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dimanche 14 juin 2020

Revue d'actu #12 : In Flames, High Spirits, Thou, Emma Ruth Rundle, Year Of The Knife.

Team Horns Up

Compte groupé de la Team Horns Up, pour les écrits en commun.

Retrouvez ci-dessous notre revue des actualités marquantes - pour de bonnes ou de mauvaises raisons - des deux dernières semaines avec notamment au programme du Black metal d'outre Atlantique (Verglas Sanglant), une légende du death mélo qui massacre son passé (In Flames), des collaborations intéressantes (avec Emma Ruth Rundle en figure de proue) et des albums très attendus (High Spirits ; Year Of The Knife). Bonne lecture et bonne écoute !

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Thou

Di Sab En cette période, la liste de groupes proposant des covers dispensables s’allonge parallèlement aux jours. Exercice faussement simple, la cover apparaît comme rassurante car la qualité de la composition est assurée, l’art de la cover est subtil. En effet, il n’est jamais aisé de garder l’esprit original d’un titre tout en le transposant dans sa propre esthétique.

Thou n’a pas ce problème. Les Louisianais sont 4ème dan dans l’art des reprises. De Crowbar à Fletwood Mac en passant par Black Sabbath et les Misfits, l’éventail est large, la qualité constante. Et quand ils décident de sortir un album de covers de Nirvana, on sait par avance qu’ils jouent à domicile.

Car Thou parcourt, d’une certaine façon, une terre sonore déjà foulée par Cobain et cie. Un espace où la rage et la mélancolie dansent et se substituent l’une à l’autre, où la plainte succède au cri, où l’acoustique laisse la place à la distorsion. Le groupe de sludge avait déjà proposé une version renversante de 4th of July de Soundgarden, ont toujours revendiqué leurs influences grunge (sur Rhea Sylvia plus qu’ailleurs mais pas seulement), on savait d’avance que les 16 titres de Nirvana allait parfaitement s’insérer dans leur univers.

Aucune surprise sur la qualité du produit fini. On notera juste un choix de titre assez osé où les plus grands classiques du trio de Seatle sont délaissés. Pas de Smell like teen spirit ni de Come As you Are, pas de Lithium plus que de Rape Me. Mais de sublimes versions de Dive, de Something in the Way et de Where Did You Sleep Last Night qui m’ont permis de me replonger dans les tréfonds de Nirvana. Un album qui évite les écueils paresseux de l'exercce de la  reprise pour un contenu exigeant et heavy, à l'instar du combo. 

 

 

In Flames

Michaël : Inutile de revenir sur l'évolution de la carrière des Suédois d'In Flames. On sait tous que, d'un death metal mélodique pur jus, le groupe a progressivement fait évoluer sa musique pour naviguer aujourd'hui dans les eaux d'un metal alternatif mélodique. Je le regrette, nous sommes nombreux à le regretter, mais le groupe suit son chemin et on ne peut qu'être heureux pour eux puisqu'ils font ce qu'ils aiment et que le succès semble être là.

Mais faire évoluer sa musique est une chose ; revenir sur le passé en est une autre. J'ai un immense respect pour le groupe, mais procéder à un réengistrement du merveilleux Clayman sorti en 2001 pour pondre cette horreur, non merci ! Guitares sous-mixées et quasi inexistantes, son de clavier dégueulasse, batterie mollassonne... une cover bas de gamme qui n'a eu qu'un seul mérite : me donner envie d'aller écouter l'originale (même si la performance d'Anders ne me déplait pas, pour le coup).

Encore une fois, il ne s'agit pas de faire le vieux con et de redire : "In Flames c'était mieux avant !". Loin de là. Surtout venant de quelqu'un qui a adoré STYE et énormément apprécié Sounds of A playground Fading et A Sense of Purpose notamment. Mais là, c'en est trop. A vrai dire, j'aurais préféré que le groupe réenregistre tous ces derniers albums avec le son de Clayman que de se prêter à cet exercice qui ne ravira personne (sauf peut-être leur banquier). Ils ont réussi à enlever toute l'âme de ce titre si magique ; même la mélancolie si pregnante dans l'originale peine à ressortir dans cette nouvelle version. J'ai objectivement peur pour la suite de l'album. Imaginez juste ce qu'ils vont de faire de la sublimissime Pinball Map ou de Only for the Weak...

 

Dust Lovers

Dolorès : Dust Lovers est typiquement le genre de groupe que j'ai vu passer de nombreuses fois sur des affiches de concerts et de festivals et qui ne m'a jamais vraiment attirée. J'en avais une image trop « stoner » pour moi, et c'est avec un grand plaisir que je découvre il y a quelques jours que le projet a légèrement dévié pour s'approprier un style un peu plus marquant, en parallèle d'un nom raccourci depuis 2018 (anciennement Texas Chainsaw Dust Lovers).

Un changement plein de sens, puisqu'on laisse de côté les paysages texans et les hobbies de rednecks pour embrasser une facette plus poétique et subtile du groupe. L'étiquette « Noir Rock'n'roll » leur colle à merveille, et le clip de « Goldie » (réalisé par Clem Colt, photographie par Guillaume Quincy) ne fait que confirmer cette impression. Je dois vous avouer que j'ai dû le regarder une dizaine de fois, tant ces images m'ont marquée. Entre vieux film de vampire en noir et blanc contenant de nombreux clins-d'oeil et absurde comique moderne, « Goldie » propose une bulle savoureuse à l'esthétique maîtrisée. On semble parfois glisser à la limite du kitsch gênant, mais on n'y tombe jamais et Dust Lovers réussit à rester dans un kitsch satisfaisant (si ça ce n'est pas du compliment). La preuve qu'un changement de direction et un clip bien fait peuvent être le point d'accroche idéal pour gagner de nouveaux fans.

 

Emma Ruth Rundle, Mastodon, YOB, Old Man Gloom

Dolorès : Nombreux sont les artistes à avoir sorti des titres ou des vidéos spéciales lors du confinement, ou des projets à s'être montés pour l'occasion. L'émission youtube Two Minutes To Late Night a notamment repris le concept et, le premier juin, était publiée une reprise à distance tout à fait particulière. L'annonce avait de quoi créer un peu de hype : on retrouve Emma Ruth Rundle ainsi que des membres de YOB, Mastodon et Old Man Gloom (en plus du présentateur Jordan Olds) autour d'un grand classique de Kate Bush.

La pop entraînante et colorée de « Running Up That Hill » n'est pas si simple à arranger avec distorsion et lourdeur inclus automatiquement dans le package de ce line-up si particulier. On sent d'ailleurs que le groupe éphémère s'est plutôt fixé l'intention de s'amuser sur cette cover sans prise de tête, que de créer un titre solennel et audacieux. En ce sens, on aurait peut-être préféré n'entendre que la voix pleine de candeur et de velours d'Emma Ruth Rundle, qui colle si bien à l'univers de Kate Bush, mais qui est malheureusement accompagnée du chant assez irritant de Jordan Olds qui, lui, ne colle pas du tout. Il en ressort un morceau fun à écouter mais pas tout à fait à la hauteur des attentes créées. A écouter pour le fun, donc (avant de se repasser Houds Of Love en boucle).

 

Verglas Sanglant

Matthias : A parcourir les derniers articles de cette rubrique, on dirait bien que quelque chose se trame dans la Belle Province ! Après des nouvelles de Forteresse et de Serment, projet solo de Moribond, c'est maintenant au tour de Verglas Sanglant de sortir son premier EP, intitulé Tempête de Tourments. Bon, je ne m'appesantirai pas sur le nom de la formation, à la sonorité si particulière pour nos francophones oreilles. C'est pour les groupes québécois un symbole fort d'identité culturelle, et je comprends parfaitement qu'ils désirent tant le mettre en avant. Dans l'absolu, je serais d'ailleurs très curieux de découvrir l'opinion d'anglophones, Canadiens ou autres, sur le Métal Noir, ou même de savoir si cette scène est connue au delà des reliquats de la présence française aux Amériques. Mais je m'égare.

Avec six pistes pour un peu plus de 27 minutes, Tempête de Tourments repose sur des compositions relativement courtes pour la plupart, ce qui n'est pas pour me déplaire, ayant tendance à vite me lasser des morceaux qui s'éternisent. Le groupe se permet même une intro et un interlude, choix que j'aurais habituellement trouvé discutable sur ce format court, mais qui ne déssert finalement pas l'ensemble. "Ère de Glaciation" alterne efficacement des montées en puissance dignes d'un phénomène météorologique global, et des passage plus lents suggérant l'avancée inexorable des glaciers. Passé l'interlude, le groupe se permet avec "Ataraxie" un morceau plus long et plus contemplatif tandis que "Haine & Pestilence" prend le parti exactement inverse, avec une furieuse sarabande aux airs de fuite en avant.

Cohérent sans être monolithique, Tempête de Tourments reprend des éléments typiques du Métal Noir québécois comme le chant torturé à l'extrême, tandis que les instrumentations, dans leurs moments soit les plus contemplatifs, soit les plus épiques, peuvent rappeler Summoning, de loin, j'en conviens. Verglas Sanglant offre-là une très efficace entrée en matière pour qui voudrait se familiariser avec une scène aussi particulière que celle du Québec.

 

Uada 

Florent : J'ai décidé de persévérer et de laisser leur chance à Uada après la franche déception qu'avait constitué leur deuxième album et malgré mes sérieux doutes concernant leurs prestations lives ; après tout, nombreux sont les groupes à avoir débuté comme de simples "clones" et ayant réussi, progressivement, à se départir de ce mimétisme pour construire une identité intéressante. On ne peut pas nier que Uada a des qualités et de toute façon, vu leur popularité (un peu exagérée), ils sont là pour rester, donc autant tenter d'y prendre un peu de plaisir. 

J'ai donc écouté ce Djinn avec curiosité et j'en ressors ... mitigé. La gestion du rythme du morceau, avec des passages instrumentaux par moments très classiques (et Mgla-like, forcément ...) mais aussi par moments plus "groovy" et dansants, est intelligente, sans être franchement innovante, et le morceau commence bien malgré la manie de Jake Superchi d'en faire des tonnes (c'est moins agaçant que sur Cult Of A Dying Sun, où il gâchait à lui seul plusieurs morceaux de ses hululements intempestifs). Puis vient ce passage central plutôt lent, pas mal foutu mais qui casse le rythme d'un titre dont on se dit, au terme des 7min50, qu'il laisse un peu le cul entre deux chaises. À voir au sein de l'album, mais Djinn aurait déjà été l'un des bons titres de l'album précédent, ce qui est souvent plutôt bon signe. 

 

High Spirits 

Florent : Voilà probablement l'un des albums les plus attendus de la rédaction ! Le nouveau High Spirits a la lourde tâche de venir ambiancer notre été (autant que faire se peut vu les circonstances), et est teasé à l'approche de sa sortie le 31 juillet prochain par un premier extrait, Restless. Et encore une fois, je me retrouve un poil déçu après l'écoute. 

Non pas que ce nouveau High Spirits soit "mauvais" : format tout ce qu'il y a de plus classique, refrain efficace, bonne humeur et good vibes sont toujours la formule de Chris Black, comme depuis ce fabuleux Another Night qui a tant squatté les playlists (et continuera à le faire longtemps) avec sa ribambelle de tubes. Malheureusement, Restless manque de pêche, de profondeur, et le morceau ne décolle jamais vraiment - en particulier au niveau de la voix de Black, qui semble à la peine. Je suis peut-être un peu difficile car après tout, les albums de High Spirits regorgent de morceaux dans le genre, sans prétention et juste idéaux pour qu'on écoute le tout d'une traite ... On remarquera quand même une production un peu plus ample que sur Motivator. Rendez-vous fin juillet pour le verdict ! 

 

European Metal Festival Alliance 

Florent : En temps de crise, il faut se réinventer - la formule est un classique de la start-up nation et sonne terriblement cliché, mais il faut lui reconnaître qu'elle est imparable. Notre été de festivals a tout simplement été balayé : ceux qui rêvaient encore d'un septembre un peu plus souriant pour aller profiter des dernières semaines de l'été ont pris une douche froide avec l'annonce cette semaine du report à 2021 du Pyrenean Warriors, vaincu par les restrictions logistiques plutôt que sanitaires - faire tourner des groupes depuis les USA sera compliqué pour encore longtemps. 

C'est sur les cendres de l'autodafé de nos rêves d'été que se dresse le mystérieux projet "European Metal Festival Alliance", qui ne consiste actuellement qu'en un logo et une page Facebook nous promettant depuis le 9 juin "more info" à venir bientôt. Douze festivals se sont joints pour ce projet commun : parmi eux, l'Alcatraz Festival en Belgique, le Brutal Assault en République Tchèque, le Metal Days en Slovénie, le Summer Breeze et le Party San en Allemagne, le Midgarsblot en Norvège mais aussi, cocorico, le Motocultor Festival

Que peut-on imaginer ? Peut-être une collaboration permettant à un festivalier achetant un billet à l'un de ces événements de se rendre à un autre à prix réduit ; peut-être une meilleure synergie au niveau de la programmation ... Difficile à prédire actuellement. Les jours à venir nous en diront plus sur cette initiative qui pourrait avoir une grande importance sur notre été 2021. Plus que jamais, l'union fait la force ... histoire de commencer et terminer ce texte sur un poncif !

 

Year Of The Knife

S.A.D.E : Alors qu'ils ont récemment signé chez Pure Noise Recordings, Year Of The Knife commence à dévoiler son second album, Internal Incarceration. Enregistré par Kurt Ballou, ce nouveau long format s'annonce teigneux et méchant, en témoigne Virtual Narcotic, le premier extrait proposé. En moins de deux minutes, le quintet balance du riff brise-nuque en veux-tu en voilà, dans une veine quelque part entre All Pigs Must Die, Gaza et Nails (pour le son tronçonneuse plus que pour la compo). Concis, efficace, brutal et colérique, ce premier extrait donne envie d'en découdre plus longtemps. Mais pour ça, il faudra attendre le 7 août prochain.