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Album

29 avril 2019 - ZSK

Black Therapy

Echoes Of Dying Memories

LabelBlack Lion Records
styleMélodeath
formatAlbum
paysItalie
sortiemars 2019
La note de
ZSK
7/10


ZSK

"On est tous le boomer de quelqu'un d'autre."

En 2016, Black Therapy nous avait prouvé que l’on peut être Italien et faire du bon Mélodeath, ce qui n’était pas évident tant leur contrée a été pourvoyeuse de Mélodeath assez risible, niveau bas de tableau Série B du genre, inondant les webzines de promos peu glorieux. Leur second album In The Embrace Of Sorrow, I Smile, avait donc été une bouffée d’air frais, avec en plus un ensemble sonnant très nineties, ce qui fait toujours plaisir pour du Mélodeath. Black Therapy rattrape donc les ratés des mauvais élèves qu’avaient été Lahmia, HaddaH ou autre Congiura. Seul Disease Illusion, auteur du surprenant Backworld en 2011, est en mesure de rivaliser même s’il officie plutôt dans un registre à la Heaven Shall Burn. D’ailleurs Disease Illusion était réapparu l’an dernier avec un très bon After The Storm (That Never Came) que je vous recommande dans un style toujours plus moderne et musclé. Bon, Lahmia aussi, en janvier dernier… mais dans leur cas, c’est toujours aussi anecdotique et cliché voire tout simplement nul. Bref. Black Therapy est donc de retour, un peu plus de 2 ans après la révélation In The Embrace Of Sorrow, I Smile, cette fois-ci sur le label Black Lion Records toujours friand de Death ou de Black mélodique qui sent bon les années 90. Passer après un album de la trempe de leur second opus peut déjà être considéré comme délicat tant il semblait complet dans le genre Mélodeath 90’s, mais Black Therapy avait encore quelques défauts à gommer et une certaine marge de progression, donc tout est possible. Il tarde donc aux amateurs de ce Mélodeath raffiné descendant des vieux Dark Tranquillity et In Flames avec une touche mélancolique à la old Insomnium de voir comment va évoluer Black Therapy, et s’il va transformer l’essai de son second album et atteindre la maturité.

On notera déjà que le groupe a connu un sacré chamboulement de line-up vu que… seul le chanteur Giuseppe conserve son poste ! Le guitariste Lorenzo est passé à la basse et pour le reste, deux nouveaux guitaristes et un nouveau batteur sont arrivés. Ça fait un sacré changement et on se demande déjà comment Black Therapy va conserver une stabilité musicale, même si ce n’est ni le premier ni le dernier groupe à connaître de tels changements sans pour autant totalement changer de style. Qu’on se rassure, Black Therapy reste lui-même et continue à pratiquer un Mélodeath typé années 90, avec une forte emphase sur les leads avec quelques moments typiques et un unique chant extrême plutôt Blackisant (il n’y aura qu’une apparition de chant clair grâce au guest, Sami d’Adimiron, sur le dernier morceau). On se situe donc dans la lignée de In The Embrace Of Sorrow, I Smile mais toutefois, certains équilibrages vont changer. Si le précédent opus était parfois assez incisif à l’image d’un morceau remuant comme "She, the Weapon", Echoes Of Dying Memories sera un album très mélodique. Pas un album atmosphérique, avec peut-être une dimension un peu épique, mais ici les compos mélodiques se taillent franchement la part du lion. Tout comme sur son prédécesseur, cet album sonne souvent mélancolique et se rapproche du Mélodeath finlandais tout autant qu’il évoque ce qu’ont pu faire certaines formations françaises comme Fallen Joy ou Innermoon, mais les passages mélodiques se multiplient et les leads sont presque omniprésents. Et s’il reste teinté d’influences 90’s à tout moment, Black Therapy fait aussi un léger pas vers la modernité à certains égards, notamment dans la production très claire et propre. Une petite courbure qui évoquera celle qu’a pris le groupe anglais Engraved Disillusion entre Embers Of Existence et The Eternal Rest. Un Black Therapy encore plus mélodique donc, où l’on retrouve malgré tout le chant extrême toujours aussi tranchant de Giuseppe. Mais Echoes Of Dying Memories sera un album bien plus aérien et enlevé que ce le groupe italien avait produit jusque-là…

Il faut donc se préparer à se laisser emporter par de nombreux leads gracieux, et les riffs cossus vont donc vite manquer pour apporter un peu de peps et de dynamisme à l’ensemble, même si l’inspiration est au rendez-vous et Black Therapy sait rester accrocheur dans la globalité de Echoes Of Dying Memories. Mais très vite, cet album se révèle hélas assez linéaire, nous abreuvant de leads mélodiques certes formidables mais qui tournent rapidement en rond. Les passages plus rythmés et même la plupart des rythmiques, quant à elles, sonnent un peu déjà-entendu dans tout ce qui est Mélodeath 90’s, que ce soit chez les vrais groupes d’époque ou leurs suiveurs actuels. Echoes Of Dying Memories se déroule sans véritable tube à la "In the Embrace of Sorrow, I Smile" ou "She, the Weapon", même si des "Ideal", "Dreaming" ou autre "Scars" se défendent bien. L’album démarre tout de même très bien avec l’assez long "Phoenix Rising" d’entrée, mais se tasse assez rapidement. Il connaît même une cassure assez rédhibitoire avec le longuet et tristounet "Rejecting Me" suivi de l’interlude interminable "The Winter of Your Suffering", une sorte de cassure qui avait déjà desservi le précédent album d’ailleurs… Black Therapy n’a pas vraiment gommé tous ses défauts de jeunesse (le groupe atteint les 10 ans d’âge), ses influences sont encore très palpables, et son léger virage vers quelque chose de très mélodique ne convainc pas totalement après un In The Embrace Of Sorrow, I Smile très complet. L’ensemble est malgré tout très plaisant, et l’esprit 90’s de ce Mélodeath fait et fera toujours mouche surtout pour les amateurs dont je fais partie. Mais Echoes Of Dying Memories ne transforme pas l’essai de son prédécesseur, et son trop-plein de mélodies est un peu redondant et même parfois mièvre. Dommage pour un groupe qui avait su balancer des morceaux vraiment mortels sur son deuxième album, encore intouchable. Echoes Of Dying Memories reste un album très appréciable et sympathique, avec quelques bons morceaux à défaut d’avoir de nouveaux hits, et il ne faut pas le bouder surtout quand on voit la qualité médiocre de certaines productions de leurs compatriotes… Mais il faut aimer que votre Mélodeath soit très mélo pour apprécier Echoes Of Dying Memories à sa juste valeur. Sinon, on restera donc sur le précédent album, en attendant que tout ceci se stabilise et confirme sa voie.

 

Tracklist de Echoes Of Dying Memories :

1. Phoenix Rising (6:09)
2. Ideal (5:48)
3. Echoes of Dying Memories (5:19)
4. Dreaming (3:51)
5. Rejecting Me (6:49)
6. The Winter of Your Suffering (3:14)
7. Burning Abyss (4:33)
8. Scars (4:48)
9. Ruins (5:15)

 

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