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dimanche 5 avril 2020

REVUE D'ACTU #7 : Hangman's Chair, Beyond Creation, Hypocrisy, Igorrr, Ulver, etc.

Team Horns Up

Compte groupé de la Team Horns Up, pour les écrits en commun.

Alors que les nouvelles peu réjouissantes s'accumulent ces derniers temps, on vous a sélectionné quelques faits d'actualité de notre cher paysage musical pour vous changer les idées. Même si la saison des festivals s'annonce compromise, même si une grosse partie de la scène souffre de ne pouvoir tourner, et même si, au-delà de notre petite sphère, les annonces inquiétantes sont quotidiennes, il nous reste quand même cet espace de découverte et de détente précieux. Bonne lecture, bonne écoute, et portez-vous bien !

 

Igorrr

Dolorès : Alors que l'album est déjà disponible dans son entièreté en streaming, Igorrr dévoile un clip pour « Downgrade Desert », le titre introductif de l'opus. Il est signé Fabian Lüscher & Dynamic Frame GmbH, des noms tout à fait inconnus de la sphère metal.

Pour celles et ceux qui n'auraient pas suivi, même après tous les indices laissés par la pochette qui ne laisse pas indifférent(e), Gautier Serre s'immerge dans une ambiance orientale pour cette année. On a une vague impression que le compositeur fou serait tombé sur un oud et se serait dit « tiens, et si j'en faisais un album ». Cela dit, l'absurdité humoristique et l'imaginaire ne sont pas loin, tant dans l'album que le clip où on ne retrouve absolument aucune recherche d'authenticité, contrairement aux groupes de Metal Oriental. Igorrr se place plutôt entre Mad Max et Prince of Persia, dans un désert fictif et mystérieux, source d'une mythologie qui lance l'album mais n'en délimite absolument pas les contours, entre sensualité chaleureuse et apocalypse sonore.

 

Beyond Creation

Michaël : En octobre 2018, les Canadiens de Beyond Creation nous ont offert l’album Algorythm sur un plateau. Un très bon cru qui nous avait ravis à l’époque, et qui continue d'ailleurs de le faire. Pour faire durer un peu le plaisir, le groupe vient de mettre en ligne un clip live du titre Surface’s Echoes, enregistré lors d’un live à Montreal.

Les années passent, mais le plaisir à écouter Beyond Creation ne se tarit pas. Il faut aussi dire que le groupe sait mêler des compositions puissantes, très recherchées sans jamais être trop alambiquées et nous faire perdre le fil de l’écoute. Avec Obscura, notamment, ils occupent sans conteste les toutes premières places de la scène Death tech. Et ils ont en plus le prix de la sympathie.

 

Hypocrisy

Michaël : Régulièrement, les festivals nous offrent la possibilité de revivre des performances live en vidéo. Si cela a pu être une denrée rare par le passé, Youtube regorge désormais de prestions filmées par les festivals eux-mêmes, pour s’assurer une publicité conséquente. On pense notamment au travail de titan abattu chaque année par Arte Concerts au Hellfest. Aujourd’hui, le Brutal Assault (République Tchèque) nous permet de revoir une partie du concert de l’été dernier des Suédois de Hypocrisy.

S’il vous prend l’envie de mosher dans votre salon sur Valley of the Damned ou de faire une crise d’épilepsie sur l’introduction de Pleasure of Molestation, n’hésitez pas à savourer cette vidéo d’une quinzaine de minutes (4 titres) qui vous apportera ce goût si délicieux qu’est celui du bon Death mélodique.

 

Haken

Storyteller : Cette semaine, présentation d'un extrait du prochain album de Haken, Virus, qui sortira le 5 juin chez Inside Out, boîte plus que réputée dans le milieu du progressif. On notera quand même que le nom de l'album est particulièrement bien choisi en ces temps de pandémie et de confinement à la maison. On voit dans le clip qu'il y a un rapport à la maladie, mentale il semble. Mais ce n'est qu'un pretexte pour montrer le groupe en pleine action. Le concept passe clairement en second plan. On aura besoin d'en savoir plus en lisant l'histoire complète, pour le moment on est dans un des classiques du Metal, rien d'extraordinaire.

Alors, focalisons-nous plutôt sur la musique : que montre ce Prosthetic ? Un groupe au sommet de sa forme, qui a choisi de donner envie à l'auditeur de rentrer dans sa future sortie par le côté pêchu, en privilégiant la distorsion. Le côté synthétique évoqué par le titre est repris par la voix passée au vocoder mais pour le reste, on entend clairement une jolie palette de ce que le groupe sait faire : quelques petites syncopes bien placées, de la mélodie, des breaks plus posés, un refrain heavy à souhait, un équilibre guitares / claviers. Et quand on entend les riffs incroyables que Haken nous a pondu, on a qu'une envie, écouter la suite.

 

Naglfar

Circé : Après huit ans d'attente, les Suédois de Naglfar font leur retour avec Cerecloth, dont la sortie est prévue le 22 mai chez Century Media. Après un premier extrait qui m'avait personnellement laissée sur ma fin, l'album continue de se dévoiler avec ce « Vortex of negativity ». Si l'ensemble reste tout de même assez convenu, le titre semble déjà plus inspiré que son prédécesseur et renoue avec une touche un peu plus mélodique bienvenue. Le riffing est venimeux, sinueux dès l'intro ; s'ensuit une première partie frontale où s'entrelacent blasts, vocaux hargneux et mélodie lancinante, avant une pause atmosphérique qui amène vers un dernier « refrain » clôturant le morceau. Il manque tout de même un petit quelque chose, un je ne sais quoi qui avait permis au groupe de pondre des titres absolument porteurs et épiques par le passé. Les sortes de spoken words sur la partie atmosphérique n'ajoutent au final pas grand chose, mais les guitares hypnoptiques sur lesquelles l'attention reste font bien vite oublier ce point. Le plaisir d'entendre de nouveaux titres de Naglfar est bien là, même si après autant d'attente on aurait pu espérer les Suédois dans une forme encore meilleure.

 

Ulver

Circé : Bien que tout semble pointer dans cette direction, Ulver n'a annoncé à ce jour aucun sucesseur à The Assassination of Julius Caesar. Si l'attente est longue et le groupe attendu au tournant par beaucoup après un album si marquant, les deux morceaux dévoilés indépendamment ces derniers mois indiquent apparemment une poursuite dans la même direction musicale. Des airs de vieux Depeche Mode, ce côté synthpop légèrement goth avec la voix bien reconnaissable de Kristoffer Rygg et une production moderne, loin d'être restée dans les 80s... Les Norvégiens reprennent une vieille recette en y ajoutant leur touche personnelle. « Little Boy » apparaît de plus moins linéaire que le « Russian Doll » sorti en début d'année (et que je trouvais déjà très addictif), que ce soit au niveau des lignes de chant, arrangements sur la voix ou encore l'instrumentation plus riche et travaillée. Une ambiance de rues désertes dans des villes fantômes, une fin du monde douceâtre. Il est intéressant de noter que le morceau ne serait pas totalement nouveau puisque joué dans le cadre d'un évènement spécial au centre d'art Henie Onstad près d'Oslo en 2018. Il est en outre disponible à prix libre sur le Bandcamp du groupe – pas de raison pour ne pas y jeter une oreille.

 

Prognathe

S.A.D.E : Flying Fetus. Rien que le titre du morceau m'a tué. Toujours avec cette délicate touche de second degré tout droit venue du Paléolithique, Prognathe revient cette année avec son quatrième album, Homo Eructus. Mais derrière l'habillage thématique assez déconnant, se cache une musique tout ce qu'il y a de plus sérieux, entre black, death, grind et crust. Et l'extrait que nous propose le duo en guise d'avant-goût est un bon gros défouloir bien bordélique qui donne fort envie de s'enquiller la suite. Suite qui sort demain chez Peccata Mundi Records, que le monde est agréable (ou presque).


Hangman's Chair

S.A.D.E : Alors qu'ils ont tout récemment déclaré dans une interview que le nouvel album est en route, Hangman's Chair fait ses fonds de tiroirs durant le confinement. Et ils en ont des choses sympathiques dans leur tiroir. A commencer par ce Void, morceau qui n'avait pas été gardé pour Banlieue Triste. On retrouve donc l'atmosphère lancinante et mélancolique de l'album, avec une lourdeur peut-être plus marquée. Si Void n'offre rien de particulièrement neuf (le chant est toujours aussi excellent, la caisse claire toujours aussi profonde), il donne envie de se replonger dans le bain de Banlieue Triste immédiatement. Profitez-en, vous avez le temps.



Black Curse

Florent : L'année 2020 est jusque là une petite déception en ce qui me concerne en termes de sortie et comme souvent, ces premiers mois ont été l'occasion de poncer ce qui s'est fait de mieux en 2019 ou de rattraper mon retard. Pourtant, parfois, une sortie m'attrape violemment l'oreille pour me dire qu'après tout, on est en avril et qu'il est peut-être temps de se mettre à la page. Ca aura été le cas, cette semaine, de Black Curse. Après avoir déjà bien ambiancé 2019 avec son Blood Incantation qui devient progressivement culte, Morris Kolontyrsky (basse) s'allie avec Antinom (Khemmis) et Jonathan Campos (Primitive Man) pour nous offrir ce premier album. 

Résultat : une claque bouillante, un magma en fusion, un torrent de lave qui vous met la tête in deep waters, comme disent les Américains, en ne vous laissant prendre un peu d'air que via quelques mid-tempo (Enraptured by Decay) que pour mieux replacer des accélérations dont les riffs rendent fou. De ce death metal infernal ressortent quelques relents du black le plus bestial, notamment dans les hurlements de Gravetorn (guitare/voix). Le tout mène à un final fantastique qui fait déjà de cet Endless Wound l'un des highlights de l'année - si l'on peut utiliser ce terme.