depuis lors manifestement oublié qu’il pouvait jouer en deçà de la sixième case de son ESP. Cette fois-ci, le groupe a retrouvé l’appétit des mélodies : de No Happy Ever After, My Reverie ou bien encore Bastards, les soli viennent parfaitement agrémenter la musique du groupe. Par les riffs ensuite, qui sont hyper incisifs, souvent très rapides, et qui viennent renforcer les aspects thrashy et agressifs du tout (KnivesDeath By A Thousand CutsNo Happy Ever After, notamment).

Matt livre une masterclass sur cet album. Alors que les voix avaient été mises enormément en avant sur tous les tubes que composaient Venom, les Gallois ont ici réussi à conserver cette vibe de refrains entraînants et catchy tout en poussant le curseur de l’agressivité et de la puissance bien plus loin (on pense notamment à la mélodie du refrain de Death By A Thousand Cuts, à Shatter ou bien encore My Reverie). Impossible de savoir le rendu live qu'auront ces titres mais, en version studio, c'est un immense oui.

Alors, certes, tout n’est pas parfait. L’album contient certains titres un peu plus faibles (Can’t Escape The Waves en tête) et l’on finit par se lasser de Matt qui passe un peu trop souvent par la case « un cri ou un Let’s Go est obligatoire pour lancer le premier riff » comme sur Knives. Mais cela fait partie du charme de la musique du groupe, à la vérité. A la réflexion, je crois que je n’ai jamais autant apprécié instantanément un album du groupe. Le groupe ne sombre jamais dans aucun des écueils de ces dernières années, que ce soit la suppression des soli, la simplification des titres ou la trop grande mise en avant des voix claires et de la mélodie. Ici, le groupe a trouvé un subtil équilibre entre tous ces éléments, bien aidés par une production hyper solide et un mix qui fait la part belle aux guitares, ce qui me convient parfaitement.

En résumé, cet album est certainement le meilleur du groupe depuis plus de dix ans. La quintessence de la musique du groupe, parfaitement portée par le caractère éponyme du titre de l’album. Cet album, c’est eux et LEUR musique, tout simplement. Un plaisir à écouter, de A à Z. Et une immense envie de revoir le groupe en live, même si je doute un peu de la capacité du groupe à transmettre cette même énergie, notamment sur les vocals un peu énervés. Mais ne boudons pas notre plaisir.

Tracklist :
1. Parasite
2. Knives
3. My Reverie
4. No Happy Ever After
5. Can’t Escape the Waves
6. Bastards
7. Rainbow Veins
8. Shatter
9. Paralyzed
10. Half Alive

 

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