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lundi 9 décembre 2019

Wardruna + Dayazell

L'Olympia - Paris

Dolorès

Non.

En octobre 2017, je montais sur Paris pour voir Wardruna et Dayazell, à la Cigale. Deux ans après, ce sont les néons rouges de l'Olympia qui annoncent le même programme, soit une capacité plus importante ! En effet, le groupe revient à nouveau dans la capitale française pour fouler les planches d'une magnifique salle, que je découvre par ailleurs ce soir-là. L'occasion, au passage, de rencontrer Neige d'Alcest le jour-même pour une interview et de visiter les magnifiques expositions Tolkien, voyage en Terre du Milieu (à la BnF) et Vampires, de Dracula à Buffy (à la Cinémathèque) le lendemain !

N’ayant pas pu amener mon appareil photo dans mes bagages, un grand merci à Elie Lahoud-Pinot (E.L.P-Photo) d’avoir accepté d’illustrer ce report.

 

Dayazell


Pour une fois, les concerts à Paris commencent un peu plus tard. Dayazell est annoncé pour 20h30, mais la salle est déjà ouverte depuis 19h et de nombreux fans (pas uniquement de Wardruna, je l'espère) sont postés dans la fosse en attendant que les lumières s'éteignent. Il est possible que beaucoup de monde ait découvert et adoré Dayazell en 2016 au Trabendo ou en 2017 à la Cigale, alors qu'ils ouvraient déjà pour les Norvégiens. J'espère pour eux que leur public a augmenté grâce à ces événements, mais il reste de nombreuses personnes qui continuent de confondre un concert calme avec un espace pour discuter autour d'une bière entre potes. Le hall est immense, il y a deux bars, des marches pour se poser et... Pas de musiciens sur scène qui espèrent être écoutés, ou même un public qui aimerait profiter de l'ensemble sans subir les rires et les discussions autour. Même souci qu'en 2017, même souci que dans tous les concerts où un public « metal » se rend et que les sonorités sont plus douces qu'à leur habitude. Un peu de respect, s'il vous plaît.
 


De leur côté, les membres de Dayazell nous livrent encore un superbe concert. Il semble cette fois plus court, sans doute car la soirée débute plus tard et que Wardruna terminera également assez tard. Leur set passe donc extrêmement vite, mais malgré les bavardages autour, j'arrive à m'immerger dans leurs boucles folk orientales hypnotiques. La voix d'Isao cloue le bec de temps en temps tant son timbre est particulier et sa technique perfectionnée. Quelques accrochages, de temps en temps, nous font nous demander si elle est aujourd'hui un peu malade ou si ces maladresses sont volontaires, mais elles ajoutent en réalité beaucoup de charme à l'ensemble. Les instruments et les voix qui s'élèvent donnent un résultat moins dense que Wardruna, car il n'y a ici que les sons des instruments joués sur scène. On attendrait parfois un son un peu plus fort sur les percussions pour être emporté totalement, mais leur aspect plus authentique est également tout à leur honneur.
 


Les morceaux nous font traverser les époques et les territoires : la Suède (« Mitt Aterdonte Ar »), la Mongolie (« Dynqyldaj »), l'Arménie (« Ah Nice Bir Uyursun ») mais aussi l'Europe médiévale avec un titre d'Hildegarde von Bingen (« O Rubor Sanguinis »). Ils en profitent également pour présenter l'un de leurs nouveaux titres, « Hov Arek ». Comme en 2017, toujours pas de « Sareri Hovin Mernem » dans la setlist, avec beaucoup de déception.

Espérons que leur ouverture pour Faun l'an prochain leur permettra de gagner encore un peu plus de public, car le groupe le mérite véritablement. J'espère les revoir en contexte de plein air un de ces jours, car je ne les ai pour l'instant vus qu'en salle, où ils excellent mais où l'on sent également qu'il ne s'agit pas forcément de leur élément premier.

 

Wardruna


La salle est bien pleine pour la tête d'affiche. Leurs passages en France sont réguliers mais toujours attendus, on croirait que la réputation et la notoriété du groupe n'arrive pas à se stabiliser et continue de croître d'année en année. Pour ma part, c'est déjà la quatrième fois que je vois les Norvégiens sur scène. Après Rennes en 2013, la Cigale il y a deux ans, et la cour du Château des Ducs de Bretagne à Nantes l'an dernier, j'avais très hâte de revoir le groupe mais je commençais à me demander si je n'allais pas me lasser de voir leur concert. Le fond de scène est le même depuis quelques temps, la scénographie suit le même principe, la setlist risque de ne pas beaucoup évoluer et de rassembler encore les mêmes titres que d'habitude.

La première partie du concert affirme cette appréhension, car étant assez éloignée je ne vois pas grand chose, et que les titres joués sont forcément à peu près les mêmes. Bien qu'ils soient d'une qualité incroyable, et que le groupe excelle en live, ils perdent un peu de leur magie quand on a juste l'impression d'entendre à nouveau les mêmes titres très bien joués sans rien y voir.
 


Peu à peu, mon avis évolue. C'est vrai que la scénographie semble avoir été un peu améliorée : nouvelles idées ou possibilités différentes d'une salle comme l'Olympia ? Les spots lumineux qui jouent sur des lignes verticales ou horizontales apportent parfois une atmosphère complètement inédite qui donne du corps au concert. Le système d'ombres des membres du groupe qui s'élancent sur le fond coloré ou non semble également avoir été un peu modifié pour que certains passages soient plus saccadés, ou au contraire plus fluides.

Niveau son, c'est surtout la mise en valeur du chant de Lindy Fay Hella qui apporte de la fraîcheur. Elle est presque au même volume sonore qu'Einar Selvik, ce qui change par rapport aux fois précédentes où j'ai vu Wardruna en live. Il s'agit peut-être d'une manière d'aider à la promo de son projet solo, ou encore de faire écho aux quelques apparitions live de la chanteuse Aurora avec le groupe qui ont beaucoup plu aux fans, mais c'est véritablement un plus quand on aime beaucoup ses lignes de chant. Niveau setlist, je suis également très heureuse d'entendre enfin « Solringen » en concert, l'un de mes titres préférés. La première partie, très lente à démarrer et très rythmique est adaptée avec une partie vocale d'Einar Selvik, preuve que le groupe sait comment arranger ses propres titres pour leur donner de la consistance.
 


Toutefois, on atteint bien 1h40 de show et la fatigue commence à se faire sentir, ainsi que la nécessité de s'asseoir. Je suis heureuse de la manière dont le concert se termine : Einar enchaîne bien évidemment « Helvegen » (avec un speech d'avant-propos légèrement remanié) et le rappel « Snake Pit Poetry ». Il semble cependant réellement surpris de l'accueil que le groupe reçoit ce soir-là, et il faut l'avouer, la salle est en feu. Les demandes de rappel s'éternisent, Einar et sa bande semblent réellement touchés de la réaction du public conquis. Il en profite pour glisser de manière malicieuse qu'il espère revenir rapidement : le soir-même était annoncée la programmation du Hellfest 2020 avec le logo des Norvégiens en tête d'affiche de la Temple.

Peut-être n'irai-je pas voir Wardruna à nouveau en concert avant un petit moment. J'ai eu ma dose. J'attends de voir quelles nouvelles pages du groupe vont s'écrire dans les années à venir pour espérer un nouveau show, une nouvelle scénographie, voire de nouveaux morceaux selon ce que le groupe décidera pour l'avenir du projet. En attendant, pour ceux qui n'ont jamais vu ce show, courez-y.
 

 

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Un grand merci à Garmonbozia pour l'invitation,
et aux groupes ainsi qu'à l'Olympia pour la soirée.

Crédits photos : Elie Lahoud-Pinot (E.L.P-Photo)