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Album

24 décembre 2015 - Michael

The Bloodhound Gang

Hard-Off

LabelInterscope Records
styleA déterminer...
formatAlbum
paysEtats-Unis
sortiedécembre 2015
La note de
Michael
6.5/10


Michael

Avocat le jour, rédacteur sur Horns Up la nuit et photographe à mes heures perdues.

Dix ans d’attente entre deux albums c’est long. On finit par écouter en boucle les seuls titres que l’on a à se mettre sous la dent, à en connaître le moindre détail, le moindre riff, la moindre variation de voix. Lorsque l’on parle de metal progressif ou technique, on peut se gargariser longtemps de titres riches et complexes. Lorsqu’on est face à un groupe comme The Bloodhound Gang qui nous a offert des albums oscillant entre le rock, le metal et le n’importe quoi, l’attente est plus difficile. Et, inexorablement, on commence à avoir peur : le groupe va-t-il s’arrêter, trop vieux pour ces conneries ?! Et s’il revient, que va-t-il nous proposer ? Un album digne de son âge d’or, alliant mélodies catchys et paroles déjantées ? Ou bien alors un revirement qui risque de nous déplaire ?

Imaginez donc l’excitation quand ce Hard-Off a commencé à résonner dans mon casque, dix ans après un Hefty Fine qui avait un peu déçu les fans après les claques successives que furent Hooray For Boobies et One Fierce Beer Coaster, en dépit de quelques titres de génie (Foxtrot Uniform Charlie Kilo, Uhn Tiss Uhn Tiss Uhn Tiss et j’en passe…).

Autant couper court à tout suspense, si certains fans du groupe parviendront à trouver un peu de satisfaction à retrouver les frasques de Jimmy Pop et consorts, ceux qui ne sont pas familiers du groupe ou qui en attendaient beaucoup vont être (très) déçus.

Certes, on retrouve toujours ce don incomparable pour des textes de qualité (« It’s hard to clap with your dick in your hands dude » sur Dimes) et des mélodies toujours aussi ridicules (Dimes, Diary of A Stranger ou bien encore Chew Toy). Mais si dans les précédents albums le groupe produisait des chansons très cohérentes de metal ou de rock, il a clairement mis de côté cet aspect pour se borner à raconter des conneries sur des rythmes frôlant l’euro-pop qui sentent bon la boite à rythme. On m’aurait dit que Jimmy Pop a réalisé cet album seul avec une guitare et Techno Music Maker sur Windows 98, je n’aurais pas été surpris.

Heureusement, les gonzes sont toujours capables de nous faire rire avec des titres absolument incroyables ou des passages toujours plus ridicules (le break et le refrain de Dimes est juste géant). En utilisant d'ailleurs toujours les mêmes ressorts comiques : des paroles débiles et une voix monocorde des plus sérieuses façon prof d’histoire-géo de fac anglaise (comme sur Dimes). LE titre de cet album étant assurément Diary of A Stranger, avec sa musique euro-pop digne d’un titre de E-Type époque Made In SwedenJimmy Pop nous parle, grosso modo, de tourista pendant quatre minutes. Et que dire de ce passage final où Jimmy Pop nous lâche une voix poussée dans laquelle il essaye de mettre de l’émotion alors qu’il nous parle de diarrhée… DE DIARRHEE ! J’en ai pouffé de rire à la première écoute. Ce mec ose tout, et c’est même à ça qu’on le reconnaît.

Au fond, les récents albums de The Bloodhound Gang suscitent – dans une moindre mesure, évidemment – les mêmes débats que l’art contemporain. Est-on en face d’une escroquerie ou du génie à l’état pur ? Et, comme souvent, la réponse est un peu des deux. C’est du génie que de réussir à pondre avec conviction une telle escroquerie.

Et ce Hard-Off pousse encore plus loin ce que le groupe avait fait par le passé. Finies les tenues d’apparats, finies les titres qui auraient pu vous faire danser où vous faire headbanger. Le groupe nous offre ici des paroles débiles autour desquelles on a glissé un habit musical très teenager (Socially Awkward Penguin, American Bitches, Uncool as Me [avec Joey Fatone des N’Sync]ou My Dad Say That’s For Pussies), pseudo rap inqualifiable (Think Outside of The Box) ou pop-electro (Dimes, Chew Toy ou Diary of a Stranger).

Au final, j'ai du mal à me faire une idée, à chaud, sur cet album. Objectivement, il est moins bon que les précédents qui parvenaient à allier une musique souvent intéressante ou, à tout le moins, efficace avec des paroles funs. Cet opus nous donne plus l’impression d’un jam entre potes qui veulent faire rire la galerie. Mais plus les écoutes passent, et plus j’aime cet album. Sûrement parce que je ne suis pas très objectif avec The Bloodhound Gang, qui m’accompagne depuis de nombreuses années dans ma voiture, les transports en commun ou dans mon bain. Quoi qu’il en soit, rien que pour Diary of A Stranger, cet album mérite un Emmy Awards, ni plus ni moins.

Tracklist :
1. My Dad Says That's For Pussies
2. Dimes
3. American Bitches
4. Chew Toy
5. Uncool As Me (feat. Joey Fatone)
6. Clean Up In Aisle Sexy
7. Diary Of A Stranger
8. Socially Awkward Penguin
9. Think Outside The Box
10. We're Gonna Bring The Party To You
11. Bumblebees.
 

 

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