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Album

02 novembre 2020 - S.A.D.E

Black Magnet

Hallucination Scene

Label20 Buck Spin
styleMetal Industriel
formatAlbum
paysUSA
sortieseptembre 2020
La note de
S.A.D.E
9/10


S.A.D.E

Chroniqueur doom, black, postcore, stoner, death, indus, expérimental et avant-garde. Podcast : Apocalypse

Musiques industrielles et metal ont pleinement consommé leur union à la toute fin des années 80 et au début de la décennie suivante avec la sortie d'albums désormais rangés dans la case des monuments : The Mind Is a Terrible Thing To Taste de Ministry, Streetcleaner de Godflesh et un peu plus tard l'arrivée de Nine Inch Nails, pour ne citer que les plus évidents (sinon demain on y est encore). Black Magnet, projet solo du multi-instrumentiste James Hammontree, se présente avec son premier album, Hallucination Scene, comme l'incroyable synthèse de cette époque et de la nôtre.

En huit morceaux et moins d'une demi-heure de musique, James Hammontree fait renaître cette atmosphère lourde, noire et torturée qui a fait la saveur de la scène indus. Le tout en parvenant à rester définitivement ancré dans son temps. Et ça, c'est le genre de fusion aussi absolument parfaite que terriblement difficile à obtenir. Clairement, c'est l'influence de Streetcleaner qui est la plus aisément remarquable : Hallucination Scene, avec ses multiples couches sonores rappelle le travail de Broadrick, mais avec un côté indéniablement plus catchy et accessible. Moins opaque et touffu, le production confectionnée par Hammontree demeure riche, moderne et variée, mixant avec une précision diabolique les effets indus et la guitare metal. Le chant n'est pas en reste : très saturé, il penche plus du côté NIN de la force, offrant à l'album quelques refrains fédérateurs et imparables.

Il y a également un sous-bassement hérité de Manson, pas forcément perceptible dès les premières écoutes mais qui s'impose au fur et à mesure. Un titre comme "Crush Me" rappelle le"Kill King 33" du Réverend, avec une prod plus épaisse et musclée. Et de manière générale, sur pas mal de titres, des sonorités et des arrangements peuvent faire penser aux passages les plus indus du Manson 90/début 2000, plus en forme de citations diluées que d'hommage direct.

Mais clairement, la plus grande réussite de cet album est sa diversité. Du furieux et très inspiré Ministry "Punishment Map" au plus torturé et rampant "Walking In The Dark", Black Magnet explore diverses faces du metal indus avec une facilité incroyable et surtout une cohérence sans faille. Hallucination Scene dégage à la fois un sentiment d'urgence et la recherche chronophage de précision dans le détail. On nage dans un univers technoïde par moments, avec un travail sur la boîte à rythme formidable ("Crush Me", "Trustfucker"), apportant presque du groove dans ces morceaux robotiques implacables.

Hallucination Scene a tout pour lui : un son béton, une composition imparable, une identité déjà forgée. Il est aussi bien un hommage aux albums cultes cités plus haut qu'une pépite répondant aux exigences de son temps. Il est une synthèse brillante entre deux mondes, deux époques. Et il est impératif de l'écouter.

Tracklist de Hallucination Scene :
01.Divination Equipment
02.Anubis
03.Punishment Map
04.Neuroprophet
05.Trustfucker
06.Crush Me
07.Hegemon
08.Walking in The Dark

 

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