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Album

25 juillet 2017 - ZSK

Farsot

Fail·lure

LabelLupus Lounge / Prophecy Productions
styleBlack Metal atmosphérique
formatAlbum
paysAllemagne
sortieavril 2017
La note de
ZSK
7.5/10


ZSK

"On est tous le boomer de quelqu'un d'autre."

Cela fait maintenant plusieurs années que l’Allemagne est devenue une valeur sûre en termes de Black Atmo. Agrypnie, Nocte Obducta, Odem Arcarum, Geïst/Eïs, Fyrnask, Lunar Aurora et Nagelfar avant eux… Beaucoup de formations d’outre-Rhin se sont fait remarquer au son d’un Black-Metal traditionnel mais aéré, nous faisant voyager à partir de trois-fois rien, quelques mélodies, de l’acoustique, un chant déchirant, et bien évidemment des ambiances prenantes, et le tour est joué. Parmi ces formations, des newcomers avaient su faire leur trou assez vite, je veux bien sûr parler du quintette Farsot. Après deux démos, le groupe frappa un grand coup pour la sortie de son premier album |||| (2007), qui arrivait huit ans après sa formation en 1999. Nourri d’une thématique sur le deuil, cet album était assez fantastique et se posait directement comme un des meilleurs albums de Black Atmo allemand jamais sortis, notamment conclu par l’exceptionnel "Thematik : Trauer" du haut de ses 20 minutes. Farsot avait directement confirmé le talent dont il avait fait preuve dès l’EP 042103Freitod (2004) et, comme beaucoup de groupes qui ont directement livré un véritable manifeste, n’avait pas réussi à égaler un grandiose premier opus au grand regret de ses fans. Farsot continue alors son chemin dans le sillage d’un autre illustre compatriote allemand, à savoir Secrets Of The Moon, pour un Insects (2011) moins personnel mais, de mon point de vue, tout de même réussi pour un album du genre. Moins émotionnel mais demeurant inspiré, Farsot se posait tout de même comme une formation de grande qualité dans le domaine du Black Atmo un peu progressif, Insects était donc plus classique et moins recherché (car moins conceptuel) que ||||, mais restait intéressant en tant qu’avatar de Secrets Of The Moon. Six ans plus tard et alors que ledit Secrets Of The Moon a pris un virage intriguant, voilà que Farsot est de retour avec son troisième full-length, Fail·lure. Un nouvel échec dans la course pour égaler |||| ?

On constate dès le classique morceau d’ouverture qu’est "Vitriolic" que Farsot ne va en rien changer son fusil d’épaule. Le riffing est lancinant et rugueux, les vocaux bien sombres, les ambiances lugubres, on retrouve le touché Secrets Of The Moonesque (plus période Antithesis) mais aussi, quelque part, des réminiscences de ||||, ce qui va d’ailleurs faire de Fail·lure le chaînon manquant entre ce dernier et Insects. On se laisse déjà emporter par quelques belles voix claires, des mélodies semi-acoustiques enivrantes, et aussi des petits passages avant-gardistes qui amènent un peu d’originalité à ce Black Atmo-progressif balisé mais inspiré et bien troussé. Car Farsot reste en forme, et ne lasse à aucun moment malgré l’aspect parfois minimaliste des compositions et la longueur des morceaux. Puis "Vitriolic" n’est qu’une mise en bouche car le meilleur reste à venir. "Circular Stains", après un départ très acoustique et intimiste, nous montre un Farsot résolument épique, capable de proposer de superbes mélodies et des compos purement BM très libératrices. "With Obsidian Hands" confirme cet état de fait, avec des moments épiques très enivrants, mais aussi des riffs incisifs et de jolis passages acoustiques. Si "Undercurrents" est plus classique, il n’hésite pas non plus à nous offrir encore de bien belles mélodies et partitions acoustiques. Fail·lure ne va jamais chercher très loin mais contient tout ce qu’il faut pour être un album tout à fait satisfaisant du genre, Farsot en profite pour faire le tour des composantes de son art et "The Antagonist" sera un morceau bien dur, et tout à fait excellent de par l’inspiration des musiciens. Enfin, le troisième album des allemands va se terminer en toute beauté, avec l’instrumental "A Hundred to Nothing" qui jette encore quelques splendides mélodies acoustiques et des moments épiques de haut vol, pour le plus grand bonheur de nos oreilles.

Soyons clairs, |||| reste encore l’œuvre la plus marquante de Farsot et autant dire que le quintette aura bien du mal à rivaliser avec ce quasi chef-d’œuvre qu’il a enfanté il y a 10 ans. Mais Fail·lure ne fait pas honte aux qualités du groupe, et dépasse facilement Insects qui n’était pas franchement mémorable il est vrai. On pourra surtout reprocher au groupe un véritable manque de singularité, par rapport à ce dont il est capable et par rapport à ses influences. Mais alors que Secrets Of The Moon a pris une direction musicale étrange, que Nocte Obducta tourne en rond à force d’être trop productif et que Agrypnie se fait désirer, ce troisième album de Farsot arrive à point nommé. Rien de révolutionnaire, juste du Black Atmo allemand de qualité, inspiré et bien composé, proposant tout autant des riffs mordants que des mélodies et moments acoustiques formidables. Possédant une bonne poignée de moments forts et ne risquant pas de se perdre dans des longueurs (l’album dure 48 minutes, ce qui n’est pas énorme pour du Black Atmo), Fail·lure n’est pas un raté, n’est pas l’album de Black Atmo allemand le plus remarquable, mais n’en demeure pas moins réussi, de la part d’un groupe qui fait désormais parties des grands pontes du genre. Après, oui, |||| est bien au-dessus. Mais Fail·lure s’en rapproche un peu et gageons que dès que Farsot aura trouvé un concept qui l’inspirera bien, il arrivera à l’égaler à nouveau. Un pas en avant par rapport à Insects, bien que toujours derrière ||||, voilà ce qu’il faut retenir de manière brute de Fail·lure, mais n’oublions pas non plus qu’il s’agit d’un album de Black Atmo allemand tout à fait bon. Farsot peut faire mieux et a fait mieux certes, mais ne boudons pas ce Fail·lure certes classique mais qui fait le job, avec classe et inspiration.

 

Tracklist de Fail·lure :

1. Vitriolic (9:05)
2. Circular Stains (8:33)
3. With Obsidian Hands (9:24)
4. Undercurrents (8:18)
5. The Antagonist (6:45)
6. A Hundred to Nothing (5:43)

 

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