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vendredi 30 juin 2017

Xtreme Fest

David (Organisateur)

Shawn

Anciennement responsable du webzine U-zine.org. Actuellement chroniqueur éclectique et live reporter basé à Toulouse.

Après quatre éditions, l'Xtreme Fest s'est définitivement installé dans le paysage musical français. Désormais considéré comme une institution en Occitanie, le festival n'a pas à rougir face au Fall of Summer ou au Ragnard Rock. Cette 5éme édition se tiendra à Cap'Découverte, un parc de loisirs aquatiques à 20 minutes d'Albi et à une grosse heure de Toulouse les 28, 29 et 30 juillet. C'est à quelques semaines de l'évènement que nous rencontrons David, organisateur du festival.
 

Salut David, comment vous sentez-vous, toi et tes équipes, à quelques semaines de cette cinquième édition de l’Xtreme Fest ?

On est en plein dedans à trois semaines de la 5ème édition, je sens que tout le monde est bien concentré. Je le sens plutôt bien, je suis optimiste et je me dis que de toute manière, si tout le monde s’implique et travaille correctement ça devrait bien se passer !

 

Retournons sur l’édition 2016 : quel bilan en avez-vous tiré ?

En interne, en termes d’organisation et de logistique, c’est l’édition qui s’est le mieux déroulé. C’était donc la 4ème édition, qui plus est la troisième sur le même site donc on commence à avoir de bons repères. On avait des points à améliorer et ils l’ont été. Les équipes techniques et bénévoles, sur tous les postes, ont fait des progrès. En ce qui concerne la fréquentation, la partie public et artistique, nous étions également très satisfaits. Le week-end s’est bien passé mis à part évidement cette averse orageuse du samedi soir, qui nous a obligés à écourter le set de Lofofora. Excepté ce point noir, c’était une belle édition !

 

A la fin de la seconde édition, en 2014, le festival accusait un déficit important et semblait en sursis d’un point de vue financier. Nathan (attaché presse du festival) nous avait expliqué l’an dernier que vous aviez mis en place un plan de trésorerie sur 4 ans pour rembourser les dettes. Où en êtes-vous actuellement ?

Si on tient notre feuille de route telle qu’on la tient depuis le départ, normalement, fin 2017 ou début 2018, on aura terminé de rembourser nos dettes. C’est quelque chose dont on pourra être très fier puisque ce n’était pas gagné d’arriver à rembourser une telle somme en 4 ans sans avoir eu recours à une procédure administrative. On a fait ce redressement en interne, en négociant directement avec les prestataires et nos créanciers. On va continuer de croiser les doigts parce que ça n’est pas acquis, il suffit d’une année difficile pour ne pas pouvoir tenir ces engagements. On espère que cette édition 2017 sera bonne pour fêter en 2018 la clôture de cette dette, qui nous permettra de regarder un peu plus en avant puisqu'on traîne ça depuis maintenant 3 ans !

 

Du coup, est-ce que cela vous a bridé sur les possibilités d’évolution ? Doit-on s’attendre à ce que l’édition 2018 soit radicalement différente une fois libérés de cette contrainte ?

Alors, a priori non. On va rester sur le même format pour une simple question de stabilité. On veut pouvoir bétonner notre activité. Il ne faut pas oublier que le bénéfice généré chaque année est directement injecté dans le remboursement de la dette; on fait des bons bilans, mais au final, il ne reste rien pour l’association. L’idée est donc, sur une ou deux éditions, de pouvoir mettre des sous de côté, se refaire un capital associatif pour avoir une solidité financière qui nous permette ensuite de pouvoir envisager quelque chose. Tant que ça n’est pas acté, le format ne changera pas, on a suffisamment subi les conséquences de 2014. L’optique actuelle, c’est de rester sur la même formule en essayant de faire des bilans financiers identiques pour se constituer un capital. Après bien entendu, si la prochaine édition ou la suivante fait un sold-out sur les trois jours, ça donnera une force qui permettra d’avancer plus rapidement. On est donc forcément tributaires de la fréquentation. Quoi qu’il arrive, l’évolution restera mesurée : on ne doublera pas la jauge du festival du jour au lendemain. Si on doit faire évoluer les choses dans les années qui viennent, ça sera de manière raisonnable et progressive.

 

A part la seconde édition qui avait lieu au Parc des Expositions d’Albi, toutes les autres éditions (dont celle à venir cette année) se tiennent à Cap Découverte. Ce lieu semble être votre point d’attache fixe …

Oui, tout à fait. C’est important pour un festival d’avoir un site identifié. On l’a trouvé, c’est un site qui nous convient bien pour la mise en œuvre logistique du festival, et qui propose un site assez cool avec la base de loisirs et des aménagements de plein air. En termes de diffusion sonore, on ne gêne personne puisqu'on est à la campagne et loin de toute habitation. Ce site, si besoin, nous permettra d’envisager une évolution sur place sans avoir à déménager …

 

Justement, peut-on s’attendre à ce que le festival soit amené à être relocalisé sur la prairie à côté du camping pour passer en total open-air, étant donné que c’est une des possibilités logistiques offertes par le lieu ?

Le site de Cap Découverte a en effet un site à côté du camping qui est aménagé pour accueillir des festivals, mais c’est sur de gros formats : on parle là de projets à 10.000 personnes. Si on veut quant à nous passer sur un format intermédiaire, il y a beaucoup d’autres espaces sur le site de Cap’Découverte qu’il peut être intéressant d’investir. Comme on compte rester sur une jauge familiale et agréable, on restera à proximité de la maison de la musique et de la base de loisirs. C’est de ce côté-là qu’on regardera en priorité si on veut faire bouger les choses.

 

Au niveau des dates, vous avez également beaucoup bougé pour finalement arriver à un compromis fin juillet l’an dernier. C’est à nouveau sur la même période cette année. Y voit-on une volonté de stabilité ?

Oui, exactement. Ça fait partie des éléments clé pour instaurer un évènement : un lieu et une date pour que les gens puissent se repérer facilement. C’est pour cela qu'on a gardé le même site depuis 3 ans et qu'on a la volonté d’être sur le même week-end. On ne va pas garantir que ça ne bougera pas à +/- une semaine près à l’avenir, mais ça sera toujours autour de fin juillet. C’est une volonté double, pour l’identification par le public et en termes de disponibilité des artistes.

 

Des changements sont-ils à attendre au niveau de l’accueil des festivaliers, par exemple de la restauration ou du camping ?

Sur la zone de concert, on restera globalement sur la même chose. Il y aura quelques stands de merchandising en plus. Niveau restauration, on a gardé ce qui a marché et ce qui nous plaisait, on a changé ce qui ne convenait pas. Il y aura donc un bon panel de food trucks fort sympathique. Sur la zone de camping en revanche, on a modifié un peu les choses depuis l’an dernier avec comme ligne directrice une volonté d’animer cet endroit. On voulait qu’il s’y passe des choses, et surtout des choses peu classiques. On va mettre en place des animations, ou quelques éléments fun. Il y aura par exemple un ventriglisse géant, il y aura également une piste de kart radiocommandé. On gardera également la partie concert, qui ne sera plus sous un chapiteau comme l’an dernier, mais dans un espace original … je n’en dis pas plus ! L’idée c’est de surprendre les gens et de faire en sorte qu’ils s’amusent sans avoir l’impression d’être déjà en festival. Il y aura des groupes en déambulatoire entre le camping et le festival. Donc voilà, de 10h à 15h il se passera des choses plutôt funs sur le camping ! On aura rajouté aussi quelques tentes pour faire office de terrasses abritées pour boire un coup ou manger un morceau pour être au mieux à l’ombre, au pire à l’abri de la pluie. Il y aura comme toujours des petits déjeuners servis à partir de 8h00. L’idée c’est vraiment de proposer des choses sur cet espace.

 

L’affiche 2017 a été intégralement dévoilée. Peux-tu nous la présenter ? Qu’est-ce qu’elle t’inspire cette affiche ?

Tu l’as surement remarqué, chaque année on a des styles qui sont plus ou moins représentés. Cette année la scène extérieur sera plus dédié au punk rock, chose qu’il n’y avait pas l’an dernier et qui nous a été réclamé. Ce n’est pas évident de contenter tout le monde ...  La mainstage (la scène indoor) est plutôt consacré au metal avec des têtes d’affiches sympathiques : Carcass pour le death ou Abbath en black. Il y a la tournée des frangins Cavalera, en hommage à l’album Roots, qui devrait être un moment assez fort. Cet album, Roots, a complètement franchis les barrières du metal. Il y a beaucoup de gens qui ne sont pas familier du metal mais qui connaissent cet album, lui conférant un côté universel. On sent d’ailleurs cet engouement du public puisque la billetterie du dimanche est clairement en avance par rapport aux deux autres jours. Je pense que ça tiens aux têtes d’affiches : les Cavalera, complété de Kadavar qui est une valeur montante, et sur la scène extérieure avec Pennywise. Au niveau metal, il y a un peu plus de black metal et on s’intéresse notamment à la scène post-black française avec Déluge. L’an dernier on avait fait passer Regarde Les Hommes Tomber. Ce sont des groupes qu'on apprécie … Nous avons la chance d’avoir en France des groupes qui sont très bons dans ce style musical : clairement, je ne louperai pas le set de Déluge ! Je ne vais pas te citer tous les groupes, mais l’objectif est chaque année de proposer quelque chose de complémentaire pour contenter les fans de metal et de punk pour les inviter à naviguer d’une scène à l’autre. Cette année, on est en déficit de groupes hardcore, mais ça tient vraiment à la disponibilité des formations en tournée à cette période-là. Sur cette période, il n’y avait pas de groupe hardcore en tournée de calibre « tête d’affiche ». Forcément ça se ressent sur la programmation, et les gens qui ne venaient que pour ce style ne seront peut-être pas là cette année. Mais rien ne dit que l’an prochain il n’y aura pas plus de hardcore et moins de punk : c’est suivant la disponibilité des groupes ! On essaye donc de faire au mieux sur une affiche que nous, en tant que festivaliers, on aimerait aller voir, en espérant que le public nous suive.

 

L’an dernier, vous aviez abandonné la scène du skatepark pour installer une scène au camping avec des groupes « espoir », des groupes de reprise ou parodiques. Pourquoi ce choix d’abandon de la scène du skatepark ?

La scène du skatepark, c’est très simple : c’est que l’on n’arrive pas à trouver de terrain d’entente avec la société qui gère la base de loisirs. Après avoir fait des efforts de notre côté en montrant que le festival pouvait apporter quelque chose à la base de loisirs en terme de public, de fréquentation ou en termes de retombées économiques (vente de boissons, sandwichs et autres), on pensait que ça déclencherait un partenariat qui permettrait d’avancer ensemble. Pas du tout, au bout de deux éditions avec la scène là bas, le seul retour que l’on a eu... c’est une facture pour payer la location du skatepark. Note que cette scène n’apportait pas de recette au festival puisque les buvettes leur étaient réservées et nous, on mettait tout en œuvre : on payait le son, le matériel, les groupes, le personnel … Donc au bout d’un moment, quand les choses ne vont que dans un sens, c’est compliqué d’avancer. Ça n’est donc pas du tout une volonté liée à la programmation ou au lieu. Nous n’avons pas trouvé d’interlocuteur qui soit vraiment à l’écoute donc nous avons simplement décidé d’arrêter pour le moment. Après, l’idée pour nous, de toute façon, c’est de rajouter une voire deux scènes sur le site, il y a des endroits qui sont très bien pour ça, comme a pu l’être le skatepark. Il y a également la plage, en bas, ça serait génial si on pouvait y mettre quelque chose. C’est une idée qu'on a depuis deux ou trois ans, mais on est actuellement bloqués par la société qui gère la base de loisirs, malgré le fait que le week-end montrant le plus de fréquentation sur le lieu soit celui du festival.

 

Justement comme tu en parlais à l’instant, il avait été évoqué, avec plus ou moins de sérieux, la possibilité d’une scène au niveau de la plage, voire d’une barge flottante sur le lac. Où en est-on de ces pistes ?

C’est bloqué ! Le projet, on l’a, on en a suffisamment discuté entre nous et avec d’autres personnes autour du festival. Ça commence à se savoir, puisque tu poses la question ! Pareil, les gens du public ont également eu l’idée de leur côté. Nous n’attendons que le feu vert de la base de loisirs pour le faire, tout simplement ! On est bloqués … Chaque année on demande à le faire et chaque année ça nous est refusé. On verra dans l’avenir si les choses bougent mais on fera tout ce qu’il faut pour y arriver, on sait que ça serait génial d’avoir au moins une scène au niveau de la plage.

 

Un mot à propos de la météo. L’an dernier le set de Lofofora avait été amputé suite à une averse. Et l’année précédente, c’est le set entier de 7Weeks qui avait été annulé pour des raisons similaires. Quel est votre stratégie en cas de fortes intempéries empêchant la tenue des concerts sur la scène extérieure ?

Ce qui est certain, c’est que les concerts dans la salle seront maintenus quoi qu’il arrive. Comme tu l’as constaté, on a plutôt des orages en fin de journée et c’est à chaque fois le dernier concert de la journée qui saute, c’est pourquoi on a changé l’ordre de passage entre les scènes pour que le dernier concert de la journée soit dans la salle. S’il y a une grosse averse, rien ne dit que certains concerts ne risque pas de sauter, mais on pourra toujours garder le public dans l’enceinte du festival en étant sûr que les têtes d’affiches puissent jouer dans la salle. Si par contre on a une journée entière de déluge, les décisions seront prises sur le moment en fonction des évènements comme de la qualité du site (s’il est suffisamment viable pour accueillir le public en toute sécurité par exemple), on sera obligé d’annuler la journée ou ce genre de choses. Il s’agit là de décisions de derniers recours face à des situations extrêmes. Si les conditions permettent d’accueillir le public en bonne sécurité, on mettra en place ce qu’il faut pour s’assurer qu’un maximum de concerts puissent avoir lieu, quitte à déplacer quelques groupes de la scène extérieur à l’intérieur.

 

Un mot revient souvent au long du festival : « le zguen ». Quel en est ta définition ?

Ma définition … C’est un peu comme la case vide au scrabble. On peut utiliser ce mot pour remplacer n’importe quel adjectif ou verbe. En fonction de l’intonation avec lequel il est utilisé, ça lui donnera plutôt un sens ou un autre. Tu vois le schtroumpf, le verbe schtroumpfer ! Beh c’est pareil ! Et on parle le zguen à Albi depuis maintenant 20 ans !

 

David, un grand merci à toi pour ta disponibilité, je te laisse le mot de la fin ! …

Rendez-vous les 28, 29 et 30 juillet à Cap’Découverte pour l’Xtreme Fest pour de la bonne musique, passer un bon moment, bien s’amuser et boire des coups !

Plus d'infos : http://xtremefest.fr/