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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Architects

Lost Forever // Lost Together

LabelEpitaph Records
styleMetalcore
formatAlbum
paysGrande-Bretagne
sortiemars 2014
La note de
U-Zine
8.5/10


U-Zine

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Le mouvement metalcore est à la peine. Comme tous les genres populaires, on finit par se retrouver avec des groupes qui copient des groupes qui copient des groupes qui ont eu quelques bonnes idées il y a des années avant d’eux même copier les groupes qui les copient. Et on termine avec une flopée d’albums qui sonnent tous pareil à savoir deux / trois riffs bateaux, une alternance de voix claire / growls et un breakdown pour faire gigoter les lombrics. Pourtant, le genre continue de soulever les foules. Dans tout ce marasme, il continue d’y avoir quelques groupes qui sortent malgré tout de la masse comme les anglais d'Architects. Si j’ai mis du temps à comprendre tout l’engouement autour de ce groupe, une écoute plus attentive de leur discographie et surtout une superbe prestation au Summer Breeze 2013 m’ont convaincu que le groupe peut surprendre et offrir un spectacle et une musique moins cliché et convenue que ce que l’on pourrait croire. En ce début d’année 2014, les natifs de Brighton au Royaume-Uni nous offrent un sixième album intitulé Lost Forever // Lost Together dont le contenu n’est pas aussi mielleux que le titre le laisse suggérer. Surtout, le groupe semble renouer avec une musique aboutie, en tout cas bien plus que leurs derniers albums. Si ce dernier opus risque d’être très polarisant – car il revêt les avatars du genre sans toutefois en abuser, il demeure très supérieur à la moyenne et nous offre une écoute très intéressante.

Il faut dire, en premier lieu, que la production est bonne. On est dans un son très bien défini, pas trop gras et lourd mais malgré tout puissant. Les différents éléments d’orchestration ressortent très bien du mix même si la basse, comme à l’accoutumée, est relayée au second plan. En second lieu, l’intensité de l’album est très intéressante. Le groupe commence et termine sur les chapeaux-de-roues avec des titres aux rythmes endiablés et aux mélodies très catchy. Gravedigger ou bien Naysayer qui ouvrent l’album nous mettent très vite dans l’ambiance dégagée par cet album, loin de l’image festive ou limitée qu’on se fait des groupes de metalcore. En tout cas, le groupe ne nous laisse pas vraiment respirer avec des titres qui s’enchainent et qui continuent sur cette même lancée. Seule l’instrumentale Red Hypergiant, hommage à leur second album Ruin dont elle reste dans l’esprit, vient faire retomber la pression.

Si l’album contient malgré tout quelques titres anecdotiques dans son ventre mou comme Dead Man Talking ou la franchement mauvaise The Devil Is Near , il monte réellement en puissance dans son dernier quart. De la très heavy C.A.N.C.E.R., à la plus douce Colony CollapseSam nous offre une voix clean maitrisée en passant par Castles in the Air et Youth Is Wasted on The Young, le groupe nous offre une certaine alternance d’univers sans pour autant perdre en intensité.

Côté instrument, le jeu de guitare est relativement aiguisé et pas aussi basique qu’il ne l’est souvent dans le genre. Si les breakdowns sont nombreux, le groupe parvient tout de même à maintenir notre intérêt dans des compositions assez variées et plutôt bien pensées. Au final, la seule déception vient des lignes de batterie qui sont peu originales bien que dynamiques et qui n’apportent, en tout cas, rien de plus à la musique des anglais. Contrairement à ce qui pouvait être le cas sur les opus précédents. Car, de l’autre côté, la performance de Sam Carter est plutôt bonne avec une voix parfois assez torturé, toujours juste que ce soit dans ses screams caractéristiques ou en voix claire (Colony Capital notamment).

Surtout, Architects ne nous offre pas ce metalcore champagne, qui se veut agressif dans les paroles, dans les riffs, mais qui ne parvient pas à conserver l’intensité du hardcore et la violence du death metal. L’album a son univers, ses atmosphères et s’écoute de manière fluide sans que l’on sente que le groupe compose juste pour pouvoir faire vibrer les teenagers avec des breakdowns à n’en plus finir et des passages clichés dont la durée de vie est égale à celle des mandats de président sous la troisième République. La musique d’Architects est mature, bien que perfectible, et révèle que le groupe, sans toutefois retrouver la fougue et l’originalité de ses débuts, parvient à tirer son épingle du jeu

Au final, Architects nous apporte un album cohérent, riche de titres aboutis et de musiciens qui, sans être transcendants, font un boulot honnête et efficace. Evidemment nous aurions aimé plus de risques, plus d’originalité. Peut-être même que le groupe prenne plus de temps pour venir pallier quelques petites légèretés dans les compositions ou quelques facilités par-ci par-là. Mais cet album est tout de même bien au dessus de la masse de purges que l’on a pu écouter ces dernières années (We Came As Romans, Caliban etc.). Il reste juste à espérer que le groupe ne se complaise pas dans ce qu’il fait et qu’il continue son propre chemin.

1. "Gravedigger"
2. "Naysayer"
3. "Broken Cross"
4. "The Devil Is Near"
5. "Dead Man Talking"
6. "Red Hypergiant"
7. "C.A.N.C.E.R"
8. "Colony Collapse"
9. "Castles in the Air"
10. "Youth Is Wasted On The Young"
11. "The Distant Blue"

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