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vendredi 30 octobre 2015

Black Arts Ceremony IV - Jour 2/2

Jack Jack - Lyon

S.

Voir le report du jour 1 : http://www.hornsup.fr/a-12686/live-report/black-arts-ceremony-iv-jour-1-2

On poursuit sur notre lancée de la veille pour clôturer ce festival avec ce samedi sept groupes au programme. Pas de blabla superflu, rentrons directement au cœur du sujet.

Maïeutiste

Avec une ponctualité assez rare pour le signaler, c’est à 16 heures pétantes que commencent les festivités. L’honneur revient aux locaux de Maïeutiste. C’est la troisième fois que je vois le groupe en deux ans et je suis toujours aussi embêté quand vient le moment d’écrire sur eux…je me suis déjà expliqué ou . Si leur premier album paru cette année chez les Acteurs de l’Ombre semble avoir reçu nombre de critiques positives (je ne l’ai pas écouté à vrai dire), je suis de nouveau resté de marbre devant leur prestation. Leur Black Metal à fortes influences Doom est certes joué avec sincérité et conviction, mais non, décidément, leurs compositions ne m’évoquent définitivement rien. Alors patiemment, j’attends l’épilogue de leur set…

 

Setlist :
Intro
In the mirror
The fall
Absolution
Lifeless visions
Death of free thinkers

 

Borgne

Ah, Borgne. Voilà un moment que j’étais curieux d’assister à leur représentation, bien que ma connaissance de leur discographie ne se limite qu’à quelques titres ci et là. En trainant au fond de la scène, il s’avère que les Suisses ont leurs propres ingé’ son et lumière, et ouais jeunes gens. Au niveau musical, j’imagine que le groupe doit être plus que lassé de la comparaison (flatteuse, cela dit), mais cette influence de Darkspace dans les compositions et les ambiances ne va pas sortir de mon esprit du début à la fin du set, que ce soit par l’utilisation d’une boite à rythmes, de samples célestes, du clavier et de cette atmosphère conduisant à une certaine transcendance. En effet, le quatuor prend le temps de développer des ambiances montant crescendo, jusqu’à atteindre une rare intensité dans les sensations, c’est complètement captivant. Immergé je fus dans leur set, sans en perdre une miette, sacrée performance !

 

Setlist :
Void miasma
The last thing you will see
Die trying to take off the rope
Fear
Abysmal existance
Suffer as I paid my grave

 

Hetroertzen

Dire que j’attendais impatiemment Hetroertzen relève de l’euphémisme. Leur show à Bruxelles l’année dernière ne m’avait pas rassasié, loin de là. A la demande du groupe, la salle est plongée dans une quasi obscurité bleutée, les jeux de lumière seront inexistants pour instaurer un climat mystérieux et occulte, à l’image de leur musique. C’est sur des accords glaçants que Frater D vient faire quelques incantations graves, pour introduire la véritable messe noire qui va avoir lieu. Curieusement, l’habituel frontman va passer derrière les futs, on apprendra plus tard que le batteur n’a pas pu participer à l’événement, tout comme à la mini-tournée qui suivra. C’est donc le guitariste Anubis qui se charge du chant, dans un registre différent mais non dénué d’intérêt, grâce à sa voix profonde et puissante. En dehors des intro / outro, les suédois d’adoption vont délivrer cinq monolithes dont tous, à l’exception de « Blood royale », sont issus de leur album-révélation « Exaltation of Wisdom », que je considère ni plus ni moins comme parmi les dix meilleurs en matière de Black Metal. Alors forcément, je jubile, d’autant plus que le quatuor va les exécuter impeccablement. Trois quarts d’heure de rituel occulte et oppressant, figurant sur mon podium du festival, sans aucun doute. Hail Hetroertzen !

 

Setlist :
Intro
Like the serpent
Perpetual eclipse stigmata
Blood royale
The final breath of mankind
The white priestcraft
Outro

 

Baptism

Au tour des Finlandais de Baptism de fouler les planches du Jack Jack. Le projet de Lord Sargofagian possède une belle discographie avec ses bientôt vingt années de méfaits dans le milieu. Accompagné de quatre acolytes, les scandinaves ne sont pas ici pour jouer dans l’original ou dans un Post-quoique ce soit, non. Baptism est venu produire son Black Metal rigoriste et macabre, puisant dans son riche répertoire. Si leur show est loin de m’avoir déplu, je suis quand même resté sur ma faim. Trop linéaire ? Trop de retenue ? Que sais-je, je m’attendais à quelque chose de plus percutant au regard du pédigrée des locataires de Tampere.

 

Setlist :
Intro
Chalice of Death
Eliterian legion
Malicious Rites
Morbid Wings of Sathanas
Azazelin Tähti
Esoteric Spheres
The Prayer

 

Dead Congregation

S. :

Après tous ces groupes de Black, la salle fait place à la seule formation de Death du festival, mais quelle formation ! Il s’agit des Grecs de Dead Congregation qui, en seulement deux albums studio, se sont imposés comme des références en la matière. Même votre serviteur, qui n’est pas un inconditionnel du genre, admire la qualité du quatuor, sans doute liée à la certaine noirceur de leurs compositions. C’est une véritable démonstration que les Athéniens vont faire ce soir, devant un public enfin chaud bouillant et c’est plutôt normal, comment rester insensible devant de telles machines de guerre ? Leur Death est maîtrisé d’une façon déconcertante, c’est habile, percutant, ravageur. Les Hellènes ont même parfois le culot d’enchainer des morceaux sans opérer la moindre seconde d’arrêt, donnant au final des pavés ininterrompus d’un quart d’heure. Bref, une prestation bluffante et convaincante.

Sleap

Je m'incruste momentanément dans le live report de mon collègue le temps de deux concerts. Je ne suis en effet venu que ce second soir pour Deströyer 666 et surtout Dead Congregation, et justement ces derniers s'apprêtent à monter sur scène lorsque j'arrive.

De nombreuses connaissances m'avaient averti d'un son assez médiocre tout au long de cette seconde journée, mais heureusement ce ne sera pas le cas lors du concert des Grecs. Dès les premières notes de Lucid Curse, le son se fait assez fort mais tout a fait distinct. La caisse claire claquante de Vagelis n'occulte pas les parties de guitares féroces des autres musiciens. Seule la basse est légèrement en retrait de mon coté (à l'opposé du bassiste) mais rien de bien méchant. Le jeu de scène d'Anastasis, bien que plus solennel, fait de plus en plus penser à celui de Robert Vigna (Immolation) avec cette gestuelle ample. Et le bougre arrive toujours à parfaitement concilier riffing monolithique et vocaux sombres et caverneux. Enfin, l'un des points forts de cette salle (du moins aujourd'hui) est son ingé' lumières. L'obscurité est dominante durant les trois quarts du concert, uniquement ponctuée de lumières disparates dans les tons jaunes / blancs. Tantôt stroboscopiques, tantôt plus feutrées et sporadiques, plusieurs types de spotlights éclairent différentes parties de la scène en laissant presque toujours les musiciens à contrejour. Un visuel parfaitement adapté au groupe !

Coté setlist, 5 morceaux de Promulgation of the Fall sont joués. Bien qu'Only Ashes Remain demeure l'un des titres qui remuent le plus le public, j'exulte surtout en entendant le riche Schizma et son interlude poignant. Toujours pas de Serpentskin ni de Nigredo, mais les Quintessence Maligned et Immaculate Poison font encore une fois mouche. Sans surprise, mes meilleurs moments du concert restent les mêmes que les fois précédentes, à savoir l'efficace Vomitchrist et les quelques morceaux du premier full-length (Hostis Humani Generis, Vanishing Faith et évidemment le final sur Teeth into Red)...

Avec un son excellent, un public réceptif et une prestation comme toujours exemplaire, il s'agit clairement d'une des meilleures fois parmi mes 4 concerts des Grecs. Même si l'argumentation concernant Dead Congregation n'est plus nécessaire depuis bien longtemps, je le rappelle tout de même une énième fois : c'est indéniablement l'un des meilleurs groupes que la sphère Death Metal ait connu ces dernières années.

« Pray for Total Death ! »

 

Setlist :
Lucid Curse
Quintessence Maligned
Morbid Paroxysm
Schisma
Only Ashes Remain
Promulgation of the Fall
Vomitchrist
Vanishing Faith
Immaculate Poison
Teeth into Red

 

Deströyer 666

S. :

S’il y avait un groupe que je rêvais de voir un jour, c’est bien Deströyer 666. Grâce à Wintermoon Productions, ce rêve est ce soir réalité. Cela fait quinze ans que ce groupe à la discographie parfaite m’accompagne et je n’ai jamais ressenti la moindre lassitude en les écoutant. Lorsque la bande à K.K. Warslut entre en scène, le public est en effervescence, les Australiens sont attendus de pied ferme et ils vont être accueillis comme il se doit, bien aidés par les morceaux proposés ce soir. Plus que des titres, les compositions de Deströyer 666 sont de véritables hymnes intemporels, notamment ceux extraits de leur chef d’œuvre Phoenix Rising. Les membres paraissent agréablement surpris par tant de répondant de la part de l’assistance, ce qui fait plaisir à voir. Est-ce lié à cet enthousiasme particulier ? Au lieu d’interpréter « Black City » comme marqué sur leur papier-mémo au pied de la scène, les représentants du Black/Thrash vont reprendre un morceau d’un autre groupe mythique, « Black Magic » de Slayer, le genre de chose plutôt fédérateur, qui va faire mouche ce soir. De la présence, des titres monstrueux, de la proximité, Deströyer 666 a livré le meilleur set de ce Black Arts, confirmant le rang de légende que je leur attribue. Mémorable.

Sleap

J'ai beau les avoir vu de nombreuses fois, je ne dirai jamais non à un nouvel assaut de Deströyer 666. J'ai en revanche une sérieuse raison de redouter la prestation de ce soir : le son. En effet, la bande à K.K. Warslut n'est pas connue pour avoir un son exemplaire lors de ses lives. Et, mis à part pour Dead Congregation, les concerts dans cette salle n'ont pas l'air d'avoir bénéficié de conditions sonores correctes, du moins à ce qu'on m'a dit.

Le quatuor entre en scène sous les applaudissements et débute, comme souvent, sur Rise of the Predator qui met d'emblée une ambiance électrique dans la fosse. Entre le mosh pit bien énervé, les têtes qui remuent dans les premiers rangs et les chœurs fédérateurs repris par une bonne partie de l'audience, les (ex-)Australiens savent toujours comment enflammer une salle. Et finalement, le son n'est pas aussi atroce que ce que je craignais. Le volume est toujours un peu trop fort, mais tous les instruments sont à peu près discernables.

K.K. Warslut pose toujours autant sur scène et fait même tourner sa bouteille de Jack dans le public. Bon, ça colle à l'imagerie et à l'idéologie de D666, je m'abstiendrai donc de tout commentaire désobligeant. Surtout que le show de ce soir s'avère particulièrement efficace. Les habituels Raped, Sons of Perdition et évidemment I am the Wargod occasionnent l'un des pits les plus violents du festival. Pour ma part, c'est la classique reprise de Black Magic qui me rend toujours aussi fou. On a droit encore une fois au nouveau titre Wildfire, extrait du prochain album à paraître chez Season of Mist dans les mois à venir. Très fédérateur, ce titre a l'air de faire un carton en live. Mais la véritable surprise de ce concert est le retour de Lone Wolf Winter dans la setlist (!!!). Le magnifique morceau au final ''Bathoryien'' (seconde période) constitue clairement le point d'orgue du concert.

Malheureusement, le temps passe beaucoup trop vite lors d'un concert de Deströyer 666 et il reste à peine quelques minutes lorsque le frontman demande l'heure au régisseur. Les classiques Black City... et Satanic Speed Metal (d'ordinaire interprétés en clôture) laissent finalement place à un inattendu Trialed by Fire. Sa poignante et épique mélodie ainsi que son rythme lancinant nous laissent sur une note solennelle qui change beaucoup de leurs habituelles fins de concert fédératrices et percutantes. Jusqu'à son final, ce concert de Deströyer 666 aura été une bien belle surprise. Assurément l'un de mes meilleurs concerts du groupe !

 

Setlist :
Rise of the Predator
Live n burn
A Breed apart
Raped
I am the wargod
Satan’s hammer
Sons of perdition
Wildfire
Lone wolf winter
Black magic (Slayer cover)
Trialed by fire

 

Sektarism

Pour clore cette quatrième édition du Black Arts, les organisateurs ont eu comme parti-pris de faire jouer les Français de Sektarism, bien qu’ils n’aient pas la stature de tête d’affiche, pour que l’occultisme le plus profond constitue le point d’orgue de ce festival. Mais visiblement, les gens n’en avaient rien à foutre d’assister à leur représentation, les deux tiers du public sont rentrés chez eux après la surpuissance de Destroyer 666. Sans doute vexant pour ce dernier groupe, même s’il en faut sans doute davantage pour les troubler. Bon, de mon côté, je ne les connais pas, je sais juste qu’il y a des membres de Mahlkebre, ce qui me laisse une certaine appréhension, tant les Toulousains m’avaient peu convaincu lorsque je les avais vus l’année dernière. Pire encore, on m’a soufflé dans l’oreille comme quoi Sektarism serait « chiant et ridicule », et bien voyons cela.

Le show débute avec un individu vêtu d’un habit blanc monastique, tambourin à la main, sonnant le commencement du rituel. Il est rejoint par plusieurs individus dont deux, en rouge joueront le rôle de décor à cette cérémonie, agenouillés tels des dévôts.

Il est difficile de classer la musique de Sektarism. D’ailleurs, peut-on vraiment parler de musique ? Nous sommes à la croisée du Funeral Doom, du Drone, du Black et des incantations ritualistiques. Pour peu qu’on arrive à rentrer dans leur univers, il s’en dégage une sensation malsaine, dérangeante et oppressante, assez loin des médisances citées précédemment, c’est même intéressant au contraire. Les paroles sont en Français, d’ailleurs, petit fou rire intérieur lorsque le vocaliste scande très sérieusement des « Hosanna » et qu’un true-fan des Visiteurs lui lance un « Montjoie », bien vu, malgré le certain décalage. Plus qu’un set, Sektarism était en représentation tant la mise en scène fut assez théâtrale il est vrai, sans temps mort entre les ‘morceaux’ malgré ce tempo pachydermique.  Bref, plutôt bon et original.

 

Setlist (incomplète) :

Hosanna Sathana

 

Ce festival s’achève sur cette note occulte. Sur le plan musical, il aura été particulièrement riche avec ses douze groupes, du bon comme du moins bon. Pour ma part, le trio gagnant serait dans l’ordre Destroyer 666, confirmant leur statut de légende du Black/Thrash, Hetroertzen pour la qualité de son Black occulte et enfin Throne of Katarsis que je ne connaissais pas et m’a mis une belle branlée avec son Black old school. La fonctionnalité de l’enceinte du Jack Jack était intéressante également, bien que la qualité du son n’aie pas été toujours au rendez-vous.

Une nuance toutefois, et pas des moindres…c’est l’affluence que je qualifierais de faible, sinon ridicule au regard de la qualité de l’affiche. Les comptages d’entrées ont été effectuées par les organisateurs et ils sont sans appel : 156 le vendredi, 196 le samedi. C’est environ moitié moins qu’espéré et ce n’est pas sans conséquence pour les finances de Wintermoon Productions qui voient rouge pour cette quatrième édition du Black Arts…ce n’est pas du tout évident que l’asso se relève de ce coup dur. Ecrire cette phrase me donne la boule au ventre quand on sait tout le mal qu’elle se donne à organiser ces rendez-vous undergrounds sur Lyon et ses alentours. Wintermoon ne mérite vraiment pas ça, j’espère sincèrement qu’ils trouveront les ressources pour rebondir, vraiment.

 

Photos