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samedi 13 février 2016

Parkway Drive + Architects + Thy Art Is Murder

La Cigale - Paris

Michael

Avocat le jour, rédacteur sur Horns Up la nuit et photographe à mes heures perdues.

Deux jours après avoir fait les frais de la tournée de Behemoth qui a retourné les lieux, la Cigale accueillait ce jeudi 11 février 2016 une soirée placée sous le signe du « -core » avec, au programme, Thy Art Is Murder, Architects et Parkway Drive. Autant de raisons ayant conduit au sold out qui était prévisible, tant ces trois groupes font désormais figure de références dans le milieu.

Surtout, nombreux sont ceux qui étaient impatients d’entendre les nouveaux titres de Parkway Drive en live, ce dernier album n’ayant pas fait l’unanimité, loin s’en faut.

Retour en images et en texte sur cette soirée.

Thy Art Is Murder

Lactance : La Cigale commence à avoir la fâcheuse habitude de faire jouer les premiers groupes très tôt, comme avec Herod lors du Deathcrusher Tour (si jamais ça rappelle des souvenirs à quelqu'un). Et malheureusement Thy Art Is Murder n'y coupe pas en débutant son set peu de temps après l'ouverture des portes, devant une salle assez remplie, mais encore loin de battre son plein vu le monde qui attend encore dehors.

Pour être honnête je ne suis pas aussi familier avec la musique des Australiens qu'avec celle d'Architects ou de Parkway Drive. Mais ça n'empêche pas Thy Art Is Murder de me bluffer dès le premier titre avec une qualité de son impressionnante, presque aussi bonne qu'en studio, quand bien même la prod' sur le dernier album sort vraiment les gros bras question matos. Les premières basses vrombissantes ne me laissant clairement pas dans l'indifférence comme tout un chacun apparemment.

Pas trop portés sur la parlote, les Australiens misent essentiellement sur un enchaînement rapide des titres pour profiter au maximum de la grosse demi-heure impartie. Avec pour ce faire un Deathcore racé qui n'hésite pas à calmer le jeu lors de certains passages plus flottants, pour mieux nous coller tout de suite après des breaks puissants et lourds, toujours accompagnés par ces fameuses mélodies dissonantes en arrière-plan (un peu la grosse marque de fabrique du groupe).

Sous la houlette du nouveau chanteur aux faux-airs de Tim Lambesis (Nick Arthur), les circle-pits commencent peu à peu à bien animer la fosse jusqu'au fameux Reign Of Darkness, titre plein de furie, où tout le monde semble vouloir se lâcher sur le gros breakdown. Chose d'autant plus compréhensible lorsqu'on a affaire à ce kick et à ces toms ultra solides à la batterie. Très grosse entrée qu'on nous sert là donc, on aurait presque peur pour la suite tellement Thy Art Is Murder met d'entrée de jeu la barre haut.

Setlist :
Absolute Genocide
Coffin Dragger
The Purest Strain of Hate
Shadow of Eternal Sin
Reign of Darkness
Light Bearer
Holy War

Architects

Michaël : Après une performance de haut vol à la Maroquinerie il y a deux ans, j’avais hâte de retrouver le groupe sur scène, lui qui parvient tant à captiver son audience. Mené par un Sam Carter toujours aussi mobile et carré, ma seule inquiétude était de voir la capacité du groupe à réitérer sa performance dans une salle plus grande, et devant un public qui n’était pas acquis à sa cause.

Et après un enchaînement Gravedigger / Broken Cross / The Devil Is Near du plus bel acabit, il n’a pas fallu longtemps pour me convaincre que ce groupe est spécial. S'il n’est pas des plus expressifs sur scène, il parvient toujours à atteindre son but sans arborer tous les clichés du genre qui finissent parfois par exaspérer.

Une communion avec le public tout juste perturbée par une altercation au beau milieu d’un titre entre Sam Carter et un agent de la sécurité un peu violent avec les slammeurs. Après s’être expliqués de manière musclée, et l’agent de sécurité remplacé, le mosh global va repartir de plus bel dans la fosse. Je suis toujours impressionné par la capacité de ce groupe à fédérer et à captiver son auditoire en dépit d’un metalcore bien moins accessible que la plupart de ses congénères.

Avec un son globalement correct, des lights très à leur avantage (pas pour les photographes, par contre), et surtout une setlist résolument orientée vers le dernier album, le groupe a trouvé la formule idéale pour faire oublier leur statut de première partie et gifler ceux qui n’avaient pas encore pu voir les Britanniques sur scène.

Encore une fois, les titres Gravedigger, Colony Collapse ou encore Naysayer  auront remporté la palme et démontré s’il en est encore besoin, qu’il ne suffit pas d’aligner les breakdowns entre deux accords standards pour faire vibrer une foule. Une prestation carré, solide, pleine de puissance et d’émotion, pour un groupe qui n’en finit plus de me convaincre en live.

Lactance : Depuis quelques années les Britanniques d'Architects sont un peu devenus la nouvelle coqueluche de la scène Metalcore. Surtout depuis la sortie de leur dernier album Lost Forever Lost Together en 2014, bien parti pour faire référence dans le milieu j'ai l'impression. Et je dois dire que que ce soir les Anglais savent s'y prendre aussi en live, avec dès le départ un Gravedigger monstrueux qui transforme la fosse en véritable défouloir, ce jusqu'à la toute fin du set pratiquement.

D'ailleurs on sent que les Britanniques ne sont pas peu fiers de leur dernier album dont beaucoup de titres sont mis à l'honneur dans la setlist. Avec en poche notamment Broken Cross, ultra percutant tout le long grâce à ses rythmiques versatiles, et un Dead Man Talking tout aussi entraînant avec ses riffs « chuga-chuga » presque djent. Le tout desservi par un jeu de lumière incroyable à gros coups de strobes, me faisant presque frôler la crise d'épilepsie parfois, mais qui après tout colle parfaitement à l'esprit quelque peu schizophrène d'Architects.

Seule une petite bavure restera à déplorer en plein milieu de Naysayer, durant lequel Carter aura voulu jouer les warriors en disputant un gars de la sécurité pas très gentil avec les slammeurs apparemment. Le titre en question s'arrêtant ainsi de manière assez brutale, avant de reprendre une-deux minutes plus tard au même endroit où on nous a laissés.

Architects sait de toute façon se racheter en terminant son set par un These Colours Don't Run magistral avec ses nappes électronisantes épurées. Une performance de haute volée à laquelle on aura assisté ce soir donc, et qui prouve une fois de plus que les Britanniques sont désormais un élément de poids de la scène. Vraiment curieux de voir ce que ça va donner au Hellfest en juin prochain à la Warzone.

Setlist :
Gravedigger
Broken Cross
The Devil Is Near
Dead Man Talking
Colony Collapse
Castles in the Air
Naysayer
C.A.N.C.E.R
These Colours Don't Run

Parkway Drive

Lactance : On aurait presque tort de les présenter tellement nos Australiens semblent avoir conquis le monde entier, après plusieurs tournées triomphantes sur tous les continents et même un headlining au With Full Force en 2015. Comme mon confrère Michaël, j'avais croisé la dernière fois Parkway Drive il y a un tout juste un peu plus d'un an au Cabaret Sauvage, où y avait été délivré une performance juste excellente. Mais c'est justement tout le problème, est-on jamais rassasié de voir nos fameux surfers écolos ?

Évidemment que non car dès leur arrivée sur Destroyer ça reste de toute façon du tout-cuit avec des Australiens beaucoup plus à l'aise que la dernière fois sur cette scène dix fois plus grande. La triplette Karma, Dark Days, Deliver Me ayant toujours de quoi faire remuer la fosse aussi, toujours pas fatiguée non plus d'ailleurs lorsqu'il s'agit de reprendre en cœur les mélodies sur Carrion et Idols And Anchors.

Comme Architects, c'est toutefois et surtout le dernier album qui est mis en avant. Peut-être trop à mon goût d'ailleurs, avec pas moins de six titres dont l'obligatoire, mais particulièrement niais, Vice Grip, dont je peux comprendre l'engouement mais qui reste somme toute assez faible pour du Parkway (selon moi). Après ça n'empêche pas à l'inverse de me prendre une claque bien méchante sur Bottom Feeder et Dedicated, aux breaks particulièrement jouissifs.

Du coup seulement une petite déception pour la setlist oui, peut-être moins intéressante et consistante que la dernière fois tout compte fait. Certains must comme Sleepwalker ou Mutiny passant complètement à la trappe à mon grand dam. En plus de l'absence de Kia O' Connor, le bassiste hyper chill du groupe assez actif sur scène, et de la coupe naturelle de Winston (complètement futile je sais, mais pitié, plus jamais le blond platine).

Une prestation de qualité, une fois de plus, et qui rivalise sans peine avec la dernière date en décembre 2014. Alors même que certaines pistes d'IRE ont encore de quoi me rebuter en studio, je dois dire que je me suis facilement prêté au jeu ce soir. Ledit album prenant essentiellement son sens en live, sans grosse surprise. Vu le rythme auquel s'enchaînent les tournées en Europe, il n'est donc vraiment pas impossible que je recroise le groupe d'ici quelques mois pour mon plus grand bonheur.

Michaël : Le dernier album du groupe ne m’a pas convaincu. Relents pop, riffs faciles, pas toujours beaucoup d’imagination, l’une des déceptions de cette année 2015 pourtant riche en excellents albums. Autant dire que j’étais très anxieux à l’idée de voir le groupe en live. Et, encore une fois, les Australiens ont démontré qu’ils avaient de la ressource en live, et que si leur musique est parfois un peu fade en festival lorsqu’ils passent en pleine journée sans un public fervent et sans lights, ils demeurent une valeur sûre et une référence du genre en salle lorsque les strobos sont de sortie.

Surtout, à l’exception d’un Bottom Feeder qui m’a laissé de marbre, j’ai trouvé les titres Destroyer, Vice Grip et Crushed particulièrement efficaces en live, en dépit de leurs sonorités faciles. Car, il ne faut pas s’en cacher, Parkway Drive est un peu devenu un groupe de « Hey » metal comme j’aime les appeler, cette tendance s’étant particulièrement renforcée dans le dernier album (le refrain de Vice Grip en étant l’exemple le plus criant). Et si sur cd cette tendance à balancer des « woho » et des « hey » est un peu ridicule à la longue, cela prend toute sa dimension en live avec un public amené sans cesse à participer.

Et le public ne s’est pas fait prier ce soir, avec des cordes vocales martyrisées, une grosse quantité de slams et un moshpit en permanence en mouvement, à l’exception de Bottom Feeder et de la pourtant excellente Swing qui a transformé le public en mer d’huile, probablement fatigué par les efforts fournis depuis deux bonnes heures.

Inutile de vous dire à quel point Winston a été bon ce soir, tant en terme de communication entre les morceaux, avec un speech très sympathique sur les attentats de novembre dernier mais également sur le public français, qu’en terme de prestation avec une voix puissante et des mouvements permanents.

Bref, Parkway Drive est excellent en live, et il suffit de se retrouver au milieu de la fosse pendant les tubes que sont Dark Days, Deliver Me, Idols And Anchors ou bien encore Wild Eyes pour se rendre compte de la puissance et de la joie de vivre communicative de ce groupe, même lorsque les thèmes abordés ne sont pas des plus joyeux. On en redemande.

Setlist :
Destroyer
Dying to Believe
Carrion
Karma
Dark Days
Deliver Me
Vice Grip
Idols and Anchors
Dedicated
Wild Eyes
Bottom Feeder
Swing
Crushed
Home Is for the Heartless

Merci à Ninon de Alternative Live.

Photos