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samedi 7 mai 2016

Death DTA + Bodyfarm @ Divan du monde

Divan du Monde - Paris

Gazag

Les Death To All Tours sont à chaque fois l’occasion de confirmer que le père Schuldiner était un putain de génie. L’oeuvre de Death, en plus d’avoir influencé toute la scène, album après album, n’a pas pris une ride. A chaque concert du tribute band, c’est la mandale. Précédemment venus honorer Symbolic en mars 2015 au Trabendo, c’est cette fois Individual Thought Patterns qui sert de prétexte aux Américains pour rechausser les crampons. C’est au Divan du Monde que la tournée intense (25 dates en un mois) vient s’achever.

BODYFARM

Pour un groupe de Death, ouvrir pour Death To All est à double tranchant. C’est un privilège, mais c’est également un risque : celui de ne pas réussir à attirer l’attention. Dans le cas du groupe Néerlandais Bodyfarm, le pire est à craindre car la fosse tire un peu la gueule à leur arrivée. On doit compter une centaine de personnes max. Pas vraiment impressionnés, les musiciens prennent position, tous habillés du combo jean / T-shirt noir ; comme débauchant du travail. Leurs regards se croisent. Tout le monde est prêt ? On entame avec The Dark Age, tirée du dernier effort Battle Breed.

Premier point, et non des moindres : le son est vraiment bon. Pas de saturation inutile, la paire basse-batterie n’est pas proéminente, les solos ne sont pas noyés : nickel. Le meilleur emplacement est bien entendu dans la mezzanine, ouverte pour ce concert. 

La musique des Néerlandais est efficace. Axée old-school, elle permet directement de se mettre dans le bain. Pas de changement de rythme inopiné, pas de structure biscornue ou de gravity blast : l’amateur de Death est en terrain connu. Un peu trop. C’est malheureusement ce genre de concert où l’esprit fait émerger d’autres artistes (Asphyx ?). Pas évident de se démarquer.

Le batteur est un roc. La gueule fermée tout le concert, hyper concentré sur ce qu’il fait. Les autres gars sont plus détendus. Les headbangs frénétiques de rigueur sont là, les sourires sont présents, le groupe est content de jouer et le communique au public. Ca joue sérieux et sans prétention : solide, comme on dit dans les milieux branchés. L’audience apprécie et remercie de plus en plus le groupe, à mesure que la salle se remplit.

The Coming Scourge est l’occasion pour le bassiste de demander un circle pit, exécuté par 10 énervés. Les autres spectateurs restent sur leurs cannes, boivent des bières et hochent la tête. Firing Squad et sa dose "technique" apportent de la variété au set. Les compos n’ont malheureusement pas vraiment d’identité, elles ont du mal à se distinguer car les riffs n’ont pas vraiment de liant - mis à part des breaks bien sauvages et démonstratifs.

Le set se clôt sur Storming Revolution, plus touffue, puis sur la plus conventionnelle Unbroken. On remercie le public, on prend une photo avec lui, et on repose les grattes. On est en droit de s’interroger sur le choix de Bodyfarm comme chauffeur de salle pour Death To All. Oui ça fonctionne, mais les influences sont parfois trop visibles pour que le son des Néerlandais se démarque. Malgré tout, le dynamisme et l’exécution (hyper propre) des musiciens dominent la prestation. Bodyfarm a correctement a tenu la scène, sans perdre pied.

The Dark Age
Death By Fire
The Coming Scourge
Vortex of End
Firing Squad
The Well Of Decay
Malevolence
Der Landkreuzer
Storming Revolution
Unbroken

DEATH DTA

On aurait pu se lasser de les voir, ces gars de Death To All. Ca fait maintenant la huitième fois qu’ils passent dans l’hexagone, mais la musique de Chuck Schuldiner continue de nous procurer des émotions, et toujours avec la même intensité. Cette date ne déroge pas à la règle. 

Aux manettes, on retrouve la même équipe qu’au Trabendo l’année dernière : Di Giorgio qui donne la fessée à sa basse fretless, Gene Hoglan aux fûts qui martèle avec une décontraction qui laisse pantois, Bobby Koelble alias l’homme aux grimaces, et le timide Max Phelps qui abat un travail colossal en reprenant les parties chant et guitare du père Chuck.

 

Après une longue intro, on entame avec The Philosopher qui enflamme instantanément le Divan du Monde ; comme des brindilles. Le pit s’excite et prend de la largeur quand la doublette Leprosy / Left to Die est envoyée juste derrière. Mise à part une légère proéminence de la basse et de la batterie, ça s’écoute bien et c’est pas archi fort. Rien de désagréable. Ensuite vient Living Monstrosity, et ça continue de dérouler la disco de Death, sans laisser le moindre album sur le bas-côté. La setlist est bien équilibrée, avec une légère prédominance de Individual Thought Patterns, tournée oblige. Et Suicide Machine est toujours aussi transcendante en live.

Inutile de faire des éloges sur la qualité des compos, tout a déjà été dit. Les musiciens sont super contents d’être sur scène. C’est la dernière date de la tournée, ainsi plusieurs pauses interviennent entre les morceaux, tantôt pour honorer Chuck, tantôt pour remercier tous les intervenants de la tournée, ou encore parfois remercier le public Français. L’ambiance est très décontractée, avec un Di Giorgio en MC qui gère toutes les situations. Un pit un peu mou en fin de morceau ? Le sieur harangue le public pour lui redonner de la motivation. Un problème technique avec la guitare de Max ? Il lance un buff sur N.I.B. de Black Sabbath pour occuper le temps, tandis que Gene est obligé de reprendre ses baguettes et d’embrayer, tout en gardant son splif entre les lèvres. On sent une certaine bienveillance sur scène. La bienveillance entre personnes qui prennent beaucoup de plaisir à jouer ensemble. Pas la bienveillance des vétérans qui n’ont plus rien à prouver hein - même si jouer pieds-nus comme Di Giorgio peut en suggérer l’idée.

 

Les gens sont donc heureux, ce qui contraste avec l’entité et la symbolique de Death. Quand les morceaux se jouent, chacun ressent ses émotions propres, mais on peut admettre qu’elles sont principalement situées du côté obscur de la force que du côté clair. Ces changements d’ambiance sont parfois assez déroutants. L’exemple le plus frappant est le dernier speech de remerciement qui enchaîne directement sur Pull The Plug. Après ça se comprend, et on va pas non plus reprocher aux gens d’être polis et de s’exprimer.

Au menu des petites friandises de la setlist, on a eu, comme noté plus haut : N.I.B. de Black Sabbath, mais aussi un combo Raining Blood / Black Magic (sans les solos) sorti de nulle part, histoire de faire sauter la foule. A préciser, Spirit Crusher fait son retour, ce qui est une très très bonne décision. La setlist est impeccable. Le jeu est impeccable. Entre Di Giorgio qui change fréquemment le nombre de cordes de sa basse, Phelps qui saute de ton de voix en ton de voix à mesure que le groupe bondit d’album en album et enfin Bobby Koelble qui fait crier sa guitare sans un seul pain, tout en restant bien dynamique sur scène, prononçant les paroles de quasi-tous les morceaux. La prestation force au respect, encore une fois. En plus, le public s’est bien tenu, contrairement à la date Lyonnaise racontée ICI. Remercions donc aussi le public.

 

Si vous avez lu jusque là vous savez donc quenon, Death To All n’a pas flanché, et continue d’honorer l’oeuvre de mister Chuck Schuldiner de la plus belle des manières. Un set de fin de tournée véhiculant deux ambiances opposées mais qui se complètent. Les concerts de Death DTA sont de moins en moins uniques en tant que tels, mais ils renforcent l’idée que le moment passé reste très spécial, date après date. Merci à Bodyfarm qui a enfilé la casquette de première partie avec brio. Merci à Garmonbozia pour l’orga nickel de la date et enfin, merci à Chuck !

The Philosopher
Leprosy / Left to Die
Living Monstrosity
Suicide Machine
Overactive Imagination
Trapped in a Corner
Raining Blood / Black Magic (Slayer)
Lack of Comprehension
Spiritual Healing / Within the Mind
Flattening of Emotions
Destiny
Symbolic
Zero Tolerance
N.I.B. (Black Sabbath)
Bite the Pain
Spirit Crusher

Zombie Ritual / Baptized in Blood
Crystal Mountain
Pull the Plug